Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 6 avril 2022.

Source : Ministère de la Fédération de Russie

Point de situation en Ukraine

L’opération militaire spéciale se poursuit en Ukraine. Ses objectifs consistent à libérer les républiques populaires de Donetsk (RDP) et de Lougansk (RPL), à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, à éliminer les menaces pour la Russie émanant du territoire ukrainien où sévissent des néonazis. Les militaires russes font tout pour éviter des victimes parmi la population civile. Ils ne frappent pas les installations civiles et ouvrent tous les jours des couloirs humanitaires pour que les gens puissent quitter les zones dangereuses.

Dans ce contexte, le régime de Kiev soutenu par les superviseurs américains et européens, qui augmentent les livraisons d’armes létales, bombarde les communes, élimine sa propre population et mène le pays vers une catastrophe humanitaire.

Ces derniers temps, les provocations, la désinformation et les mises en scène mensongères sont devenues l’arme principale des nationalistes ukrainiens, qui ont pour but d’accuser la Russie de crimes de guerre. Nous avons assisté à de tels « spectacles » il y a quelques années en Syrie. Pas seulement en Syrie, et pas seulement il y a quelques années.

Le 3 avril, le monde a assisté à un nouveau crime des autorités de Kiev à Boutcha où a été organisée une mise en scène d’un prétendu meurtre de civils par des militaires russes.

Après la vérification et la comparaison des informations, le Ministère russe de la Défense a rapidement fait une déclaration avec un démenti détaillé. Jusqu’au 30 mars, tant que Boutcha se trouvait sous le contrôle des militaires russes, et après leur départ, jusqu’au 3 avril, les habitants locaux se déplaçaient librement dans la ville et utilisaient le réseau mobile. Ils auraient pu se plaindre des actions de qui que ce soit, y compris les militaires russes, mais il n’y avait pas de quoi se plaindre. Les militaires russes ont livré et distribué à la population 452 tonnes d’aide humanitaire à Boutcha et d’autres communes de la région de Kiev. Pendant que Boutcha se trouvait sous le contrôle des forces armées russes, aucun habitant local n’a été victime d’actes de violence. Il n’y avait pas et il n’y a pas de telles informations. Les routes de Boutcha, notamment vers Kiev, n’étaient pas bloquées. Sachant que les forces ukrainiennes bombardaient sans cesse les banlieues sud de la ville, y compris des quartiers résidentiels (ils le font toujours et partout), avec de l’artillerie de gros calibre, des chars et des lance-roquettes multiples (LRM).

Le 31 mars, le maire de Boutcha Anatoli Fedorouk a confirmé dans son communiqué vidéo que les militaires russes avaient quitté la ville, et il n’a mentionné aucun habitant local fusillé. Dépêchez-vous de voir cette vidéo avant qu’elle ne soit supprimé de YouTube, Twitter et d’autres plateformes américaines qui sont complices de cette action criminelle. En diffusant des infox et en bloquant la vérité, le point de vue alternatif, les dossiers des investigations et le discours direct, ils sont complices de cette terrible tragédie résultant des crimes de Kiev. Si ce n’était pas la direction directe du régime de Kiev, alors il s’agit des forces qui ont échappé au contrôle du Président ukrainien Vladimir Zelenski. Ou qui ne lui étaient jamais subordonnées.

J’accuse les médias occidentaux, avant tout américains, non seulement de diffusion d’infox et de désinformation, mais également de complicité du crime commis à Boutcha. Les journaux, la télévision et les commentateurs sont complices de cette action punitive. Je sais que ce n’est pas une première pour eux.

Le monde avait déjà assisté à une opération identique. Sur le continent européen, malheureusement. En octobre 1944, en menant des activités militaires sur le territoire allemand, l’armée soviétique a occupé pendant quelques jours la ville de Nemmersdorf. Après une retraite forcée, des spécialises allemands en matière de propagande ont afflué dans la ville, y compris le chef du département de la propagande NSDAP pour la Prusse orientale Karl Gebhardt. Après deux jours de travail médiatique sanglant, le principal journal nazi Völkischer Beobachter a publié un article intitulé « La férocité des bêtes soviétiques ». Les temps ont changé, par les délais. Quand ils veulent, ils peuvent faire des choses dans un délai réduit. Cela ne rappelle rien? La même chose même dans le titre. Pas besoin d’inventer. Ils copient les choses de l’époque contre les néo-manifestations de laquelle nous luttons aujourd’hui. Cet article décrivait les « horreurs » et les « mutilations » soi-disant infligées à la population civile de Nemmersdorf par les forces soviétiques. C’était fait en détail, ils décrivaient les « tortures », les « meurtres » dont les preuves ont été découvertes par les fascistes.

Le Troisième Reich avait créé une « commission internationale » en y invitant des « gouvernement de poche », notamment l’Estonie. En littéralement une semaine, la commission de Hjalmar Mäe a publié un rapport accusant de tout Moscou. Pour les titres, nous avons déjà compris. La réaction internationale? La même. En une seconde les déclarations des représentants et des dirigeants européens, qui avaient réussi à comprendre ce qui s’y était passé uniquement d’après les photos et à prononcer un verdict, avaient fait le tour du monde.

La « commission internationale » a émis un décret « clair ». Le rapport de Hjalmar Mäe de fin 1944 est devenu l’un des documents les plus cités de la propagande de Goebbels. Ses copies étaient envoyées en langues étrangères à toutes les agences de presse mondiales. Berlin avait ordonné au plus haut niveau d’utiliser « l’affaire Nemmersdorf » en tant que preuve des « cruautés » des forces soviétiques.

Plusieurs historiens ont analysé ce problème après la guerre. L’histoire allemand de la guerre Bernhard Fisch, qui a lui-même participé aux combats de Nemmersdorf, reconnaissait qu’aucune tentative d’identification n’avait été entreprise après la découverte de corps par les Allemands. Les photos publiées représentaient des corps spécialement réunis des victimes de plusieurs villages de la Prusse orientale. N’était-ce pas le cas à Srebrenica? Si. En Syrie? À Alep, à Douma? La même chose. Qui finance tout cela? Washington, Londres et Bruxelles collectif.

Au XXIe, le Ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne a reconnu que les falsifications de Nemmersdorf avaient été spécialement fabriquées par le lieutenant Pfeiffer de la police secrète de la Wehrmacht (Geheime Feldpolizei), après quoi elles ont été relayées par Berlin. De toute évidence, les idéologues et les propagandistes derrière les crimes de Boutcha connaissaient bien cette histoire. Mais comment cela a été commis? Ont-ils ramassé des corps quelques parts pour les faire venir ici ou des militaires ukrainiens donnaient l’ordre sur place de fusiller? Il faut le découvrir. Les méthodes, les formes et les objectifs sont identiques. La même signature. Tant de preuves de l’innocence de la Russie ont été présentées que ce thème devrait être clos de ce point de vue, mais ouvert du point de vue d’accusation directe du régime de Kiev et de tous ceux qui l’aident ou ordonnent de le faire.

Les médias occidentaux peuvent nous bloquer tant qu’ils veulent sur Twitter, censurer, placer des étiquettes, menacer les utilisateurs que l’information est soi-disant « dangereuse pour la santé ». Et en même temps ils diffusent des faits qui ne le sont pas. On peut le faire tant qu’on veut, mais il faut se rappeler que l’histoire remet toujours les points sur les i. La vérité triomphera toujours. Y compris cette fois. Seulement quelques jours se sont écoulés. Même les accusateurs les plus ardents se sont calmés. Ils ont compris l’ampleur de ce qui a été commis à Boutcha par des extrémistes, néonazies, militaires et barbares ukrainiens – appelez-les comme vous voulez.

Ainsi, le 3 avril, des preuves ont été établies de ce qui restait dans cette ville après l’arrivée d’agents du Service de sécurité ukrainien (SBU) et peut être de renseignements d’autres pays (cela reste également à établir). En réalité, non pas de ce qui restait, mais de ce qui a été commis après l’entrée de combattants contrôlés (ou incontrôlés) par le régime de Kiev.

Les politiciens et médias occidentaux, sans même tenter de vérifier quoi que ce soit, de savoir si ces photos sont vraies, l’ont immédiatement publié comme un verdict de la culpabilité de la Russie. Ignorerions-nous quelque chose? Pendant des années ils faisaient la même chose dans ce genre de cas: ils prononçaient un verdict et mettaient en application les menaces promises sans prendre la peine de vérifier les informations. Le Président français, le Premier ministre britannique, le Chancelier allemand et le Secrétaire d’État américain exigeaient immédiatement sans fondement que les autorités russes répondent des crimes. Tous ces gens sont personnellement responsables pour le soutien du crime commis par le régime de Kiev et les forces qu’il contrôle (ou ne contrôle pas) auxquelles il s’associe.

Il m’a été demandé pourquoi Moscou n’a pas immédiatement commencé à réfuter les publications après leur parution. Il faut analyser pour confirmer ou réfuter quelque chose. Cela demande du temps. Et c’est précisément le but. Ils utilisent exprès l’effet d’une intox de masse, de surprise pour inciter immédiatement à faire des commentaires. Il ne faut pas le faire. Il faut vérifier les informations malgré toute l’absurdité de sa présentation. Il est impossible de faire des commentaires officiels sans vérification primaire. Elle a été faite. Il était impossible de croire à l’intensivité et à l’ampleur de la propagation de tels fakes. Une vérification a été faite même malgré toute l’absurdité de ces déclarations et accusations.

À son issue, la Russie a immédiatement demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU afin de discuter ouvertement de la situation actuelle. Peut-être échanger des données si quelqu’un possède des informations supplémentaires. Appeler les choses par leur nom, c’est appeler une provocation criminelle une provocation criminelle. Cependant, la présidence britannique du Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté notre initiative à deux reprises en 24 heures. Pas plus tard qu’hier, une réunion s’est tenue sur la situation en Ukraine, qui avait déjà été prévue auparavant (prévue, c’était au programme). Nous avons droit à une réunion urgente, compte tenu de l’ampleur avec laquelle les infox se sont propagées, de l’enthousiasme avec quel les pays mentionnés ont appelé à lutter contre ces infox et quelles accusations ont été faites. Mais l’essentiel, c’est ce que nous avons vu sur les photos. Nous connaissons Londres – pour étayer leurs accusations, rendre une sentence et l’exécuter, ils n’ont besoin d’aucun fait, sauf leur propre volonté et leur décision.

Nous avons profité de l’occasion de tenir une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour dire et présenter au monde les faits dont nous disposons. Rappeler les promesses non tenues du régime de Kiev de mettre fin à la guerre dans le Donbass et de respecter les droits de la population russophone. La partie russe a exhorté au moins à se rappeler que nous parlons de civils. L’Ukraine et la population de ce pays doivent cesser d’être des pions dans le jeu qui se joue sur leur territoire depuis de nombreuses années par des pays qui ne sont même pas limitrophes. Ils n’ont pas d’intérêts primordiaux, vitaux, véritables sur le territoire de cet État. Ils jouent tout simplement un autre scénario géopolitique de chaos mondial.

Nous avons profité du Conseil de sécurité de l’ONU pour attirer l’attention de la communauté internationale sur l’alimentation continue de l’Ukraine en armes de toutes sortes et « couleurs ». À tel point que les entrepôts sont vides, il n’y a plus rien à y fournir. Il ne s’agit pas d’aide humanitaire, ni de pain, ni de céréales, ni de médicaments, mais d’armes – pour qu’ils se mutilent davantage. Selon les responsables de Berlin, il n’y avait plus rien à fournir. Pouvez-vous l’imaginer? Et ces livraisons continuent. La même chose se fait dans d’autres parties de l’Europe (Est, Centre, Nord).

La discussion au Conseil de sécurité de l’ONU a montré que nos collègues occidentaux évitaient d’analyser les incohérences flagrantes des images de Boutcha, diffusées par leurs médias. En principe, ils n’allaient pas discuter de tout ce qu’il y a sur ces images. Ils ont fait leurs déclarations avec des accusations et sur ce, ils voulaient clore ce dossier. Ça a toujours été le cas. Quand était-ce l’inverse? Peut-être que quelque chose a changé après la provocation en Syrie? Ou après les scénarios fabriqués autour de Salisbury et Amesbury? Est-ce que quelque part une enquête a été menée à son terme, fondée sur la loi, sur le plan juridique? Jamais. Rien. Donc tout restait en suspens. En revanche, les accusations politiques appuyées par l’expulsion de diplomates et les sanctions sont une tradition. Elle était constamment soutenue.

Il est évident que cette terrible infox criminelle a été fabriquée pour justifier un autre volet de sanctions préparées d’avance, y compris l’expulsion massive de diplomates russes d’un certain nombre de pays occidentaux, et pour compliquer (voire interrompre complètement) les négociations, dans lesquelles Kiev a commencé à montrer des signes d’une approche réaliste. Le troisième facteur important est d’attiser une fois de plus la situation non seulement dans la région, mais aussi dans le monde. Il est nécessaire d’expliquer d’une manière ou d’une autre aux gens qui souffrent des sanctions imposées par l’Occident à la Russie, mais qui sont soit revenues en boomerang, soit se sont répercutées dans toutes les régions du monde.

Il faut expliquer pourquoi on continue d’introduire ces sanctions. Partout dans le monde, des gens manifestent, « prennent d’assaut » leurs représentants, responsables, milieux politiques, pour qu’on leur explique pourquoi ces pays subissent ou soutiennent des sanctions contre la Russie. Pourquoi les peuples des États qui ne sont pas impliqués dans la situation autour de l’Ukraine ou en général dans les problèmes du continent européen commencent-ils à souffrir de ces restrictions.

Je pense que ces pays et forces politiques avaient une « demande » pour expliquer au moins quelque chose à leur population, les prix du carburant élevés, les crises alimentaires, les problèmes logistiques dus aux annulations de vols, aux fermetures de frontières, etc. Il devait y avoir une explication. S’il n’y en a pas, il faut l’inventer. Et ils ont réussi. Ils ont sorti le script de 1944 et l’ont mis en œuvre.

