Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 12 avril 2023.
Source : Ministère de la défense russe
Sur la crise ukrainienne
Le 7 avril, cela faisait nef ans que le congrès des représentants des entités administratives et territoriales de la région de Donetsk en Ukraine a adopté la Déclaration de souveraineté et l’Acte de proclamation de l’indépendance de la République populaire de Donetsk. Les délégués ont également décidé de tenir un référendum sur l’autodétermination de la RPD le 11 mai 2014. Ses résultats sont bien connus. Une jeune république est apparue sur la carte du monde, ayant traversé un chemin difficile du statut autoproclamé à la reconnaissance internationale. Pendant toutes ces années, les habitants de la RPD étaient étroitement liés à leur patrie historique – la Russie. Cela a finalement déterminé leur choix en faveur de l’adhésion à la Fédération de Russie à la suite du référendum de septembre 2022. Vous savez très bien comment ces événements se sont déroulés.
Aujourd’hui, dans la RPD, la RPL, la région de Zaporojié et la région de Kherson, la vie paisible est en cours de rétablissement. Malgré tout ce que nous entendons maintenant du régime de Kiev et des pays de l’Occident collectif, la paix s’y installera. Les gens vivront en paix et en harmonie, en partant des valeurs défendues par eux et leurs ancêtres pendant des années, des décennies et des siècles.
Selon le vice-président du gouvernement de la Fédération de Russie, Marat Khousnoulline, en 2022, des centaines de kilomètres de gazoducs ont été construits là-bas. Un système d’approvisionnement indépendant de l’Ukraine a été créé dans la région de Zaporojié. 11.000 maisons ont été reconstruites à Marioupol.
Je tiens à accompagner ces mots et ces données statistiques d’un certain aspect émotionnel. Le fait est que tout cela (routes, gazoducs et bâtiments) est construit non seulement dans des conditions difficiles, mais en dépit de tout ce qui était prédit et ce qu’essaient maintenant de réaliser que ceux qui torturaient la population locale pendant des années. Tous les bâtiments, gazoducs, routes et infrastructures sont construits en comprenant les risques pour la vie qui y sont associés. Il y a de nombreuses années, le site Mirotvorets a été organisé, où les victimes potentielles du régime de Kiev étaient désignées. Cela s’applique en grande partie à ceux qui vont à l’encontre de cette idéologie destructrice pour créer.
Lorsque vous entendrez parler des maisons, des appartements, des aires de jeux pour enfants, des écoles et des jardins d’enfants qui y sont actuellement construits, souvenez-vous de cela. Je connais personnellement des gens qui se trouvent dans la région. Ils viennent de Moscou, de la région de Moscou et d’autres régions de notre pays, représentant des agences fédérales, régionales et municipales. Ils sont en train de rétablir cette vie paisible de leurs propres mains. C’est exact. Ne tenant pas compte de leur vie (sans parler de santé) et des circonstances de la vie, ils placent l’avenir des personnes avant leur bien-être personnel et leur sécurité. Je dirais des régions, mais nous devons toujours comprendre que les mots « régions » et « territoires » font avant tout référence aux personnes. Ce ne sont pas des chiffres secs, mais ceux qui ont une histoire de création, de résistance à la destruction, d’amour, de loyauté et d’adhésion inconditionnelle à ces valeurs. Ne pensez pas que ce ne sont que des statistiques ou des comptes rendus. Ce n’est pas tout à fait vrai. C’est bien plus. Cette année, le rythme de la construction, comme annoncé, augmentera. Et pas seulement le rythme, mais aussi la contribution et le travail émotionnel. Il est mené pour que ces régions, territoires et personnes vivent en paix, prospérité et harmonie non seulement avec eux-mêmes et les générations futures, mais aussi avec les générations précédentes qui ont donné leur vie pour préserver la paix sur ces territoires.
Dans les nouvelles régions, un programme de prêt hypothécaire préférentiel à 2% entre en vigueur. Le gouvernement russe prépare un programme pour remettre les routes en état, soit 21.000 km. La situation de la communication mobile sera considérablement améliorée prochainement. L’aqueduc détruit par les forces armées ukrainiennes en 2014 est entièrement prêt pour approvisionner la RPD en eau, et l’approvisionnement en eau commencera bientôt dans l’agglomération de Donetsk.
Après tout, l’eau, l’électricité et les réseaux électriques sont une autre cible du régime de Kiev et de ceux qui se tiennent derrière lui. Pendant des années, ils en parlaient lorsqu’ils coupaient l’eau, minaient les lignes électriques et les réseaux, disant que tous ceux qui ne s’étaient pas soumis (et en réalité, maintenant il est évident) au régime de Kiev vivraient éternellement dans les sous-sols. Ce sont ceux qui ont pris sur eux la punition, la torture et l’épreuve du régime de Kiev. Tout ira bien pour eux. On nous a dit que ceux qui ont décidé de rester fidèles aux générations précédentes et à toutes ces valeurs n’auraient jamais d’avenir. Non, ils en auront un. Et quel avenir.
Le 10 avril, nous avons célébré le 79ème anniversaire de la libération d’Odessa des occupants fascistes allemands et roumains. Malheureusement, après tant de décennies, la ville a de nouveau ressenti l’horreur du nazisme, mais cette fois-ci d’origine ukrainienne moderne. À Odessa, où aujourd’hui les nationalistes venus de l’ouest de l’Ukraine sont pour la plupart au pouvoir, les événements de masse liés à cette date ne sont plus organisés depuis longtemps. Cette date n’existe-t-elle plus pour les habitants d’Odessa? L’ont-ils effacée des manuels? Qu’en est-il de la mémoire de leurs ancêtres? La conscience ne les tourmente-t-elle pas? Peut-on écouter des chansons de cette époque et de ces événements, célébrer ceux qui les ont écrites et les ont interprétées? Et de quoi parlent ces chansons, à qui sont-elles dédiées et comment ont-elles été écrites, n’est-il pas nécessaire de le savoir? Cela ne devrait pas être ainsi et ne le sera pas. Nous parlerons et rappellerons tout cela tout le temps. Malgré la terreur déclenchée par les autorités, les habitants d’Odessa n’ont jamais oublié qui les a sauvés de la peste brune et ont conservé avec respect la mémoire de leurs libérateurs – les soldats de l’Armée rouge, représentant tous les peuples de l’URSS. Ils ne se divisaient pas selon les nationalités et les représentants de telle ou telle religion, mais étaient multinationaux et pensaient à l’essentiel, comment se libérer eux-mêmes et leurs proches (peut-être même ceux qu’ils ne connaissaient pas) du mal qui pesait sur la planète. Nous croyons qu’Odessa pourra se libérer du joug des néonazis ukrainiens et redevenir une ville libre, « ensoleillée dans les acacias en fleurs sur la mer Noire », comme le chantait le légendaire Leonid Outiossov.
Une autre date tragique. Après-demain, le 14 avril, marque le 9ème anniversaire de l’annonce par Alexandre Tourtchinov, président par intérim de l’Ukraine, de la tenue d’une « opération antiterroriste » dans le Donbass, comme ils l’ont alors appelée. C’est ainsi qu’a commencé la répression violente des manifestations pacifiques des habitants de la région, qui n’avaient pas peur de s’opposer au gouvernement des nationalistes radicaux. Je rappelle que ce « gouvernement » n’était pas simplement extrémiste, mais illégal. Il est arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État anticonstitutionnel et armé en février 2014 à Kiev. Ce n’était pas un gouvernement national et interne, mais inspiré de l’extérieur. Rappelez-vous combien de ministres des Affaires étrangères des pays de l’UE et des États-Unis étaient présents lors de ces « événements populaires », tels que l’Euromaïdan. Rappelez-vous le soutien technologique, matériel, médiatique et politique apporté par les pays de l’Occident collectif, y compris leurs structures d’intégration telles que l’UE, comment ils ont alors massivement dansé en cercle, se tenant par la main et chantant des chansons, s’engageant dans la destruction politique, sapant les fondements et les bases de l’État ukrainien. Cela a conduit à la destruction de l’essence même du pays, de l’État et de la société sur le territoire de l’Ukraine. Car ce sont eux qui ont fait tout cela. Avec leur argent, sur leur initiative, ils rassemblaient des « Maïdans », distribuant des objets symboliques appropriés, qui ne pouvaient pas être fabriqués sans d’énormes ressources financières.
