Récit de l’affaire Sayed Hasan (pseudonyme) / Mission laïque française (MISR Language Schools) & Services de l’Ambassade de France au Caire
Deuxième partie
Voir la première partie ici : http://sayed7asan.blogspot.fr/2015/09/les-marchands-de-soupe-de-la-mafia.html
Les faits évoqués ci-dessous sont attestés par des documents et témoignages multiples et explicites. Des notes de fin de document fournissent des extraits éloquents de ces éléments de preuve. Les noms marqués d’une étoile (*) ont été modifiés.
Ce dossier est actuellement instruit aux prud’hommes et auprès du Défenseur des Droits, et il reste en voie de complétion.
Pour précision, bien que ces faits survenus en Egypte aient un caractère extrême, ils reflètent une certaine culture au sein de l’Education Nationale, bien qu’elle soit moins exacerbée en France.
Voir également :
M*** et néo-colonialisme : la M*** laïque française au Liban
Colonialisme, clientélisme et censure : l’autre visage de la Mission laïque française
Les marchands de soupe / Carpetbaggers de la M*** laïque française
Introduction
1 – Un établissement particulièrement difficile
2 – La « petite » affaire : Samuel METAUX / Sayed Hasan
3 – La « grande » Affaire : exclusion illégale, menaces, violences, tentative de subornation et plainte diffamatoire…
4 – … pleinement cautionnées par la direction de la Mission laïque française
5 – Le parti pris des instances diplomatiques
Conclusion
Mise à jour : Pour la publication de la première partie de ce récit et d’un autre article, j’ai été attaqué en diffamation par la MLF en référé, procédure d’urgence. La MLF demandait une censure TOTALE des écrits incriminés et 12 500 euros d’amende, manœuvre d’intimidation et de censure manifeste – j’ai vécu cela et bien pire en Egypte. Par un arrêt du 8 décembre 2015, j’ai été condamné à retirer un seul mot du titre de la première partie (sur plus de vingt pages d’accusations accablantes) et deux lignes d’un autre article (de six pages), qui ont été jugés diffamatoires (pour rappel, Zola avait été condamné pour deux mots de sa lettre J’Accuse), et à payer 2500 euros à la partie adverse, soit plus de 5000 euros de dépenses au total en comptant mes frais de défense. Harcèlement judiciaire ?
2 – La « petite » affaire : Samuel METAUX / Sayed Hasan
Hostilité de Samuel METAUX à mon égard dès mon arrivée
Il a été établi par divers témoignages écrits des élèves, parents et professeurs que mon collègue Samuel METAUX a toujours été hostile à mon égard, et m’a maintes fois provoqué gratuitement à l’intérieur de l’établissement, devant mes élèves, sans que je réagisse[1]. Samuel METAUX m’en voulait d’avoir été embauché pour un poste qu’il convoitait : Professeur de Philosophie à temps partiel, il avait assuré l’intérim au poste de Professeur de Français laissé vacant par le départ précipité de Myriam* H., par défaut, avant mon arrivée. Cela lui avait octroyé un temps complet avec heures supplémentaires, entraînant une augmentation notable de son salaire, et son contrat était en voie de renégociation. Frédéric TUMPICH lui avait laissé entendre qu’il pourrait conserver ce poste jusqu’à la fin de l’année, mais au même moment, il me recrutait à Paris pour ce même poste, ce qui fut ensuite annoncé à la surprise générale. Considérant que je lui avais « pris » ce poste de Professeur de Français, Samuel METAUX n’a eu de cesse de vouloir m’en écarter.
Une collaboration fut mise en place entre nous par Frédéric TUMPICH pour les classes de 4e, qui étaient les plus turbulentes et qui ont été dédoublées pour faciliter leur remise au travail. Cela a constitué pour Samuel METAUX une occasion d’essayer de m’évincer de ce poste, d’autant plus qu’il était entendu que ce dédoublement ne serait que temporaire, et que les classes reviendraient ensuite à l’enseignant le plus apte et le plus qualifié. Samuel METAUX, n’ayant ni expérience ni diplômes pour l’enseignement du Français (nous avons vu que MISR était peu regardant quant aux qualifications des enseignants), ne souhaitait aucunement revenir à sa faible dotation horaire de « Professeur de Philosophie ». Il a donc sciemment saboté cette collaboration et cherché à me mettre en difficulté, ne se tenant pas au programme convenu avec les élèves – que nous avions en commun –, ce qui me mettait dans une situation malaisée face à eux : en effet, je découvrais durant mes propres cours qu’ils avaient déjà fait avec lui ce qu’ils étaient censés faire avec moi, ou qu’ils avaient vu quelque chose de complètement différent de ce qu’on avait prévu. Je m’efforçais alors de sauver les apparences, à mes dépens, car j’y voyais initialement pour cause des faux-pas de Samuel METAUX dus à son inexpérience – il enseignait le Français pour la première fois –, et non de la malveillance. Mais au fur et à mesure de ces anicroches, je me suis rendu compte que mon collègue ne jouait pas franc-jeu. Cela a progressivement été révélé dans la différence entre ce qu’il me disait, qui était initialement consensuel et cordial, et ce qu’il faisait ou m’écrivait, qui différait radicalement de ce que j’avais entendu de sa propre bouche et semblait manifestement vouloir me déconsidérer et me mettre en faute[2]. Ainsi, il ne s’est pas présenté au premier Conseil de classe des 4e du 17 décembre, sans en notifier quiconque, alors qu’il m’avait assuré l’après-midi même qu’il y serait (cf. note n° 9) : nous nous étions répartis les tâches mais il ne voulait apparemment pas se confronter aux parents en évoquant les difficultés rencontrées avec ces classes, un exercice toujours périlleux, comme cela a été montré dans la première partie, et j’ai donc dû mener à bien cette tâche seul. Tous ces « errements » ne l’empêchaient pas d’adopter un ton condescendant dans ses échanges avec moi, ce qui ne laissait pas de me surprendre, et je me voyais contraint de répondre de manière circonstanciée, pressentant que ces courriels pourraient être réutilisés contre moi[3].
Samuel METAUX s’estimait manifestement en concurrence avec moi, et voyant que j’avais incontestablement la faveur des élèves, il est allé jusqu’à me traiter d’un air dédaigneux en leur présence même[4]. Cette hostilité était si flagrante que malgré mon silence à ce sujet et ma volonté de sauver les apparences devant les élèves, elle était connue de ceux-ci et de leurs parents, qui en ont témoigné par écrit, dénonçant l’hostilité et le « racisme » de Samuel METAUX à mon encontre – ainsi que le « racisme » institutionnel dans cet établissement « français »[5].
Samuel METAUX a ensuite refusé ouvertement toute collaboration, alors que nous nous étions engagés, sous la directive du Proviseur, à travailler de concert. Ces tensions devenant ingérables, j’en référai à Frédéric TUMPICH qui nous reçut dans son bureau le 15 janvier, afin de démontrer du moins, en prévision de la suite, que le refus ne venait pas de moi. Samuel METAUX n’hésita pas à mentir effrontément et à nier l’existence de courriels que je lui avais adressés, et à démentir lui-même ses propres courriels[6], tablant sur le manque d’autorité et de crédit du Proviseur, qui étaient de notoriété publique. M. TUMPICH fut incapable de trancher entre nous et d’imposer le respect de ses directives à Samuel METAUX, qui refusait obstinément – et impunément – toute collaboration, alors que cela avait été annoncé aux élèves et à leurs parents, et Frédéric TUMPICH se contenta de nous renvoyer dos à dos en maintenant ses instructions. Le manque de professionnalisme manifeste de M. METAUX visait à me discréditer et à retarder autant que possible la « réunification » prévue de ces classes, qui, dans cet objectif, devaient suivre une même progression[7]. Les provocations répétées de Samuel METAUX sont documentées par de nombreux échanges d’e-mails entre lui, le Proviseur et moi-même[8]. Ainsi concluais-je dans un courriel à Frédéric TUMPICH daté du 15 janvier, après avoir évoqué tous les agissements de Samuel METAUX : « Il essaie de me mettre en faute pour des raisons qui finiront bien par se dévoiler[9]. »
Bien que ce soit Samuel METAUX qui ait refusé la collaboration, et que le poste me revenait de droit (j’avais été recruté à Paris pour cela, et j’étais diplômé et expérimenté pour un tel poste, contrairement à lui), les classes de 4e lui ont finalement été attribuées et j’ai été placé avec d’autres classes à partir du mois de mars, Frédéric TUMPICH arguant de la bienveillance avec laquelle la direction égyptienne le considérait, contrairement à moi. Les manœuvres de Samuel METAUX furent donc couronnées de succès. J’ai vivement contesté cette décision dans un courriel[10], mais en vain, et j’ai finalement dû m’y résigner. Je me suis donc vu retirer mes classes de 4e qui m’avaient coûté tant d’efforts, au moment même où ils portaient tous leurs fruits, à mon grand dam et à leur grande déception, comme ils l’ont spontanément manifesté dans des mots qu’ils m’ont adressé le dernier jour de cours avec moi, le 21 février – ils savaient que je n’allais plus les avoir en classe entière après les vacances scolaires d’hiver, mais seulement en module[11]. Mais à partir de la rentrée (10 mars), tandis que je m’investissais de mon mieux dans mes nouvelles fonctions aux côtés de mes collègues dans les classes de 5e où on m’avait affecté[12], les cours de 4e en classe entière avec Samuel METAUX se passaient très mal. Les élèves protestaient de manière de plus en plus véhémente contre une décision qu’ils jugeaient injustifiée et exigeaient mon retour (bien évidemment, je ne leur avais rien dit des raisons de cette éviction, qu’ils devinaient plus ou moins), allant jusqu’à annoncer leur intention de faire intervenir leurs parents auprès de la direction. Dans un courriel à mes proches daté du 27 mars, je décrivais ces élèves ainsi : « ils me regrettent grave, c tjrs un attroupement des deux 4e autour de moi, me disant pqoi on vous a plus, etc. » Samuel METAUX, sachant que c’est entre les mains des parents que reposait le pouvoir décisionnel, s’est vu confronté à la perspective de la perte de son temps complet si durement obtenu, et a redoublé d’efforts pour me pousser à la faute, comme je m’en plaignais déjà depuis deux mois. Mais malgré ma plainte officielle, Samuel METAUX n’avait nullement été sanctionné par la hiérarchie, au contraire, et il a donc été libre de poursuivre son harcèlement[13].
Les incidents du 27 mars 2013
C’est pourquoi, le 27 mars au matin – le jour de l’agression contre M. François* E., après laquelle Samuel METAUX pouvait espérer que je ne serais pas aussi maître de moi-même que je l’avais été jusque-là, et que je répondrais enfin à ses provocations –, M. M. est-il venu me provoquer manifestement devant mes élèves, en plein milieu de la cour, adoptant ostensiblement une attitude de dédain et de mépris, me narguant et me menaçant sous les yeux de mes élèves. Des parents ont rapporté les témoignages directs de leurs élèves au sujet de cette agression[14]. Bien entendu, Samuel METAUX n’est nullement parvenu à me faire réagir, et je l’ai ignoré, mon professionnalisme m’interdisant de répondre à une agression sous les yeux de mes élèves. Mais je m’étais promis que je tirerais cela au clair dès que l’occasion se présenterait à l’extérieur de l’établissement.
Après la fin des cours, à l’extérieur du Lycée, une altercation a eu lieu entre Samuel METAUX et moi-même. Nous nous étions retrouvés fortuitement, à plusieurs centaines de mètres de l’entrée de l’établissement, sur la grand-route où les Professeurs hélaient les taxis. Il était avec sa compagne Isabelle C., enseignante en primaire, et la scène a commencé sous les yeux d’une collègue, Fabienne* I., puis s’est déroulée sous les yeux de trois autres collègues, Farid* Y., Sylvie* F. et Jean-François* T., qui en ont témoigné par écrit.
J’ai demandé à Samuel METAUX de m’expliquer l’objet de sa provocation quelques heures plus tôt au Lycée : en effet, je l’avais complètement ignoré, car je m’astreins à des limites rigoureuses dans le cadre de mon travail, mais ici, dehors et loin de l’école, je n’aurais pas cette difficulté à lui répondre. Il m’a rétorqué qu’il souhaitait effectivement avoir une explication sérieuse avec moi, et qu’il suffisait pour cela de retourner à l’école, faisant un mouvement vers celle-ci. Je lui ai répondu que des hommes dignes ne parlaient pas comme ça, que si on devait en venir aux mains, on le faisait loin des regards – surtout des regards d’enfants dont nous sommes les Professeurs. Mais sa réponse m’avait clairement fait comprendre, si le doute était encore permis, qu’il ne voulait qu’une seule chose, me pousser à la faute, à la violence dans le cadre de l’école (ou le plus près possible, car il m’incitait clairement, verbalement et physiquement, par ses mouvements et déplacements, à retourner vers celle-ci) pour m’évincer de mon poste. La joute est restée verbale, M. M. m’expliquant avec morgue qu’il était un Professeur, que j’étais un violent, que je le menaçais, et que la Mission laïque française en serait informée, etc. Echouant à me pousser à la violence physique ou verbale par ces procédés, il m’a frappé sur la poitrine, me disant que j’étais un « petit con » et un « tas de merde », comme deux enseignants, dont le représentant élu des personnels, en ont témoigné par écrit[15]. Face à cette agression physique et verbale caractérisée de sa part, que je n’avais aucunement initiée ni provoquée, une empoignade a commencé, et j’ai fermement repoussé Samuel METAUX. Isabelle C. (sa compagne) m’a donné un coup de poing auquel je n’ai nullement réagi, ne pouvant lever la main sur une femme. Samuel METAUX et sa compagne m’ont dit que j’étais malade, fou, etc., et comme ils n’ont pas réagi autrement, l’incident était pour moi clos et je suis reparti à pied en direction de Gizeh – où je venais de trouver un nouvel appartement afin d’être plus proche de mon lieu de travail, et dans une zone plus populaire, le quartier résidentiel et « occidentalisé » de Maadi ne me plaisant guère.
Sur le moment, je ne savais pas que Samuel METAUX et sa compagne allaient retourner au Lycée pour se plaindre directement à la Direction. Mais même lorsque je l’ai appris par des collègues en fin d’après-midi, cela ne m’a pas fait réagir : un incident s’étant tenu en dehors de l’établissement, en dehors des horaires et du cadre du travail et si loin du Lycée, ne concernait pas directement la Direction de l’école. Tout au plus la police aurait-elle pu être sollicitée, et de ce côté même, je n’avais rien à craindre : des témoins directs pourraient attester de l’identité de l’agresseur et de celle de l’agressé. Je n’avais fait que me défendre en repoussant mon assaillant, de la manière la plus propre à préserver mon intégrité morale et physique et à mettre fin à l’escalade dans laquelle Samuel METAUX voulait visiblement m’entraîner.