C’est pourquoi nous traitons ces gens en Ukraine de néonazis et de punisseurs – ils professent la même logique. Rien ne les distingue des gens qu’on appelait alors fascistes et nazis. Ils glorifient cette idéologie, s’en délectent, considèrent que c’est un outil efficace pour régler des comptes, intimider et détruire ceux qui ne partagent pas leur idéologie ou ne se rangent pas sous leurs bannières. Nous luttons contre cela. Les régions d’Ukraine se sont rebellées contre cela. Pendant de nombreuses années, ils défendaient leurs droits, survivaient et mouraient sans être brisés par la machine néonazie. Cela ne peut être accepté qu’une seule fois. Ensuite cette « noirceur » absorbe. De là il n’y a plus d’issue.

Il y a un crime et un châtiment. Les gens ne sont pas des anges, pas des saints. Tout le monde peut commetre une erreur, fare quelque chose de mal dans cette vie, y compris enfreindre la loi et être puni pour cela. Mais c’est autre chose. Il ne s’agit pas de crime et de châtiment, mais de déshumanisation. Le fait que ce processus puisse ne pas avoir de retour. Les gens deviennent complètement submergés par cette idéologie. C’est une idéologie globale pour une personne. Elle n’a pas d’exceptions.

Dans le contexte de ces terribles et sanglantes infox sur les actions de la Russie, les nationalistes ukrainiens continuent de commettre des crimes de guerre. Un autre exemple est l’explosion d’hier de conteneurs avec des produits chimiques dans la ville de Roubejnoïe, en République populaire de Lougansk. L’explosion a été réalisée en tenant compte de la direction du vent – de sorte que le nuage toxique se déplace vers l’est, profondément dans le territoire de la Répuplique. C’est un autre acte de génocide contre le peuple du Donbass.

Alors que Marioupol est libérée par l’armée russe et que les habitants sont évacués, de plus en plus d’atrocités néonazies font surface. Les habitants de la ville en parlent. Des crimes monstrueux ont été découverts dans la prison secrète Biblioteka à l’aéroport de Marioupol, où des nationalistes ukrainiens ont torturé et tué des gens pendant des années. Il existe des preuves, mais rien de tout cela ne parvient aux médias occidentaux.

Maintenant, on comprend pourquoi ce sont les réseaux sociaux américains qui ont annoncé leur politique et ont commencé à la mettre en œuvre en bloquant ces images. Vous ne trouverez pas cette information dans les médias occidentaux. C’est un génocide informationnel. Il peut être différent, mais il inclut également l’exclusion d’informations importantes, objectives pour des personnes représentant le peuple et le pays. Cette exclusion est un génocide informationnel.

Vous n’y verrez pas de sujets sur les « escadrons de la mort » des nazis ukrainiens, qui circulaient dans les rues de Kharkov dans des voitures prises à des civils et qui tiraient au hasard sur des immeubles résidentiels pour intimider la population. Il y a littéralement quelques journalistes sur des centaines de milliers qui peuvent en parler. Mais ils seront également « enveloppés de ruban adhésif »et collés au « pilier occidental » (comme cela se fait actuellement en Ukraine) et ostracisés s’ils osent dire un mot contre le point de vue officiel.

On ne vous parlera pas des disparitions massives dans cette ville de ceux qui étaient soupçonnés de sympathie pour la Russie ou défendaient leur position. La cruauté et le sadisme avec lesquels les nazis ukrainiens traitent les prisonniers de guerre russes sont incompréhensibles et n’ont aucune justification. Des images non pas de passages à tabac, de meurtres ou de torture, mais de sacrifices au mal ont fait le tour de l’internet. Nous parlons du XXIe siècle, qui a remplacé l’ère monstrueuse du fascisme et du nazisme avec des chambres à gaz et des expériences sur des êtres humains. Non. Tout recommence.

J’ai parlé à mes collègues. Ils m’ont avertie et demandé de ne pas regarder ces images. Je n’ai pas tout regardé. C’est insupportable. Je ne parle pas d’endurer la torture, mais la torture d’avoir pris connaissance de ces images: arracher les yeux, démembrer des gens vivants au centre de l’Europe. Qui protégez-vous, M. Di Maio, M. Macron? Je ne parle pas des Britanniques. C’est inutile. Mais vous êtes les mêmes Européens, dans les pays mêmes où sont nés non seulement la démocratie, mais aussi le système juridique actuel de l’Europe et du monde.

Malheureusement, l’Occident ne le voit pas parce qu’il n’y a pas d’information, mais parce qu’il ne le veut pas. Ils ont choisi l’autre côté de l’histoire. Tout comme ils fermaient les yeux sur les crimes de guerre de Kiev dans le Donbass pendant huit ans. Ils ne voulaient tout simplement pas le voir. Ils savaient mais ne voulaient pas.

Pour cause des atrocités inhumaines des forces de sécurité ukrainiennes contre nos militaires, je tiens à dire que nous travaillons sur les informations fournies. Le ministère des Affaires étrangères de la Russie, les réprésentations étrangères collectent les données. Nous agissons en étroite coordination avec des collègues du ministère de la Défense, du Comité d’enquête, du Bureau du procureur général afin de les envoyer aux organisations internationales. Bien sûr, nous ne pouvons pas compter sur elles. On voit comment les institutions mondiales se discréditent. Pas parce qu’elles sont mal organisées.

Les pères fondateurs du système des Nations unies ont fait du bon travail pour rendre l’Organisation universelle. Mais les résponsables qui y sont représentés discréditent désormais l’ONU par leur inaction et leur position engagée.

Les dirigeants de notre pays et les forces de sécurité impliquées dans la résolution des crimes ont clairement énoncé leur position: toutes les personnes impliquées dans de tels crimes contre le personnel militaire russe seront retrouvées et traduites en justice. Sous quelle forme, cela sera décidé plus tard. Ils recevront leur « récompense ».

Sur la campagne d’ « annulation de la culture russe », menée par certains pays occidentaux

 L’Occident fait peur à lui-même après avoir lancé une nouvelle campagne d' »annulation de la culture russe ». Nous avons constaté énormément de choses dans son cadre. Il ne s’agit pas de la colère juste, mais des sentiments suscités de manière préméditée. Par des professionnels. Prenons par exemple les propos de Piotr Gliński, vice-premier ministre polonais et ministre de la Culture et du Patrimoine national, affirmant que « la culture russe doit disparaître de l’espace public ». Mais qui es-tu, ministre polonais de la Culture, pour tenir de tels propos? Qui t’a donné ce droit? Il ne suffira pas un milliard d’années pour étudier l’objet qu’il veut annuler. Il est incapable de comprendre même les frontières de la culture russe. Comment peut-on conférer un mandat culturel à ceux qui veulent annuler la culture des nations et des peuples? Des choses similaires sont déjà arrivées par le passé, dans les années 1930 et 1940. C’est ce que nous combattons.

Encore un exemple d’un comportement inimaginable… avant le XXIe siècle. La National Gallery de Londres a changé le nom du tableau Danseuses russes d’Edgar Degas. Elles ne sont plus russes. Ça arrive. C’est normal en Occident. Un homme dans le matin, une femme dans le soir. Un être de genre incompréhensible demain. On peut donc facilement changer l’ethnicité. D’autant plus qu’Edgar Degas est mort il y a longtemps. On a donc réécrit le nom. C’est très simple, il n’est pas nécessaire de changer le passeport ou organiser une opération de changement de sexe. Il suffit de rayer le nom. Ils ont déjà annulé l’histoire il y a longtemps. C’est pour ça qu’ils déboulonnaient des monuments partout en Europe: ils ne voulaient que ces derniers rappellent le passé, que les enfants demandent à leurs papa et maman, ou plutôt à leurs parent A et parent B, qui étaient ces gens portant une casquette étoilée. Mais il faut également annuler la culture pour que rien ne puisse plus rappeler l’histoire annulée.

Il n’y a plus de concerts de Tchaïkovski, de Chostakovitch ou de Rakhmaninov dans un nombre de pays. Les Pays-Bas ont annulé la tournée de l’Ensemble Kvassov académique de chant et de danse des cosaques de Don. Cela aidera certainement à améliorer la vie dans ce pays.

On interdit les écrivains russes et leurs livres. L’Université de Milan-Bicocca a annulé un cycle de quatre cours de l’écrivain Paolo Nori consacrés à Fiodor Dostoïevski, « afin de ne pas provoquer de polémique ». Et pour éviter des questions. L’État décrit par Orwell ne tolère aucune polémique. Il n’y a que la seule vérité établie. Cette décision a été désavouée le lendemain matin, mais elle a néanmoins créé un précédent. Le théâtre Govi de Gènes a en effet annulé le festival annuel Dostoïevski. Il n’a pas changé d’avis. Je vous recommande de relire les Démons de Dostoïevski. Ce livre rappelle bien la situation actuelle. Il s’agit d’une œuvre unique et éternelle. Elle ne cessera d’exister malgré toutes les tentatives de l’annuler.

Nous constatons malheureusement que la russophobie se renforce rapidement en Occident, tandis que les mesures sauvages entreprises sur son territoire violent tous les principes de comportement civilisé. Une imposition agressive de la « culture de l’annulation » se transforme en « annulation de la culture », ce qui menace tous les participants d’une perte totale d’orientation dans le monde moderne. Il est désormais difficile de comprendre de qui il s’agit: d’un homme, d’une femme ou d’un être d’autre genre. On ne sait pas quel genre ce dernier préfère à quelle heure de la journée. On ne sait plus les auteurs de telle ou telle œuvre, car son nom peut être changé au cours de quelques heures. On ne sait plus les événements historiques. On démonte des monuments, ferme des musées, réécrit l’histoire dans les manuels scolaires. Il n’est plus clair qui a attaqué qui. Cela ne s’explique pas par un manque de faits, mais par des modifications des dates, des directions, des chiffres et de la géographie. Tout a été changé. Quel est votre objectif? Voulez-vous qu’une personne perde définitivement le sens du réel? L’ostracisme public, l’omission et l’oubli de faits évidents constituent l’autodestruction.

Nous sommes au courant des tentatives de l’Occident d' »annuler » la contribution de l’Armée rouge à la victoire sur le nazisme au cours de la Seconde Guerre mondiale. Nous l’évoquions chaque semaine depuis des décennies. Et cela commence à se manifester. Ainsi, le musée de la ville allemande de Karlshorst, lieu de signature de l’acte de capitulation de l’Allemagne en 1945, a enlevé le drapeau russe et a effacé la mention de la Russie sur son enseigne. Qui avait donc été présent sur ce lieu? Expliquer-nous. Qui avait libéré qui? Les Allemands de l’ouest avaient libéré ceux de l’est? Quelle est la nouvelle version?

Ce « sabbat culturel » ou plutôt « anticulturel », rappelle de plus en plus l’obscurantisme moyenâgeux. Pour rappel, l’inquisition brûlait à l’époque des livres sous l’égide du christianisme (pas de la barbarie ou des rituels de culte), du Nouveau testament, de l’amour et de la miséricorde. Elle brûlait en même temps des gens, pour économiser le combustible. Est-ce cela ne vous rappelle rien? De bonnes explications. Des motivations bien-pensantes. La Seconde Guerre mondiale a elle aussi commencé avec des idéaux impressionnants. On expliquait à nos ancêtres comment il fallait vivre. Qui était « pure » ou « sale ». Les événements actuels suscitent une analogie encore plus effrayante avec la campagne de destruction de la littérature indésirable en Allemagne nazie. La même campagne s’effectuait depuis des années en Ukraine. On « brûlaient » là-bas tous types de livres: la littérature historique, ethnoculturelle, religieuse, d’enfants. On interdisait même des livres de cuisine. Pourquoi? Parce ce qu’il était inacceptable de partager le borchtch. Ce dernier devait forcément appartenir à un seul peuple, une seule nationalité. On ne pouvait pas admettre qu’il s’agissait d’un plat commun et que les femmes préparaient leurs propres versions de cette soupe dans différentes villes et régions. On rejetait les compromis. Ce sont exactement les choses dont nous parlons: la xénophobie, le nazisme et extrémisme sous tous ces formes.

Dans cette « culture de l’annulation », nous constatons un phénomène récurrent de l’histoire européenne et américaine: il s’agit d’effacer une culture dans l’espace social pour libérer la place aux autres. Juste au nom d’une idée. Ce la ne concerne pas que la Russie. Il s’agit d’une approche générale. La Chine a été ciblée il y a quelques années. On tentait d’accuser les Chinois de la création du coronavirus, on affirmait qu’une chauve-souris chinoise avait infecté tout le monde. La pression a échoué. Mais elle était très dure. Nous avons évoqué la sinophobie, tout d’abord aux États-Unis. Par le passé, les États-Unis ont tenté d’annuler d’autres pays. Cela a provisoirement concerné la culture française au début des années 2000, suite au refus de Paris de soutenir la campagne irakienne de Washington. Certaines tentaient même de mettre fin aux ventes des frites, appelées « french fries » en anglais. Sans parler du cinéma etc. C’était comme ça. Il n’y avait aucun talkshow qui ne se moquait des Français en raison de leur position de principe, qui s’est avérée juste plus tard. Les autorités françaises avaient à l’époque assez d’indépendance pour examiner les faits et faire une distinction entre le vrai et faux.

L’histoire de cette « culture de l’annulation » est beaucoup plus longue qu’une décennie ou un siècle. Ce n’est pas une analogie directe, mais les romains avaient introduit dans leur droit le terme « damnatio memoriae » ou « damnation de la mémoire ». Ainsi, suite à la mort d’un individu, la mémoire de ce dernier devait être effacée de la conscience et de la vie sociales. Il devait être oublié. Il ne s’agissait pas d’un processus naturel, car on faisait tout pour éliminer la mémoire de cette personne condamnée. On peut avoir des opinions différentes à ce sujet, mais cela ne change pas le fait.