Je vous rappelle que l’opération punitive déclenchée à l’époque a coûté la vie à des milliers de personnes innocentes, y compris des femmes et des enfants. L’Occident n’a pas seulement gardé le silence, il y a activement participé. Il n’a pas seulement inspiré, puis observé ce qui se passait, mais il a également mis en œuvre, encouragé, financé et participé directement, puis dirigé les processus correspondants. Les conséquences de cette action criminelle du régime de Kiev sont évidentes. C’est le cycle d’actions sanglantes perpétrées par la junte ukrainienne pro-Bandera dans le Donbass pendant huit ans qui a poussé la Russie à lancer une opération militaire spéciale visant à protéger la population de la RPD et de la RPL, à dénazifier, démilitariser l’Ukraine et éliminer les menaces à la sécurité de la Russie émanant de son territoire.
Les pays occidentaux ne cessent d’approvisionner l’Ukraine en armes en exigeant d’elle la poursuite des hostilités, sans se soucier des pertes humaines. Les américains ne cachent pas qu’un éventuel cessez-le-feu leur est catégoriquement inacceptable (bien qu’ils soulignent qu’ils ne constituent pas une partie au conflit) et attendent que Kiev fasse des démarches décisives et soit prêt à un bain de sang jusqu’au « dernier Ukrainien ».
L’ampleur de l’aide militaire directe des États-Unis à l’Ukraine ne fait qu’augmenter. Elle a atteint 35,8 milliards de dollars sous la présidence de Joe Biden, soit plus que le PIB annuel de Chypre et de l’Islande, et comparable à celui de l’Estonie. La grande majorité de ces fonds (34,8 milliards de dollars) a été allouée depuis le début de l’opération militaire spéciale. Le régime de Kiev reçoit de Washington divers types d’armes lourdes et offensives, de munitions et d’équipements.
Les fournitures militaires sont assurées de manière bilatérale par 28 des 31 pays de l’Otan. Leur volume total dépasse 65 milliards d’euros. Bien que les dirigeants de l’Alliance ne cessent de répéter que l’organisation elle-même ne fournit pas d’assistance militaire directe au régime de Kiev et ne fait pas partie du conflit, ses structures coordonnent la logistique, soutiennent les demandes ukrainiennes d’armes et d’équipements militaires et la modernisation des systèmes de commandement et de contrôle de l’armée ukrainienne, rassemblent des renseignements, les fournissent et jouent le rôle des pointeurs. Tout cela se déroule de différentes manières.
En même temps, l’Alliance effectue des livraisons « non létales » par l’intermédiaire du programme global d’assistance à l’Ukraine et d’un certain nombre de fonds fiduciaires. Des projets d’une valeur de plus de 500 millions d’euros sont en cours de réalisation ou étudiés dans le but de fournir au régime de Kiev des systèmes de communication par satellite, des systèmes anti-drones, des équipements de génie et de ponton, des carburants et des lubrifiants, des médicaments, des véhicules médicaux et de pompiers.
Depuis le 28 février 2022, l’Union européenne a en effet entièrement réorienté sa Facilité européenne pour la paix vers la fourniture d’armes aux autorités ukrainiennes. Sept tranches de plus de 3,6 milliards d’euros ont été allouées à cette fin, ce qui a épuisé, en moins d’un an, les ressources du fonds destinées à « promouvoir » la sécurité dans toutes les régions du monde à 2027. Le 13 mars de cette année, les pays de l’UE ont été contraints de verser à nouveau plus de 2 milliards d’euros (soit un total de près de 8 milliards d’euros) au budget du fonds, qui étaient destinés à la fourniture à grande échelle de munitions d’artillerie aux forces armées ukrainiennes. Autrement dit, l’argent des contribuables européens sera une fois de plus englouti par le « trou noir » ukrainien et le complexe militaro-industriel américain, dont l’objectif principal est de prolonger les hostilités sur le continent européen. Au total, l’UE a alloué environ 13 milliards d’euros à l’assistance militaire à l’Ukraine.
La formation des militaires ukrainiens est intensifiée dans le cadre de la mission de soutien militaire de l’UE à l’Ukraine, qui s’est engagée à former 30.000 combattants de l’armée ukrainienne et des bataillons néonazis d’ici la fin de l’année 2023.
L’armée ukrainienne et les mercenaires étrangers utilisent des armes fournies par l’Occident pour détruire la population civile de la République populaire de Donetsk, de la République populaire de Lougansk et des régions de Zaporojié et de Kherson, y compris les femmes et les enfants. Les zones résidentielles des villes et les infrastructures civiles sont systématiquement attaquées par l’artillerie ukrainienne, et la centrale nucléaire de Zaporojié est bombardée, avec toutes les risques de catastrophe nucléaire que cela implique. La sonnette d’alarme a été tirée à plusieurs reprises: les armes occidentales, y compris les systèmes antiaériens et antichars, livrés à l’Ukraine se répandent dans le monde entier en raison de la corruption flagrante dans les milieux politiques et militaires ukrainiens, apparaissent dans d’autres conflits régionaux et tombent entre les mains du crime organisé, des terroristes et des extrémistes, y compris en Europe (dans ce « jardin fleuri » dont parlait Josep Borrell). Les défis qui en résultent ne laisseront personne de côté tout en constituant une menace pour la sécurité intérieure de tous les États du continent européen, en particulier dans le domaine de l’aviation civile.
Il s’agit de la plus simple analyse qui soit. Il n’est pas très difficile d’examiner ce qui s’est passé après l’occupation et l’agression de Bagdad par les États-Unis et la coalition anti-irakienne. Où des armes ont été répandues, quelles attaques terroristes ont eu lieu, quels groupes terroristes se sont formés, il y a eu quelles menaces à la paix et à la sécurité. Il en va de même pour la Libye et le Printemps arabe. Le monde a déjà vécu tout cela. Apparemment, les régimes occidentaux n’ont tiré aucune conclusion de ces erreurs (ils n’ont pas du tout travaillé sur les erreurs).
Le 5 avril dernier, une réunion informelle du Conseil de sécurité de l’ONU en formule Arria concernant le problème du retrait des enfants des réfugiées ukrainiennes en Europe s’est tenue à New York à l’initiative de la Russie.
Une situation dramatique se présente dans une « belle partie » de l’Europe (comme le dit Josep Borrell). Des enfants sont enlevés par les autorités locales sans le consentement de leurs parents et avec d’importantes violations de procédure. Personne n’a l’intention de les rendre.
Une autre histoire. En mars 2022, 85 enfants ayant des besoins de développement particuliers ont été emmenés en Espagne depuis un orphelinat de la RPD, dont 77 ont ensuite été placés dans des orphelinats espagnols, sans que l’on sache ce qui leur est advenu jusqu’à présent.