Du reste, le Proviseur de la section française, Frédéric TUMPICH, a reconnu de lui-même dès le 29 mars, devant témoins que Samuel METAUX m’avait « tendu un piège[16] ». Il connaissait très bien l’hostilité et la jalousie de Samuel METAUX à mon égard depuis des mois, pour l’avoir lui-même créée et entretenue avec le dédoublement des classes et son manque d’autorité face au comportement inacceptable de Samuel METAUX. Il ne faisait donc aucun doute que cette altercation avait été préméditée et initiée par une agression verbale et physique de Samuel METAUX à mon encontre.
3 – La « grande » Affaire : violences, exclusion illégale, tentative de subornation et plainte diffamatoire
Cependant, le 28 mars au matin, lorsque je suis arrivé à l’entrée de mon établissement avec mes collègues (Sylvie* F., Farid* Y. et Alison* B.), un des vigiles m’a dit qu’il avait reçu pour instruction de la directrice, Nermine NADA, de ne pas me laisser rentrer : on lui avait montré ma photo en disant que je ne devais en aucun cas pénétrer dans l’établissement. Aucune notification écrite ne m’a été fournie. Frédéric TUMPICH, le Proviseur français, mon seul supérieur hiérarchique d’après les statuts, était alors absent, et ne pouvait être au courant de cette décision, m’ayant adressé un courriel le matin même à 5h15, dans lequel il me demandait simplement des explications sur l’incident survenu la veille. J’en avais pris connaissance juste avant de partir au collège, et je m’apprêtais à lui répondre dans la journée, dès que j’en trouverais le temps[17]. Bien que cette interdiction d’entrer m’ait paru non réglementaire au plus haut point, je n’ai pas voulu faire de scandale devant l’école et devant les élèves. J’ai obtempéré, demandant seulement qu’un message soit transmis à Nermine NADA : pouvait-elle me recevoir ou me notifier de sa décision et de ses motifs par écrit ? Le vigile m’a dit qu’il allait transmettre et m’apporter la réponse. Je me suis donc assis non loin de l’entrée de l’école pour l’attendre.
Comprenant que l’administration égyptienne, avec laquelle j’avais les différends rapportés en première partie, souhaitait exploiter l’altercation de la veille contre moi, et soucieux de pouvoir recueillir tous les témoignages pouvant servir à ma défense, j’ai demandé à mes élèves qui entraient à l’école et me saluaient de faire savoir à leurs camarades que je demandais à quiconque avait été témoin de l’incident entre moi et Samuel METAUX la veille, à l’intérieur de l’établissement, en témoigne par écrit et me transmette ce témoignage. Pour l’altercation à l’extérieur de l’école, je comptais sur le témoignage des collègues qui étaient présents, et qui témoignèrent effectivement, mais il me fallait des témoignages sur sa dernière provocation à l’intérieur de l’école. Les vigiles ont alors menacé les élèves puis moi-même pour nous interdire tout échange, probablement sous l’instruction de la direction. Et comme je n’obtempérais pas (je ne vois pas au nom de quoi je l’aurais fait, car nous étions à l’extérieur de l’établissement, et qu’il s’agissait toujours de mes élèves), j’ai été violenté par M. Yasser, qui fut bientôt aidé de six à huit gardes, sans raison aucune (si ce n’est de m’empêcher de leur parler), sous les yeux traumatisés d’élèves de 6e en pleurs[18]. J’ai résisté de manière passive, sans la moindre violence, malgré la violence verbale et physique qui m’était infligée, surtout celle de M. Yasser qui m’invitait à venir loin du Lycée pour me casser la figure (nos échanges ont eu lieu en arabe), me promettant qu’il s’occuperait de moi tôt ou tard, par les menaces verbales les plus explicites, qui ont été entendues et rapportées par les élèves. Une parent d’élève de 6e en a notamment témoigné par écrit dès le 1er avril :
« L’une des amies de mon fils, C*, 6eme B, (déléguée) voulait vous parler et a vu Yasser, de l’administration, vous agresser violemment et physiquement et vous éloigner de force de l’enceinte de l’établissement en vous poussant si fort que vous êtes tombé au sol après avoir violemment heurté la voiture, en ajoutant diverses autres menaces selon lesquelles il allait encore vous tabasser. En réalité, pour dire la vérité, cette scène violente était vraiment choquante, et l’a traumatisée, et elle l’a racontée à tous ses camarades qui à leur tour ont été vraiment choqués du comportement de Yasser & ne l’acceptaient pas. [19] »
Ne me sentant pas en sécurité, et, surtout, n’ayant aucun témoin en ma faveur, aucune ressource à part mon téléphone (qui n’avait presque plus de crédit ; je devais remonter la rue pour le recharger, mais je craignais qu’une fois là-haut, on m’interdise par la force de revenir près de l’entrée de l’école où je devais recevoir la réponse de Nermine NADA), j’ai appelé un ami vivant à Gizeh en lui demandant de venir urgemment à mes côtés. Il est venu seul, a essayé de raisonner les vigiles, est resté environ une heure avec moi puis, voyant que la tension était retombée et ayant du travail, il est reparti.
Grâce à mon ami, j’avais pu recharger mon crédit téléphonique et j’ai contacté François* E. (qui était chez lui, exerçant son droit de retrait suite à son agression par un élève de seconde) ainsi que mes proches en France, leur demandant de prévenir M. TUMPICH de ce qui s’était passé, n’ayant pas de smartphone avec accès internet pour le faire moi-même[20]. J’ai ensuite attendu toute la matinée sans qu’il se passe rien. Aux environs de midi, un homme est venu à moi, se présentant comme Paul PETIT, de l’Institut de France (Attaché de Coopération Educative représentant M. le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France), et apparemment sollicité par l’établissement pour servir d’intermédiaire entre les parties. Il m’a dit qu’il s’était entretenu avec Samuel METAUX la veille, et Nermine NADA le jour même, et qu’il voulait entendre ma version des faits. Il m’a permis de lui rapporter longuement tous les éléments rapportés ci-dessus (première et deuxième parties), et n’a manifesté aucune surprise au sujet des graves problèmes de discipline et de sécurité rencontrés à MISR. Il a même surenchéri en disant que c’était loin d’être le pire établissement français d’Egypte (ce que je savais déjà), et que je n’avais pas idée de ce qui se passait à Balzac par exemple – un autre établissement de la Mission Laïque Française au Caire ; j’avais ouï-dire qu’on y exploite et vire les enseignants avec encore plus de facilité qu’à MISR, recourant jusqu’à des menaces et accusations gravissimes pour neutraliser les réfractaires et obtenir leur départ et leur silence[21]. Le seul propos pour lequel il ait manifesté des doutes concerne la provocation délibérée de Samuel METAUX à mon encontre, car il avait apparemment du mal à croire qu’un « Professeur de Philosophie » puisse se livrer à de telles agressions préméditées. Un professeur de Philosophie nommé Samuel, ai-je rétorqué, car pour ma part, j’étais plus diplômé que lui même en Philosophie (j’étais titulaire d’un Master de Lettres et d’un Master de Philosophie, alors qu’il n’a qu’une Licence de Philosophie), et on avait apparemment beaucoup moins de mal à croire à une agression de ma part. Mais il a botté en touche en évoquant le coup de tête de Zidane contre Materazzi, disant que même en cas de provocation manifeste, il fallait choisir entre « l’honneur » et la « coupe ». Des témoignages écrits ayant confirmé son agression préméditée par la suite, il ne la nia plus lors de notre entrevue au Consulat (cf. section 3).
Après m’avoir écouté, Paul PETIT m’a expliqué que concrètement, je devais comprendre que je ne pourrais plus travailler dans cet établissement, que j’étais viré de facto, MISR ayant décidé d’instrumentaliser cette altercation pour se débarrasser de moi – il a convenu que faire passer une altercation en dehors de l’établissement pour une faute professionnelle, avant toute enquête de surcroît, était abusif, mais l’Egypte, a-t-il rappelé, n’est pas un Etat de droit. Il a cependant souligné le fait que Samuel METAUX et l’établissement avaient accepté de renoncer à porter plainte contre moi et qu’il pourrait m’obtenir mon salaire du mois de mars, me présentant cela comme une faveur. Il m’a conseillé de présenter ma candidature à d’autres établissements hors du réseau MLF Egypte (dans lequel j’étais définitivement grillé selon lui, malgré mon innocence, ce qui était révélateur), m’indiquant les noms de trois établissements au Caire et à Alexandrie où je pourrais postuler – en me précisant qu’il ne fallait pas que je me recommande de lui, son crédit y étant négatif. Lorsque je lui ai rétorqué que j’utiliserais tous les recours légaux et juridiques existants pour faire valoir mes droits, il m’en a dissuadé en m’affirmant qu’il n’y aurait jamais d’enquête, d’audition ou de débat contradictoire comme cela peut se faire dans des contextes plus démocratiques. Selon lui, une telle enquête ne pourrait se produire dans les règles de l’art que dans des établissements directement sous contrôle de l’Ambassade comme le Lycée français du Caire à Maadi, non dans les autres établissements du réseau MLF qui, de fait, fonctionnaient comme des boîtes privées, de droit égyptien. Cela même est du reste très manifestement faux, un cas similaire s’étant déjà produit au Lycée français du Caire avec un Professeur de Mathématiques, M. H., une année auparavant, en mars 2011 : des accusations fallacieuses avaient été portées contre lui, alors que seul un comportement d’insoumission était en cause et qu’il s’agissait pour le Proviseur Français de neutraliser un élément indocile. L’enseignant n’a reçu aucun soutien des autorités diplomatiques, et n’a été réintégré à son poste que grâce à la forte mobilisation des élèves du collège et du Lycée[22] (il en serait probablement allé de même si j’avais compté des Lycéens parmi mes élèves, plus aptes à une mobilisation efficace, mais j’avais des 6e et des 4e). Paul PETIT m’a affirmé que toute action en justice serait longue (plus de 10 ans), coûteuse et vaine, et m’a déconseillé de porter mon cas à la MLF à Paris quand je lui ai dit que je le ferai, car cela me « grillerait », selon ses dires, non pas seulement en Egypte, mais dans le monde entier. Tout cela démontre, si le doute était encore permis, que la MLF sait parfaitement ce qui se passe dans ses établissements et n’a qu’une seule préoccupation, à savoir que cela ne se sache pas, et ne se perpétue que conformément à la « loi du silence ». Plus encore, voyant que je persistais dans ma détermination à faire valoir mes droits, Paul PETIT m’a averti que la police égyptienne n’était pas la police française, et que je m’exposais à des sévices physiques auprès d’eux si on portait plainte contre moi, ou si je portais plainte moi-même – ce qui s’est effectivement produit, comme il n’a pas manqué de le souligner lors de notre seconde rencontre au Consulat de France. Je lui ai répondu en toutes lettres que me faire passer à tabac par la police en essayant d’obtenir mon bon droit ne me posait aucun problème. Enfin, dernier ressort, voyant que je n’en démordais pas, il m’a prévenu du fait suivant, en répétant deux fois, en guise de précaution oratoire, que « ce n’est pas une menace » : lorsqu’un citoyen français risque de porter préjudice à l’image de la France, « on » (l’Ambassade ou le Consulat, ai-je compris) le prend et on le met dans un avion en direction de la France. Cela n’est rien moins qu’une menace d’enlèvement et une violation de la souveraineté égyptienne par un représentant de l’Etat français, propre sinon à créer un incident diplomatique entre la France et l’Egypte, du moins à y faire déclarer M. PETIT persona non grata. Il est vrai que la MISR Language Schools est la vitrine de la MLF en Egypte (le principal pays de la Francophonie au Proche et Moyen-Orient, après le Liban), et que la MLF est un fleuron de l’action culturelle de la France à l’étranger : il ne fallait pas prendre le risque qu’un individu quelconque mette cette image en péril pour de sottes question de droit ou d’honneur, mots éminemment roturiers comme le rappelait déjà Rousseau. Cela m’a tout de même refroidi, et lorsque nous nous sommes quittés, Paul PETIT pouvait croire qu’il m’avait sinon convaincu par ses arguments, du moins persuadé, par ses menaces, de ne rien entreprendre, bien que je sois reparti sans mon salaire[23].
Paul Petit, Attaché Culturel de l’Ambassade de France
Ayant eu ma réponse, je suis donc parti. J’ai eu divers échanges téléphoniques avec les parents et leurs représentants, à qui j’ai expliqué la situation. Ils étaient plusieurs à m’avoir contacté pour m’entendre, et me faire part de leur indignation et de leur soutien, et j’ai également eu nombre de messages de soutien d’élèves en larmes et/ou voulant me faire part de leur solidarité, et que j’ai rassurés. En voici quelques échantillons :
« Bonjour Monsieur S., Je suis très triste que vous êtes partis de l’école, Mais tous le parents ont choisis vous, et on va vous rammener encore dans notre école, Je sais que l’administration est un peu stupid mais,croyez mois Je ne vais Jamais vous oublier<3 Votre propre élève, M* Excusez mois pour mon orthographe. S’il vous plais répondre » (élève de 6e, le 28 mars) ;
« Cher M. Sayed, Ne soyez pas triste. M. Sayed on a tous pleurer quand vous etes exclue par l’ecole,on voulais vous voir mais l’ecole nous as dit que c’etait interdit.Je vous souhaite une bonne chance monsieur. Ne soyez pas triste. Toute les 6eme vous aime. » (H*, élève de 6e, le 31 mars).
« Cher M. Sayed, La classe de 6 ème A/B est très triste de ce qui a passé le mercredi dernier. Vous êtes le meilleur professeur de français que je le connais ; vous êtes pour nous plus d’un professeur; vous êtes nôtre grand frère . Nous souhaitons tous que la vérité apparaît et on ne veut pas vous perdre . vous êtes مثلي الاعلي [ [mon plus éminent modèle] À bientôt » (M*, élève de 6e, le 29 mars).
« Cher monsieur Nous sommes désolé de ce que c’est passé ,nous voulons vous salue avant de partir mais on n’avaient pas le droit et on a pleuré beaucoup nous voulons vous dire que vous étiez un trés bien professeur pour nous qui nous a enseigné le francais avec un niveaux élevée merci de tout se que vous a fait pour nous et on ne vous oublieront jamais F* » (élève de 6e, le 31 mars)[24].
Les élèves de 6e m’ont également informé qu’ils avaient déposé une pétition signée par les deux classes auprès de M. T., demandant mon retour.