Les puissances coloniales d’Europe et d’Amérique effaçaient toutes les manifestations des racines nationales dans leurs protectorats, détruisaient des dizaines d’objets précieux de patrimoine culturelle. Michel Foucault a qualifié plus tard ce processus peu ragoûtant d’impérialisme culturel. Des sociétés entières ont reçu le statut de subalterne. Selon la philosophie des analystes du colonialisme Antonio Gramsci et Gayatri Spivak, leur trace culturelle reste invisible pour le mainstream culturel, alors que l’Occident maintenait sciemment cet état de choses.

Les idéologues du IIIe Reich ont fait des choses inimaginables (jusqu’à récemment, car on constate aujourd’hui des initiatives absolument inédites) dans les années 1930, en effaçant la contribution des personnalités scientifiques et culturelles juives à la vie spirituelle de l’Allemagne. Comme si ces personnes n’ont jamais existé. Cela recommence. Ce sont les acquis d’une seule nationalité ou de plusieurs races choisies qui comptent. Les autres races n’ont aucune importance.

Les Allemands ont accordé à ce phénomène des qualités esthétiques, l’ont complètement accepté. Ils le présentaient comme « aryanisation culturelle ». Il y avait un programme, des objectifs, une idéologie, ainsi que ceux qui assuraient la mise en œuvre de ce concept.

La deuxième moitié du XXe siècle était marquée par une « chasse aux sorcières »:  la lutte contre le communisme justifiait l’effacement de tous les éléments « communistes » aux États-Unis (la politique de maccarthysme). L’idéologie reste la même. Aujourd’hui nous constatons la culture de l’annulation et un nouveau génocide culturel. Cette fois-ci ils ciblent le grand héritage russe. Tous ses éléments. Il n y’a ici rien de nouveau. Il s’agit d’une vieille maladie de l’Occident.

Il est absolument impossible de s’imaginer la même chose en Russie. Des maîtres russes de la littérature, de la musique et de la peinture créaient pendant des siècles des chefs-d’œuvre qui étaient des repères morales et spirituelles pour des générations, faisaient partie de la trésorerie de culture mondiale. En même temps, la Russie a toujours apprécié et popularisé les œuvres des maîtres étrangers indépendamment de l’état des relations avec leurs pays. L’année 1812 en est un bon exemple. Relisez la Guerre et la paix. C’est très impressionnant. Nous estimons que le domaine humanitaire doit être indépendant. Ce patrimoine constitue une source d’eau pure qui devrait permettre à l’humanité de préserver sa nature. Il s’agit d’un canal de communication entre les gens qui permettait toujours de développer le dialogue, de rechercher des points de contact et de compréhension, de survivre.

Sur la réaction des Italiens sur l’opération spéciale russe en Ukraine

La vague de russophobie n’est pas parvenue à submerger tous les pays, du moins pas entièrement. Les exemples ne manquent pas, j’en citerai un seul.

Depuis le début de la campagne russophobe et de la chasse aux sorcières antirusse, nous recevons beaucoup de lettres et d’appels de soutien par l’intermédiaire de nos ambassades.

Les citoyens de l’Italie expriment leur solidarité avec la Russie et les Russes. Nous venons de recevoir une série des messages du Consulat général de Russie à Milan. Il s’agit de centaines de lettres adressées au Président russe Vladimir Poutine et écrites par des Italiens ordinaires: journalistes indépendants, juristes internationaux, représentants des milieux universitaires, entrepreneurs, personnalités publiques et du monde culturel. Ces lettres contiennent non seulement de vraies émotions, mais aussi une analyse approfondie des évènements qu’on ne voit pas dans l’establishment politique parmi ceux qui devraient le montrer.

Je n’en citerai que quelques-unes: « pas tous les Italiens sont des marionnettes des États-Unis », « j’ai toujours considéré les Russes comme mes frères, car en 1945 ils m’ont rendu mon père, un soldat italien prisonnier. Alors que l’Italie était dans le camp opposé. « J’exprime ma solidarité avec le peuple et les autorités russes et j’exprime mon désaccord avec la russophobie honteuse », « je ferai tout pour prouver que seules les sanctions contre l’Ukraine, qui reste sous l’emprise des nazis, sont bien fondées », « le gouvernement criminel de l’Ukraine est le seul responsable des pertes civiles inévitables », « l’incitation à la haine alimentée par les médias italiens ternit l’image de mon pays et dénigre la grande civilisation russe”, « je me distancie des sanctions politiques et économiques appliquées par le gouvernement italien, et je continuerai à travailler avec les Russes », « nous allons continuer à promouvoir les projets visant à confirmer l’universalité de la culture russe ».

Les sanctions sont essentielles à la compréhension de toute cette situation.  Pourquoi le 24 février 2022 a-t-on annoncé avoir épuisé toutes les autres options? Aujourd’hui, nous voyons que l’Occident, qui marche sous la houlette des États-Unis, non seulement applique, mais aussi invente de nouvelles sanctions de plus en plus sophistiquées, comme des listes individuelles, des interdictions, des accusations, des menaces, des blocus économiques, des expropriations, des saisies, des vols, des blocages, des gels. Ils ont tout appliqué. Ils savent le faire et ils en sont capables. Pas besoin de raison pour bloquer un compte, s’introduire dans une propriété privée même celle des citoyens des pays où cela se passe, quand il s’agit des personnes qui ont la nationalité russe ou qui ont des liens ou font des affaires avec la Russie. Rien n’empêche les pays occidentaux d’appliquer des restrictions de toute sorte pour imposer une décision politique.

Pourquoi rien de tel n’a-t-il été appliqué en huit ans au régime Kiev pour l’amener à mettre en œuvre les Accords de Minsk qui avaient été signé notamment par le Président ukrainien? On aurait pu le faire. Juste une fois ne pas leur envoyer de l’argent auquel ils n’ont pas droit et qui n’a fait qu’encourager le régime de Kiev. On envoyait simplement de l’argent et cet argent s’évaporait. On aurait pu une seule fois lier un versement des tranches de plusieurs milliards à la mise en œuvre au moins d’un seul point des Accords de Minsk.

Nous connaissons bien les représentants du régime de Kiev du XXIe siècle. Ils auraient tué pour cet argent. Ils auraient même dépassé les objectifs des Accords de Minsk. Ils auraient tout faire pour retrouver de l’argent sur leurs comptes bancaires. Il ne s’agit pas des comptes de l’État, mais des comptes personnels où ils transféraient l’argent. Aucune des sanctions que d’autres pays subissent n’a été appliquée au régime de Kiev. Il a commis assez de crimes: des meurtres, des actes de violence, des enlèvements, une fermeture de chaines de télévision, des intimidations envers des journalistes. On a révélé les faits d’un génocide contre la population vivant sur un certain territoire. Alors, qu’est-ce qui empêchait Bruxelles, Paris, Rome, Madrid, Lisbonne et Berlin, (et je n’évoque même pas Londres, ici tout est clair), au moins une fois de retarder les paiements à Kiev et d’associer des versements à la mise en œuvre des Accords de Minsk. Rien de tout cela ne serait arrivé. La situation politique intérieure aurait été réglée depuis longtemps, et les deux régions auraient bénéficié des garanties législatives, linguistiques et d’opportunités économiques, des prestations sociales. Tout aurait été bien. Mais on ne le faisait pas. On payait à Kiev pour le non-respect des Accords de Minsk.

Revenant sur la réaction des Italiens. Il ne s’agit pas de messages anonymes, tous les messages sont signés par des personnes qui n’ont pas peur, en parlent directement et qui comprennent la situation actuelle. Ces messages sont nombreux. Par exemple, le 25 mars, en une seule journée, l’ambassade russe en Italie a reçu environ 2.000 messages. Ce ne sont pas des messages agressifs comme ceux qui soutiennent les néonazis sur le territoire ukrainien, ce sont des messages contenant des mots de soutien et de compréhension. Peut-être pas de soutien, mais de compréhension de l’origine de la crise. Ils parlent ouvertement du désaccord avec les politiques du gouvernement italien qui ne servent pas les intérêts des Italiens, on y souhaite une victoire rapide à la Russie en exprimant une reconnaissance pour l’aide dans la lutte avec la pandémie dans le cadre de la mission humanitaire dans les Apennins. Le message le plus populaire est le suivant – « Ce gouvernement ne me représente pas, et n’agit pas en mon nom ». Le hashtag #NotInMyName devient de plus en plus populaire en Italie, il unit ces gens et leurs pensées.

J’aimerais rappeler, y compris au gouvernement de l’Italie, qui parle si souvent de la Russie, l’année 2020 et la pandémie. L’Italie a été la première victime parmi les pays européens de cette maladie inconnue et inexplorée pour laquelle il n’y avait pas de médicaments ni de vaccins. Est-ce que vous avez oublié comment on voulait vous « annuler »? Je vous le rappelle. Vos personnalités publiques et créatives ont fait un court métrage de quelques minutes racontant ce que représentait l’Italie, que c’était un pays qui a donné au monde de grands artistes, des compositeurs, des architectes, des couturiers, des designers. Vous avez demandé aux Européens et au monde entier comment il était possible d’oublier et d’annuler la culture italienne, l’Italie et le peuple italien. N’étiez-vous pas préoccupés, vexés? On ne vous faisait pas subir ce qu’on fait subir aux populations souffrant pendant huit ans et qui ont été crucifiées déjà deux fois. C’était la Russie qui vous a tendu la main. C’était les forces militaires russes. Vous vous interrogez pourquoi nous avons fait cela? Une seul fois Monsieur Di Maio pourrait se demander pourquoi nous avons fait cela.  Nous devions accumuler nos forces en tant que pays, pour nous-mêmes, mais nous avons partagé avec vous l’aide, nos connaissances, nos compétences, nos capacités, notre amour. Nous avons partagé avec nous, tandis que vous menez une campagne antirusse à la tête de la Communauté européenne, contrairement à l’avis de votre peuple. Ce n’est pas nous que vous annulez, vous vous annulez vous-même.

Le commentaire publié sur les pages officielles de Facebook, Twitter et Telegram de l’ambassade russe en Italie contenant les mots de remerciement aux citoyens de l’Italie qui avaient soutenu la Russie, a entrainé une réaction positive sans précédent accumulant des centaines de milliers de vues, des dizaines de milliers de « j’aime » et des milliers de partages. Je sais que cela ne durera pas. Les réseaux sociaux américains le supprimeront pour faire comme si ça ne s’était jamais produit. Mais c’était bien là et sera là.

Nous voyons et apprécions le fait que les Italiens ne se laissent pas tromper par les médias grand public, et, même dans les périodes les plus difficiles marquées par des bouleversements mondiaux, s’efforcent à entretenir des relations étroites avec la Russie, son histoire et sa culture. Les derniers sondages de la RAI (la chaine nationale) sont particulièrement révélateurs: 55% des personnes interrogées sont contre l’envoi d’armes létales à l’Ukraine, 69% des personnes interrogées considèrent qu’il faut dialoguer avec la Russie. Il serait bon que l’Italie et d’autres pays de l’UE écoutent ce genre d’opinion et se laissent guider par la volonté de leurs peuples.

Sur les restrictions des pages du ministère russe des Affaires étrangères et d’autres administrations publiques sur les réseaux sociaux occidentaux 

Les entreprises technologiques américaines continuent de « nettoyer » l’espace numérique de tous les points de vue alternatifs en appliquant méthodiquement la volonté de Washington qui a lancé une guerre de l’information contre la Russie.

Je me rappelle très bien comment il y a 15 ans ces mêmes entreprises accusaient la Chine de ne pas les laisser entrer sur leur marché. Maintenant quelque chose ne va pas et ils font tout ce qu’ils imputaient à l’État souverain de la Chine qui n’était pas obligé de les laisser entrer sur son marché. Ils bloquent, saisissent les comptes, intimident les utilisateurs, refusent l’accès aux utilisateurs, parmi d’autres choses.

Aujourd’hui, la plateforme d’hébergement de vidéos YouTube a commis un nouvel acte de censure numérique en supprimant du compte vérifié du ministère russe des Affaires étrangères l’enregistrement de mon briefing du 17 mars en raison d’une violation des directives de la communauté, notamment pour prévenir des propos discriminatoires. Veuillez donner des précisions, de quels propos discriminatoires s’agit-il? Est-ce qu’ils ont bloqué la Galerie nationale de Londres pour avoir renommé un tableau d’Edgar Degas? Est-ce qu’ils ont bloqué des représentants politiques de l’Occident en raison de leurs propos discriminatoires envers la Russie et la culture ou la langue russes? Non? Vous n’avez pas entendu dire qu’ils l’ont fait? Moi non plus.

Nous ne pouvons pas savoir de quels propos il s’agit, car la plateforme ne prend jamais la peine de donner des explications. Nous ne pouvons que supposer que l’administration de la plateforme n’aimait pas les faits dévoilés sur la propagation de l’idéologie néonazie dans les forces armées de l’Ukraine ou les attaques contre des civils du Donbass commises par les groupes armés ukrainiens ou, par exemple, les détails sur les programmes militaires biologiques des États-Unis sur le territoire ukrainien. J’en suis sûre à 100%. On supprime tout ce qui concerne les programmes biologiques. Cela les énerve vraiment. C’est ce qu’ils craignent, car on a découvert la vérité. Je n’exclus pas que toute cette histoire avec la ville de Boutcha et cette provocation ont été engendrées par des questions que les populations dans certains pays occidentaux posaient sur l’activité de leurs gouvernements dans ces laboratoires biologiques. Il ne s’agissait pas seulement des laboratoires biologiques américains, je veux dire ceux qui étaient financés par le Pentagone et qui opéraient sous couvert du Ministère de la Santé de l’Ukraine. L’Allemagne et d’autres pays y étaient impliqués.