Comment vont ces mêmes forces qui soutiennent la CPI et crient que c’est la bonne institution? Ne veulent-elles pas s’interroger sur le sort de ces enfants? Vous pouvez vous informer de tout ce qui a été dit et répété au sujet des fameux « reçus » juridiques non conformes émis sur le sort de chacun de ces enfants. C’est dans cette salle que s’est tenue une conférence de presse détaillée de la commissaire aux droits de l’enfant en Russie, Maria Lvova-Belova, qui ne s’est pas contentée d’en parler, mais a souligné qu’elle était disposée à partager des informations sur le sort de chaque enfant. Dites-moi, de quelle hypocrisie sauvage et de quelle inhumanité s’agit-il lorsque les disparitions d’enfants sur le territoire de l’UE n’intéressent personne, ni globalement, ni individuellement? Combien d’exemples avons-nous donnés? Il y a eu plusieurs citations directes dont il ressort clairement que les représentants officiels et exécutifs des structures chargées de l’application de la loi, des autorités exécutives et législatives des pays de l’UE ont expliqué en termes clairs qu’il s’agissait d’un énorme problème pour eux: la « disparition » de citoyens ukrainiens, y compris de femmes et d’enfants, qui, une fois entrés sur le territoire, ne sont enregistrés d’aucune manière. Ensuite, elles deviennent des victimes de la violence, de la traite des êtres humains et de la perversion. Cela n’intéresse personne à Bruxelles ou à Washington. La réponse à la question « pourquoi » est simple. Ils ne se soucient pas du tout des gens. Ce qui les intéresse, c’est de soutenir ces flux de milliards de dollars, de déstabiliser la situation mondiale à des fins de profit, de bénéfice, de gain et de destruction. C’est la seule façon pour eux de mener leurs politiques sans que personne ne se trouve sur leur chemin.
Un tel comportement de la part des États européens est en contradiction avec les valeurs traditionnelles du christianisme. Je vous rappelle que c’est cela qui constitue la base de ce qui s’est formé dans l’espace européen au cours des siècles. Il est également en contradiction avec les droits de l’homme et avec le nouveau concept qui a fait son apparition sur le continent européen au cours du XXe siècle. Il n’y a pas d’explication à cela à part celle que j’ai déjà évoquée. Elle témoigne d’une indifférence totale au sort de la catégorie la plus vulnérable et la moins protégée de la population: les enfants.
La vague de répression contre les prêtres orthodoxes se poursuit en Ukraine. Ils ne sont pas seulement victimes de persécutions, mais aussi d’expériences cruelles et d’abus. Une vidéo du tabassage de l’évêque de l’Église orthodoxe ukrainienne canonique, Nikita d’Ivano-Frankovsk et de Kolomyia, a récemment fait le tour du web.
Le pire, c’est que les autorités locales encouragent un tel comportement. Elles ont lancé toute une campagne de harcèlement. Les forces de l’ordre ne poursuivent pas l’auteur des faits, dont le visage est clairement visible dans la séquence vidéo. Tout cela renforce le sentiment de permissivité et d’impunité des néonazis ukrainiens. Plus important encore, ils se rendent parfaitement compte de ce qu’on leur demande de faire. Cette tâche leur est confiée « en relief ».
Malheureusement, les organisations internationales compétentes, y compris l’Unesco et l’OSCE, ainsi que les membres de la communauté internationale, ne condamnent en aucune façon les crimes commis contre l’Église orthodoxe. La réaction du département d’État américain a été le comble du cynisme.
Il me semble que c’est un cas très rare où des millions de personnes à travers le monde ont remarqué les commentaires du porte-parole du département d’État. Je vous rappelle que le porte-parole adjoint du département d’État Vedant Patel a déclaré qu’il n’avait pas entendu parler de la persécution de prêtres orthodoxes et de saisies de temples de l’Église orthodoxe ukrainienne. Peut-être pourra-t-il faire un commentaire à ce sujet plus tard, mais ce n’est pas certain.
Malgré tous les efforts de l’Occident collectif et de ses sous-fifres de Kiev déployés pour nuire à la Russie à tout prix, l’opération militaire spéciale se poursuivra jusqu’à ce que les objectifs que les dirigeants russes ont évoqués soient accomplis.
Sur le 240ème anniversaire du rattachement de la Crimée à la Russie
Le 19 avril marque le 240ème anniversaire de l’intégration de la péninsule dans l’État russe. Ce jour-là (le 8 avril selon l’ancien calendrier), en 1783, l’impératrice Catherine II a publié un manifeste « Sur l’admission de la péninsule de Crimée, de l’île de Taman et de tout le territoire du Kouban sous l’autorité de l’État russe ». Le rattachement de la Crimée à la Russie est devenu un événement marquant dans le développement de l’État russe. Il est impossible de sous-estimer l’importance de cette événement. Après un long temps de domination turco-tatare, la péninsule, stratégiquement très importante, a été restituée à la Russie en 1783, qui a ainsi retrouvé la mer Noire. Cette mesure a été dictée par le désir d’assurer la sécurité des frontières sud de la Russie et de résoudre les tâches les plus importantes pour renforcer davantage la puissance politique, militaire et économique de l’Empire russe.
Le rattachement de la Crimée à la Russie s’est fait à la demande des habitants de la péninsule eux-mêmes. Les archives russes contiennent encore de nombreuses « feuilles d’assermentation » dans lesquelles les habitants des localités de Crimée ont prêté serment d’allégeance à la Russie . Il s’agit peut-être de l’une des formes les plus démocratiques d’adhésion des nouveaux territoires à cette époque. Les peuples de Crimée se sont vu accorder les mêmes droits que les autres sujets de l’Empire russe de l’époque, ce qui a contribué à préserver leur culture et leur identité.
Immédiatement après son rattachement à la province de Novorossiïsk, le potentiel industriel et agricole de la Crimée a connu un développement dynamique, et ses conditions climatiques favorables ont fait de la péninsule une véritable « perle » pour les loisirs de plusieurs générations de nos compatriotes.
En raison de sa situation géographique stratégique, la péninsule a été plus d’une fois la cible d’agresseurs. Ils se sont opposés à l’ensemble du pays. Ceux qui n’ont jamais visité ces endroits, Sébastopol, Kertch, devraient absolument le faire. Vous verrez et ressentirez cette histoire. Les habitants vous en parleront. Les monuments vous apprendront beaucoup de choses. Vous comprendrez combien de générations de nos compatriotes, de nos ancêtres, ont défendu nos territoires. Ils se sont battus jusqu’à la mort pour que cette terre ne soit pas soumise à la profanation qu’elle a subie.
En raison de la situation stratégique et géographique de la péninsule, nombreux étaient ceux qui souhaitaient s’emparer de la Crimée. Permettez-moi de vous rappeler que c’est ici que se trouve la légendaire ville de Sébastopol (fondée en 1783), port d’attache de la flotte russe de la mer Noire, couverte de la gloire militaire de plusieurs générations de l’armée russe. L’esprit héroïque des Criméens est attesté par le fait qu’il existe deux villes héroïques de la Grande Guerre patriotique en Crimée: Sébastopol et Kertch.
L’appartenance de la Crimée à notre pays a été confirmée lors du référendum du 16 mars 2014, quand le peuple de Crimée a fait un choix conscient en faveur de la réunification de la péninsule avec la Russie.
Compte tenu de l’importance nationale de l’adhésion de la Crimée à notre pays, en 2018, le 19 avril a été inclus dans la liste officielle des « Journées de la gloire militaire et des dates commémoratives de la Russie ».
À l’initiative du gouvernement de la République de Crimée et avec le soutien de la Société historique russe, la Poste de Russie s’apprête à émettre un timbre dédié au 240ème anniversaire de la signature du Manifeste de Catherine la Grande sur le rattachement de la Crimée à la Russie.
Je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter les habitants de la Crimée et tous les citoyens russes en cette journée et leur assurer que l’avenir de la Crimée est pour toujours avec la Russie. Ce ne sont pas que des paroles. Ce ne sont pas des slogans. Il s’agit d’un travail quotidien et minutieux, y compris mental. C’est exactement ce pour quoi les habitants de la péninsule ont voté lors du référendum de mars 2014.
Réponses aux questions:
Question: Le Washington Post affirme que les autorités polonaises et ukrainiennes pourraient être impliquées dans l’explosion des gazoducs Nord Stream, tandis que l’article indique explicitement que les pays de l’Otan ne cherchent pas à faire la lumière sur la vérité. À votre avis, jusqu’à quel point peut-on prendre au sérieux les nouvelles « versions » qui paraissent dans la presse occidentale, tout en nivelant absolument l’implication présumée des États-Unis qui a été décrite en détail par le journaliste d’investigation américain Seymour Hersh?