Je ne me suis pas rendu chez moi à Maadi, mais chez des amis à Gizeh, près de mon nouvel appartement, car les menaces de Paul PETIT me faisaient alors véritablement craindre, à tort ou à raison, un rapatriement forcé en France, et je me sentais plus en sécurité dans un quartier populaire. Mon déménagement était prévu pour le 1er avril, mais je l’ai précipité, réalisé de nuit et ai dormi d’abord à l’étroit chez des amis puis dans un appartement poussiéreux et dépourvu de meubles qui n’était pas encore prêt à m’accueillir. Le soir, j’ai été appelé par mes proches en France, à qui j’ai parlé brièvement et qui m’ont enjoint à consulter mes mails pour voir les démarches qu’ils avaient entreprises, faisant notamment intervenir des personnalités. J’ai ensuite été appelé par M. TUMPICH, très en colère, qui me demandait des explications sur ce qui s’était passé avec Samuel METAUX – les circonstances ne m’avaient guère laissé le loisir de répondre à son courriel du matin, car je n’avais pas Internet à disposition. Avant que j’aie pu répondre, il m’a dit qu’il allait interrompre la conversation et me rappeler car Paul PETIT le contactait. Une heure plus tard environ, il m’a rappelé avec un ton très différent (ayant probablement été mis au courant des démarches entreprises par mes proches), m’invitant à le rencontrer le lendemain matin, aux abords de l’école où je me trouvais (mon nouvel appartement était en effet proche de MISR).
Le lendemain matin, Frédéric TUMPICH m’a appelé comme prévu, me demandant de le rejoindre au Sofitel de la Gazira (à 20 kilomètres de l’établissement), car il avait trop de choses à faire pour venir vers l’école. Je lui ai dit que je ne pouvais pas aller si loin car j’étais moi-même occupé, et très éprouvé moralement et physiquement – d’autant plus que je craignais toujours un enlèvement. Je l’ai invité à me rejoindre près de l’école à l’heure qui lui conviendrait. Il a changé de ton et m’a appelé au « réalisme », à cesser mes « enfantillages » (qui en effet appelle ses grands frères et sœurs pour régler ses problèmes, a-t-il ironisé) et à comprendre que je n’avais plus d’avenir ni d’élèves dans cette école, et que je devrais plutôt veiller à ne pas compromettre mon avenir dans ce pays par mon obstination. J’ai répondu qu’il usait du même langage d’intimidation que Paul PETIT, que j’en prenais note, et que je restais à sa disposition à n’importe quelle heure dans les alentours de MISR, comme nous en avions convenu la veille. J’ai ensuite adressé un courriel à Frédéric TUMPICH pour retranscrire tous ces éléments, également adressés au siège de la MLF à Paris[25]. Frédéric TUMPICH m’a alors recontacté, me disant qu’il serait disponible à 16 heures à l’endroit de ma convenance. J’ai fixé un rendez-vous dans un lieu public aux abords du Lycée, et j’ai immédiatement appelé le représentant élu des professeurs, Farid* Y., afin qu’il assiste à cette rencontre : je tenais absolument à respecter autant que possible, en ce qui me concernait, les formes et le cadre légal.
J’ai rapporté tous ces éléments à l’oral lors de mon entrevue avec Frédéric TUMPICH et en présence du délégué du personnel enseignant, Farid* Y. M. TUMPICH a reconnu le fait que j’avais été agressé par Samuel METAUX. Il m’a proposé un paiement par-dessous la table de mes salaires jusqu’à la fin de l’année, en échange de mon départ sans vagues. J’ai catégoriquement refusé, exigeant que le contrat soit respecté (aucune faute ne justifiait mon exclusion) et que tout soit fait de manière légale et transparente, et mettant en avant le fait que ma réputation était littéralement inestimable. En effet, mon départ en silence face aux accusations diffamatoires dont j’étais l’objet aurait constitué une reconnaissance des torts très graves qui m’étaient imputés, entachant irrémédiablement ma réputation. Je lui ai fait part de mes cinq demandes, réitérées dans le rapport détaillé (comportant maints documents et témoignages accréditant ma version des faits) que j’ai ensuite adressé le 1er avril à la direction de MISR et à la MLF :
1/ Ma réintégration dans mon poste ;
2/ Ma réhabilitation par des excuses écrites de la direction égyptienne ;
3/ Un blâme et des excuses écrites de la part de Samuel METAUX, avec engagement à ne plus me provoquer ;
4 / Un blâme et des excuses écrites de la part de M. Yasser, qui avait mené les vigiles, pour sa violence physique et verbale à mon égard, ainsi que ses menaces ;
5/ Un nouveau contrat d’un an afin que je sois assuré que je ne serais pas non-reconduit du fait de cet incident.
Faute de quoi je mettrais en œuvre tous les moyens légaux à disposition pour faire valoir mes droits, et donner à cette affaire le plus grand retentissement. Nous nous sommes séparés sans que Frédéric TUMPICH ne se prononce, soulignant simplement le fait que mes revendications n’étaient pas réalistes en prenant le représentant des enseignants à témoin – ce à quoi Farid* Y. a répondu qu’une telle exclusion sans m’entendre, sans enquête, était elle-même surréaliste.
Aucune réponse n’ayant été adressée par MISR ou la MLF, mon avocat français les a prévenus par courriel que dans l’absence d’une quelconque notification écrite de leur part, je me présenterais à mon lieu de travail le 1er avril, ce que j’ai fait[26]. Ce jour-là, en arrivant à l’entrée de l’établissement, Frédéric TUMPICH s’est présenté à moi et m’a remis une exclusion conservatoire d’une semaine, sans me laisser entrer[27]. J’ai pris le document sans le signer et je suis parti, sans plus me présenter à l’établissement jusqu’au 8 avril, date d’expiration de ce délai. Je n’ai plus reçu la moindre communication de la partie adverse depuis lors, alors que j’avais adressé, le 1er avril au matin, un rapport détaillé de près de 30 pages contenant des documents et témoignages accablants sur l’agression-prétexte de Samuel METAUX, ses antécédents et ses suites, ainsi que mes différents litiges avec l’administration égyptienne, qui constituaient le véritable motif de mon exclusion (cf. première partie)[28]. Et durant la suite des événements, j’ai régulièrement adressé à MISR et à la MLF des courriels récapitulatifs des faits survenus, sans jamais recevoir de réponse. Des personnalités intellectuelles et des journalistes (ainsi que des élus, comme j’y reviendrai en troisième section), sollicités par mes proches et par moi-même, ont pu adresser des courriels investigateurs à la direction de MISR, qui n’ont pas reçu de réponse non plus, mais constituaient un soutien de poids (car démontrant, ce me semble, qu’une mise à exécution des menaces de rapatriement forcé pourrait avoir un certain retentissement).
A l’échéance de mon exclusion conservatoire, le 8 avril au matin, je me suis présenté à nouveau à l’école, mais on n’a pas daigné me laisser entrer, ni me fournir la moindre explication ou notification écrite. J’ai donc stationné devant l’établissement jusqu’à 15h, faisant deux rapports à M. Frédéric TUMPICH et à la MLF par courriel, au matin et l’après-midi (j’étais venu avec mon ordinateur et une connexion USB). J’ai été menacé par l’avocat de l’établissement et les vigiles afin de me faire quitter les lieux, mais je n’ai pas cédé[29]. Suivant les conseils de mon avocat, les jours suivants et deux semaines durant, je me présentais quotidiennement devant mon établissement, de 7h30 à 15h30, debout en plein soleil, afin de prouver que je n’étais pas absent de mon lieu de travail, adressant par courriel des rapports réguliers à M. Frédéric TUMPICH et à la MLF[30]. J’ai plusieurs fois subi des menaces et intimidations de la part des vigiles et de l’avocat de l’établissement pour me pousser à abandonner mon poste. Ils tablaient manifestement sur le pourrissement de la situation, comptant que je ne tiendrais pas longtemps à ce régime effectivement très éprouvant, physiquement et moralement, d’autant plus que je n’avais pas été payé et que mes ressources s’épuiseraient. Les démarches de mes avocats et les miennes ont été vaines, l’établissement refusant de me notifier de mon exclusion ou d’envisager toute négociation[31]. J’ai donc envisagé des procédures judiciaires, déposant une première plainte contre l’agression physique dont j’avais été victime de la part des vigiles.
Des courriels diffamatoires ayant été adressés aux parents par les directions égyptienne et française, sans que personne ne daigne m’entendre (j’étais présenté comme un véritable forcené, dangereux pour les élèves eux-mêmes, du reste avec force contradictions du fait de l’absence d’enquête et de la rapidité de la décision, M. TUMPICH affirmant qu’il ne savait toujours pas ce qui s’était vraiment passé[32]), j’ai protesté auprès de la direction de MISR et de celle de la MLF, et n’obtenant aucune réponse, j’ai pris l’initiative de convoquer les parents pour leur rapporter ma version des faits[33]. Cette réunion a eu lieu le 7 avril dans une salle privée que j’avais louée, et j’ai pu présenter aux parents les éléments de preuve accréditant ma version des faits, que j’avais déjà transmis à M. TUMPICH et à la MLF, mais en vain. Cela a contraint la direction de MISR à revoir sa copie, et elle a reçu une délégation de parents le 9 avril : l’agression de Samuel METAUX fut reconnue[34], de même que celle de M. Yasser, au point qu’il fut affirmé aux parents qu’en guise de sanction, leur contrat ne serait pas renouvelé à la fin de l’année (promesse qui ne fut pas tenue). Quant à la décision me concernant, elle fut prétendument remise au Conseil d’établissement du 18 avril, afin de temporiser et de laisser s’estomper la mobilisation des parents, des élèves et, dans une moindre mesure, des personnels, les vacances scolaires du printemps approchant. Du reste, cela contredisait l’annonce de mon exclusion définitive qui avait déjà été faite plusieurs fois aux parents et personnels par écrit[35]. Une parent d’élève de 6e, Mme L.*, s’en était indignée spontanément le 29 mars en ces termes, répondant au courriel de la direction (cité en note n° 32), puis faisant suivre sa réponse aux parents et à moi-même :
« En ce qui concerne votre message aux parents de 6e, nous informant que l’établissement a renvoyé M. L., à cause d’un incident qui s’est produit en dehors de l’école, je dois vous dire que je trouve votre réaction surprenante : l’école qui a toléré qu’une enseignante coupe les cheveux d’une élève de CE2 l’année dernière, dans la salle de classe (je répète, une ENFANT) et n’a pas mis fin à son contrat est la même école qui juge inacceptable qu’une altercation se produise entre deux enseignants, i.e. deux ADULTES, à l’extérieur de l’école. Et lorsque l’un d’entre eux est venu à vous en pleurant comme un bébé, vous avez pris son parti. Tout le monde sait bien que M. Métaux n’aime pas M. L., et il a déjà exprimé son animosité contre lui à de nombreuses reprises avant cet incident. Il est possible que son attitude condescendante, raciste même, ait pu entraîner une telle réaction de la part de M. L., et il semble qu’ils se soient tous deux insultés durant cet incident en-dehors de l’école. Si M. L. était venu se plaindre à vous en premier, auriez-vous mis fin au contrat de M. Samuel ? […] Ayez l’amabilité de faire part de ma confusion à Mme Nermine [NADA]. Ma confiance envers l’école est ébranlée, et c’est pourquoi je me suis permis d’exprimer mon opinion. ».
Voir encore ce courriel d’un parent d’élève de 6e à tous les autres parents, daté du 9 avril, et corroborant le propos de Mme L.* :
« Je suis d’accord avec vous, et si vous creusez dans l’histoire de cette école, vous découvrirez que de tels incidents ne se produisent qu’avec des Français ‘non-purs’ – c’est une honte… 😦 ».
Dès le 28 mars, la direction égyptienne et le Proviseur français lui-même, ainsi que la vie scolaire, s’évertuaient en effet à justifier mon exclusion et à briser l’élan de solidarité des parents et surtout des élèves (qui se manifestaient chaque jour très chaleureusement, à l’entrée et à la sortie des cours, pendant les récréations et les pauses, etc.). Ils s’efforçaient de les persuader que j’étais dangereux pour eux, que j’étais un agresseur, les menaçaient de sanctions s’ils me saluaient (ces menaces étaient relayées, sous mes yeux même, par la vie scolaire et les vigiles), etc. Les rumeurs les plus folles circulaient, notamment le fait que j’aurais blessé Samuel METAUX au cou avec un couteau suisse (sic), que j’aurais fait venir une armada de gros-bras pour faire un esclandre devant l’école le 28 mars, etc.[36]. Ces menaces et calomnies constituaient une brutalisation morale éhontée d’enfants de 11 ans, dont tout l’établissement connaissait la grande affection pour moi. Ils m’en ont informés eux-mêmes avec leurs parents par divers moyens – messages, courriels, appels en pleurs (certains parents avaient mes coordonnées et celles-ci ont ensuite circulé)[37]. Les professeurs et élèves étaient menacés de désagréments s’ils m’aidaient ou même me saluaient, comme en ont témoigné enseignants, élèves et parents, et les personnels égyptiens ont même dû s’engager par écrit à ne pas me saluer ou m’assister sous peine de licenciement[38].
Poste de police des Pyramides, Gizeh
Cependant, voyant que je ne cédais pas et soucieux de mettre fin à cette situation préjudiciable pour l’image de l’établissement, la direction de MISR a décidé de recourir à une manœuvre drastique pour me neutraliser. Voilà le compte rendu que j’en fis par courriel aux personnels de MISR le 25 avril :
« le 22 Avril, vers 9h30 du matin, à l’entrée de l’école, trois policiers, aidés par l’équipe des vigiles au complet, m’ont gravement violenté sans même me demander pourquoi j’étais là ou me donner l’occasion de m’exprimer. Bien que je leur aie affirmé, comme m’y avait enjoint mon avocat, que j’étais prêt à me rendre au poste de police par mes propres moyens, et que je ne me sois rendu coupable d’aucun acte de violence ou de provocation, j’ai été tout de suite violenté (j’ai été poussé, tiré, frappé à coups de poing, plaqué au sol et même étranglé jusqu’à presque suffoquer, mon lecteur de musique et ma montre ont été cassés ; et après plus de 72 heures, mon corps me fait encore mal), mis de force dans leur véhicule et emmené au poste de police de Gizeh où j’ai été enfermé une heure durant dans une cellule encombrée de 1 mètre carré où je ne pouvais pas même m’asseoir, tout cela à cause des déclarations fausses et diffamatoires de l’école : depuis des jours, comme la police nous l’a révélé (à moi et mes avocats, quand ils sont arrivés), l’administration de MISR appelait la police pour leur dire qu’un fou furieux, très dangereux et incontrôlable, venait devant l’école pour menacer, agresser et insulter élèves et professeurs, ainsi que les prendre en photo, donc ils pensaient qu’ils allaient avoir affaire à un véritable danger public, à un psychopathe (et de fait, je serais d’accord pour dire que les personnes qui brutalisent les enfants, moralement ou physiquement, ne méritent guère d’égards, mais tout de même). »
Je fus ensuite déféré au Parquet, l’établissement ayant décidé de porter plainte contre moi. Mon avocat me rejoignit et put faire entendre ma version des faits. Une enquête fut diligentée, pendant laquelle il m’a été interdit de m’approcher de l’établissement.