En ce qui concerne YouTube, il s’agit d’une violation flagrante des règles fondamentales de l’accès libre à l’information de la part du service qui n’essaie même pas de se faire passer pour une plateforme neutre. Je suis convaincue que ce n’était qu’une question de temps. Ils savaient ce qu’ils allaient faire, ils le faisaient, ils supprimaient des investigations journalistiques, des chaînes entières de leur plateforme. Ils bloquaient des utilisateurs et des vidéos, imposaient des restrictions, etc. Nous l’observions et commentions. Maintenant, c’est nous qui avons été bloqués. Maintenant, il paraît que le ministère des Affaires étrangères ne peut pas diffuser ses conférences de presse sur YouTube. Ça fait un an que nous avons ouvert un compte sur RuTube. Bientôt nous allons y publier tous nos enregistrements. Cette plateforme pseudo-impartiale a déjà supprimé tous les comptes des médias russes et a commencé son arbitraire numérique à l’égard des chaînes des autorités publiques. Devrait-on appeler YouTube et son propriétaire Google à la raison et au comportement responsable? Ou allons-nous procéder différemment? Assez de mots et de demi-mesures, il est maintenant temps d’agir.

J’ai toujours plaidé en faveur de la liberté d’expression, de la recherche de compromis, etc. Mais cette fois, ils ont dépassé toutes les limites. Nous ne nous faisons pas d’illusions quant à ce qu’ils feront dans l’avenir. Ils ont annoncé que les restrictions étaient temporaires, mais dans le même temps, nous comprenons le sentiment général de l’Occident, des renseignements américains et des élites politiques. Il s’agit d’un rejet catégorique de tout ce qui les met mal à l’aise. Apparemment, nous avons mis le doigt sur un problème sensible en évoquant les laboratoires biologiques et la participation de la famille du président Biden aux activités honteuses des laboratoires biologiques sur le territoire ukrainien.

Je voudrais rappeler que le ministère russe des Affaires étrangères a créé son compte sur YouTube en 2012. Dans les circonstances actuelles, il nous faudra repenser profondément le format et même la viabilité de l’interaction avec cette plateforme. Ce n’est pas nous qui avons commencé à le repenser. Nous aurions continué notre travail, mais comment peut-on travailler quand on vous empêche de travailler? Nous nous réservons le droit de saisir les juridictions compétentes pour qu’on prenne des mesures appropriées par rapport à ce blocage.

Cet incident témoigne une fois encore de l’absence de scrupules des entreprises technologiques américaines et de leur engagement total dans la guerre de l’information contre la Russie.

Hier encore, nous avons insisté dans la déclaration du ministère russe des Affaires étrangères sur l’inadmissibilité des restrictions imposées par Twitter à l’égard des informations concernant la provocation dans la ville de Boutcha. Toutefois, moins de 24 heures plus tard, la même plateforme a annoncé de nouvelles actions, cette fois, officiellement, ne s’appuyant pas cette fois sur les règles de la communauté mais en modifiant ces règles au fur et à mesure. Maintenant, leurs utilisateurs n’auront presque plus accès aux documents des autorités russes. Leurs utilisateurs n’ont pas à puiser leurs informations dans des sources alternatives. Laissons-les lire maintenant les sources du Département d’État. On envisage également de désactiver la fonction de recommandations Twitter pour les comptes gouvernementaux russes, cela veut dire que ces comptes ne seront plus recommandés aux utilisateurs, y compris en cas d’un bon classement des publications.

L’idée est de faire leurs utilisateurs chercher eux-mêmes nos publications en se frayant un chemin parmi de nombreuses publications “fiables ». Ce n’est même pas ça. C’est une version officielle. Leurs algorithmes ne permettront pas aux utilisateurs de trouver nos publications même s’ils le voulaient.

Nous sommes également choqués par les annonces que Twitter va supprimer les images de prisonniers de guerre partagées par des comptes liées ou affilés à l’État. Comment ça? Les forces armées sont liées aux autorités de l’État. Comment peut-on interdire aux autorités de publier cette information (sur leurs plateformes)? Je vais l’expliquer maintenant.

Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup d’images des tortures de prisonniers de guerre russes commises par des groupes armés, des combattants et des extrémistes ukrainiens.

Vous ne trouverez rien de tel à l’égard des prisonniers de guerre ukrainiens. Cette formulation perverse de Twitter vise à protéger la communauté internationale de toutes les tentatives de la Russie de leur dévoiler la réalité sur les méthodes inhumaines du régime de Kiev pour qu’ils ne trouvent pas d’informations sur la machine de guerre néonazie de l’Ukraine. Il me semble que je n’ai pas besoin de vous rappeler l’organisation extrémiste Meta, qui est un cas d’école de la politique russophobe. Ils ont également nettoyé tout et continuent à nettoyer l’espace numérique.

Dans ces circonstances, nous avons évoqué à plusieurs reprises la nécessité de créer des réseaux alternatifs, comparables en fonctionnalité et compétitivité, mais utilisant une approche différente vis-à-vis de la modération du contenu, conformément à la législation russe. Nous sommes déjà sur RuTube. Nous souhaitons que les autres s’y joignent à nous. Toutes les autorités publiques la considèrent comme la plateforme principale, y créent leurs comptes, y transfèrent leur contenu.

J’espère que ce grand intérêt public conduira à la création rapide de produits informatiques et que cette plateforme va se développer.

Les déclarations antirusses du Japon

Avec une persistance digne d’une meilleure cause, le Tokyo officiel continue à attiser l’hystérie antirusse dans la société japonaise et tente d’imposer un programme empreint d’idéologie à ses partenaires étrangers, œuvrant docilement à l’exécution des instructions reçues de l’étranger. L’impression est que cette ligne d’action est devenue encore plus importante pour le gouvernement japonais que la reconstruction post-COVID‑19 du pays et la garantie d’un développement économique stable.

Ainsi, les autorités japonaises actuelles ne cessent de détruire l’évolution positive de la coopération mutuellement bénéfique que leurs prédécesseurs avaient soigneusement créée au fil des ans. L’administration de Fumio Kishida, qui suit le principe bien connu « après nous le déluge », non seulement sacrifie consciemment les intérêts socio-économiques à long terme, y compris ceux de sa propre population et de ses entreprises, à des fins politiques égoïstes, mais il cherche aussi clairement à rendre plus difficile la tâche de ceux qui devront tôt ou tard « réorganiser » les relations.

Pour notre part, nous avons l’intention d’élaborer systématiquement et de mettre en œuvre efficacement de nouvelles contre-mesures.

Sur la reconnaissance par la FIFA de la langue russe comme langue officielle

Malgré la campagne en cours visant à exclure les athlètes russes de la participation aux grandes compétitions internationales, des voix de plus en plus nombreuses commencent à se faire entendre pour défendre les droits de nos athlètes. La contribution des Russes au développement du mouvement sportif international, dans un contexte historique, à la promotion de divers sports ne peut être supprimée par la simple imposition d’une interdiction de tout ce qui est russe.

À cet égard, la décision de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) d’accorder au russe le statut de langue officielle est symbolique. Elle a été adoptée le 31 mars par une majorité écrasante lors du 72e congrès au Qatar. Il y a eu 187 votes en faveur et seulement quatre contre.

C’est un signal positif qui montre que l’importance du football russe a été reconnue et que la plupart des officiels internationaux restent sains d’esprit.

Nous comptons sur une prise de conscience accrue de la communauté sportive internationale du fait que le sport mondial ne peut se développer sans la participation de la Russie. Nous espérons que cette démarche de la FIFA servira d’impulsion positive pour les autres organisations sportives internationales et les fédérations à reconsidérer et à renoncer aux mesures discriminatoires contre nos athlètes.

Sur l’initiative de proclamer une journée mondiale de la langue russe

Dans le cadre de la promotion du multilinguisme dans les instances internationales, nous souhaitons attirer l’attention sur la proclamation d’une Journée mondiale de la langue russe qui sera examinée dans le cadre de la 214e session du Conseil exécutif de l’UNESCO au siège de l’Organisation à Paris. Outre la Fédération de Russie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, la Chine, Cuba, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Nicaragua, l’Ouzbékistan, la Palestine, la RPDC, la Syrie, le Tadjikistan, le Turkménistan et le Venezuela sont les co-auteurs du projet de décision pertinent. D’autres co-sponsors devraient s’y joindre.

Aujourd’hui, le russe est l’une des langues les plus parlées au monde. C’est la plus importante langue slave, parlée par plus de 258 millions de personnes qui vivent sur tous les continents de la planète, dont environ la moitié en dehors de la Russie. La langue russe a un statut officiel dans cinq États membres de l’UNESCO, elle est une langue officielle ou de travail de l’écrasante majorité des organisations universelles du système des Nations unies et des associations régionales à l’échelle du continent. Elle est largement utilisée dans l’éducation, la science, la culture, la communication et l’information. Elle reflète un riche patrimoine culturel et civilisationnel, sert de moyen de transmission des traditions, des valeurs et des opinions d’un certain nombre de peuples vivant sur un vaste territoire géographique d’Eurasie et unis par une histoire et une culture communes.

L’idée de proclamer une Journée mondiale de la langue russe vise à sensibiliser la communauté internationale, à renforcer le multilinguisme, qui est une valeur fondamentale du système des Nations unies, à encourager le dialogue interculturel, le dialogue entre les civilisations et la compréhension mutuelle entre les peuples. Cette initiative, de nature purement humanitaire et dépolitisée, s’inscrit pleinement dans la pratique établie de l’UNESCO de proclamer des « journées des langues » : les années précédentes, l’Organisation a proclamé les Journées mondiales de l’arabe, du portugais, du romani et du swahili.

Nous espérons que le Conseil exécutif adoptera une approche impartiale et non discriminatoire pour examiner également la question de la langue russe. Nous espérons que les tentatives de certains pays d' »abolir la culture russe », qui, malheureusement, touchent aussi l’UNESCO, n’affecteront pas la promotion de notre initiative, qui a déjà reçu le soutien préalable d’Audrey Azoulay, directrice générale de l’Organisation.

Sur la 41e réunion du Conseil mondial de coordination des compatriotes russes

Le 5 avril dernier, une réunion du Conseil mondial de coordination des compatriotes russes s’est tenue par vidéoconférence. Alexandre Nourizadé, secrétaire exécutif de la Commission gouvernementale pour les affaires des compatriotes à l’étranger et directeur du Département du travail avec les compatriotes à l’étranger du ministère russe des Affaires étrangères, a assisté à la réunion.

Les membres du Conseil ont noté l’importance de préserver l’unité interne des compatriotes russes dans le contexte de la russophobie qui prévaut dans de nombreux pays du monde.

Les participants ont examiné en détail la préparation de la diaspora russe pour le Jour de la Victoire, y compris les campagnes patriotiques traditionnelles « Ruban de Saint Georges » et « Régiment Immortel ».

Une attention particulière a été accordée à l’amélioration de la structure du Conseil mondial. Il a été décidé de créer une Commission permanente pour la préservation de la vérité historique au sein du Conseil.

Sur le développement des relations entre la Russie et l’ASEAN

Récemment, une forte activité a été constatée dans la sphère Russie-ASEAN. Le dialogue entre notre pays et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) progresse de manière dynamique, conformément au plan d’action global pour 2021-2025 adopté lors de la réunion des dirigeants de notre pays avec les « Dix » en octobre de l’année dernière.

Les 25 et 29 mars dernier, le Comité de coopération conjoint et le Comité conjoint de planification et de direction, les principaux organes de travail de notre dialogue au niveau des représentants permanents auprès de l’ASEAN, ont tenu leurs réunions régulières. Elles se sont concentrées sur un large éventail de tâches visant à renforcer le partenariat stratégique avec l’Association dans les domaines de la politique et de la sécurité, de l’économie et de la culture, et elles ont reçu une orientation pratique grâce à la participation de plus d’une douzaine d’agences et d’organisations professionnelles russes.

L’ordre du jour prévoit de poursuivre les Consultations des hauts représentants de la Russie et de l’ASEAN sur la sécurité, lancée l’année dernière, et le dialogue Russie-ASEAN sur les questions liées à la sécurité des techniques de communication, ainsi que l’organisation d’une nouvelle réunion informelle des ministres de la Défense. Le premier exercice naval Russie-ASEAN en décembre 2021 pourrait être une initiative très utile.

Dans le contexte actuel, une attention particulière est accordée à la coopération dans les industries à forte intensité de connaissances et de haute technologie qui peuvent apporter une percée innovante à l’économie. Un événement clé dans ce contexte est le lancement de l’Année Russie-ASEAN de la coopération scientifique et technologique en février dernier. L’accord sur le projet de Plan de travail pour l’éducation Russie-ANASE est dans sa phase finale. Nous constatons que les partenaires sont très intéressés par la mise en œuvre de projets communs dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, de la numérisation, de la médecine, de l’interconnectivité, du changement climatique et des villes intelligentes. Des initiatives sectorielles intéressantes ont été lancées, notamment par le Myanmar et les Philippines.

L’expérience de la lutte contre la pandémie de coronavirus a confirmé l’importance de la mise en commun des efforts pour lutter contre les maladies infectieuses. À cet égard, la reprise en mars dernier à Vladivostok, sous l’égide de Rospotrebnadzor, de cours de formation avancée à plein temps pour les spécialistes de l’ASEAN en épidémiologie revêt une importance particulière.

La première réunion des ministres du tourisme de la Russie et de l’ASEAN, organisée par vidéoconférence en janvier, a constitué un élément important des efforts déployés pour mettre en œuvre le Plan d’action global. La reprise rapide du tourisme, qui a été le plus durement touché par la pandémie et qui revêt une importance particulière pour les économies de l’Asie du Sud-Est, figure parmi nos priorités. L’approfondissement tous azimuts de la coopération dans ce domaine sera facilité par la mise en œuvre du plan de travail 2022-2024. Dans ce contexte, il convient également de mentionner le projet de Singapour sur l’utilisation des réseaux sociaux pour accroître les flux touristiques mutuels.