Maria Zakharova: Un attentat s’est produit. D’autres pays ont probablement leurs propres évaluations. Nous avons exprimé la nôtre. Il s’agit d’une sorte d’activité extrémiste qui a fait exploser l’infrastructure civile pacifique d’une importance cruciale.
Le lancement d’enquêtes entre et à l’intérieur des pays a été annoncé. Comme toujours, les enquêtes ont été menées non pas avec le désir d’impliquer les pays et d’avoir plus de possibilités de rechercher la vérité, mais selon le principe « contre qui vous êtes amis ». L’absence de tout « mouvement », pas même de nouvelles ou d’avancées dans l’enquête dans les pays occidentaux, leurs « chuchotements » incessants et leurs réserves indécentes concernant le retrait de la Russie de la participation, cachant leurs « suppositions secrètes » et les dires qu’il était difficile à établir la vérité, la réticence à poursuivre activement et de manière transparente l’ensemble approprié de mesures d’enquête, tout cela a donné lieu à des publications dans les médias.
Vous pourrez dire que l’investigation est une affaire de professionnels. Les enquêteurs et les experts devraient y travailler. Ce n’est pas pour les caméras et les microphones. Nous sommes absolument d’accord avec cela. Mais il y a deux points importants. Premièrement, toutes les histoires précédentes très médiatisées se déroulaient dans les pays occidentaux exactement de cette manière: grâce à une diffusion 24 heures sur 24 au micro et à l’implication sans fin du public dans le processus de discussion. Deuxièmement, on trouvait le coupable immédiatement. Même dans les histoires les plus complexes. On les trouvait et courrait au micro pour en parler.
Ces deux traits spécifiques du comportement des pays occidentaux au cours des années précédentes ont suscité l’étonnement de tous: journalistes, experts, pays, organisations internationales. Qu’est-ce qui n’allait pas cette fois? Pourquoi n’y a-t-il pas de déclaration officielle sur l’avancement de l’enquête? Pourquoi n’y a-t-il pas de commentaires d’experts qui « parlaient » pendant des journées entières? Et pourquoi n’y a-t-il pas de progrès dans la recherche de la vérité? C’est tellement inhabituel pour les représentants des partis politiques, des régimes et des administrations actuelles qui auparavant se montraient de manière complètement différente. Tout cela a suscité des questions et des versions pertinentes dans les médias, la blogosphère et parmi les journalistes d’investigation professionnels.
S’il y a une position, pas une hypothèse, mais une enquête spécifique d’un auteur, comment se fait-il qu’à nouveau il n’y ait personne qui soit prêt à souscrire à cela? Oui, il y a des auteurs dans le Washington Post, mais ils ne divulguent pas leurs sources, ils ne nomment même pas de quels départements et pays ils viennent. Comment cela peut-il être analysé en termes d’évaluation d’expert?
Revenons à l’histoire. La chose la plus importante, comme vous le savez grâce aux romans policiers et aux documentaires, est le motif. Il est la base de tout. Le crime commence à faire l’objet d’une enquête non pas à partir du moment où il a été commis, mais à partir de ce qui le précédait.
Les États-Unis continuent de nier leur implication dans ces événements. Evidemment, ils en sont le « principal bénéficiaire ». Je vous rappelle que le journaliste américain Seymour Hersh, qui a mis en jeu sa réputation et toute son expérience professionnelle d’enquêteur de plusieurs décennies, a donné une réponse exhaustive à cela. D’abord Washington menaçait publiquement au plus haut niveau de faire sauter ce gazoduc, puis par le biais du secrétaire d’État Antony Blinken et de son adjointe Victoria Nuland, il parlait avec un enthousiasme non dissimulé de sa destruction. Il rapportait à quel point il était satisfait « d’un tas de ferraille au fond de la mer Baltique ».
Les tentatives de la partie américaine de nier les faits exprimés, de propager à travers les médias divers types d’inventions et de versions concernant « l’implication d’entreprises privées » ou des gens de Kiev et de Varsovie, avec des explications inintelligibles des satellites américains, confirment on ne peut mieux la version de Seymour Hersh.
Permettez-moi de vous rappeler qu’il ne s’agit pas d’un journaliste qui a décidé de devenir enquêteur et a obtenu des documents quelque part, et on ne sait pas qui est derrière lui. Derrière lui se trouve son activité professionnelle. C’est l’homme qui enquêtait sur le Watergate. C’est ce qui était inscrit dans les manuels américains de politique, de journalisme, d’expertise, et ainsi de suite.
Après la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 27 mars, pendant laquelle la résolution russo-chinoise sur Nord Stream n’a pas été adoptée, les soupçons sur l’implication de l’administration américaine dans le sabotage des pipelines n’ont fait que s’intensifier. Washington et ses alliés ont tout fait pour éviter de lancer une enquête multilatérale objective sur l’explosion des gazoducs.
Nous sommes convaincus que si l’administration américaine voulait établir la vérité et punir les coupables, elle agirait différemment. Les États-Unis ont des exemples de telles actions. Certes, alors ils n’étaient pas suspectés. Ils accusaient les autres et se précipitaient vers les organisations internationales, voulant lancer une sorte d’enquête, même si le mandat de cette organisation allait à l’encontre de leurs aspirations.
Il ne fait aucun doute que de nombreux États occidentaux, dont le Danemark, la Suède et la République fédérale d’Allemagne, ont peur de prononcer les noms des véritables initiateurs et auteurs de cet acte terroriste, sous peine d’affaiblir la « cohésion » du monde transatlantique contemporain.
Nous insistons sur une enquête internationale complète et ouverte avec la participation obligatoire d’experts russes. Nous partons du principe que toutes les personnes impliquées dans les explosions des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 seront définitivement identifiées et que les détails de ce crime seront divulgués. La Russie fera tout son possible pour empêcher l’Occident collectif de le faire taire.
Question: On sait que le Conseil de l’Europe a l’intention de créer un « Registre des dommages causés par l’agression de la Russie contre l’Ukraine ». Que pensez-vous de ces projets ?
Maria Zakharova: Une histoire surprenante. Le Conseil de l’Europe n’a jamais pris la peine d’établir un registre des dommages causés par le dynamitage des gazoducs Nord Stream, alors que ces dommages ont été causés aux investisseurs, aux constructeurs, à ceux qui ont pompé les ressources naturelles dans les pipelines et qui ont construit les infrastructures civiles dans différents pays pour maintenir et mettre en œuvre ce projet. Devrais-je parler d’écologie ? C’est à l’ordre du jour du Conseil de l’Europe. Où est le registre des dommages ? Il n’y en a pas et il n’y en aura pas. Pourquoi ? Apparemment, ils se doutent qu’ils risqueraient de s’exposer au cours de l’enquête. Je parle des pays que j’ai mentionnés et qui sont des fauteurs de troubles actifs au sein du Conseil de l’Europe, bien qu’un certain nombre d’entre eux ne soient pas en Europe.
Je voudrais donner une évaluation supplémentaire de ce dont vous parlez. Permettez-moi de vous rappeler que nous avons fait nos adieux au Conseil de l’Europe il y a plus d’un an. Apparemment, Strasbourg n’arrive pas à se faire à cette idée. « Revenez, nous ne vous pardonnerons rien », telle semble être leur devise que je ressens de résolution en résolution du Conseil de l’Europe. Ils sont littéralement obsédés par la Russie. Ils ne veulent penser à rien d’autre. Et cela ne se limite pas du tout à l’opération militaire spéciale. Tout a commencé bien avant. Ils avaient essayé de nous exclure, de restreindre nos droits, de nous priver de vote. Ces dernières années, aucun autre pays n’a fait l’objet d’un examen aussi intrusif et partial de la part des structures du Conseil de l’Europe que notre pays.