J’ai donc dû faire face à des accusations diffamatoires infamantes (agressions verbales et physiques contre des adultes, et même des enfants !) devant la justice égyptienne, portées par l’administration égyptienne de MISR, avec la participation directe du Proviseur de la section française, Frédéric TUMPICH, qui dissimula puis nia les faits réels. M. TUMPICH a effrontément tu les violences dont j’avais été victime, allant même jusqu’à nier qu’une plainte avait été déposée contre moi – pour agressions contre des élèves et autres chefs d’accusation camouflés sous un prétexte absurde qui ne pouvait en aucun cas justifier une arrestation violente et une procédure au Parquet, à savoir le fait que j’aurais filmé des élèves[39]. J’en ai bien évidemment adressé un démenti aux collègues[40], qui a été dénié une nouvelle fois par Frédéric TUMPICH [41]. Et le 25 mai, j’ai pu adresser aux personnels la copie de ladite plainte (en arabe, avec une traduction des principales accusations[42]), ainsi que l’attestation de ma disculpation, les accusations de MISR ayant été déboutées par la justice égyptienne du fait de leur inconsistance et de la solidité de mon dossier[43]. Durant l’enquête, je n’avais pu me représenter devant l’établissement, mais dès que j’ai été innocenté, j’y suis retourné. Je l’ai fait le 23 mai, à la sortie des cours. Rarissimes étaient les collègues qui me saluaient encore, mais j’ai reçu un accueil triomphal de la part des élèves. Et en partant, j’ai encore été victime d’une agression et de menaces de la part du responsable des vigiles (Mohamed Mahrous Chafi’i, celui-là même qui, au poste de police, avait cautionné les accusations calomnieuses de MISR à mon égard, accompagné de l’avocat de MISR), visant à me dissuader de revenir devant l’établissement. L’administration ne pouvait décidément pas se débarrasser de moi, et recourut à nouveau à ces procédés que je dénonçai dans mon courriel aux personnels, à la MLF et au Consulat de France daté du 25 mai[44].
L’administration de MISR ayant fait savoir à mes avocats qu’elle était prête à une conciliation, je ne me suis plus représenté à l’établissement qu’épisodiquement pendant les jours suivants, mais lorsque la rencontre prévue fut annulée au dernier moment par la partie adverse, je compris qu’il ne s’agissait de leur part que d’une nouvelle manœuvre dilatoire visant à venir à bout de mes ressources et de ma volonté, et à se rapprocher de la fin de l’année scolaire. J’étais en effet dans une situation très difficile, n’ayant plus touché de salaire depuis février, et ayant engagé des frais judiciaires conséquents. Je ne survivais que grâce à des cours particuliers, notamment avec mes anciens élèves, dont les parents me soutenaient ainsi, et à des emprunts à mes proches qui m’envoyaient de l’argent depuis la France. Mais voyant que je ne parviendrais à rien, j’ai décidé de rendre cette affaire publique, et j’ai sollicité pour cela le journal de la Présidence de la République d’alors, La Liberté et la justice, qui publia un article sur moi dans son édition du 13 juin 2013[45]. Ce jour-là, ayant acquis nombre de copies de ce journal, je me suis rendu à l’école peu avant la sortie des cours, afin de le distribuer aux parents et personnels (un seul enseignant me salua et prit ce journal, et tous les autres détournèrent pudiquement les yeux). J’avais demandé à un ami égyptien de venir, et de me prendre en photographie avec le journal devant l’établissement afin de republier cette photo dans un nouvel article le cas échéant et du moins de pouvoir garder une trace indéniable de mon action, qui était constamment falsifiée depuis des mois – et qui le sera encore de manière spectaculaire par Frédéric TUMPICH pour cet incident, prouvant que cette précaution n’était pas vaine. Nous avions prévu qu’en cas de réaction violente de MISR, aucune résistance ne serait opposée et qu’il faudrait simplement quitter les lieux, quoi qu’il advienne.
La Liberté et la Justice, édition du 13 juin 2013
Aucune violence ne fut exercée contre moi, probablement à cause de mon statut de citoyen français et du tollé que j’avais suscité jusqu’ici, mais mon ami égyptien fut immédiatement saisi de force, violemment malmené par les vigiles qui lui confisquèrent la carte mémoire de son appareil photo et le firent rentrer dans l’établissement. Face à ce déchaînement de violence, et malgré l’état déplorable de mon ami, j’ai quitté les lieux, comme prévu, ne voulant pas jouer le jeu de l’administration qui essayait depuis des mois de me présenter comme quelqu’un de violent, et j’ai prévenu mon avocat. Il dépêcha un de ses collaborateurs qui fut lui-même malmené et renvoyé manu militari par les vigiles de MISR. L’administration était décidée à se débarrasser de moi une bonne fois pour toutes, quel qu’en soit le prix. Les plaintes contre moi n’ayant pas eu d’effet, elle décida de porter plainte contre mon ami, un père et soutien de famille, le faisant amener au poste de police et l’accusant d’avoir agressé une maman d’élève pour la voler, calomnie éminemment absurde et invraisemblable au vu des circonstances, mais dont une mère d’élève influente était effectivement prête à témoigner. Une nouvelle plainte devait également être déposée contre moi dans le même sens. Etant donné le statut social de l’accusatrice, soutenue par les vigiles et l’administration de l’école, et celui de mon ami, un humble habitant de la zone populaire de Gizeh où je vivais depuis fin mars, il risquait les plus grands désagréments dans cette Egypte post-Mubarak. La priorité étant pour moi de ne pas exposer mon ami au moindre tracas judiciaire, j’acceptai, sur la recommandation de mon avocat (qui se déplaça avec nombre de ses collaborateurs au poste de police et instaura un rapport de force) et après des tractations houleuses entre les parties, de m’engager à ne plus revenir devant l’établissement contre l’abandon de toute poursuite contre mon ami[46]. J’appris ensuite que les services diplomatiques avaient été prévenus et que j’aurais moi-même pu me faire expulser du territoire en cas de procédure, ce qui aurait été un grand soulagement pour les parties adverses.
Malgré tous ces éléments, voilà les termes dans lesquels M. Frédéric TUMPICH présenta cet incident aux personnels dans un courriel du 15 juin :
« Vendredi dernier à 14h, des parents d’élèves ont remarqué un individu inconnu qui filmait la sortie du Lycée. Alertés, ils se sont emparé de la mémoire de l’appareil photo tandis que l’individu était conduit à l’intérieur de l’école puis arrêté par la police. Des enfants, des adultes, des enseignants apparaissent sur ces petits films. Selon ses dires, cet individu aurait été payé par M. L. L’avocat de M. L. était encore présent devant l’établissement plusieurs heures après la sortie des élèves. Nos autorités de tutelle ont été prévenues. »
Ainsi, afin de me décrire comme l’individu infréquentable qu’il s’évertuait à présenter depuis des mois, M. TUMPICH n’hésita pas à escamoter ma présence même devant l’établissement ce jour-là, alors que tous les élèves, parents et enseignants avaient pu me voir distribuer le journal, et que c’est moi que mon ami photographiait. Les propres pratiques mafieuses de MISR m’étaient une nouvelle fois imputées de manière calomnieuse et éhontée, qui suggérait implicitement des intentions criminelles de ma part (pourquoi filmer des personnes ? pour les menacer, les agresser, les enlever ?). J’ai bien sûr vivement dénoncé cela dans mon compte rendu aux personnels daté du 21 juin, soulignant que « le fait que M. TUMPICH se permette [un escamotage si spectaculaire] est la preuve la plus éloquente de (…) la lourde chape de plomb qui pèse sur cet établissement, car il sait que personne n’y prendra la peine de le démentir ou de lui demander des comptes[47]. »
Le Conseil d’établissement de fin d’année fut purement et simplement annulé, très vraisemblablement afin que mon cas ne soit pas abordé, et ce pour un prétexte absurde – un quorum non atteint, alors que celui-ci n’avait même pas été convoqué[48].
Durant tout le conflit, l’attitude de Frédéric TUMPICH – qui m’avait recruté depuis Paris et s’était excusé auprès de moi, fin décembre, de m’avoir « jeté dans la gueule du loup », après que j’aie remis de l’ordre à une situation chaotique et « irrécupérable » selon Myriam* H., qui m’avait précédé au poste – fut constante : depuis le début de l’affaire, afin de se préserver face à la direction égyptienne et d’assurer le quiétisme des personnels enseignants, dont une simple grève aurait très probablement suffi à régler le problème en un temps record, il n’a pas hésité, en toute connaissance de cause, à prendre parti pour la version officielle mensongère de la direction égyptienne, au gré de ses altérations. Dès le 31 mars (cf. note n° 32), dans ses courriels réguliers aux personnels et aux parents, il a soutenu que j’avais été l’agresseur durant l’incident avec Samuel METAUX, et que je constituais un tel danger pour les élèves que l’Ambassade de France était intervenue pour préserver la sécurité des enfants, menacée par le forcené que je serais (sic)[49], alors qu’il avait affirmé le contraire devant témoins dès le 29 (« M. Samuel vous a tendu un piège »). M. TUMPICH a également prétendu que la direction prenait en compte les doléances des enseignants, qui avaient adressé une timide pétition à la direction[50] : le Proviseur leur promit alors une rencontre prochaine avec la Direction, mais celle-ci n’aura jamais lieu, sans que cela entraîne la moindre protestation[51]. En effet, seuls les parents ont été reçus après le rendez-vous que j’ai moi-même organisé avec eux pour donner ma version des faits et démentir les calomnies dont j’étais victime.
Frédéric TUMPICH avait déjà procédé à d’autres falsifications et escamotages tout aussi spectaculaires, par exemple au sujet de l’agression contre François* E. qui avait conduit ce dernier à exercer son droit de retrait pendant une semaine : ce fait avait purement et simplement disparu de la « version officielle », comme nous l’avons vu en première partie[52]. Il est donc tout naturel qu’afin de me faire passer pour un dangereux personnage recrutant des mercenaires pour ses basses besognes, M. TUMPICH ait purement et simplement effacé ma présence devant l’établissement le jour de l’incident du 13 juin, alors que j’étais là, bien en vue, distribuant aux parents (et au seul enseignant qui a daigné me saluer) les journaux de la Présidence de la République qui faisaient état de mon litige avec MISR. Dans ses distorsions et falsifications des faits, Frédéric TUMPICH n’hésitait pas même à élever la non-assistance à personne en danger au rang de vertu[53], et à ironiser cyniquement sur ma détresse[54]. Voilà un exemple des courriels qu’il adressa aux personnels le 13 mai, et que des collègues me faisaient suivre :
« Enfin, je tiens aussi à remercier tous ceux et celles d’entre vous qui ont stoïquement supporté la situation à l’entrée de l’établissement durant les dernières semaines. Si le harcèlement par courriel vous heurte [j’ai, en tout et pour tout, adressé 10 courriels aux personnels en trois mois], j’ai eu l’occasion cette semaine de donner un conseil à certains collègues qui me faisaient part de leur lassitude : spamer les contacts indésirables. J’adresse ce même conseil maintenant par écrit à l’ensemble du personnel car beaucoup d’entre nous en ont assez d’être pris à partie dans des textes que nous n’avons souvent pas la force de lire en entier. »
Et voici un extrait de ma réponse du 18 mai adressée à l’ensemble des personnels :
« Je loue à mon tour avec toute la déférence nécessaire le formidable et louable « stoïcisme » requis pour supporter, sans rien faire, la présence d’un collègue et concitoyen à la porte de notre établissement plus de 8 heures par jour, deux semaines durant, debout en plein soleil, réclamant ses droits, victime de décisions iniques, illégitimes et illégales, ainsi que de violences graves, permises par l’inaction et le silence des uns et des autres, connues de tous, et alors que des pressions et des menaces étaient exercées au vu et au su de tous à l’égard des élèves et de personnels afin qu’ils ne m’assistent pas, ni même me saluent. Je salue ici ceux qui osaient me parler (car nous en sommes arrivés là, cela étant, selon l’étalon en vigueur, un acte de bravoure), et je ne doute pas que nombre des Professeurs qui me jetaient seulement un discret bonjour en passant à toute vitesse devant moi s’imaginaient accomplir un glorieux acte de résistance ; quant à ceux qui m’ignoraient, je n’en parle pas.
Dans tout ce qui s’est passé, dans les actions ou le mutisme des uns et des autres, il n’y a en effet rien de comparable, rien de plus « heurtant » que mon effroyable « harcèlement » par courriel visant à défendre mon image, mon avenir, voire même ma liberté. Peut-être devrais-je m’excuser de rappeler les faits et la vérité à votre bon souvenir, car je conçois bien que certain préfèrent se réfugier dans la dénégation. C’est effectivement une certaine image de la France et de ses valeurs (qui ont l’histoire qu’on connaît) qui est donnée par chacun – car d’aucuns ont souligné ce que le statut de Professeur et de Français exigeait pour se permettre de condamner en bloc tous les protagonistes de l’incident du 27/03, sans se demander ce que ce statut exigeait d’eux-mêmes, et ce qu’il pouvait y avoir d’ »inconcevable » et de « lamentable » dans tout ce qui a suivi de la part des uns et des autres. Chacun ne rendra compte que de ses (in)actions. »
Et le 25 mai, je concluais :
« Je félicite d’ores et déjà tous les personnels qui sauront faire preuve de « stoïcisme » durant les jours à venir. Je rappelle que l’une des figures du stoïcisme, Epictète, dit « le boiteux », initialement esclave de son état, aurait, selon la tradition, « stoïquement » supporté que sa jambe casse sous les tortures de son maître, lui répondant seulement par un placide « je t’avais prévenu ». Peut-être assistons-nous à l’émergence d’une nouvelle école stoïcienne, française, dont les adeptes supporteraient presque sans broncher qu’on casse la jambe de leur collègue. Un « stoïcisme » par procuration, en quelque sorte. Il est, ce me semble, de la responsabilité des personnels de s’élever contre tous ces procédés, et d’exiger le respect de la loi et la justice par de nouvelles démarches, la première pétition n’ayant reçu aucune suite – preuve de la haute estime dans laquelle l’administration tient le personnel. On est hélas bien loin de la grève à laquelle j’appelais en solidarité avec François* dès le 26/03, proposition réitérée au principal intéressé le 27/03 lorsque l’agression a eu lieu, mais auquel il s’est lui-même opposé. »
C’est notamment en répondant sur ce ton que j’ai pu tenir si longtemps dans des conditions si extrêmes, et avec un rapport de forces si nettement en ma défaveur.
Tout cela est éminemment révélateur de l’omerta qui pèse sur cet établissement, les enseignants ayant dans une majorité écrasante complètement abandonné leur collègue et leur compatriote, dont ils savaient qu’il était soumis injustement à des violences et sévices et risquait sa liberté et son intégrité, comme les en informaient régulièrement les échos des différents incidents et mes propres courriels[55]. Ils ont même refusé, pour nombre d’entre eux, de témoigner de quelque façon que ce soit, ce par un mutisme assourdissant – le plus souvent – voire par des contorsions de lâcheté et de cynisme, pas plus qu’ils ne daignaient me saluer à l’entrée de l’établissement, la direction ayant menacé de représailles quiconque le faisait[56]. Un collègue égyptien qui avait fait fi des menaces de la direction et persista courageusement à me saluer jusqu’à la fin, reprocha publiquement à mes collègues l’abandon de leur compatriote. Et de manière prévisible, il en paya le prix : il fut notifié du non-renouvellement de son contrat fin juin, alors que le calendrier prévoit cela pour avril, et il a été mis à la porte sans même le paiement intégral de ses salaires. Je précise, pour lui rendre tout l’honneur qu’il mérite, qu’il était chrétien, et que tous les autres personnels égyptiens, musulmans, qui priaient quotidiennement avec moi dans la mosquée adjacente à l’établissement et avec lesquels j’entretenais les relations les plus cordiales avant ce conflit, m’ignorèrent complètement : mais dans cette Egypte très pauvre et instable, qui constituait leur seul horizon (contrairement à tous les personnels Français, surtout les titulaires de l’Education Nationale), ils défendaient du moins le pain de leurs enfants.