La Russie et l’Association sont déterminées à maintenir l’élan de la coopération et à rechercher de nouvelles opportunités en mettant l’accent sur les aspects pratiques. […]

Sur l’anniversaire de l’opération offensive stratégique en Crimée menée par les forces soviétiques pendant la Grande Guerre patriotique (le 8 avril 1944)

À l’automne 1943, la 17e armée composée de 5 divisions allemandes et 7 divisions roumaines, d’environ 200.000 soldats au total, disposant de plus de 3.500 pièces d’artillerie et mortiers, de 215 chars et d’armes d’assaut, et d’environ 150 avions, s’est retrouvée bloquée en Crimée. En tenant la Crimée, l’ennemi a créé une menace à l’arrière des troupes soviétiques sur la rive droite de l’Ukraine, tout en couvrant son propre flanc stratégique balkanique et les communications maritimes du détroit aux ports de la côte ouest de la mer Noire et jusqu’au Danube.

Pour libérer la Crimée des intervenants, une opération offensive stratégique a été conduite du 8 avril au 12 mai 1944. Elle a été menée par le 4e front ukrainien (sous le commandement du général Fiodor Tolboukhine) et l’armée séparée de Primorsk (avec le général Andreï Eremenko) et la flotte de la mer Noire sous le commandement de l’amiral Filipp Oktiabrski) et la flottille d’Azov (sous la direction du contre-amiral Sergueï Gorchkov). Le commandement général était assuré par le maréchal de l’Union soviétique Alexandre Vassilievski.

Le matin 8 avril 1944 (après cinq jours de préparation d’artillerie), des unités de la 51e armée du 4e Front ukrainien ont frappé depuis une tête de pont sur la rive sud du Sivach et deux jours plus tard ont percé les défenses ennemies, atteignant le flanc du groupe allemand Perekop. Au même moment, la 2e armée de la Garde a libéré Armiansk. Pendant le mois d’avril, Djankoï, Kertch, Eupatoria, Simferopol, Théodosie, Bakhtchissaraï, Alouchta, et Yalta ont été libérées. Les 15 et 16 avril, les troupes soviétiques ont approché de Sébastopol de trois côtés.

Le 7 mai, avec le soutien de toute l’aviation du front, les forces d’attaque ont percé les défenses ennemies en capturant le mont Sapoun. Le 9 mai, Sébastopol a été libérée.

Les restes de la 17e armée allemande, poursuivis par le 19e Corps de chars, se replient sur le cap Khersones où ils sont finalement vaincus.

La victoire en Crimée a rendu une région économique importante au pays. En général, le territoire a été libéré, occupant une superficie d’environ 26 000 km2. Pendant les années d’occupation, les envahisseurs nazis ont infligé d’énormes dégâts à la Crimée : plus de 300 entreprises industrielles ont été mises hors service, le bétail a été presque complètement exterminé, les villes et les stations balnéaires ont été gravement détruites – Sébastopol, Kertch, Théodosie et Eupatoria ont été particulièrement touchées. Ainsi, à Sébastopol, au moment de la libération, il y avait 3.000 habitants sur les 109.000 personnes présentes dans la ville à la veille de la guerre. Seulement 6% du parc de logements a survécu dans la ville.

En l’honneur de la libération de Sébastopol, à Moscou le 10 mai, 24 salves ont tirées avec 324 canons d’artillerie.

À la suite de l’opération de Crimée, 160 formations et unités ont reçu les noms honorifiques d’Eupatoria, Kertch, Perekop, Sébastopol, Sivach, Simferopol, Théodosie et Yalta.

Plus de 39.000 personnes ont reçu des médailles pour la Défense de Sébastopol (la médaille a été créée par le décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS du 22 décembre 1942 en honneur des défenseurs de Sébastopol). Le titre honorifique de Ville héros a été décerné à Sébastopol (le 8 mai) et à Kertch (le 14 septembre).

Sur l’anniversaire de la libération d’Odessa des envahisseurs fascistes allemands (10 avril 1944)

Odessa était occupée par les troupes allemandes et roumaines d’octobre 1941 à avril 1944. L’occupation a duré 907 jours et nuits. Pendant ce temps, plus de 82.000 personnes ont été tuées et 7.000 personnes ont été déportées en Allemagne en tant que travailleurs forcés.

À la fin de mars 1944, les forces du 3e Front ukrainien, sous le commandement du général d’armée Rodion Malinovski, ont conduit une opération offensive Bereznegovatoïe-Sniguiriovka, en forçant le passage vers le Boug méridional et ont lancé une série d’actions offensives dans la direction de Nikolaïev et d’Odessa.

L’opération a mobilisé plus de 470.000 personnes, 13.000 canons d’artillerie et de mortiers, 435 chars et automoteurs d’artillerie, 436 avions. L’offensive des troupes de front a été appuyée par la 17e armée de l’air, l’aviation et la flotte militaire de la mer Noire sous le commandement de l’amiral Filipp Oktiabrski.

Les troupes du 3e Front ukrainien ont affronté les forces de la 6e division allemande et de la 3e division roumaine du groupe d’armées A (le groupe d’armées “Ukraine du Sud » à partir du 5 avril). Le nombre total de leurs troupes était d’environ 350.000 soldats. Ils possédaient 160 chars et armes d’assaut, plus de 3.000 mortiers et canons, 550 avions de combat.

Lors de la libération de la ville les forces soviétiques ont été aidées par des partisans et des combattants clandestins qui ont tué plus de 5.000 soldats et officiers, ont fait dérailler 27 trains militaires, ont détruit 248 véhicules, ont sauvé près de 20.000 citoyens soviétiques de la déportation en Allemagne.

À la suite de l’opération d’Odessa, les forces soviétiques ont porté un coup dur à l’ennemi qui a perdu plus de 27.000 personnes en tués, plus de 11.000 en prisonniers de guerre, 952 canons, 443 chars et armes d’assaut, 95 entrepôts de munitions et de nourriture.

Quelques jours avant leur départ de la ville, les forces allemandes ont commencé à poser des mines dans des bâtiments importants, des usines, des centrales électriques et même le port maritime. Mais ils n’ont pas eu le temps de faire sauter tous les sites. Ce sont des amarres et des bâtiments du port qui ont été les plus endommagés. De nombreux bâtiments historiques ont été détruits. La gare ferroviaire regorgeait de trains militaires contenant des machines, des équipements et des structures métalliques qu’on n’avait pas réussis à envoyer au Reich.

Le 10 avril 1944, Odessa a été libérée. Un drapeau soviétique a été hissé sur l’Opéra. La reconstruction de la ville a commencé presque immédiatement: pendant l’occupation, de nombreuses usines ont été détruites, plus de 2.000 bâtiments ont été explosés et brûlés, le port maritime, des hôpitaux, des dispensaires et des sanatoriums ont été détruits. En 907 jours d’occupation, la population d’Odessa a diminué presque de moitié.

Moscou a salué la victoire avec 24 salves de 324 canons. Plus de 30.000 personnes ont reçu la médaille pour la défense d’Odessa créée par le décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS du 22 décembre 1942 en l’honneur des défenseurs d’Odessa.

27 formations et unités qui se sont distinguées lors de la libération de la ville ont reçu le nom honorifique d’Odessa. Pour l’héroïsme et le courage manifestés dans les batailles pour la ville, 14 personnes ont reçu le titre de héros de l’Union soviétique, plus de 2.000 personnes ont reçu des ordres et des médailles de l’URSS.

Le 1er mai 1945, par la décision du commandant en chef, Odessa a reçu le titre de Ville héros. Par décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS du 8 mai 1965, pour services exceptionnels à la patrie, courage et héroïsme dont ont fait preuve les travailleurs de la ville dans la lutte contre les envahisseurs nazis, la ville héroïque d’Odessa a reçu l’Ordre de Lénine et la médaille d’étoile d’or.

Sur l’anniversaire du soulèvement des prisonniers de Buchenwald (11 avril 1945)

La journée internationale de la libération des camps de concentration nazis est célébrée chaque année le 11 avril. Cette date commémorative a été décrétée en hommage à l’héroïque soulèvement des prisonniers de Buchenwald, l’un des plus grands camps de concentration établis par les nazis sur le territoire du Troisième Reich. Au total, environ un quart de million de prisonniers de tous les pays européens et de l’URSS y sont passés; 56.000 personnes, dont 8.500 prisonniers soviétiques, y ont trouvé la mort.

Les prisonniers étaient détenus dans des conditions inhumaines, ils ont été contraints à des travaux pénibles, y compris dans les usines d’armements souterraines, et soumis à d’horribles expériences médicales. Contre toute attente, à Buchenwald il y avait des groupes de résistance dont le plus puissant était le groupe des prisonniers de guerre soviétiques. À l’été 1943, à l’initiative des antifascistes allemands, un Comité international des camps (ILK) a été formé pour coordonner la préparation du soulèvement.

Au printemps 1945, alors que les troupes alliées approchaient, l’ordre a été donné d’éliminer physiquement et d’évacuer tous les prisonniers restant dans le camp, ce qui a déclenché le soulèvement du 11 avril 1945. Grace aux actions des insurgés de Buchenwald, plus de 200 soldats SS et gardes du camp ont été faits prisonniers. Pendant deux jours le camp a été sous contrôle des résistants, et le 13 avril 1945, la 3e armée américaine a pris le contrôle du camp.

Le commandement et presque tous les gardiens de Buchenwald ont été transférés au Tribunal militaire international où ils ont reçu des peines appropriées.

Sur l’exposition “L’OTAN. Chronique de la cruauté”

Hier, le Musée d’histoire moderne de la Russie a inauguré une exposition gratuite “L’Otan. Chronique de la cruauté”, qui avait été organisée avec le soutien de la Société historique russe, MGIMO, l’Association des parcs historiques « Russie, mon histoire”, les agences de presse TASS et Rossiya Segodnya. L’exposition présente des photographies documentaires de la collection des agences susmentionnées, des artefacts et des documents de la collection du Musée relatifs à la période de la guerre froide. L’exposition sera accessible au public jusqu’au 24 avril.

Cette exposition a été organisée à l’occasion de l’anniversaire de la création de l’Otan (le 4 avril 1949) et elle est consacrée aux événements internationaux les plus importants du début de la guerre froide à nos jours, liés aux activités militaires de l’Alliance.

L’exposition comprend neuf sections consacrées aux plans d’attaque des États-Unis et de ses alliés contre l’URSS élaborés après la Seconde Guerre mondiale, aux conflits locaux de la seconde moitié du XXe – du début du XXIe siècle, y compris le bombardement de la Yougoslavie en 1999, aux guerres en Irak et Afghanistan dans les années 2000, au conflit en Syrie, ainsi qu’aux événements actuels en Ukraine provoqués par sa coopération avec l’Otan.

Nous invitons tous ceux qui croient encore aux paroles du Secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg que l’Otan est une alliance défensive, à examiner les pièces justificatives sur leur soi-disant défense présentées à l’exposition.

Sur la déclaration du Centre de la coordination interdépartementale de la Fédération de Russie sur la réponse humanitaire en Ukraine

Je souhaite attirer votre attention sur la déclaration du Centre de la coordination interdépartementale de la Fédération de Russie sur la réponse humanitaire en Ukraine. Ce sont des faits atroces qui ont été rendus publics aujourd’hui.

La partie ukrainienne a participé à la discussion sur l’échange de prisonniers de guerre. On a prévu d’effectuer un échange de prisonniers de guerre conformément à la procédure établie et selon les normes humanitaires pour la coopération avec les structures internationales. Les prisonniers ukrainiens détenus sur le territoire de la Russie ont reçu une visite de la part de la Commissaire aux droits de l’homme de la Fédération de Russie, Tatiana Moskalkova, qui a vérifié les conditions de leur détention. Les résultats de la visite ont été largement rapportés dans les médias.

Il avait été convenu, conformément à la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre, que les parties effectueraient un échange de prisonniers. L’échange de prisonniers de guerre prévu pour aujourd’hui a été perturbé par la partie ukrainienne. Chaque fois l’échange de prisonniers de guerre est perturbé par les autorités ukrainiennes, à cause d’un manque de volonté de leur part de procéder à cet échange.

Les représentants du ministère russe de la Défense ont négocié et mis à jour les listes de prisonniers à plusieurs reprises. Ils travaillaient 24 heures sur 24, tandis que Kiev manipulait les dates en les associations à différents facteurs. En même temps, le nombre de prisonniers de guerre a été réduit malgré le fait qu’il avait été convenu dès le début. Au tout dernier moment, le nombre a été réduit jusqu’à 38 militaires. Ce matin, la partie ukrainienne a rejeté toutes les propositions et positions convenues, sans en expliquer les raisons.

Dans le même temps, de la part de la Fédération de Russie, la préparation des prisonniers de guerre ukrainiens a été effectuée dans son intégralité, y compris leur livraison dans la zone d’origine pour échange. Compte tenu de ce qui a précédé, la Russie a toutes les raisons de croire que quelque chose ne va pas avec les militaires des forces armées russes qui sont en captivité.

Il a été établi de manière fiable que les militaires russes étaient soumis à la torture, à la violence, à l’intimidation, qui copient les actions des punisseurs pendant la Grande Guerre patriotique, et une partie de cette information est diffusée sur Internet. Nous avons également ces données mais nous ne les avons pas encore rendues publiques. Ces faits flagrants restent ignorés par la communauté mondiale, y compris l’ONU, l’OSCE et le CICR.

Les pays occidentaux sont non seulement conscients des violations flagrantes du droit international humanitaire commises par Kiev contre les prisonniers de guerre russes, (on leur présent toutes les informations), mais tentent également d’aider les autorités ukrainiennes à se soustraire à toute responsabilité. Ils ont peur de rendre les prisonniers de guerre avec des traces de torture sur leurs corps et qui pourront raconter ce qu’ils ont subi. Apparemment, le régime de Kiev n’a aucune intention de le faire.

Comme en témoigne le fait que le régime de Kiev a notifié le 1er avril de cette année le ministère britannique des Affaires étrangères qu’il n’avait pas l’intention de se conformer à la Convention de Genève lorsqu’il traitait les prisonniers de guerre russes. Cela n’a pas commencé aujourd’hui. Cela a duré huit ans à l’égard d’autres personnes: des miliciens, des civils (y compris des femmes et des personnes âgées). On les enterrait vivants, tuait, marquait des symboles rituels sur leurs corps par le feu.