Cette obsession n’a rien de surprenant. Le Conseil de l’Europe a longtemps été utilisé par l’Occident (l’Otan et les États-Unis) dans sa guerre hybride contre la Russie, principalement comme un instrument d' »agression légale ». Il ne faut pas non plus oublier que cette organisation a largement perdu sa raison d’être originelle, qui était inscrite dans sa Charte. Elle a perdu son cadre paneuropéen. Elle s’est essentiellement transformée en un « département idéologique » de l’Union européenne. Encore une fois, nous nous rendons compte qu’il n’y a plus d’UE au sens politique du terme, il y a l’Otan.
La bureaucratie strasbourgeoise, composée de milliers de fonctionnaires bien rémunérés, a de plus en plus de mal à imposer quoi que ce soit aux contribuables et à prouver son utilité. En fait, tout le monde comprend qu’il s’agit d’un organe de propagande. Auparavant, l’accent était mis sur les droits de l’homme. Puis, lorsqu’il s’est avéré au fil des événements qu’ils étaient les premiers à ne pas respecter ces droits, ils ont abordé le thème fou se rattachant aux sexes. Ce sujet a commencé à être dominant sous le slogan : « Nous ne pouvons ni manger ni boire, laissez-nous plutôt parler et adopter une résolution sur la problématique du genre ».
Promouvoir les droits des minorités sexuelles ne suffit plus. Or, ceux qui siègent à Strasbourg n’ont pas l’habitude et ne savent pas comment traiter les vrais problèmes des Européens dont les droits civils et sociaux sont soumis à de plus en plus de restrictions. Ils ont été créés à l’origine dans un autre but. Ces dernières années, ils ont tout simplement été entraînés à faire des choses qui vont à l’encontre de la raison d’être initiale. C’est pourquoi toute l’énergie, le potentiel et les ressources logistiques ont été gaspillés pour infliger davantage de dommages à notre pays.
C’est ainsi qu’ils ont eu l’idée de tenir un « registre » des réclamations matérielles contre la Russie en relation avec l’opération militaire spéciale. Il faut dire que cette initiative est sans précédent dans l’histoire du Conseil de l’Europe. Non seulement ils n’ont jamais osé condamner, mais ils ont plutôt cautionné les aventures militaires inhumaines de l’Occident, y compris les agressions contre la Yougoslavie, l’Irak, la Libye et la Syrie, auxquelles ont participé non seulement les États-Unis, mais aussi des membres du Conseil de l’Europe. Ne veulent-ils pas faire des calculs et des estimations de ce qu’ils doivent aux pays ruinés ?
Contrairement à l’opération militaire spéciale, leurs entreprises n’ont rien à voir avec la protection d’intérêts de sécurité légitimes. Le Conseil de l’Europe n’a jamais calculé les dommages causés par les crimes perpétrés par les Occidentaux dans le monde. Outre les campagnes à grande échelle, il y a eu aussi quelques « vétilles ». Apparemment, à Strasbourg, on croit que les obus de l’Otan n’apportent pas la mort et la destruction, mais une « charge » de liberté et de démocratie. Cette illusion est bien présente.
Il est clair pour tout observateur impartial que les Occidentaux, en créant le « Registre », cherchent cyniquement à rejeter la responsabilité de leurs propres expérimentations sur ceux qui tentent de surmonter les conséquences de leurs actions. Ils s’efforcent de faire porter à la Russie la responsabilité des conséquences de leurs propres politiques – l’expansionnisme de l’Otan à l’est, la mise en place d’un régime néo-nazi à Kiev, la transformation de l’Ukraine en tremplin militaire, son approvisionnement en armes et en mercenaires, la destruction de la souveraineté et du statut d’État de l’Ukraine. En bref, ils essaient maintenant de trouver les responsables de leurs propres actions provocatrices, qui ont rendu inévitable l’opération militaire spéciale.
De manière générale, nous devrions commencer par les dommages causés à la population et aux infrastructures civiles dans le Donbass depuis 2014 à la suite de l’opération punitive déclenchée par Kiev. Par les dommages causés par le blocus de l’eau et de l’énergie en Crimée. Par les sanctions financières et économiques illégales imposées par l’Occident à la Russie et à ces régions.
Vous souvenez-vous des efforts que les habitants de Donetsk et de Lougansk ont dû déployer pour percevoir les pensions, les prestations sociales et les avantages qui leur sont dus en vertu de la loi ? Vous souvenez-vous des brimades dont ils ont fait l’objet ? « Venez dans le territoire contrôlé par Kiev, vous obtiendrez tout alors ». Nous nous souvenons des assurances du format Normandie selon lesquelles ils « travailleraient » avec le régime de Kiev et veilleraient à ce que les habitants de la RPD et de la RPL reçoivent de l’argent pour vivre. Il ne s’agit pas d’allocations de chômage, de prêts de vacances ou de subventions pour des activités politiques. Il s’agit de ce qu’ils ont gagné par leur travail. Rien n’a été accompli. Sans l’aide humanitaire russe apportée depuis des années à ces régions, les gens n’auraient tout simplement pas survécu.
Il en va de même pour le « gel » et, en fait, le vol des avoirs russes à l’étranger. Le Conseil de l’Europe devrait en tenir compte. S’il ne le fait pas, nous le faisons. Nous sommes gentils et nous avons une bonne mémoire.
Le Conseil de l’Europe ne se rend même pas compte de la boîte de Pandore sans fond qu’il est en train d’ouvrir. Peut-être que de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine devraient maintenant s’intéresser de plus près à cette expérience. La nouveauté est intéressante. Un registre international des dommages causés par des siècles de leur exploitation coloniale et néocoloniale par l’Occident devrait être envisagé. L’idée de créer un registre des dommages causés par le génocide de peuples entiers, le pillage des ressources naturelles et des valeurs culturelles devrait être examinée. Qu’en est-il de la traite des esclaves ? A-t-elle déjà été comptabilisée ? L’imposition du racisme a également coûté cher à de nombreux pays et peuples.
Nous nous demandons si cette initiative du Conseil de l’Europe est avant tout hypocrite, stupide ou déshumanisante. Ses auteurs se rendent-ils compte que de tels projets ne conduisent qu’à une nouvelle escalade de la confrontation sur le continent, avec des conséquences peu prévisibles ?
Récemment, j’ai participé à une discussion sur les sciences politiques. L’une des questions portait sur le fait que les États-Unis parlent sans cesse de dommages et de tribunaux. Comment traitent-ils leur propre population indigène ? Ont-ils tout compté en ce qui concerne la population indigène locale qu’ils ont massacrée, en particulier les Indiens ? Je ne parle pas de paiements et de compensations. La génération actuelle sait-elle ce que ses ancêtres ont fait sur cette terre ? A-t-elle la moindre idée, ne serait-ce que d’un centième, de ce qu’ils ont fait et sur quels ossuaires les actuels États-Unis d’Amérique ont été construits ? Sait-elle qu’ils n’ont pas été fondés sur la liberté, la démocratie et le désir de créer une nouvelle nation, libérée du lourd héritage européen de l’esclavage et de la colonisation ? Au cœur de ce projet se trouvait l’anéantissement de la population locale : un anéantissement non pas ponctuel, non pas d’une année, mais de plusieurs années. C’était terrible dans le sens où la population était humiliée, soumise à des expériences monstrueuses visant à stopper son développement en tant qu’ethnie. Lisez vous-même ce qu’il en est.
Il convient de noter que le « Registre » doit être créé dans le cadre d’un accord ouvert partiel du Conseil de l’Europe, pour lequel seuls 16 des 46 membres de l’organisation suffisent. Apparemment, les initiateurs se rendent compte qu’ils ne peuvent pas compter sur une unanimité totale, même dans un forum aussi partisan que le Conseil de l’Europe. Pouvez-vous imaginer ce qui se passera au sein du Conseil de l’Europe si les pays européens commencent à compter les dommages historiques les uns contre les autres ?