Voilà l’ensemble des faits tels que résumés par une collègue dans un rapport à la fin de l’année scolaire 2012-2013 :
« En mars 2013, le lendemain d’une altercation qu’il a eu avec un autre enseignant en dehors de l’établissement, au moment où il a voulu entrer dans l’école, des vigiles se sont jetés sur lui, lui interdisant d’entrer. Pendant un mois, le collègue est venu chaque matin devant le Lycée et restait la journée entière devant la grille de l’école sans pouvoir entrer. Un matin il a même été tabassé et embarqué au commissariat par les flics appelés par la direction égyptienne et FRANCAISE car ‘il était un danger pour les élèves et la communauté éducative’. Effectivement, ses élèves le saluaient et discutaient avec lui chaque matin !!! Les professeurs égyptiens ont eu l’interdiction de la part de la direction de lui parler sous peine de non-reconduction de leur contrat. Les collègues passaient à côté de lui en détournant la tête. Avec plusieurs autres collègues nous avons adressé une lettre à la direction égyptienne pour lui demander de faire cesser cette situation de non-droit et de lui signifier par écrit son licenciement si telle était sa décision. Ce collègue n’a JAMAIS eu de document écrit lui signifiant son licenciement. Par contre, le seul collègue égyptien qui avait signé cette lettre a été viré en fin d’année. »
Elèves de CM1 et CM2 d’Alexandrie faisant allégeance à la MLF en formant son sigle, prosternés de manière humiliante devant le « Maître Blanc » (1931). Leçon bien apprise !
Durant toute cette affaire, ce ne sont pas mes collègues et compatriotes qui m’ont le plus soutenu, bien que nous ayons eu de bonnes voire très bonnes relations avant tout cela. Au contraire, ils ont fini par complètement m’abandonner pour la plupart, quand ils n’ont pas tout simplement collaboré avec la direction et facilité ses actions illégales[57]. Mes principaux soutiens furent les élèves en premier lieu (même ceux de 6e, malgré les pressions et menaces auxquels ils étaient quotidiennement soumis, ont fait preuve de plus de courage que la majorité des enseignants, persistant à me saluer plus ou moins ouvertement), puis quelques parents qui m’ont soutenu jusqu’au bout, notamment en m’employant comme Professeur particulier, ce qui constituait un soutien matériel et moral inestimable[58]. Même lorsque j’ai été violemment malmené, à deux reprises (le 28 mars et le 22 avril), par les vigiles et la police, sans raison aucune, j’ai eu droit à beaucoup plus de sollicitude de la part des Egyptiens – enfants et adultes – que des Français, ce qui démontre encore l’atmosphère très pernicieuse qui règne dans cet établissement, bien loin des valeurs de la République que la Mission laïque française prétend défendre, mais qu’elle bafoue et foule aux pieds[59].
[A suivre]
NOTES
[1] Cf. par exemple ce témoignage de M. H.*, parent d’élève de 4e, sur la base du témoignage de son fils : « [M. Samuel] ne répondait pas aux salutations du Professeur S. et se moquait de lui. » Voir également notes 2 à 5, 8.
[2] Par exemple, il avait suggéré une projection cinématographique avant les vacances de Noël – pour laquelle je n’ai pas opté – et recherchait une idée de film pertinent. Voilà les termes de son courriel du 8 décembre 2012 : « Par ailleurs je vois dans GEPI que les élèves de 4B ont déjà visionné le film « Vipère au poing », peut-être devrions-nous penser à un film pour les derniers jours avant les vacances. J’avais des élèves de Misr juste avant les dernières vacances, ça peut devenir assez sportif. Prenons les devants. Je ne trouve cependant pas de film du cinéma français qui soit à la fois lyrique et sans scènes de nudité, Toto le héro par exemple… Peut-être faut-il visionner quelque chose de plus simple, comédie … Amélie Poulain ou The Artist, etc ? »). Dans ma réponse du 9 décembre 2012, je lui suggérais, eu égard à la séquence en cours sur la poésie, « le film Dead poet’s society (Le cercle des poètes disparus), film anglais où ce poème [Gather ye rosebuds] est évoqué, mais je ne vois pas de film français sur ce thème. ») Je lui en avais reparlé au téléphone le 9 décembre au soir, et il avait bien accueilli cette suggestion de film. Mais voilà ce qu’il m’a ensuite écrit le 10 décembre, alors que j’avais clairement dit que je ne projetterai pas de film (j’ai joué au foot avec les élèves) : « Pour les films, les poésies, nous sommes en français et nous devons je pense nous en tenir absolument à cette langue. Les élèves sont effectivement très prompt [sic] à préférer l’anglais mais ce n’est pas notre rôle, au contraire. Présente les films que tu veux, mais je ne présenterai pas « le cercle des poètes disparu », ils sont beaucoup trop jeunes (sache quand même qu’à l’adolescence les suicides sont assez fréquents, je sais pas si tu as trop l’envie de leur donner des idées). » Sic !
[3] Après avoir saboté le protocole prévu en constituant des groupes de travail en classe entière pour des exposés (alors que cela devait se faire en demi-classe, où des groupes avaient déjà été constitués avec moi), Samuel METAUX ne laissa pas de me morigéner en me rappelant, le 8 décembre, qu’ « il faut s’entendre sur les devoirs donnés et les séances de classe entière. Pour ce qui est de l’exposé, prends les élèves de tes groupes en 4eme A et B pour les faire passer comme c’était prévu, on peut faire le point en début de semaine et donner un délai supplémentaire si nécessaire. » Ainsi, après m’être démenti pour ne pas le discréditer et avoir annoncé aux élèves de 4eB qu’ils feraient comme M. M. leur avait dit, et que les exposés se passeraient en classe entière avec lui, il voulait maintenant que je me démente à nouveau alors que nous nous étions mis d’accord pour continuer ainsi malgré ce couac, qui était entièrement de sa faute et que j’avais moi-même assumé pour le « couvrir ». Je me plaignis de son inconséquence dans un courriel que je lui adressai le 9 décembre 2012 : « Je suis tout à fait d’accord avec toi sur l’importance de la concertation, et plus encore sur l’importance de se tenir à ce qui a été convenu pour éviter des situations comme celle que j’ai eue avec les 4e B. Pour ne pas ajouter à la confusion, je leur ai donc dit de faire l’exposé seulement avec toi et de ne pas tenir compte des groupes que nous avions constitués ni de la date que nous avions fixée, mais cela n’est pas sans poser de problème, de crédit notamment ; de plus, il n’est pas possible de procéder ainsi pour les 4e A, les groupes ayant été composés en demi-classe pour ce qui me concerne. Il vaut mieux s’en tenir à ça pour les 4e B que de leur donner un 3e démenti sur les consignes. En préparant la séance, nous avions convenu de suivre la même progression parallèlement avec nos classes en groupe, et de consacrer les heures de classe entière à autre chose, comme par exemple une évaluation. Ce qui est fait est fait, mais dorénavant, le mieux serait de dissocier l’heure de classe entière du reste de la progression. »
[4] Cf. ce témoignage de Mme W., parent d’élève de 6e B, décrivant les relations de M. Samuel METAUX avec ses élèves comme « pleines d’inimitié et de manque de respect, et de plaintes répétées de la part des élèves parce qu’il est méprisant et ne les fait pas avancer, et ils soulignent avec insistance que la plupart des élèves ne l’aiment pas. » Mes propres relations avec les élèves sont décrites par ce même témoignage comme « une relation bienveillante emplie de compréhension, de respect et d’échanges culturels, et c’est pourquoi la discipline régnait et il était soucieux de connaître leurs difficultés et essayait de les aider bénévolement, sans rien demander en échange (…) les élèves le respectaient énormément et il était désireux de les aider ; ils lui en étaient reconnaissants et parlaient de leur affection pour lui aux autres enseignants. » Ce même témoignage dénonce les « manières détestables » de M. Samuel METAUX envers moi, et son comportement « plein de haine et de tentatives permanentes de se mêler de [m]es affaires et de [m]e provoquer pour [me] prendre son poste à cause de la grande différence entre eux et du fait que M. Samuel n’est pas qualifié pour le Français mais pour la Philosophie », tandis que de mon côté, mon attitude envers lui était caractérisée par « une volonté de l’éviter la plupart du temps et l’absence de réponse à ses provocations malgré ses tentatives permanentes de créer des problèmes avec S., et son manque de respect envers lui, alors qu’il est considéré comme meilleur que lui sur le plan des diplômes et de l’expérience, et pour son comportement avec les autres. »
[5] Cf. ce témoignage de Mme A.*, consignant le rapport de son fils, élève de 4eA, au sujet de ma relation avec M. Samuel METAUX : « Cela commença par une bonne relation d’après ce que je voyais, mais avec le temps cela commença à changer et le Professeur Samuel commença à provoquer le Professeur S. en notre présence. Un jour le Professeur S. entra dans la classe de M. Samuel pour nous dire quelque chose, et avant de le faire, il demanda la permission au Professeur Samuel, mais celui-ci refusa et lui demanda de sortir et lui claqua la porte au nez ». Ce rapport concerne un incident qui eut lieu durant le Printemps des poètes, organisé du 9 au 24 mars 2013 avec la documentaliste et les classes de 5e auprès desquels j’étais nouvellement affecté ; les élèves interrompaient les cours pour lire des poèmes aux classes. Samuel Métaux est le seul qui ait refusé notre présence, alors que les enseignants étaient prévenus et pouvaient se signaler s’ils ne souhaitaient pas que leurs classes soient « visitées », ce qu’il n’avait pas fait.
[6] Dans un courriel du 1er décembre, Frédéric TUMPICH nous ayant consultés sur notre progression commune, Samuel METAUX lui répondait le même jour, en notre nom (il m’avait d’abord soumis le courriel) : « Les cours étant dédoublés, nous nous partageons les élèves. Les sujets et notions du programme de 4eme seront en conséquence traités en même temps. Il est important que les élèves ne puissent pas nous mettre en concurrence et reçoivent le même enseignement, aussi nous préparons nos cours de Français ensemble. » Comparer avec le courriel qu’il m’adressa ensuite le 13 janvier, où il transformait notre collaboration non pas en exigence de la hiérarchie à laquelle nous avions donné notre assentiment, mais en un besoin que j’aurais formulé du fait d’un manque de compétences : « Si tu as maintenant l’impression de ne pouvoir travailler sans une séquence établie de concert merci de faire des propositions. Par contre, je suis désolé, mais tu dois renoncer à ce que nous préparions nos cours ensemble, il n’en n’a jamais été question ». Cf. note n° 8 pour ma réponse.
[7] De manière contradictoire du reste, prétendant dans un premier temps que c’est lui qui m’invitait à collaborer et que c’est moi qui refusais, et déclarant ensuite que puisque j’avais été agressif avec lui, il ne se sentait plus en sécurité avec moi. Le 15 janvier, jour de ma confrontation avec Samuel METAUX en la présence de M. T., celui-ci m’adressait ce courriel : « Bonsoir M. S., […] J’espère que vous allez bien et que vous avez su trouver un terrain d’entente avec votre collègue aujourd’hui. Je crois qu’il était déjà sain que vous verbalisiez ce que vous avez sur le cœur. Bien à vous, TF ». Malgré le fait que M. Samuel METAUX ait réaffirmé son refus catégorique de toute collaboration avec moi, Frédéric TUMPICH fut incapable de faire respecter sa décision ou d’en changer. D’où mon courriel cité dans la note n° 9.