De telles manipulations autour des militaires russes indiquent que les autorités de nombreux États occidentaux deviennent complices des crimes inhumains des néonazis ukrainiens.

La Russie lance un appel à l’ONU, à l’OSCE, au Comité international de la Croix-Rouge, à d’autres organisations internationales, ainsi qu’aux dirigeants de l’Allemagne, de la Turquie et de la France pour exiger des autorités ukrainiennes qu’elles garantissent immédiatement l’accès des représentants du Comité international de la Croix-Rouge aux prisonniers de guerre russes, afin d’établir les conditions de détention et de procéder à un examen médical approfondi, avec le transfert ultérieur des rapports à la partie russe et aux organisations internationales.

Cela montre une fois de plus à qui la Russie fait face dans la région. Ce dossier est sous contrôle des autorités russes, du ministère de la Défense et du ministère des Affaires étrangères.

 Réponses aux questions:

Question: La représentante des États-Unis auprès des Nations unies Linda Thomas-Greenfield a déclaré que Washington allait demander la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme. Que pensez-vous de cette déclaration? Quelles mesures seront prises à cet égard par les diplomates russes?

Réponse: En continuation de leurs attaques contre la Russie dans des structures intergouvernementales multilatérales, les États-Unis et leurs alliés ont élaboré et présenté à l’Assemblée générale un projet de résolution sur la suspension du siège de la Russie au Conseil des droits de l’homme.

La prise d’une décision sur ce document est prévue pour le 7 avril. Afin de réaliser leur projet, les États-Unis auront besoin des deux tiers des voix des membres présents et votant.

Cela fait partie de la culture de l’annulation, de la mentalité des Américains, selon laquelle on ne résout pas des problèmes, on se débarrasse de toute mention des problèmes.

J’espère que la représentante actuelle des États-Unis Linda Thomas-Greenfield est au courant que les États-Unis ont quitté le Conseil des droits de l’homme avec un scandale en disant du mal du Conseil et de ses membres. À l’époque, tout d’un coup quelqu’un du Conseil des droits de l’homme s’est permis de poser des questions aux États-Unis sur leur présence en Afghanistan où ils tuaient des civils sans contrôle pendant 20 ans.

Pendant sa présence en Afghanistan, l’Otan avec les Etats-Unis à sa tête ne luttait pas contre la propagation de drogues, au contraire, le trafic de stupéfiants prospérait à grande échelle.

Dès qu’on a commencé à faire des déclarations sur ce sujet au Conseil des droits de l’homme, les États-Unis sont partis en claquant la porte et en disant que cette structure était complétement inutile. C’est un bon exemple qui montre comment tout cela se passe.

Maintenant ils vont “annuler” la participation de la Russie au Conseil des droits de l’homme. Il s’agit d’une tentative d’influencer nos politiques nationale et étrangère indépendantes, y compris dans le domaine des droits de l’homme, qui n’entrent pas dans la norme-cadre de l’Occident. Les pays occidentaux, en se proclamant comme un modèle des droits de l’homme et de la démocratie, essaient d’instrumentaliser des structures créées par l’autrui il y a longtemps, y compris le Conseil des droits de l’homme, pour promouvoir leur vision de l’ordre mondial, du développement de la culture, des traditions, des valeurs, et des droits et libertés individuels. Ils veulent que tout soit fait à leur façon ou pas du tout. Ils sont convaincus que leur façon vaut mieux que celle des autres, il n’y a pas d’alternatives. Ils utilisent de plus en plus les outils et le potentiel du Conseil afin de s’ingérer dans les affaires intérieures des États, y compris dans les processus électoraux, en créant des commissions internationales indépendantes pour enquêter sur des violations des droits de l’homme ou en adoptant des résolutions partiales vis-à-vis des pays et des régimes indésirables.

Bien entendu, cette politique empêche un véritable changement de la situation des droits de l’homme dans le monde et sape la crédibilité de l’activité de l’ONU dans ce domaine et de la notion des droits de l’homme en général.

Comme le montre la pratique, les approches et les initiatives occidentales sur le règlement des situations critiques en matière de droits de l’homme ont échoué: aucun conflit n’a été résolu. Les scénarios mis en place par les démocraties mûres ont aggravé la situation en matière de droits de l’homme dans certains pays, notamment du fait de l’utilisation des mesures coercitives unilatérales.

Je citerai comme exemple le Venezuela qui fait constamment l’objet de critiques de la part des États-Unis pour violations des droits de l’homme. Année après année, ils essayaient de suspendre sa participation dans toutes les structures internationales. Quand la pandémie a commencé, les Etats-Unis, une démocratie exemplaire, auraient pu tendre la main aux citoyens du Venezuela en leur fournissant des médicaments, des vaccins, de la nourriture, mais c’était exactement le contraire. Ils durcissaient les sanctions, en vigueur depuis longtemps, et renforçaient la pression. Ils pensaient que la pandémie ne ferait qu’aggraver les problèmes existants et que le peuple du Venezuela se tournerait contre son gouvernement et la démocratie à l’américaine triompherait. Mais cela n’est pas arrivé. Quelque chose d’encore plus surprenant survint. Les Etats-Unis ont compris tout à coup qu’ils avaient besoin du Venezuela et que sa situation des droits de l’homme n’était pas si grave. En conséquence, lorsque les États-Unis pouvaient en tirer un bénéfice, les hauts représentants américains sur les questions de la coopération en matière des ressources énergétiques ont décidé, il y a quelques semaines, de ne pas se rendre au Venezuela. Quand il s’agit du pétrole et des grosses sommes d’argent, la situation des droits de l’homme et des élections truquées peut attendre.

Pour les pays occidentaux, il est difficile de comprendre et d’accepter le fait que leur approche néocoloniale dans le domaine des droits de l’homme a échoué et qu’ils ne pourront plus établir leurs règles de façon unilatérale, y compris dans l’activité de l’ONU liée à la protection des droits de l’homme.

La Russie s’est toujours opposée à de telles approches. Notre priorité dans le domaine des droits de l’homme était de renforcer un dialogue constructif, et d’engager toutes les parties prenantes dans le processus collectif d’élaboration et de prise des décisions. C’était l’objectif de notre travail au sein du Conseil des droits de l’homme. La suspension de la Russie du Conseil compromettra sans aucun doute son universalité et son efficacité et permettra aux pays occidentaux d’avoir un contrôle total sur le domaine des droits de l’homme.

Question: L’ambassadeur ukrainien en Australie Vassili Mirochnitchenko a déclaré lundi que Kiev avait perdu la guerre de l’information en Asie du Sud-Est en ce qui concerne la couverture des évènements en Ukraine. Comment commenteriez-vous cette déclaration?

Réponse: C’est une déclaration bizarre. Depuis le début, les pays d’Asie du Sud-Est cherchaient à comprendre eux-mêmes la situation en analysant toutes les informations objectives. Ils possèdent toutes les données et tous les moyens pour recueillir des faits et des documents d’information afin de comprendre les raisons de l’opération militaire spéciale.

La plupart des pays de la région connaissent la valeur de l’information venant de l’Occident et de l’Ukraine. Ils étaient témoins de première main de tout cela à plusieurs occasions.

Ils n’ont cédé ni à la pression sans précédent ni aux incitations qui étaient proposées en échange d’un refus de coopérer avec Moscou.

Ces pays ont traversé beaucoup d’épreuves dans un passé récent. Ils connaissent bien l’intransigeance de l’Occident. Aujourd’hui, on leur propose de renoncer à toute coopération avec la Russie et de se lier d’amitié avec les États-Unis et demain, dès qu’ils commenceront à désobéir, ils deviendront les principaux ennemis des États-Unis. Nous sommes déjà passés par là. Ces pays prônent le droit international, l’équilibre des intérêts, la multipolarité, la coopération régionale, l’égalité et la non-ingérence dans les affaires intérieures des acteurs non-régionaux et des pays souverains. Malgré l’hystérie russophobe globale, nos partenaires se montrent prêts à poursuivre la coopération et le dialogue sur toutes les questions pratiques.

Question: Que pouvez-vous dire au sujet de la réaction au Vietnam aux publications parues dans des médias ukrainiens insultant le dirigeant vietnamien Hô Chi Minh, où on l’accuse d’être responsable de la mort des centaines de milliers de civils en le comparant à Pol Pot?

Réponse: C’est une histoire révoltante. En même temps, c’est normal pour le régime de Kiev et pour ceux qui suivent son exemple de réécriture de l’histoire. Cette fois cela concerne le Vietnam qui a parcouru un chemin difficile dans la lutte pour l’indépendance et a réalisé des progrès considérables sur le plan socio-économique.

En ce qui concerne le personnage historique vietnamien Hô Chi Minh, il est reconnu dans le monde entier comme leader du mouvement de libération nationale, fondateur du Parti communiste du Vietnam, premier président de la République démocratique du Viêt Nam. Il a visité notre pays à maintes reprises et c’était notre ami. L’exemple de l’URSS était une grande inspiration pour lui. Aujourd’hui, Hô Chi Minh, en tant que personnage historique, est aimé par ses compatriotes et son autorité est absolue parmi la partie progressiste de la communauté internationale.

Même si on ne prend pas en considération la dimension internationale, c’est un héros national, reconnu par plusieurs générations et différentes couches de la société dans un pays donné. Les médias ukrainiens ne devraient pas s’en mêler. Une fois encore, nous assistons à une manifestation de l’idéologie nationaliste enracinée dans le régime de Kiev qui dénigre l’histoire de nombreux pays.

Question: Étant donné l’expulsion massive de diplomates russes des pays européens, la Russie envisage-t-elle de fermer en représailles des ambassades des pays européens en Russie? Peut-on rappeler des ambassadeurs russes des pays de l’UE?

Réponse: La campagne antirusse menée en Europe dépasse toutes les limites. C’est dommage qu’ils aient choisi une chasse aux diplomates russes comme un moyen d’exercer la pression sur la Russie. Cela crée des problèmes auxquels ils seront confrontés eux-mêmes et que personne ne pourra résoudre.

Il s’agit d’une hypocrisie flagrante. D’un côté, on nous dit que la voie diplomatique est indispensable pour résoudre les problèmes existants, de l’autre côté, ils expulsent massivement nos diplomates, en trouvant une fausse excuse concernant “le statut de leur activité ».

Nous réagissons au cas par cas, en exprimant la perplexité, le regret ou l’opposition selon la situation. C’est un moyen de pression inadmissible.

Nous n’avons jamais initié de telles guerres diplomatiques. Si nous avions des questions sur certaines personnes, nous essayions de les résoudre dans le cadre des relations bilatérales avec les pays concernés. Nous révélions ces faits seulement sur une base réciproque.

Cependant, ces dix dernières années, l’Occident a choisi cette méthode d’influence politique et informationnelle sur notre pays. Au fil des siècles, des diplomates dans divers pays étaient déclarés persona non grata pour différentes raisons. Cela fait partie de la routine diplomatique. Pour autant, ces dix dernières années, cela a pris toute une autre dimension. Il s’agit d’une nouvelle approche diplomatique impliquant l’instrumentalisation du concept d’expulsion de diplomates comme un outil d’influence agressive sur un pays et pas comme un outil de « correction » des relations.

Nous considérons que la diplomatie est irremplaçable pour maintenir la communication entre les États qui ne fait que croître en importance dans les circonstances actuelles.

Nous allons répondre à chaque fois. Le principe de réciprocité doit être respecté dans les relations internationales. Des décisions concrètes seront prises en fonction de nos intérêts, du contexte actuel et de la contribution de certains pays à l’attisement de l’hystérie antirusse. En même temps, la fermeture d’ambassades européennes à Moscou est hors de question.

Question: Les États-Unis vont imposer des sanctions contre la famille du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Pourriez-vous commenter cette annonce ?

Réponse: Je n’ai pas vu cette annonce.

Je sais qu’ils ont imposé des restrictions contre son gendre et d’autres citoyens russes, diplomates et contre moi aussi.

L’expulsion de diplomates russes fait partie des sanctions, il ne s’agit pas d’un simple ordre de quitter le pays. Cela empêche toute possibilité de travailler dans ce pays. Dans l’Union européenne, il s’agit d’une sanction de cinq ans d’interdiction d’entrée sur le territoire au minimum, y compris pour les voyages privés, même dans le cadre des échanges scientifiques, culturels, etc.

Il s’agit des restrictions qu’on impose contre le corps diplomatique russe depuis des décennies. Des centaines de diplomates russes ont subi ces restrictions. Aujourd’hui, cette histoire a pris une nouvelle dimension. On impose des sanctions non seulement contre des diplomates qui travaillent à l’étranger, mais aussi contre ceux qui travaillent au ministère des Affaires étrangères, y compris le ministre. Cette attitude va à l’encontre de la logique. Les diplomates établissent des relations, expliquent des positions et des approches dans les situations de profondes crises. La situation actuelle est en dehors de la pratique diplomatique, la profession, la diplomatie en général. Il s’agit de la destruction des fondements de l’ordre mondial, de l’une de ses parties, ciblée par l’Occident.

Je n’ai pas vu cette annonce, j’ai commenté la situation en général. Vous connaissez notre position.

Question: Comment pourriez-vous commenter l’incident à l’ambassade russe à Bucarest?

Réponse: C’est un incident atroce. L’ambassade russe a déjà fait un commentaire.

Tôt le matin, le 6 avril, à Bucarest, une voiture roumaine après avoir percuté la barrière policière a tenté d’enfoncer le portail de l’ambassade russe, provoquant un incendie dans lequel le conducteur est décédé et le véhicule a été partiellement brûlé.

D’après les informations préliminaires, le conducteur était de nationalité roumaine. Je n’ai vu aucune confirmation officielle, mais selon les experts impliqués dans cette affaire, il s’agit d’un homme qui a été poursuivi et condamné à une peine de prison à la veille de l’incident, c’est-à-dire, un homme avec un destin difficile.