Je n’ai pas besoin d’expliquer pourquoi nous considérerons les activités et les décisions de ce « Registre » comme juridiquement nulles et non avenues et pourquoi le fait d’y adhérer serait considéré comme un acte hostile à la Fédération de Russie.
Question: L’Institute for the Study of War (ISW), un groupe de réflexion américain, a publié un rapport spécial suggérant que la Russie déclarera un cessez-le-feu en l’honneur de Pâques. Dans quelles conditions Moscou admet-il la possibilité d’un cessez-le-feu en Ukraine à l’occasion de Pâques ? Moscou a-t-il reçu de Kiev une proposition officielle de trêve à l’occasion de Pâques ?
Maria Zakharova: La partie russe n’a reçu aucune proposition officielle de Kiev concernant une trêve à l’occasion de Pâques. Il est peu probable que cela se produise étant donné l’humeur belliqueuse manifestée par le régime de Kiev, qui souhaite poursuivre les hostilités. L’humanité et la compassion sont étrangères à Kiev et à Zelenski. Ils commettent des actes de vandalisme sans le moindre signe avant-coureur. Leur attribuer le désir de normaliser la situation ou de penser aux gens est d’autant plus illusoire. Ce n’est « pas dans le style » du régime de Kiev. Les vies humaines n’ont pas d’importance là-bas. Il s’agit d’une idéologie introduite en Ukraine par l’Occident, par l’intermédiaire d’hommes politiques pro-occidentaux (parfois directement occidentaux), et qui est à présent mise en œuvre sous le slogan « la guerre jusqu’au dernier Ukrainien ».
Nous nous souvenons parfaitement qu’au début de l’année, les dirigeants de Kiev ont reçu l’ordre de ne pas cesser le feu à l’occasion du Noël orthodoxe, les 6 et 7 janvier. Notre appel à un régime de silence a été ignoré.
Nous ne pouvons pas attendre de la partie ukrainienne (le régime de Kiev) qu’elle fasse preuve de miséricorde chrétienne.
Question: Les médias américains ont rapporté que des documents américains classifiés sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine sont apparus sur un certain nombre de réseaux sociaux, y compris Twitter. L’un d’entre eux contient des informations sur la surveillance du président ukrainien Zelenski. Le 10 avril dernier, le journal britannique The Guardian a rapporté que la divulgation de plus de 100 documents hautement confidentiels pourrait n’être que « la partie émergée de l’iceberg ». De nombreux médias estiment qu’il s’agit d’une preuve que les États-Unis et l’Otan sont profondément impliqués dans le conflit entre Moscou et Kiev. Quel est votre commentaire à ce sujet ?
Maria Zakharova: Il n’est pas nécessaire de lire les fuites ou les articles pour faire cette conclusion. Il est clair que l’Otan, les États-Unis et le Royaume-Uni ne sont pas seulement « profondément impliqués », mais qu’ils « tirent les ficelles » et contrôlent directement la déstabilisation de la situation dans cette région par l’intermédiaire du régime de Kiev. Personne ne le cache. Des déclarations pertinentes sont faites chaque jour.
Ils disent qu’ils ne sont pas parties au conflit. Mais ils n’ont jamais caché d’informations sur leur implication. Au contraire, ils n’ont eu de cesse de la « mettre en valeur », de lui attribuer un rôle historique particulier, de l’appeler leur « propre mission ». Il n’y a rien de plus à attendre ou à analyser. Il peut y avoir des nuances, des faits supplémentaires, mais pratiquement personne sur la planète ne doute que derrière toute cette « histoire » se trouve l' »Occident collectif » dirigé par les États-Unis et la Grande-Bretagne.
En ce qui concerne la surveillance. Je ne commenterai pas les insinuations et les sources anonymes. C’est inutile et contre-productif. Le fait est qu’il ne s’agit pas non plus de nouvelles. Leur surveillance concerne principalement leurs alliés, ceux qui leur font confiance. Quelqu’un l’ignorait-il ? Si c’est le cas, c’est que ces gens ne suivent pas les actualités.
Permettez-moi de vous rappeler qu’il y a quelques années, des données officiellement confirmées par l’Allemagne et de nombreux experts ont été publiées, selon lesquelles tous les téléphones et moyens de communication de la chancelière allemande Angela Merkel avaient été mis sur écoute par ses « partenaires » les plus proches – les États-Unis. Tout le monde a haussé les épaules et a tout oublié. Ce n’est pas nouveau. De nombreux documents d’archives auparavant secrets et qui ont finalement été officiellement déclassifiés l’attestent. Il ne s’agissait pas de documents ayant fait l’objet de fuites, volés ou perdus, mais de documents déclassifiés parce que les contraintes de temps avaient été levées.
Souvenez-vous du célèbre écrivain Ernest Hemingway, qui parlait du sentiment qu’il avait d’être observé. Tout le monde se moquait de lui et disait qu’il avait des problèmes psychologiques. Après sa mort, les documents des services de renseignement américains ont été publiés et il est apparu clairement que sa maison et sa voiture avaient été truffées de dispositifs destinés à obtenir des informations de renseignement. Tout ce qu’ils avaient nié auparavant a été démontré, à partir de documents déclassifiés.
Il n’est donc pas étonnant qu’ils espionnent Vladimir Zelenski. Et que signifie « l’espionner » ? Il est tout « empaqueté » dans le matériel : des équipements de communication aux armes. Le deuxième « bloc » est formé par un cercle dense d’experts et de conseillers qui se font passer pour des citoyens ukrainiens tout en détenant des passeports américains ou autres. À Kiev, depuis 2014, les membres du gouvernement sont en continu des citoyens d’autres pays, contrairement à leurs propres lois. Il n’y a rien de « sensationnel » ici.
Question: L’autre jour, Emmanuel Macron a déclaré qu’il considérait l' »autonomie stratégique » comme l’objectif clé de la politique européenne, afin que l’Europe ne devienne pas un vassal. Il a également déclaré que l’Europe devait réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis pour les armes, l’énergie et l' »extraterritorialité » du dollar américain (Politico a rapporté ces propos). Selon lui, les Européens devraient « se réveiller », penser à leurs propres intérêts et ne pas suivre le rythme américain. Comment Moscou évalue-t-il cette déclaration ? Indique-t-elle que l’Europe commence à comprendre l’essence de la politique américaine à l’égard du Vieux Continent ?
Maria Zakharova: Je ne veux pas passer pour quelqu’un qui va donner des conseils et tirer des conclusions dans le domaine médical. Mais traditionnellement, la position « saine » d’une personne est indiquée par le fait que ses paroles et ses actes ne divergent pas. Lorsque quelqu’un commence à avoir des problèmes venant du fait que ce qu’il dit va à l’encontre de ses actes, tout le monde se met à se demander si cette personne tient sa parole, si elle est morale, si elle a une notion de la morale et de l’éthique, ou si elle a des problèmes plus profonds.
Il y a les actions de la France, de son gouvernement, de l’administration de M. Macron, les mesures prises par l’exécutif au cours du deuxième mandat du président (cela a été une longue période). Elles parlent d’elles-mêmes. Des déclarations tout aussi « vigoureuses » ont été faites par M. Macron concernant la « mort cérébrale » de l’Otan. Toutefois, la France ne s’est pas retirée de l’alliance. Une déclaration est donc faite, mais il se passe autre chose. La société française, les citoyens, les politologues, les profanes, les hommes politiques devraient l’analyser. Ils devraient vérifier si les paroles des dirigeants de leur pays sont conformes à leurs actes.