[8] Voici quelques-uns de ces échanges. 9 janvier : « Samuel, Nous entamons le 2e trimestre. Je te renouvelle mon invitation à nous rencontrer le plus vite possible afin de préparer une progression commune pour les 4e que nous pourrions ensuite chacun mettre en œuvre de manière spécifique. Es-tu disponible ce week-end ? Quel jour et à quelle heure ? S. » M. Samuel METAUX n’avait pas répondu par écrit, et lorsque je l’ai relancé à l’oral, il avait fixé rendez-vous chez lui dimanche 13 janvier, avant de m’adresser ce courriel condescendant samedi 12 au soir, à 20h16 : « S., Contrairement à ce qui avait été prévu je n’ai pas le temps de te recevoir demain dimanche. Nous pourrons nous voir au Lycée et si tu en éprouves le besoin je peux ponctuellement rester après mes cours. Il est très facile de se mettre d’accord sur les thèmes et œuvres étudiés: je te rappelle que nous nous sommes entendus pour suivre la progression du manuel « Fleurs d’Encre ». Par contre les compétences à faire travailler à tes élèves sont celles du programme de l’EN et doivent être fonction de tes élèves il me semble: c’est peut-être la raison pour laquelle nous avons encore du travail comme enseignants… Je sais par ailleurs que ça se passe bien avec les 4èmes et c’est la raison principale pour laquelle le dispositif a été mis en place: remettre ces élèves au travail. Bon courage pour tes préparations de cours. Bien cordialement, Samuel METAUX » Comprenant que je ne parviendrais à rien avec M. Samuel METAUX, dont j’avais eu plusieurs aperçus de la malhonnêteté condescendante, je lui répondis le 13 janvier en mettant le Proviseur en copie : « Samuel, Je ne comprends ni le ton ni le contenu de ton message. On dirait le propos non pas d’un collègue, ni même d’un Proviseur, mais d’un Inspecteur de l’Education Nationale. J’eusse préféré, à la « sollicitude » que tu manifestes, ta fidélité aux modalités qui avaient été convenues avec le Proviseur et avec moi-même. Tu as ignoré ma première invitation à honorer ces modalités, et tu annules, au dernier moment et sans explications ni excuses, le rendez-vous que je t’ai laissé fixer après la seconde. […] »
[9] Voici ce courriel daté du 15 janvier, auquel étaient joints de longs et fastidieux échanges de concertation et de comptes rendus entre moi et Samuel METAUX, qui ne respectait pas ce dont nous étions convenus depuis plusieurs semaines, d’où ma proposition d’une concertation hebdomadaire qu’il n’a pas voulu admettre devant le Proviseur : « Monsieur le Proviseur, Ci-dessous le courriel dont M. Samuel Métaux niait l’existence. Je n’ai jamais reçu de réponse. […] Si j’ai souhaité vous soumettre cette situation c’est pour exposer à mon supérieur hiérarchique un problème insoluble à mon niveau malgré ma patience et mes efforts. Durant notre entretien de ce jour dans votre bureau, Monsieur Samuel Métaux a nié l’existence de mon courriel (cf. ci-dessous) et a de surcroît sciemment inventé des faits : un accès de colère oral que j’aurais eu contre lui au sujet des exposés, ainsi qu’une invitation orale à la concertation de sa part à laquelle je n’aurais pas donné suite. Mais ces allégations sont récusées par les faits : je me suis moi-même mis en difficulté auprès de mes élèves pour préserver son autorité de « professeur principal des 4e B » et « sauver les apparences » comme il l’a reconnu lui-même, car je ne voyais là que maladresse ou malentendu, et nullement malveillance : je n’avais donc aucune raison de m’emporter. Ces allégations sont également récusées par ses propres courriels : je l’ai invité à la concertation une première fois par écrit (courriel ci-dessous) mais il n’a donné aucune suite ; puis une deuxième fois par écrit et encore à l’oral. […] Il ressort clairement de tous ces échanges que M. Samuel Métaux refuse de participer honnêtement à cette concertation, qu’il ose présenter de surcroît comme une aide qu’il pourrait m’accorder « si j’en ressentais le besoin ». Il se donne des airs et désire marquer sa supériorité, bien fatueusement, et en dénigrant des collègues bien plus expérimentés que lui et qui l’ont aidé à préparer ses cours [Salima* C.]. Il essaie de me mettre en faute pour des raisons qui finiront bien par se dévoiler. Je ne m’explique pas pour l’instant le comportement de M. Samuel Métaux mais je peux attester, pour en avoir fait l’expérience, de son aptitude à la falsification et aux revirements de dernière minute, de sorte que toute discussion avec lui sans la présence d’un tiers est vaine. J’ai appris qu’aujourd’hui, à la cafétéria, avant notre rendez-vous dans votre bureau, il s’est présenté publiquement comme étant une malheureuse victime de Mme Salima * C. et moi-même, par la faute desquels il était traîné devant le Proviseur : ce qui constitue, comme vous le savez, une déclaration choquante devant des enseignants. Cela est d’autant plus inacceptable que ni moi ni Mme Salima * C. n’avions parlé à quiconque de ses courriels dénigrants et de ses agissements malveillants. Ce comportement date d’un premier revirement révélateur : son refus, en dernière minute, d’assister au conseil de classe du premier trimestre. Je peine à croire qu’un individu qui ment à ce point puisse revenir à une attitude normale sans l’exercice sur lui d’une autorité légitime. C’est pourquoi je me remets entièrement à votre décision de chef d’établissement pour mettre fin à cette situation. Bien à vous »
[10] Voici ce courriel du 17 février : « Monsieur T., Je désire vous faire part de ces quelques réflexions qui se sont imposées à moi avec de plus en plus de clarté et de vigueur depuis notre dernière conversation, qui portait sur l’évolution que vous donneriez au dédoublement actuel des 4e. Comme je vous l’ai affirmé à plusieurs reprises, malgré un début difficile dû aux circonstances dans lesquelles j’ai pris mon poste à Misr, je me considère maintenant pleinement capable de gérer l’ensemble de mes élèves, au moins aussi bien que mes collègues, c’est-à-dire, dans le contexte qui est le nôtre, au moins (mais bien plus encore en réalité) de maintenir la discipline requise et de progresser et faire travailler les élèves, fût-ce au prix de sanctions radicales. Ayant toujours eu votre soutien, j’ai pu mettre en œuvre tous les moyens nécessaires, quitte à entraîner le ressentiment de certains élèves et à devoir justifier devant certains parents mes décisions. Encore une fois, je vous réitère ma reconnaissance pour votre soutien sans faille, et je vous réaffirme que cet appui indispensable a amplement suffi pour maintenir mon cap et asseoir définitivement mon autorité sur mes classes. Vous m’aviez prévenu, et c’est là bien naturel, que les élèves « pousseraient » aussi loin que possible pour tester mes limites, encouragés par l’expérience précédant mon arrivée, mais j’ai toujours tenu bon et sanctionné les excès, et j’ai finalement pu imposer à tous le cadre et les limites à ne jamais transgresser. Je les considère à présent comme actés par tous les élèves, et l’atmosphère générale de tous les cours est maintenant saine et apaisée, et parfois même dynamique. Il est donc établi, de mon côté, et avant même les résultats obtenus, que ni les élèves ni les parents ni quiconque n’auraient su, à aucun moment ni d’une quelconque manière, entraver ma volonté, ma détermination, et, je dirai même, mon enthousiasme à enseigner à ces élèves. Le seul « véritable » problème que j’ai eu, ou cru avoir, comme vous le savez, est celui de la collaboration avec M. Samuel, actée dans un premier temps et « ratifiée » par toutes les parties, puis, sans explication aucune, ajournée sans cesse, ignorée et finalement clairement rejetée par ledit M. Samuel pour des prétextes fallacieux, cet individu s’étant abaissé à la mauvaise foi, à la dénégation, au mensonge et à la calomnie pour des raisons qui lui sont propres. Cela a, durant un temps, refroidi mon enthousiasme, car il me paraissait très difficile d’échanger avec un tel personnage, d’autant plus que mes efforts n’avaient alors pas tout à fait porté leurs fruits. Mais à ce stade, et après mûre réflexion, et au-delà même du fait que le manque flagrant de professionnalisme et le comportement inacceptable dudit collègue eux-mêmes appelaient à tout sauf à une concession, cela me paraît avoir été une erreur à plus d’un titre, et tant pour moi que pour le Lycée et l’administration. Permettez-moi de vous exposer mes raisons et vues actuelles. Je suis venu de France spécifiquement pour enseigner à ces élèves, dont j’avais été averti de la propension à la dissipation par vos soins. Outre mon expérience et mes compétences assez significatives (pour mon âge) en la matière, vous avez très justement prédit que mon âge même me permettrait de construire plus facilement des relations véritables avec les élèves, ce qui a été avéré avec mes 6e dans un premier temps, et, de plus en plus, l’est maintenant avec mes 4e. Au-delà, peut-être, de quelques « irréductibles », je suis en effet persuadé que la plupart des 4e m’ont accepté, qu’à leur manière ils ont de l’estime et même plus que cela pour moi, et qu’ils ne seraient pas contents de me voir partir. Ce serait même difficilement explicable au vu du passif et des engagements pris envers eux et leurs parents, de tels revers nuisant à la crédibilité de tous. Et, je l’ajoute, je serais moi-même déçu de ne plus avoir mes 4e, car les progrès sont tels que je suis prêt à continuer en demi-groupe malgré M. Samuel et même à prendre moi-même les classes entières s’il le fallait – je vous l’ai d’ailleurs dit en toutes lettres durant la confrontation avec M. Samuel, quand j’ai dit que je regrettais ce dédoublement qui me posait des problèmes bien plus redoutables que ceux des classes entières auxquels il était censé remédier. Aujourd’hui, je prendrais les 4e en classe entière non seulement avec enthousiasme, mais encore, j’en suis persuadé, avec succès, du fait de mes compétences, de mes aptitudes, de ma passion et de cette faculté d’adaptation que vous m’avez reconnue. Ces élèves sont avant tout « mes » élèves, et mon expérience et mes diplômes, dont est dépourvu M. Samuel, devraient ce me semble faire de moi le Professeur désigné en cas de retour à des classes entières. Je doute que M. Samuel soit plus à même que moi de gérer des demi-classes ou même des classes entières, que ce soit du point de vue du savoir, de l’expérience, des compétences, de la passion ou même du contact avec les élèves. Je pense que ma prestation jusque-là prouve mes capacités et ma passion, et il me paraît maintenant évident que me retirer ces classes constituerait, en plus d’une sanction (car ce sont « mes » élèves, pour qui j’ai de l’intérêt et même de l’affection), un désaveu que je n’ai nullement mérité. Je pense m’en être assez bien tiré sans la moindre « formation », et, sans être encore un vétéran, je me considère à présent bien assez aguerri pour pouvoir me passer de ce qui serait effectivement un poste d’assistant, et qui n’aurait pu faire sens que les premiers jours et semaines. Il me semble du reste que d’autres solutions peuvent être trouvées, et qui préservaient sinon tout le monde, du moins les éléments les plus importants : – ou bien maintenir le dispositif des dédoublements avec la même progression « large » pour les deux groupes, ce qui nécessite une coordination minimale qui pourrait avoir lieu tout au plus brièvement une fois par mois, dans votre bureau ou ailleurs, ou même par courriel, ce qui serait à tout prendre moins drastique, du point de vue de l’image de l’établissement, qu’un énième bouleversement, même si cela a été annoncé (pour ma part, je n’ai jusque-là rien annoncé à mes élèves) ; – ou bien maintenir le dispositif des dédoublements avec la même progression « étroite », sous l’égide d’un professeur référent désigné par vos soins ; – ou bien attribuer les classes entières au professeur le plus compétent et le plus expérimenté, le plus « légitime » en quelque sorte. Cela dit, je me rends bien compte que cette décision que vous avez prise avait aussi pour but de me faciliter les choses, mais arrivé à ce stade, après tous les efforts consentis et surtout après tous les résultats obtenus, qui deviennent de plus en plus significatifs, il me paraît vraiment incohérent et même injuste et dommageable de me retirer mes 4e, de leur point de vue comme du mien, quant à ma réputation et surtout quant à mon « confort » : je me suis accoutumé à ces élèves certes difficiles, et eux à moi, et, je vous l’assure, si je devais effectivement les délaisser, ce serait avec regret. D’autant plus que je repartirais à zéro avec d’autres élèves, ce qui n’est pas du tout souhaitable et serait nettement plus difficile que la situation actuelle, même avec l’aide de collègues ; et qui sait quels autres problèmes pourraient surgir de cette nouvelle expérimentation. En somme, même avec les meilleures intentions, cela resterait une sorte de « blâme », sur la forme comme – et c’est là l’essentiel pour moi, je vous l’assure – sur le fond. Encore une fois, cela m’a pris plus de temps que pour les 6e, mais je crois véritablement avoir construit quelque chose avec mes 4e, et cela va encore en s’améliorant. Depuis mon arrivée à Misr, il y a eu de très grands changements avec ces élèves, sur tous les plans, et je les dois à ma ténacité et à ma passion, conservés malgré tout. C’est souvent un combat de tous les instants, c’est parfois épuisant, mais je l’apprécie vraiment et ce de plus en plus. Je me considère récompensé de mes efforts par la conscience de ces efforts elle-même, et par ce que je parviens à faire avec mes élèves, et je considère, comme je vous l’ai dit, que cette expérience constitue la meilleure « école de formation », dans laquelle j’ai l’intention de perdurer plusieurs années si les opportunités m’en sont données. Les difficultés ne me font pas reculer, au contraire, car je suis combatif et déterminé, et même si par malheur je devais affronter de bien plus grands problèmes à l’avenir (alors qu’en toute logique, les choses ne peuvent aller que de mieux en mieux, et que même si d’autres troubles devaient advenir, je serais mieux armé que M. Samuel pour leur faire face), il ne serait pas conforme à ma nature, à mes goûts ni à mes intérêts de me dérober. Et il ne serait pas non plus conséquent de quitter le navire après avoir tant lutté pour se sauver du naufrage, d’avoir si patiemment et laborieusement semé et fait tout le travail ingrat pour finalement ne pas participer à la récolte alors que les efforts commencent à porter des fruits très prometteurs pour la suite. En conclusion, j’espère qu’une autre issue plus juste sera envisagée. En vous remerciant par avance, Bien à vous ».
[11] Voici quelques-uns de ces mots manuscrits, tous nominatifs, qui m’ont été donnés dans une enveloppe sur laquelle il était mentionné : « Pour M. Saleh ♥. La classe de 4e A » : « En [On]vous aime beaucoup et comme a dit mon petit frère j’ai la chance que vous êtes mon prof de français. Merci. ». « Merci monsieur pour nous éduquer et être notre professeur, c’était une magnifique experience, je ne vais jamais vous oublier, merci pour tout ce que vous avez fais pour nous, vous allez me manquer. ». « Cher M. Saleh, Merci M. Saleh pour tous et on est tous merci de tous votre progrés avec nous et on s’excuse. » « Cher M. Saleh. Vous allez nous manquez, on vous aime beaucoup. Je m’excuse pour tous les bêtises que j’ai fais pendant votre cours. Merci pour cette magnifique expérience. » « Vraiment, monsieur Saleh, je vous aime de tout mon cœur, vous allez me manquez. Votre élève de 4e A. » « Chère M. S., Merci pour cette bonne expérience, vous allez me manquez mais heureusement on va vous revoir en module ! »
[12] Cf. ces témoignages des collègues auprès desquels j’ai été affecté : « M. L. S. a été affecté à mes côtés au CDI à partir du 5 mars 2013 afin de co-animer les séances de 5ème (3 heures par semaine). Dès son arrivée, M. L. a exprimé sa volonté de respecter le travail que j’effectuais seule jusque-là, de ne prendre aucune initiative pédagogique qui « contrarierait » mes choix, et de travailler au maximum en concertation avec moi. M. L. est arrivé alors que l’opération « Printemps des poètes » allait démarrer. Je lui ai proposé de travailler sur ce projet et notamment sur la mise en place des « Brigades d’Intervention Poétique ». Il a été enthousiasmé par l’idée et s’est attelé à la réalisation : choix de poèmes, rédaction d’un document de présentation destiné aux élèves comme aux enseignants, puis mise en œuvre concrète avec les élèves : présentation des objectifs et des consignes, accompagnement dans le choix des poèmes et suivi des Brigades dans les classes. En conduisant ce projet avec rigueur et dynamisme, il a fait preuve d’engagement et de compétences pédagogiques dans l’encadrement des classes (en 5ème, mais également en 4ème avec lesquelles il a voulu étendre le projet), ne ménageant pas son autorité et ses exigences tout en restant à l’écoute, compréhensif et bienveillant à l’égard des élèves. Le projet s’est développé sur deux semaines pendant lesquelles M. L. s’est tenu attentif aux remarques des enseignants qui avaient accueilli les premières Brigades dans leur cours afin d’améliorer les suivantes ce qui témoigne de sa responsabilité et de son investissement. Je déplore que ce projet (et d’autres en devenir) ait été subitement remis en cause par l’exclusion de M. L. Je tiens également à souligner l’investissement de M. L. dans l’établissement de la commande annuelle de livres pour le CDI. En effet, devant faire face à cette tâche qui m’incombe, dans le délai inhabituellement court que l’administration m’avait donné tout en préparant le Printemps des poètes et en assumant mes autres séances d’animation, M. L. s’est proposé pour établir la commande dans deux domaines qu’il connait bien, les bandes dessinées et la philosophie de telle façon que j’ai pu m’acquitter de cette tâche en respectant les délais qui m’avaient été impartis. » (Carine* F.). « Du 5 au 27 mars, M. S. L. a enseigné […] avec moi. Les élèves travaillant sur le roman de Perceval et étant friands d’expression orale, il a été convenu que M. S. prendrait les élèves en demi-classe afin de les entraîner à la diction et l’art dramatique. Les élèves ont été enchantés par ce cours et regrettent son abandon. » (Fabienne* I.).