L’ambassade a déclaré qu’aucun employé n’avait été blessé.

La direction de l’ambassade a immédiatement pris contact avec les forces de l’ordre de la Roumanie en demandant une enquête exhaustive et rapide sur ce crime grave qui avait mis en danger la sécurité des missions russes à l’étranger. Je tiens à rappeler qu’un citoyen roumain est mort aussi. Vous devez comprendre que cet homme a été victime d’une campagne antirusse virulente qui se poursuit tous les jours dans les médias depuis des années. Les nerfs des gens ne sont pas d’acier.

Permettez-moi de rappeler (non seulement en relation avec cet incident, mais avec d’autres aussi) que selon la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, l’État d’accueil doit prendre toutes les mesures appropriées afin d’empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés.

Nous espérons que les autorités de la Roumanie respecteront pleinement leurs obligations internationales.

Nous attendons les résultats de l’enquête.

Question: La semaine dernière, le Royaume-Uni a décidé d’imposer des sanctions contre les organisations médiatiques russes contrôlant les chaines RT et Sputnik et contre leurs journalistes et rédacteurs. Dans sa déclaration, la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss a affirmé que la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine était « basée sur un flot de mensonges ». Comment commenteriez-vous les actions des autorités britanniques et les déclarations de la ministre britannique des Affaires étrangères ?

Réponse: Je peux vous dire que le ministère britannique des Affaires étrangères et la ministre actuelle, ainsi que les anciens ministres, sont des experts en mensonges. Rares sont les enquêtes qui aboutissent à un résultat quelconque quand il s’agit de la Russie et des accusations à son égard.

C’est dommage que vous ne commenciez à vous intéresser que maintenant au sujet de l’oppression des médias russes au Royaume-Uni, alors que nous en parlions chaque semaine au cours des cinq dernières années. Pas un mois n’est passé sans que nous n’abordions le sujet de l’oppression des médias russes au Royaume-Uni, aux États-Unis, dans l’UE et dans les pays Baltes. Cette oppression revêt des formes diverses: des amendes, des accusations de partialité, la non délivrance de visas aux journalistes russes et la non-admission des journalistes et des experts russes aux événements médiatiques tenus sur le territoire britannique et consacrés aux questions de la liberté des médias, y compris sous les auspices du ministère britannique des Affaires étrangères.

Les faits ne manquent pas. Nous les avons tous évoqués. Je pourrais vous présenter un résume pour que vous compreniez que ce sujet n’est pas nouveau et n’a pas commencé avec la situation en Ukraine. Depuis des années, le Royaume-Uni élimine délibérément la présence russe de son espace médiatique, sans parler de la discrimination envers des journalistes, des correspondants, des chaînes, des médias russes. Cela n’a pas commencé aujourd’hui. Au cours des dernières semaines, le Royaume-Uni a pris des mesures restreignant la diffusion de chaînes russes sur son territoire. Des déclarations ont été faites et certains représentants des médias ont été inscrits sur la liste des sanctions.

Vous savez que l’Occident et l’UE (à l’époque le Royaume-Uni faisait encore partie des pays membres de l’UE) imposent des sanctions contre des journalistes russes depuis longtemps. Ces sanctions se sont avérées efficaces. En raison des sanctions personnelles, d’autres médias, affilés à ceux dirigés par les personnes figurant sur les listes de sanctions de l’UE, ne pouvaient pas travailler non plus. Je parle de Dmitri Kisseliov qui a été inscrit sur les listes de sanctions, car il est directeur de l’agence Rossiya Segodnya.

En conséquence, les structures affiliées, même enregistrées sur le territoire des pays-membres de l’UE, notamment dans des pays baltes, ont été déclarées hors la loi et ont été poursuivies. Ces personnes ont été arrêtées, interrogées, ont subi une pression psychologique juste parce qu’il était sous sanctions. Pour les mêmes raisons, on restreignait la diffusion en menant des campagnes respectives. Les mêmes sanctions et la même campagne ont été appliquées contre Margarita Simonian à qui je souhaite aujourd’hui bon anniversaire. (Margarita, c’est Reuters qui s’inquiète pour toi et ton média et moi je leur explique qu’ils auraient dû le faire avant. Ça fait longtemps que tu es sous sanctions. Depuis 2017, les États-Unis et d’autres pays occidentaux mènent une guerre contre RT). Cela ne représente rien de nouveau pour nous.

Le seul résultat que la chef de la diplomatie britannique Liz Truss a obtenu aujourd’hui est qu’on a adopté (et adoptera encore) des mesures symétriques vis-à-vis des médias britanniques travaillant en Russie.

Question: Quelles sont les relations entre la Corée du Nord et la Russie aujourd’hui? Est-il prévu de réduire les sanctions attribuées par le Conseil de sécurité des Nations unies dans le domaine humanitaire et dans d’autres domaines civils?

Réponse: On établit des relations traditionnellement amicales et de bon voisinage avec la Corée du Nord. Nous constatons la proximité des approches sur de nombreuses questions de l’ordre du jour international, avant tout en matière de rejet d’un ordre mondial unipolaire basé sur des règles imposées par l’Occident. Nous apprécions la compréhension et le soutien des dirigeants de la Corée du Nord de l’opération spéciale militaire en Ukraine. On compte sur une intensification globale des liens après des restrictions adoptées en raison de l’infection à coronavirus et la levée des restrictions imposées pour la contrôler.

Quant à la réduction possible des sanctions qui étaient adoptées à Pyongyang, à la fin d’octobre 2021, la Russie et la Chine ont diffusé le projet de résolution politico-humanitaire sur la Corée du Nord dans le Conseil de sécurité de l’ONU, suggérant un assouplissement du régime des sanctions internationales dans le domaine humanitaire et dans d’autres domaines civils qui ne sont pas liés au programme de missiles nucléaires. Compte tenu de la situation dans la région et dans le pays suite à la pandémie de coronavirus.

Nous partons du principe que face à la pandémie, l’assistance au peuple nord-coréen serait un geste très opportun et responsable de la part de la communauté internationale. L’adoption d’une résolution pourrait établir la confiance entre les États concernés, servir de forte motivation à la réanimation du dialogue politique.

Mais il y a toujours un « mais ». Les États-Unis et leurs alliés européens se sont avérés incapables d’accepter une telle logique. Ils ne s’expriment pour les droits de l’homme et ont le « cœur brisé » qu’en paroles. En réalité ils insistent sur la poursuite de la politique de sanctions et de pression sur la Corée du Nord, dont l’inefficacité a été prouvée, sans proposer aucune idée constructive en contrepartie. Nous supposons que c’est justement ce genre de comportement de la part de Washington qui va à l’encontre des principes de la déclaration de Singapour des dirigeants de la Corée du Nord et des États-Unis du 12 juin 2018 qui est à l’origine de l’absence de progrès dans le règlement coréen.

Question: Peut-on espérer la suite de la collaboration entre la Russie, les États-Unis et l’Occident dans un format multilatéral sur le programme de missiles nucléaires de la Corée du Nord?

Réponse: Nous sommes prêts à continuer la collaboration avec toutes les parties impliquées dans le règlement du problème coréen, y compris les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Nous continuerons comme avant à nous inspirer non pas des demandes d’aide de certains États dans la résolution de leurs propres tâches, mais uniquement de nos intérêts nationaux qui consistent à trouver une solution systémique et globale aux problèmes de sécurité en Asie du Nord-Est.

Question: Supposons que l’administration Biden conclura finalement les négociations avec l’Iran sur l’accord nucléaire par une nouvelle entente. Peut-on garantir qu’un éventuel changement d’administration à Washington en 2024 ne conduira pas à une autre annulation du Plan d’action global commun (PAGC)? Quelle est la position actuelle de la Russie sur l’accord nucléaire iranien, ses relations avec Washington après la révélation du programme des laboratoires biologiques dans des pays limitrophes de la Russie?

Réponse: En ce qui concerne le PAGC. Vous connaissez notre position traditionnelle. Tout d’abord nous nous sommes prononcés en faveur de cet accord, deuxièmement nous nous sommes exprimés pour sa préservation et enfin pour son redémarrage rapide. Cette position a été exprimée à plusieurs reprises dans les faits et a été confirmée au cours du processus de négociation.

Concernant la possibilité que l’année 2024 conduise à une nouvelle annulation du PAGC. Personne ne sait quelle sera la position de Washington demain, ce soir ou dans une heure. J’ai déjà cité l’exemple du Venezuela aujourd’hui où la position n’a pas seulement été formée: ils n’ont pas reconnu le président légitime du pays, ils en ont inventé un illégitime – Juan Guaido, qu’ils ont proclamé à la tête du pays. La Maison Blanche a accueilli cet imposteur, c’est-à-dire quelqu’un qui n’existe pas officiellement sur la scène politique. Washington a interdit à ses satellites à maintenir des relations avec le gouvernement légitime du Venezuela. Tout a changé en un instant lorsqu’il a fallu trouver une approche non conventionnelle pour régler le problème énergétique. Tout a été oublié en un instant: les droits de l’homme, la légalité/illégalité qui a été inventée par eux-mêmes, Juan Guaido. Si nécessaire, ils s’en souviendront, sinon, ils l’oublieront. Je voudrais dire la même chose en répondant à votre question.

Quand les gens ne respectent pas le droit international, les accords, la diplomatie, quand ils n’agissent que dans leurs propres intérêts opportunistes, vous pouvez vous attendre à tout de leur part. Ils sont totalement imprévisibles.

Question (traduite de l’anglais): L’ampleur du bain de sang en Ukraine, aura-t-elle une influence sur l’attitude du peuple russe à l’égard du conflit?

Réponse: Vous posez cette question de manière intéressante: comment les événements en Ukraine ont affecté l’opinion publique. Entre ces deux choses vous en avez oublié encore une – les médias. Entre les événements et l’opinion publique il y a toujours les médias: revues, journaux, télévision, réseaux sociaux, journalisme. Ce sont eux qui forment l’opinion publique.

Pendant huit ans l’opinion publique ne savait rien des événements en Ukraine, dans le Donbass. Les médias occidentaux ne s’y intéressaient pas. Ils n’avaient pas un tel « ordre ».

Comment cela se fait-il qu’un événement majeur et tragique a lieu au centre de l’Europe et que les médias occidentaux n’en parlent pas? Cela ne peut pas être comme ça. J’ai posé des questions à de nombreux journalistes occidentaux: comment ils choisissent les sujets à couvrir. Tout est simple: si la Maison Blanche en a parlé, ils couvriront cet événement, si la Maison Blanche n’a donné aucun commentaire là-dessus, ils n’ont pas à le faire. Donc, tout commence par le fait que ce sujet est déjà un événement. Il reçoit une sorte de coup de pouce par la machine d’État aux États-Unis, dans l’UE. C’est ainsi que les médias forment ensuite l’opinion publique. Si, comme vous le dites, on montre aux gens des photos qui ne seront pas signées, l’opinion publique ne pourra pas se former, car il faut des faits pour cela. Mais vous avez très clairement dit: l’opinion publique s’est formée parce qu’un autre scénario et la façon de percevoir ces photos lui sont déjà imposés. Aujourd’hui, le monde est passé par la plus terrible des déceptions. On en a beaucoup parlé lors de ce briefing. La tromperie, c’est qu’il n’y avait pas de victimes civiles à Boucha au moment de la présence des forces armées de la Fédération de Russie sur place. L’interview du maire de la ville après le retrait des forces militaires russes en est la preuve. Il était souriant, optimiste et concentré sur la normalisation de la situation. Il n’a pas mentionné un mot sur les « morts ».

Deuxième chose. Il n’y a aucune preuve de la part des civils au moment de la présence des forces militaires russes dans la région de certains « meurtres », d' »atrocités » ou d’autres activités illégales à l’égard des civils. La communication cellulaire fonctionnait, tout le monde avait des téléphones portables, il y avait et il y a encore internet. Il y a toujours la possibilité d’appeler et de contacter. Rien de tout cela n’a jamais été diffusé sur les réseaux sociaux ou trouvé auprès des personnes qui auraient pu le faire. Tout cela est apparu quelques jours après l’entrée des forces de sécurité ukrainiennes.

Le monde est devenu témoin d’une énorme tromperie. On a déjà vécu des choses similaires. J’ai cité la situation en 1944 dans une ville allemande de Nemmersdorf. On a vu les mêmes mises en scène avec la participation des Casques blancs. Rappelez-vous comment ils ont « assisté » aux crimes du régime syrien qui « a utilisé et appliqué » des armes chimiques contre des civils. Les Casques blancs y ont fait irruption, ont commencé à arroser les gens avec de l’eau, à les essuyer, à leur donner des pilules, à leur faire des injections, en les « sauvant ». Tout cela a été filmé et passé pour une mission « humanitaire » des Casques blancs pour sauver les gens en Syrie du régime syrien. Puis il s’est avéré que c’était le contraire. Ce sont les autorités syriennes qui ont essayé de sauver leur population des provocations des Casques blancs aveс Londres derrière eux. Ils ont financé et en réalité ont formé cette organisation. Un ancien officier des services spéciaux James Le Mesurier dirigeait les Casques blancs. Quand on n’a plus eu besoin de lui, il a été « retiré » du jeu. Il s’est « suicidé » dans des circonstances non élucidées. Nous avons déjà vu tout cela à plusieurs reprises. Quelle terrible provocation aux conséquences cauchemardesques a eu lieu à Srebrenica. À l’époque il n’y avait pas de réseaux sociaux et il n’existait aucun moyen de désavouer rapidement un fake. Elle a entraîné toute une succession de décisions extrajudiciaires prises par la communauté internationale. Il s’est avéré que c’était aussi une provocation.

Maintenant toute information est accessible. Tous ceux que je connais ont la possibilité de discuter de différents points de vue, des hommes politiques dans différentes régions du monde. Ils sont au courant de ce que se dit à Paris, Washington, Moscou, Kiev, Pékin, New Dehli, Islamabad.