Cette approche et le désir des hommes politiques européens de faire semblant d’affirmer leur « souveraineté » par rapport aux États-Unis ne sont pas nouveaux. Des appels ont déjà été lancés par le passé, notamment sous la présidence de Donald Trump. Il y a eu le discours liminaire du président français Emmanuel Macron à l’université de la Sorbonne en 2017, lorsqu’il a insisté sur la nécessité d’une plus grande souveraineté européenne. Plus tard, en 2019, il a parlé de la « mort cérébrale » de l’Otan. Ses tentatives de promouvoir une approche plutôt positive de la construction des relations avec la Russie, en particulier le lancement à son initiative d’un dialogue stratégique russo-français à Brégançon à l’été 2019 pour édifier une nouvelle architecture de sécurité et de confiance en Europe, n’ont pas été oubliées.
Premièrement, cela a été dit, sans qu’aucune base réelle n’ait été posée. Deuxièmement, les mesures prises par le président français et le pouvoir exécutif démontrent le contraire. La vie a montré que les bonnes idées du dirigeant français sur cet aspect se sont éloignées de la réalité.
Dans la pratique, l’UE fait preuve d’une perte totale de subjectivité politique et d’une plus grande dépendance à l’égard des États-Unis qu’il y a vingt ans. Depuis discours mentionné, l’UE est tout aussi loin d’être perçue par la communauté internationale comme une troisième puissance mondiale. Le blocage du projet européen d' »autonomie stratégique » est dû en grande partie à l’immaturité des autres pays européens et à leur réticence à mener des politiques indépendantes de Washington (or, nombre d’entre eux poursuivent précisément les politiques de Washington). Ils préfèrent encore que les États-Unis décident pour eux de nombreuses questions dans les domaines politique, économique et autres.
Les exemples du rejet par l’UE du gaz russe à la demande de Washington l’illustrent clairement. Le gaz n’est pas seulement une ressource supplémentaire. Il a permis, de l’aveu même de l’UE, des décennies de prospérité européenne. Aujourd’hui, nous constatons qu’elle est abandonnée au profit de l’achat d’armes coûteuses aux États-Unis. Nous voyons la veulerie de l’UE dans l’histoire du dynamitage des pipelines Nord Stream, de la mise sur écoute de dirigeants européens par les agences de renseignement américaines, de l’annulation du contrat de construction de sous-marins entre la France et l’Australie sous la pression des Américains, et ainsi de suite. On ne peut pas parler de souveraineté.
La situation de la déclaration conjointe UE-Otan signée le 10 janvier dernier est révélatrice. Washington, sous prétexte de rallier la « civilisation » occidentale (« un milliard de citoyens »), y a fixé sans vergogne l’utilisation des ressources de l’UE (politiques, économiques et militaires) pour atteindre ses propres objectifs géopolitiques visant à contenir la Russie, la Chine et d’autres États souverains.
Paris lui-même a fait preuve de discipline et s’est docilement « aligné » sur la confrontation acharnée de Washington avec la Russie, sur le soutien inconditionnel des Etats-Unis au régime de Kiev et, en fait, sur la complicité dans leurs actes criminels. Dans ces conditions, il est difficile de croire que la France (son régime au pouvoir) soit capable de devenir un véritable leader des forces politiques en Europe qui aspirent réellement à une véritable indépendance et à une autonomie stratégique.
Nous pensons que dans le monde multipolaire d’aujourd’hui, une Europe indépendante orientée vers ses propres intérêts – et non vers les intérêts américains – la sécurité et la prospérité du continent européen, serait bénéfique pour la plupart de ses habitants. Mais on en est encore loin. Peu importe le nombre de mots prononcés, il y a des actes concrets, des actions et des mesures.
Question: Pourriez-vous commenter les fuites de documents des États-Unis et de l’Otan sur l’Ukraine ? Cette fuite serait l’œuvre des services secrets russes.
Maria Zakharova: J’ai déjà fait un commentaire. Il peut y avoir autant de versions que vous le souhaitez. Bientôt, ils diront que ce sont des extraterrestres qui « leur jouent de sales tours ». Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de commenter des absurdités anonymes. Le moment est venu où les responsables américains devraient commenter ce qui est arrivé : le Pentagone, les agences de renseignement américaines, le département d’État, la Maison Blanche. Qu’ils disent eux-mêmes ce qui s’y passe. Dès qu’ils l’auront fait et qu’ils auront présenté des faits précis sur ce qui s’est passé, alors, si cela nous concerne, nous ferons des commentaires. Jusqu’à présent, il s’agit d’une sorte de théorie du complot.
Question: Vous avez récemment déclaré que la fourniture de munitions à l’uranium appauvri par le Royaume-Uni à l’Ukraine était un signal que Londres voulait transformer le pays en une terre « brûlée et désolée ». Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que Moscou serait « forcé de réagir » si Kiev recevait de telles munitions. Des mesures préventives ont-elles déjà été prises contre la fourniture de munitions à l’uranium appauvri à l’Ukraine ?
Maria Zakharova: Les déclarations du Royaume-Uni concernant son intention, sa volonté et son empressement à fournir à l’Ukraine des munitions à l’uranium appauvri constituent une menace grave, y compris pour le peuple ukrainien, que Londres est censé vouloir aider. Nos préoccupations à cet égard restent valables. Contrairement à de nombreux avertissements, Londres n’a toujours pas abandonné ses plans, que nous avons qualifiés de malveillants. Peut-être espèrent-ils pouvoir s’en tirer à nouveau avec un tel crime, comme ils l’ont fait en Yougoslavie, en Irak, etc.
Non, leurs espoirs sont vains. Cette fois-ci, cette activité criminelle aura des conséquences pour eux.
La Russie continue d’utiliser activement toutes les plates-formes et ressources à sa disposition pour attirer l’attention de la communauté internationale sur ce problème. La sonnette d’alarme est tirée. L’essentiel est de ne pas donner à la communauté internationale l’impression que ce problème ne la concernera pas. Non, ce problème concernera tout le monde.
L’un des exemples les plus récents est ce qui s’est passé à Fukushima. Il y a eu une catastrophe provoquée par l’homme et une partie des matières radioactives s’est retrouvée dans l’eau. Cette eau a rapidement atteint d’autres continents. Les conséquences n’ont toujours pas été surmontées. Personne ne devrait se faire d’illusions en s’imaginant qu’en cas de contamination du sol à un endroit (non seulement du sol, mais aussi de l’atmosphère), il n’y aura pas d’impact collatéral (peut-être même direct) sur d’autres pays et d’autres nations.
L’inadmissibilité de fournir au régime de Kiev des munitions à l’uranium appauvri a été notre message constant au Conseil de sécurité des Nations unies et au Forum de l’OSCE pour la coopération en matière de sécurité.
L’utilisation d’armes aussi sensibles en Ukraine déstabilisera davantage la situation, prolongera le conflit et augmentera les souffrances des civils, notamment en raison de la contamination radioactive.
Nous partons de l’idée que Londres devrait conserver un vestige de sobriété. Peut-être que cela empêchera la mise en œuvre de plans imprudents, irresponsables et criminels. Et si ce n’est pas le cas – vous avez cité à juste titre les dirigeants russes – la Russie agira en fonction des circonstances.
Question: Lors de sa visite à Ankara, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est une nouvelle fois plaint du non-respect des exigences de la Russie en matière d’exportations agricoles dans le cadre du Mémorandum ONU-Russie. Des propositions ont-elles été faites pour répondre aux exigences de la Russie dans le cadre de ce Mémorandum à la suite de l’annonce par la Russie d’une prolongation de 60 jours de l' »accord sur les céréales » ? Pensez-vous qu’au cours de cette période de prolongation, certaines des conditions posées par la Russie dans le cadre du Mémorandum seront remplies ?
Maria Zakharova: Il ne devrait y avoir aucune proposition. Tout ce qui a été convenu doit être mis en œuvre. De quelles propositions parlez-vous ? Le Mémorandum indique noir sur blanc ce que chaque pays doit faire. Tout cela doit être mis en œuvre.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est déjà exprimé à ce sujet. Il a donné des évaluations détaillées lors de ses conférences de presse. Vous les avez déjà citées.