[13] Je le résumais en ces termes dans un courriel aux personnels du 18 mai : « Le plus grand responsable, à mon sens, est M. T., le « Proviseur ». C’est lui qui a créé le différend entre M. Métaux et moi-même, et c’est lui qui l’a entretenu par son inaction et a même, de fait, encouragé M. Métaux à persévérer dans son attitude d’insubordination et de provocation qui lui avait, une première fois, gagné tous mes élèves de 4e : il était donc « naturel » qu’il y recoure une seconde fois lorsque son poste a été mis en péril. M. Métaux, « Professeur de Philosophie », n’est bien évidemment pas en reste, son attitude hautement indigne et très peu professionnelle, qui déshonore la fonction de Professeur (et toute l’histoire de la Philosophie), étant la cause directe de cette crise. »
[14] Cf. ce témoignage du père de N*, 4e, sur la provocation de M. Samuel METAUX du 27 mars à l’intérieur de l’école : « N* affirme qu’elle a vu de ses yeux le Professeur Samuel s’adresser au Professeur S. en se moquant de lui, et que ce n’est pas une manière acceptable pour un Professeur de traiter un collègue. ». Ou cet autre témoignage direct de la main de l’élève N* sur le même incident : « Le Mercredi 27 mars vers13 h. Je n’ai pas vu grand-chose mais se [ce] que j’ai vraiment vu [c’est] que M. Samuile [Samuel METAUX] parle avec M. Saleh comme [si] il travail [travaillait] chez lui et il le trente [traite] très mal, c’est ça seulement que j’ai vu et c’est la vérité. ». Voir aussi ce témoignage de M. H*, parent d’élève de 4e : « Le Professeur Samuel se moquait de [M. S.] en face de ses étudiants, et le Professeur S. lui a répondu qu’il ne se battrait pas avec lui.» Cf. encore ce témoignage de Mme S*, parent d’élève de 6e : « Et dans son comportement avec les autres enseignants, il était bon au point que lorsque l’un d’entre eux [Samuel METAUX, qui m’a agressé au moment où j’allais prendre en charge les 6e A] l’a provoqué, comme je l’ai entendu de la part d’élèves et de parents, il n’a pas répondu à la provocation, par respect pour le caractère sacré de l’école et pour préserver les élèves. » Voir enfin ce témoignage de A*, élève de 4e : « Je suis un des élèves de M. S., et je ne connais de lui que la douceur et l’absence de sévérité, sauf quand la situation dépasse les limites raisonnables. Je sais également que le Professeur S. avait des problèmes avec le Professeur Samuel, et celui-ci essayait sans cesse de pousser le Professeur S. à réagir à ses provocations mais le Professeur S. essayait de l’éviter et je n’ai jamais vu le Professeur S. insulter ou menacer quiconque. Et j’ai assisté à la provocation qui a eu lieu le 27 mars 2013 à une heure de l’après-midi. »
[15] Témoignage de Farid* Y., représentant élu des enseignants, adressé par courriel à Frédéric TUMPICH le 30 mars : « je marchai avec Jean luc et Catherine pour prendre un taxi. A notre arrivée sur le lieu de l’ncident;je vois S. et samuel discutaient mais sur un ton inhabituel ,isabelle etait à coté d’eux;je me suis approché d’eux pour les calmer et les separer,j’entends samuel dit à S. ,tu es qu’un petit » con »et » tas de merde »,en avançant son doigt sur la poitrine de S.,je vois S. se jeté sur samuel ;il l’a pris par le coup il l’a jeté contre le mur, isabelle est intervenu en donnant un coup de poing sur la partie supérieure du corps de S. » Témoignage de Sylvie* F. adressé à Frédéric TUMPICH le 29 mars : « Comme demandé j’envoie un courriel concernant l’incident qui s’est produit aux abords du Lycée ce jeudi 27 mars 2013 vers 15h après la sortie des cours. J’étais sur le chemin du Lycée avec Mr Jean-François* T. et Mr Farid* Y et je me dirigeais vers la grand route pour héler un taxi lorsque j’ai constaté au loin que Samuel Métaux, S. L. et Isabelle se disputaient vivement sur le bord de la route. Arrivée à leurs côtés la tension était très vive et palpable. Je ne connais pas leur différend mais je savais qu’il y avait des tensions. Je n’ai pas écouté toutes les invectives échangées entre eux car cela ne me regarde pas mais je ne pensais pas qu’ils en viendraient aux mains. Mr métaux ait lâché un » petit con » à Mr L.. Je me suis donc retournée vers eux pour les observer et la tournure a dégénéré. J’ai entendu Isabelle, la compagne de Mr Métaux dire à Mr L. « Il voulait juste te dire bonjour ». Mr L. et Mr Métaux se sont poussés mutuellement et Mr L. a étranglé Mr Métaux le repoussant et le claquant au mur qui se trouvait derrière lui. Mr Métaux essayait de le repousser puis Mr L. lui a asséné un coup de poing [absolument faux]. De ce fait Isabelle a également donné un coup de poing à Mr L.. » Voilà le compte rendu que j’ai fait moi-même à mes proches au sujet de cet incident de la journée du 27 mars, le soir de ce même 27 mars : « J’ai oublié l’essentiel : dans le chaos [consécutif à l’agression de M. François* E. par des élèves : voir la note n° 33 pour le début de ce courriel, relatant les événements précédents] j’ai vu… Samuel qui était aux anges, c sûr le chaos c le meilleur moyen pour un… incompétent d’avoir une place. Je l’ai constamment ignoré jusque là (…). Là il s’est dit que chaud comme j’étais il pourrait me pousser à la faute, et alors que je faisais ranger ma classe il est venu se mettre juste à côté de moi, me regardant et regardant l’endroit où je regardais (pcq je l’ignore), et revenant à moi, imitant mes gestes. Provocation manifeste. Je lui ai juste dit, sans le regarder, « cherche pas », il est parti « oula, mais tu me menaces, mais t’es violent, etc., etc. ». Ok. Je m’étais promis que dès que je le vois hors du Lycée on s’explique. A 15 h je le vois dehors avec sa femme, assez loin de l’école, je vais le voir et je lui dis alors mtnt qu’on est dehors et que g plus les limites, tu veux quoi, t’as un pb, si t un homme c maintenant qu’il faut jouer ton jeu, pas à l’intérieur, il est parti « ah mais tu veux te battre, mais vient pas de pb on va à l’école, t un violent, je vais l’écrire à la MLF, etc., moi je suis un professeur, etc. » Je suis resté sur la joute verbale, jusqu’à ce que voyant que je passais pas à l’action (wallah il voulait vraiment que je le frappe, c son calcul), il m’a lui même tapoté la poitrine en me disant « t’es un tas de merde », là je l’ai pris au cou et je l’ai envoyé contre le mur, sa femme m’a frappé et s’est mise à hurler, à la la qu’est-ce que je lui ai fait, il saigne du cou, je suis fou etc. Comme il s’est pas défendu (il est + grand et + fort…) je suis parti. 4 collègues ont vu la fin de la scène, Sylvie*, Farid*, Jean-François* et Fabienne*. (…) Demain je demande aux élèves qui a vu ce qui s’est passé entre moi et lui au Lycée. Il va dire que je l’ai attaqué sans raison, faut que je puisse prouver que c lui qui est venu me provoquer. Il devait être avec les 4e qu’il m’a piqué, j’espère qu’eux m’auront vu, pas seulement mes élèves de 6e qui sont trop petits et sont les miens. Jusque là j’ai pas laissé transparaître aux élèves qu’il y a un pb entre nous, que c à cause de ses manigances que je les ai plus (ils me regrettent grave, c tjrs un attroupement des deux 4e autour de moi, me disant pqoi on vous a plus, etc). Ses armes sont le mensonge et l’administration. Mes armes vont être la vérité et les élèves. »
[16] Cf. cet extrait du témoignage écrit du représentant élu des enseignants, M. Farid* Y., en présence duquel M. TUMPICH a fait cette déclaration : « M. Frédéric a reconnu : “M. Samuel vous a tendu un piège.” »
[17] Voici ce courriel du 28 mars, 5h15 du matin : « Bonjour M. S., Mme Nermine m’a appelé en France pour me parler d’un incident entre vous et M. Métaux hier. Pourrais-je avoir votre version des faits ? Cordialement — Frédéric TUMPICH” Proviseur de la section française MLF Lycée International MISR LANGUAGE SCHOOLS »
[18] Cf. le témoignage de C*, élève de 6e B, le 29 mars 2013 : « Le 28 mars 2013, on venait a l’ecole moi et mon frere le matin alors mon frere est sortie de la voiture et m.saleh voulait lui parler alors m.Yasser a pousser m.saleh,et lui a dit c’est interdit pour parler avec les eleves alors moi je desender de la voiture et j’ai reste pour ecouter m.Saleh et il ma dit d’ecrire une feuille de ce qu’il ses passer hier avec m.sam et puis m.Yasser a pousser tres fort m.saleh et il lui a fait tomber sur la voiture, puis m.Yasser nous a dit rentrer vite dedans. »
[19] Témoignage exhaustif de Mme W***, parent d’élève de 6e, sur la base du rapport de son fils, dont voici la fin : « De plus, si on demandait l’avis de la classe de mon fils, la majorité préférerait continuer de vous avoir comme Professeur. Sur le plan académique, je dois admettre que je n’ai jamais eu à me plaindre de vous et pour être plus précis vous avez été d’une grande aide pour mon fils. Vous êtes à ma connaissance le seul enseignant qui nous ait fourni votre numéro de téléphone personnel et vous étiez toujours prêt à nous aider, gratuitement, que ce soit durant les heures de cours ou après par téléphone. Vous n’avez jamais, pas une seule fois, refusé de l’aide à mon fils pour toute aide académique ou pour réexpliquer n’importe quel point du programme français. »
[20] Voilà le courriel qu’il a adressé à M. Frédéric TUMPICH ce 28 mars, à 8h42 : « Voici le message que je reçois de S. et qui me demande de vous le transmettre : » Monsieur T., S. L. vous fait savoir que la Direction égyptienne du Lycée lui a interdit d’entrer dans l’établissement ce matin et que par la suite , les vigiles ont recouru à la force pour l’empêcher de parler à ses élèves devant l’école, sous les yeux de ceux-ci. » Cordialement . François* E. » D’autres messages plus circonstanciés furent également adressés par mes proches à la direction de MISR et de la Mission laïque française.
[21] MISR a esquissé une telle manœuvre de discrédit avec mes avocats, comme je le rapportais à mes proches le 14 avril au sujet de la rencontre entre mes avocats et la direction de l’établissement : « C’est eux qui ont attaqué les premiers, disant S. a fait telle et telle chose, séquelles sur Samuel, photos, en plus S. est pas un prof [insinuant que mes diplômes et mon CV étaient falsifiés], et en plus si vous allez au contentieux on vous promet des grandes surprises sur S.. Menace claire, la première chose que l’avocat n°3 m’a demandée c’est est-ce que j’ai déjà fait des bisous à des élèves ou un truc comme ça [évidemment non, ni de près ni de loin], puis ensuite est-ce que j’ai un passif judiciaire. Bien sûr mes avocats ont répliqué du tac au tac que c’est eux qui allaient au-devant de grandes surprises. »
[22] Grève, pétition, page Facebook « We are all Mr. H. » – https://www.facebook.com/pages/We-are-all-M-Hugue/186411498062268), intervention des médias… Voici le texte de la pétition qui fut adressée à la directrice de l’AEFE : « Madame la Directrice de l’AEFE, Lors de la deuxième réunion pour la communauté française au Lycée Français du Caire par S.E. l’Ambassadeur de France, suite aux événements exceptionnels qui se déroulaient en Egypte depuis le 25 Janvier 2011, la décision de la fermeture du Lycée pour trois semaines supplémentaires a provoqué un fort mécontentement d’un grand nombre de membres de la communauté éducative présents, élèves, parents et professeurs. Plusieurs personnes ont essayé d’intervenir mais ne pouvaient être entendues car elles n’avaient pas de microphone. Leur agacement s’étant fait ressentir, M. H. a pris l’initiative de leur donner la parole en essayant de prendre le microphone des mains du Proviseur, qui dans un premier temps s’y est refusé, afin de le passer aux autres. Nous avons appris que les conséquences de cette tentative d’intervention de M. H. dans le but de permettre aux personnes présentes et concernées par la gravité de la situation, avaient été la décision par Monsieur le Proviseur de suspendre M. H. de son poste de professeur de Mathématiques, et cela par le biais d’un rapport à l’AEFE condamnant l’acte du professeur et mettant en péril le maintien de celui-ci à son poste. De ce fait, en tant qu’étudiants, nous ne pouvons pas rester insensibles au sort de notre professeur M. H. : il a été injustement sanctionné, ce qui pourrait nuire à l’enseignement des classes prises en charge par ce professeur. Ceci est, pour l’image de la France et pour la diplomatie française, une honte. En effet, la France se revendique une grande Patrie des Droits de l’Homme et de la Liberté, notamment la liberté d’expression. Dans cette affaire, c’est la prétendue « agression » qui fait l’objet d’une sanction alors qu’il s’agit simplement d’un professeur qui a eu l’initiative d’accorder la parole aux intervenants, dans un discours où l’échange était indispensable compte tenu du contexte extérieur. Madame la directrice, les récents événements politiques en Egypte ont déjà assez perturbé notre scolarité. M. H. étant un enseignant compétent, veuillez ne pas nous desservir davantage. Nous allons nous mobiliser dans un mouvement de protestation qui persistera jusqu’à son retour au sein du LFC en tant qu’enseignant. En espérant que notre pétition retiendra toute votre attention, nous vous prions d’agréer, Madame la directrice, l’assurance de notre considération distinguée. » Suivaient des centaines de signatures d’élèves.
[23] Cf. encore ce rapport d’une collègue cité en première partie : « Cet attaché s’était déplacé à l’école lorsque notre collègue d’origine algérienne s’est vu refuser l’entrée dans l’école, il a gentiment conseillé à notre collègue de renoncer à faire valoir ses droits sous peine de se retrouver dans un avion avec un aller simple. Lorsque notre collègue lui a parlé des nombreux dysfonctionnements de l’école il lui a répondu qu’il était au courant mais que c’était encore pire dans d’autres écoles du Caire comme Balzac… (elles aussi homologuées). En bref, tout le monde sait mais ne dit rien car « c’est politique »… c’est le prix à payer de la Francophonie !!! »
[24] Voir encore ce courriel de M*, 4e, 31 mars : « Bonjourd M.Saleh, Vous me manquez beaucoup fâché de voter absence vous me manquez plus que vous le croyez, vous êtes le meilleur prof que j’ai eu, j’étais très fâché quand j’ai su que vous n’allez pas nous donner après les vacance. Vraiment monsieur s’pas parceque je vous parle, vous êtes le meilleur prof que j’ai eu, je vous ai beaucoup aimez, je comprenais de vous mieu que n’importe qu’elle Professeur Vraiment Monsieur il n’y a aucun prof qui peu vous remplacer est il soit de votre intelligence ou comme vous. M***. « excusez mois pour les faute d’autographe dans le message » ». Message de I*, 4e, le 28 mars : « 7abibi ya Monsieur, e7na kolena ma3ak » (ô mon cher Monsieur, nous sommes tous avec toi). Message de I*, 6e : « Bonjour Monsieur, est-ce que vous allez revenir ? Est-ce que vous aller venir le lundi ? Comment mes parents pourons vous aider ? Merci aurevoire ». Message de A*, 6e, 29 mars : « M. S. où étiez-vous ? Tu nous as manqué. » Etc.