Les gens forment leur propre point de vue à partir des informations disponibles. La différence entre nous et vous est que dans notre pays nous avons accès à des sources d’information alternatives, tandis que dans les pays occidentaux il n’y en a pas parce que les médias russes n’y sont pas diffusés. Au cours des dernières semaines ils les ont tout simplement retirés du programme de diffusion. Les sources d’information russes sont bloquées, et les personnes qui se trouvent dans ces pays et sont citoyens de ces pays et qui tentent de transmettre un point de vue alternatif, sont tout simplement harcelés et soumis à une « culture d’annulation ».

Question: Croyez-vous que les messages de la Maison Blanche influencent la perception publique en Russie?

Réponse: Je pense que le public russe est davantage influencé par le nombre de démentis que le service de presse de la Maison Blanche oppose après la déclaration du Président des États-Unis Joe Biden. C’est ce qui influence vraiment l’opinion publique dans notre pays.

Question: Votre briefing sur YouTube est partiellement coupé. Parfois la voix manque, parfois il n’y a pas d’image, c’est-à-dire qu’il n’est pas diffusé complètement. RuTube est un bon instrument mais tout le monde ne l’a pas et il n’est disponible qu’en russe.

Réponse: Ça viendra. Je le dis tout de suite – ça viendra.

C’est vrai qu’il y a des décennies nous avons fait de l’intégration dans l’environnement mondial médiatique notre choix national. C’était notre choix. Nous pensions que c’était juste et que nous allions interagir avec la communauté mondiale sur un pied d’égalité. Nous espérions sincèrement que l’ouverture au monde, le développement des ressources d’information seraient la clé pour se faire entendre. Mais dès que notre voix est devenue vraiment forte, dès que nos ressources d’information ont commencé à atteindre ce public, des problèmes ont commencé: on a commencé à nous évincer.

Nous nous sommes davantage concentrés sur le niveau global plutôt que sur le développement de plateformes nationales. Nous n’allons pas discuter avec vous maintenant si c’est bon ou mauvais. C’est tout simplement un fait. Les dernières années ont démontré que nous devions développer des plateformes nationales. J’en ai constamment parlé dans tous mes interviews. J’ai toujours dit que malheureusement notre avenir était déjà prédéterminé – c’est la segmentation de l’internet. J’en ai parlé il y a quatre ans: si à l’époque les gens étaient séparés par les frontières en ce qui concerne leur franchissement (passeports, visas), je me demande à quel point cette prédiction s’est avérée vraie, c’est-à-dire que les mêmes restrictions seront mises en place sur internet. Pourquoi ai-je abordé ce sujet? Je me rendais compte que la communauté européenne ne supportait aucune concurrence. Ils n’y sont pas prêts. Ils veulent dominer, se disent exceptionnels. Ils n’ont plus besoin de rien pour cela. Ils n’ont besoin de concurrence nulle part.

Nous diffuserons sur toutes les plateformes. Accordez-nous un peu de temps. Nous le ferons très rapidement. Vous pouvez déjà regarder des diffusions sur Telegram, RuTube et VK en russe. Nous allons intensifier notre présence partout.

Question: Le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, a déclaré lors d’une conférence en Chine que la Russie accueillerait le premier diplomate afghan du gouvernement taliban. Cela signifie-t-il que la Russie a reconnu le nouveau gouvernement de l’Afghanistan? Quelles démarches sont encore prévues pour renforcer les relations entre les pays?

Réponse: Il est prématuré de parler de reconnaissance officielle du régime taliban en Afghanistan. Mais il est important de noter que des contacts diplomatiques entre nos pays n’ont pas cessé même après le changement de pouvoir à Kaboul et que des contacts avec le mouvement taliban étaient également maintenus avant le changement de pouvoir.

L’ambassade de Russie en Afghanistan continue de travailler comme d’habitude. Quant au personnel de la mission diplomatique afghane à Moscou, il a été nommé par le gouvernement précédent.

En février de cette année, le premier diplomate afghan, Jamal Nasir Garwal, envoyé par le gouvernement taliban, est arrivé à Moscou. Au mois de mars, il a reçu son accréditation auprès du ministère des Affaires étrangères de la Russie. Fin mars, le ministère des Affaires étrangères de l’Afghanistan nous a informés que l’ambassadeur d’Afghanistan en Russie Said Tayeb Jawad avait achevé sa mission et avait désigné Jamal Nasir Garwal en tant que chargé d’affaires par intérim de l’Afghanistan à Moscou. Il s’agit du diplomate envoyé par le gouvernement taliban qui a été le premier à être accrédité.

Aujourd’hui, le 6 avril, le ministère des Affaires étrangères a adressé une note à l’ambassade de l’Afghanistan reconnaissant le statut officiel de Jamal Nasir Garwal en tant que chargé d’affaires par intérim de l’Afghanistan à Moscou. Nous considérons qu’il s’agit d’une démarche vers la reprise de contacts diplomatiques bilatéraux à part entière.

Question: La situation politique au Pakistan est compliquée en ce moment. La décision sur la dissolution extraordinaire de l’Assemblée nationale a été prise. Cela signifie que le pouvoir dans le pays va bientôt changer. La Russie est-elle prête à établir des liens avec les nouveaux dirigeants du pays?

Réponse: Je voudrais attirer votre attention sur un commentaire qui a été publié sur le site officiel du ministère avant-hier.

Suite aux événements au Pakistan je voudrais souligner encore une fois que c’est une autre tentative éhontée d’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures d’un État indépendant dans leurs propres intérêts égocentriques.

Le Premier ministre pakistanais a subi une dure pression: on a exigé de lui par ultimatum d’annuler et puis d’interrompre son voyage à Moscou. Lorsque ces exigences ont été également rejetées, les États-Unis ont décidé de punir le « désobéissant » Imran Khan: un groupe de députés du parti du premier ministre a « subitement » fait défection pour rejoindre le camp de l’opposition et un vote de défiance à l’égard du Premier ministre a immédiatement été déposé au Parlement. Le Premier ministre pakistanais lui-même a déclaré à plusieurs reprises que le complot contre lui avait été monté et financé de l’étranger. Nous espérons que les électeurs pakistanais seront informés de ces circonstances quand ils se rendront aux élections qui auront lieu dans les 90 jours suivant la dissolution de l’Assemblée nationale.

De notre part, nous sommes prêts à poursuivre la coopération avec le Pakistan sur un pied d’égalité compte tenu des intérêts de chacun.

Question: Ces derniers temps, nous avons commencé à remarquer que les pays occidentaux tentaient par tous les moyens d’évincer la culture russe de l’espace européen suite aux événements en Ukraine. Le changement de nom du tableau de Degas a suscité beaucoup de débats, il y a maintenant un débat sur l’envoi des tableaux de la collection Morozov de Paris. Quelle est l’attitude de Moscou face à de telles décisions des autorités européennes? Faut-il s’attendre à une réponse symétrique de la part de la Russie?

Réponse: J’ai déjà beaucoup parlé de la « culture d’annulation » aujourd’hui.

Nous réagissons et nous allons continuer à réagir à l’expulsion de nos diplomates et à l’adoption de sanctions. On ne devrait jamais répondre à une folie autodestructrice.

Ils annulent l’étude des classiques russes. Nous sommes persuadés que l’étude du patrimoine culturel enrichit une personne, l’emmène vers de nouveaux sommets. L’aspiration et le respect de la culture et de l’histoire d’autres peuples constituent un des traits caractéristiques les plus importants de notre peuple et de notre pays où coexistent différentes cultures, points de vue, opinions, traditions et particularités. Nous avons traversé beaucoup d’épreuves. Nous savons pardonner et voir l’avenir, des erreurs des autres et même les nôtres, tirer des conclusions appropriées et aller de l’avant. Je voudrais surtout souligner un trait qui est important à mon avis (je me permets d’exprimer mon avis personnel) comme notre particularité distinctive, que dans notre culture et notre caractère il y a un rejet absolu de l’intimidation. Nous sommes toujours prêts à rire, à condamner, à punir ou au contraire à plaindre, mais pas à intimider. Même si une personne a tort et ce d’autant plus qu’elle a raison et elle est indûment offensée, l’intimidation n’est acceptable en aucun cas.

Pour autant que nous constations que l’intimidation est devenue une carte de visite de la communauté occidentale. Dès que quelque chose va à l’encontre de leur opinion, le feu vert pour une « attaque » s’allume tout de suite et c’est tout. C’est de la psychologie défectueuse de faire en sorte que les autres, qui ne le pensent même pas, vous abandonnent. Ceci est similaire à ce qui a été décrit dans le Nouveau Testament. La psychologie de la trahison consiste à abandonner la chose à laquelle tu as été dévoué il n’y a pas longtemps. Il s’agit d’une culture de l’annulation – la trahison, le rejet et l’intimidation réunis en un seul.

Question: Ces derniers temps, le problème des documents s’aggrave, en particulier celui de la délivrance de passeports dans nos bureaux à l’étranger pour les citoyens russes résidant dans l’UE. Par exemple, pour prendre rendez-vous à Bratislava le consulat conseille d’appeler… au mois de mai et ce n’est que pour prendre rendez-vous. Selon eux, il faudra encore six mois pour des formalités administratives. De nombreux compatriotes vivant dans l’UE ont déjà fait face à une situation difficile: la validité des passeports russes expire et l’un des membres d’une famille mixte se retrouvera sans documents valides, ce qui entraînera des mesures appropriées de la part de la bureaucratie de l’UE.

Les gens me demandent, par exemple: « Que faire? Obtenir la nationalité ukrainienne? » (et aussi obtenir un logement et des allocations…) D’autant plus que dans les conditions de la russophobie encouragée les détenteurs de passeports russes sont universellement entravés.

Peut-on entreprendre quelque chose pour que les passeports qui expirent au début de 2023 soient échangés? Il y a peut-être un moyen de les prolonger légalement?

Réponse: En effet, des mesures hostiles prises à l’encontre de notre pays visant à réduire la présence de la mission diplomatique russe dans ces pays par certains pays membres de l’UE auront un impact négatif sur la disponibilité des services publics pour le traitement et la délivrance des passeports dans nos institutions à l’étranger.

Nous ferons tout le nécessaire pour assurer une délivrance rapide de passeports et de certificats aux citoyens russes. Personne ne peut garantir que tout cela sera fait rapidement. Vu le nombre de diplomates expulsés, dans certains cas, il s’agit de la quasi-totalité de l’ambassade, dans d’autres, de la moitié. Nous ferons tout notre possible.

Nous conseillons à tous ceux, dont le passeport est sur le point d’expirer, de prendre rendez-vous au consulat à l’avance et en dernier recours d’envisager la possibilité d’échanger le passeport auprès des organes territoriaux du ministère de l’Intérieur de la Russie sur le lieu de résidence ou de séjour effectif sur le territoire de la Fédération de Russie.

Il est à noter que la législation actuelle ne prévoit pas le renouvellement automatique des passeports.

Il y a toujours des cas humanitaires où il est aussi nécessaire de contacter nos ambassades. On peut le faire par téléphone, envoyer des courriels, des fax ou des lettres en soulignant ces cas particuliers. Comme vous le savez nous réagissons toujours vite à de telles histoires humaines.

Question: La situation autour de la Russie ne peut pas ne pas inquiéter nos compatriotes. De nombreux citoyens européens locaux nous demandent des explications et des éclaircissements, posent des questions. Il n’est pas possible de garder le silence et il est dangereux de « trop parler ». De vraies informations de Russie ne parviennent pas à l’UE.

Quelle est votre position personnelle qui pourrait être formulée ainsi:

Il est naïf de penser que l’Occident ne connaît pas la vérité sur ce qui se passe réellement en Russie, en Ukraine, dans le monde entier. Il y a une guerre en cours. Une guerre dure et violente. Les moyens techniques modernes excluent l’ignorance et la prise de décisions au niveau d’information faible ou incorrecte. Les gens prenant des décisions savent tout parfaitement et c’est à partir de ces informations crédibles que les décisions sont prises. C’est pour cela que la tâche ne consiste pas à « démasquer » les menteurs, mais à guider ceux qui ont été induits en erreur. Ça n’a aucun sens et c’est perdant: il est facile de mentir, mais il est beaucoup plus difficile de réfuter un mensonge. On ment volontairement, en sachant la vérité sur Boutcha, par exemple. On ment pour atteindre ses objectifs. Il est naïf de penser que l’Occident mène une guerre contre nous sans connaître la vérité, juste qu’il « se trompe ». Il mène une guerre justement parce qu’il connaît la vérité. Et il sait que les objectifs de la Russie et de l’Occident sont différents. Il est naïf de croire que nous raconterons notre vérité de telle façon que tout le monde croira et dira à quel point nous sommes bons… Pour le moment nous jouons sur la défensive et tentons de réfuter les mensonges. Est-ce l’objectif principal? Ou pas? Qu’est-ce que c’est alors?

Réponse: De quel Occident parlez-vous? De l’establishment politique qui se trouve au pouvoir et qui entreprend des démarches appropriées: des livraisons d’armes, des sanctions, des déclarations? De l’Occident qui ment avec préméditation, qui provoque, qui déforme la vérité?

Si vous parlez de la communauté d’experts, cela peut être différent. Il y a ceux qui ont été embauchés dans ces rangs propagandistes, il y a ceux qui sont induits en erreur.

Regardez la République tchèque, votre pays voisin, où le segment russophone de l’internet est bloqué, il n’y est pas possible physiquement d’accéder à l’information. Il est interdit par la loi de s’adresser aux médias en langue russe, ce qui peut entraîner des amendes.

Si nous parlons du grand public, il y a des gens qui se font sincèrement des soucis, mais ils prennent cette position en raison de liens personnels, de liens familiaux. Il y a aussi des gens qui sont devenus victimes de la propagande. Il y a ceux qui sont en dehors de l’agenda.

Autant de têtes, autant d’avis.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

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