J’attire votre attention sur le discours du président russe Vladimir Poutine lors de la conférence Russie-Afrique dans un monde multipolaire. Il a également donné des évaluations pertinentes.
Il y a également eu une déclaration du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine. Il a déclaré que « cette période (60 jours) est suffisante pour une évaluation objective de la mise en œuvre des assurances de l’ONU visant à garantir le déblocage des exportations de produits agricoles et d’engrais russes vers le marché mondial ».
Comme l’ont déclaré les dirigeants de notre pays, nous déterminerons au cours de cette période les mesures à prendre. Nous avons indiqué ce qui ne nous satisfaisait pas, nous avons pris un certain nombre de mesures pour le démontrer en actes et non en paroles. Après cette période de 60 jours, nous prendrons les décisions qui s’imposent. Tout le monde est bien conscient de nos motivations et de nos exigences.
Question: Toujours à Ankara, M. Lavrov a déclaré que « les initiatives visant à amener la Russie et l’Ukraine à la table des pourparlers sont un symptôme de la situation résultant de la ligne américaine visant à établir une hégémonie complète dans les relations internationales » et que la question devrait être « sur quels principes sera basé le nouvel ordre mondial dont nous avons tous besoin à la place de l’ordre mondial unipolaire d’un seul hégémon ». Le ministre a souligné le principe de la Charte des Nations Unies, qui est directement violé par « l’Occident collectif ». Quels sont les principes spécifiques à respecter pour créer un nouvel ordre mondial ? Ces principes seront-ils inclus dans la liste des demandes de la partie russe pour entamer des pourparlers de paix sur le conflit ukrainien ?
Maria Zakharova: Nous sommes en faveur d’un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui garantirait une sécurité fiable, préserverait l’identité culturelle et civilisationnelle et offrirait des chances égales de développement à tous les États. Cela ne peut être garanti que dans le cadre d’un système multipolaire de relations internationales.
Il serait long de dresser une liste de principes et de les commenter. Ils sont tous inscrits d’une manière ou d’une autre dans le nouveau Concept de politique étrangère approuvé par le président de la Fédération de Russie le 31 mars 2023. Je peux les énumérer : l’égalité souveraine des États, la coopération fondée sur l’équilibre des intérêts, la diversité des cultures et des civilisations et bien d’autres choses encore. À bien des égards, c’est ce que nous appelons le droit international, qui est inscrit dans la Charte des Nations unies.
Question: La création d’un nouvel ordre mondial et les principes que vous venez d’énumérer. Peut-on considérer qu’il s’agit d’une demande de la part de la Russie pour pouvoir entamer des pourparlers de paix sur le conflit ukrainien ?
Maria Zakharova: Il s’agit de notre conception de la mise en œuvre de la politique étrangère russe. Il s’agit de l’approche globale de notre pays dans la construction des relations internationales. Nous ferons tout sur la base de ces principes : nous établirons des relations internationales, nous travaillerons au sein d’organisations internationales et nous proposerons des initiatives. Tels sont les principes sur lesquels se fondera la politique étrangère de la Russie. Je ne reprendrai pas chaque élément, je parle en général. Tous ces principes sont énoncés dans le Concept de politique étrangère.
Question: Vous avez récemment commenté les menaces posées par la fourniture de missiles à l’uranium appauvri à l’Ukraine. Comment peut-on établir que de tels obus ont été fournis ou utilisés sur le champ de bataille ?
Maria Zakharova: Tout d’abord, ce sont les autorités britanniques elles-mêmes qui l’ont établi en déclarant qu’elles avaient cette intention. Cela venait d’elles. Deuxièmement, en ce qui concerne les détails, cela relève de la compétence du ministère russe de la Défense.
Le fait de la livraison ou de l’utilisation d’obus à l’uranium appauvri peut être déterminé avec précision parce que notre pays dispose de tous les moyens de contrôle objectifs nécessaires. Comme vous le comprenez, cette tâche n’incombe pas au ministère des Affaires étrangères, mais à notre bloc de sécurité. Ils disposent de toutes les facilités pour l’expertise nécessaire.
J’insiste sur le fait que nous supposons que le Royaume-Uni est conscient du caractère pernicieux de ce qu’il projette et de l’étendue de sa responsabilité en cas de fourniture de ces munitions et de leur utilisation par le régime de Kiev.
Question: Dans le cadre de la visite de Sergueï Lavrov en Turquie, les participants ont également abordé le processus de normalisation des relations arméno-turques et la question du rétablissement des communications régionales. Qu’est-ce qui a été dit à propos de ces questions ?
Maria Zakharova: Je ne voudrais pas révéler tous les détails. Comme vous le comprenez, le processus n’est pas encore terminé. La diplomatie doit pouvoir minutieusement travailler sur une question aussi sensible.
Je peux mentionner la position de Moscou concernant la normalisation arméno-turque. Elle a été exprimée à de nombreuses reprises et est bien connue. Nous soutenons la reprise du dialogue mutuellement respectueux entre Erevan et Ankara, qui a été lancé avec notre participation directe en janvier 2022. Vous connaissez notre participation aux formats multilatéraux à cet égard.
Nous sommes convaincus que ce « dégel » contribuera à l’amélioration de la situation générale dans le Caucase du Sud et apportera une contribution significative à l’établissement d’une stabilité à long terme dans la région. Nous pouvons constater que ce processus s’est accéléré ces derniers temps. Nous sommes prêts à continuer à fournir l’assistance nécessaire.
Question: Auparavant, la Russie a prolongé à plusieurs reprises l’accord sur les céréales. Or, elle a déclaré que ses conditions, sur lesquelles elle insiste, ne sont pas respectées. Quelle est la probabilité que, si cette situation perdure, la Russie fasse preuve de fermeté et se retire de l' »accord » ?
Maria Zakharova: J’ai déjà cité le président russe Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, ainsi que le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de me répéter. À l’issue de la période de 60 jours, les conclusions appropriées seront tirées quant à la mise en œuvre ou non de l’accord dans son volet russe. Toutes ces explications ont été données en conséquence.
Question: L’Arménie a refusé d’organiser des exercices de l’OTSC sur son territoire. Parallèlement, elle a décidé de participer aux exercices militaires des pays de l’Otan. Comment le ministère russe des Affaires étrangères perçoit-il cette position d’Erevan ? Peut-on y voir une démarche inamicale de la part d’Erevan, susceptible de détériorer les relations bilatérales entre nos deux pays ?
Maria Zakharova: Je ne vais pas me répéter et je voudrais attirer votre attention sur le fait que je viens de commenter l’Arménie et l’OTSC.
En ce qui concerne l’Otan. L’Alliance elle-même continue à impliquer activement les pays partenaires dans ses manœuvres. Elle le fait en introduisant les normes de l’Otan et en essayant de réformer le complexe de défense de ces pays, d’obtenir des leviers pour influencer leurs processus de politique intérieure et étrangère, le cours de la construction de leurs forces armées. Tout d’abord, cela concerne l’espace post-soviétique, qui est un véritable champ de confrontation géopolitique avec la Russie pour l’Otan. Les États-Unis et leurs alliés tentent de discréditer la coopération des pays de la région avec notre pays. Ils les entraînent dans divers formats d’interaction, de nature antirusse, parfois russophobe. Ces démarches de l’Otan conduisent à la déstabilisation de la situation dans diverses régions, à l’augmentation du potentiel de conflit et à la création de nouvelles lignes de démarcation.
Nous avons demandé à nos partenaires arméniens des éclaircissements officiels sur leur participation aux exercices de l’Otan. Nous déciderons de notre réaction lorsque nous aurons reçu une réponse.
Il ne fait aucun doute que le refus d’Erevan d’organiser des manœuvres de l’OTSC sur son territoire est regrettable et ne favorisera pas la sécurité régionale.
Une fois de plus, je vous renvoie à ma réponse sur le thème de l’interaction entre l’OTSC et l’Arménie.
Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.
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