[25] Courriel du 29 mars 2013, à 11h11, avec la MLF en copie : « Monsieur le Proviseur, Par ce courriel et comme nous en sommes convenus hier, et comme j’ai eu l’occasion de vous le répéter ce matin, je vous réitère ma volonté et ma disponibilité pour vous rencontrer à n’importe quel moment et au plus vite aux alentours de la route des Pyramides ou je me trouve actuellement. Je suis dans l’incapacité de me rendre au Sofitel : du fait des circonstances et des événements, ainsi que des démarches que je dois entreprendre, je me trouve dans un état d’épuisement physique et moral tel qu’il m’est impossible de me déplacer plus loin que cela. Comme je vous l’ai assuré hier et ce matin, je rédige actuellement le rapport circonstancié détaillé que vous m’avez demandé. Je le fais avec le plus grand soin, et vous le transmettrai au plus vite avec les justificatifs et témoignages nécessaires. Je vous rappelle que la relation professionnelle qui nous lie exigerait que nous nous rencontrions sur mon lieu de travail – qui reste mon lieu de travail bien qu’on m’en ait interdit l’accès, et qu’on m’y ait violenté sans raison devant témoins, devant mes propres élèves de 6e, ce jusqu’à ce que j’aie reçu une notification écrite circonstanciée de mon licenciement. Tout ce qui s’est passé est hautement injustifiable, et devra être adressé de manière sérieuse et responsable, chacun assumant ses responsabilités. Il est inqualifiable d’user ainsi de manœuvres dilatoires pour me faire lâcher prise. Je vous dis tout cela malgré votre recours, ce matin par téléphone, au même langage d’intimidation que M. Petit quant à mes possibilités de rester en Egypte si je persistais dans mes ‘enfantillages’. Je ne vois pas là d’enfantillages, Monsieur T.. Les enfants de Misr sont réellement, réellement traumatisés, et la situation est gravissime. Tout ce qui s’est passé est intolérable au plus haut point. Bien à vous, S. L. »
[26] Voilà le courriel qui fut adressé à la Direction de MISR et à la Direction de la MLF le 31 mars 2013 à 16h34 : « Madame, Monsieur, C’est en ma qualité d’avocat de M. S. L., enseignant à la Section Française de la MISR Language School, établissement sous la tutelle de la Mission Laïque Française, que j’ai l’honneur d’intervenir auprès de vous. C’est seulement du fait des contraintes de l’urgence que je me permets de m’adresser à vous par e-mail et par fax. A la suite d’un incident bien regrettable et pour lequel il a été mis hors de cause, mon client M. S. L. a reçu oralement des indications aux termes desquelles son contrat ne serait plus valable, en conséquence de quoi il ne devrait pas se présenter à son poste de travail demain, lundi 1er avril 2013. Nous sommes très surpris de ces consignes qui sont contraires aux actes signés et ne reposent sur aucun fait avéré. Quoiqu’il en soit, nous ne pourrions prendre en compte qu’une décision écrite et motivée, signée par l’autorité hiérarchique. En l’absence de tout document de ce type, mon client M. S. L. assurera son service, contractuellement dû, demain matin. Bien que ce courrier cherche juste à préciser une situation et n’ait pas de caractère contentieux, je vous indique que vous pouvez me répondre par l’intermédiaire de votre avocat. Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de mes salutations les meilleures. »
[27] En voici le texte : « Le Caire, le 01/04/2013. Le Proviseur A M. L., Professeur. Monsieur, Le mercredi 27 mars 2013, à15h00, lors d’une dispute avec M. Samuel METAUX, professeur de Français (sic) dans l’établissement, vous avez porté la main sur votre collègue. Cet incident a eu lieu à l’heure de la sortie des parents, des élèves et des professeurs, aux abords du Lycée, dans un endroit où passent toutes les personnes voulant se rendre ou quitter l’établissement et possède donc un caractère public qui impacte négativement l’image de l’établissement. Dès lors, je vous prie de noter que vous faites l’objet d’une mesure conservatoire d’exclusion de l’établissement d’une semaine, à effet immédiat. Sincères salutations. Le Proviseur, F. T.. » M. TUMPICH m’a invité à signer ce document et à le lui rendre, après quoi il m’en aurait donné une autre copie en sa possession, mais je ne l’ai pas fait, car cette description des faits était tendancieuse et diffamante, transformant la légitime défense en agression. J’ai appelé mon Conseil et suivant ses instructions, je suis reparti avec ladite notification.
[28] Ce courriel du 1er avril que j’ai adressé à M. TUMPICH et à la MLF n’a eu aucune réponse (pas plus que mon courriel du 3 avril cité en note n° 33, et tous les autres subséquents) : « Monsieur T., Conformément à la notification de mon avocat adressée hier aux instances concernées, je me suis rendu à mon établissement ce matin, 1er avril, n’ayant reçu aucun document ni même aucune nouvelle de ma hiérarchie ni de quiconque du côté du Lycée, de la MLF ou de toutes autorités. A 4h04 du matin ce jour, 1er avril, j’ai transmis mon rapport circonstancié sur les différents incidents, à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement, avec tous les témoignages, preuves et annexes nécessaires (30 pages au total, qui seront encore complétées par d’autres documents). Soucieux avant tout d’éviter toute scène devant le Lycée, et surtout devant les élèves, afin de ne point les traumatiser plus qu’ils le sont déjà, je me suis présenté au Lycée à 8h10, après qu’ils soient tous rentrés en classe, en marchant depuis le tout début de la rue du Lycée (et non en me faisant déposer à l’entrée par le taxi comme il est habituel), afin de prévenir tout incident aux abords du Lycée et sous les yeux d’aucun élève : si on m’interdisait l’entrée, je ferais demi-tour immédiatement. J’ai trouvé des vigiles tout le long de la rue (ce qui est inhabituel), mais aucun ne s’est adressé à moi ni n’a fait mine de m’arrêter. En arrivant devant la porte d’entrée, un homme que je ne connais pas, égyptien, m’a dit d’attendre, disant qu’on allait venir me voir. Je l’ai interrompu en disant que je n’aurais aucune conversation avec quiconque n’étant pas de l’administration (il a rétorqué qu’il était de l’administration), et que je n’aurais aucune conversation non officielle, c’est-à-dire hors de l’enceinte du Lycée, hors du cadre professionnel légal, avec témoins du corps enseignant, etc. C’est du reste ce que j’avais dit à M. TUMPICH à la fin de notre rencontre informelle : c’était là la dernière rencontre, la dernière communication non officielle que j’accepterais. J’ai vu au loin Mme Nermine Nada, Mme Marie-Paule M* et M. T., celui-ci se dirigeant vers moi. Il m’a rencontré et salué à l’extérieur de l’établissement (on ne me permettait pas d’y rentrer), et m’a tendu une feuille (copie ci-jointe) en me demandant de la signer. J’ai protesté contre l’irrégularité de la situation, demandant à être reçu officiellement, dans l’enceinte du Lycée ; de plus, il n’y avait qu’un témoin pour l’administration, et aucun témoin du corps enseignant ou même des parents, voire neutre, pour moi. Malgré ces vices de procédure manifestes, j’ai tout de même lu cette lettre, et il était évident pour moi que je ne signerai pas ce papier mensonger qui affirmait que j’avais porté la main sur M. Samuel, alors que c’est lui qui a porté la main sur moi le premier comme le prouvent des témoignages directs concordants, et que je n’ai fait que me défendre face à une triple provocation, verbale dans mon école, puis, en-dehors, verbale (insultes graves) et physique (c’est lui qui a posé la main sur moi le premier). De plus, on me notifiait de mon exclusion conservatoire (en attendant quoi ?) d’une semaine alors même que personne n’a organisé de débat contradictoire entre moi et M. Samuel, ni d’enquête, ni même n’a daigné prendre le temps de lire mon rapport et d’en vérifier les témoignages avant de prendre une décision. C’est un nouveau déni de justice on ne peut plus flagrant et absolument inacceptable. J’attends des explications imminentes de votre part avant de poursuivre mes procédures auprès des personnes compétentes… Bien à vous, S. L. ».
[29] Cf. ces deux courriels du 8 avril à M. TUMPICH et à la MLF : « Monsieur le Proviseur, Suite à ma « notification », lundi 1er Avril, d’une semaine d’exclusion conservatoire, je me suis présenté ce jour, lundi 8 avril, à mon établissement. L’entrée m’en a été interdite, et on n’a accepté ni de me recevoir, ni de me donner une notification quelconque. Cette situation scandaleuse se poursuit donc dans la plus grande irrégularité, alors même qu’un Inspecteur de l’Education Nationale se trouve à l’heure même dans l’enceinte de l’établissement. Etant tenu par obligation contractuelle de me trouver sur mon lieu de travail, je vous informe que je resterai devant le Lycée jusqu’à la fin de mon service, à 15h, espérant qu’on daigne m’informer ou me recevoir. Bien à vous, S. L. » (9h44) et « Monsieur le Proviseur, Comme je vous en ai informé ce matin, je suis resté toute la journée devant l’établissement, de 8h à 15h, personne n’ayant daigné me recevoir. A deux reprises, on m’a « transmis » un message de la part de Mme Nermine, disant qu’elle me recevrait demain pour régler définitivement cette question. La première fois, c’est un Egyptien se présentant comme un membre de l’administration qui me l’a seulement transmis, et la seconde, c’est un Egyptien se présentant comme l’avocat de l’école qui l’a fait, m’enjoignant à quitter les lieux. Dans les deux cas, j’ai refusé d’obtempérer et/ou de porter crédit à ces propos, exigeant de les recevoir dans un cadre légal (dans l’établissement, avec présence d’un témoin du corps enseignant) ou par écrit, ce qui m’a été refusé. L’ « avocat » est cependant allé plus loin, me menaçant de recourir à la police et à l’ambassade pour me faire évacuer les lieux si je refusais de le faire de mon propre chef. Ces propos n’ayant eu aucun effet sur moi, il a même appelé les vigiles, qui ont esquissé un mouvement menaçant dans ma direction, mais ils n’ont rien tenté, soit qu’ils aient seulement voulu m’intimider, soit qu’ils aient été arrêtés par le fait que j’avais immédiatement saisi mon téléphone pour prévenir mon avocat de la situation. Encore une fois, je ne puis que déplorer le scandale et l’illégalité flagrantes de toutes ces procédures (bien plutôt de tous ces procédés), et si ce problème n’est pas rapidement résolu avec justice, équité, et légalité, je n’aurais plus d’autres choix que d’aller au contentieux devant toutes les instances compétentes. Bien à vous, S. L. » (16h46).
[30] Cf. ces courriels à M. TUMPICH et à la MLF : « Monsieur le Proviseur, Ce jour encore, je me suis présenté à mon établissement et m’en suis vu interdire l’entrée, sans qu’on daigne officialiser la chose par une notification quelconque, bien que j’aie attendu plusieurs heures. Et ce alors même que MM. Métaux et Yasser, dont les agissements de provocation et de violence à l’intérieur et à l’extérieur de l’école, sous les yeux des élèves en pleurs et traumatisés, agissements indignes et ayant été attestés par de multiples témoignages, que du reste vous avez reconnus lors de notre dernier entretien, sont acceptés et travaillent en toute quiétude jusqu’à cet instant présent. Le message que vous diffusez est clair : vous cautionnez pleinement ces agissements, et les estimez conformes à l’éthique et aux règles de l’établissement. Quant à la légitime défense après moult provocations et agressions, verbales puis physiques, elle n’a pas sa place dans votre établissement. Jusque-là, je n’ai fait part de cette affaire et des documents en ma possession (j’ai reçu bien d’autres témoignages depuis mon dernier rapport, dont vous n’avez pas même accusé réception, et je me réserve le droit d’en user de la manière qui sera la plus propre au droit) que partiellement aux parents de 6e, contraint de me défendre face à vos messages diffamatoires. J’apprends que durant la réunion de ce matin [avec les parents, suite à notre rencontre], l’administration a persisté à nier les témoignages qui lui sont parvenus, et m’accuse en outre d’avoir insulté des élèves sans même m’avoir entendu à ce sujet. Je vous informe que si vous persistez à ignorer tous mes courriers, et si l’affaire n’est pas réglée avec justice dans les meilleurs délais, je me donnerai la liberté de communiquer, dès ce jeudi, tous éléments pertinents à l’ensemble des parents et personnels du Lycée, puis, dans un second temps, à toutes autorités et instances compétentes ou susceptibles d’être intéressées par ce scandale aux multiples facettes. Bien à vous, S. L. » (9 avril) ; « Monsieur le Proviseur, Pour le 3e jour consécutif depuis la fin de mon « exclusion conservatoire », je me suis présenté à l’établissement où je suis tenu d’être présent par obligation contractuelle, ce dans l’attente d’une notification quelconque qui régularise cette situation hautement illégale. On m’interdit toujours l’accès à mon établissement, on refuse de me recevoir ou même de constater ma présence, et ce sans la moindre explication officielle ni même officieuse. Je me trouve bien entendu dans l’obligation d’expliquer brièvement les motifs de ma présence aux personnels, élèves, parents et visiteurs qui, de plus en plus instamment, me sollicitent à ce sujet. Vous informez les parents de 6e, dans un courriel adressé hier et que je joins à ce message, de mon remplacement de fait, jusqu’à la fin de l’année, par deux collègues qui ont accepté de prendre mon poste, alors même que vous avez affirmé à la délégation des parents que la décision serait prise par le Conseil d’établissement et qu’une notification officielle suivrait. Et vous vous êtes bien gardé de préciser que jusqu’à présent, vous ne m’avez pas notifié de quoi que ce soit, et que par conséquent, je reste, en droit, le seul Professeur de Français légal et légitime des 6e. Vous me contraignez donc, par votre attitude de déni, à prendre de nouvelles mesures. Quoi qu’il en soit, soyez assuré dès à présent que sans retour de votre part, je considèrerai dès demain comme un sixième point supplémentaire indispensable à toute résolution de ce litige à l’amiable, en plus des salaires intégraux dus, une compensation financière pour tous les frais engagés, voire pour les préjudices physiques et moraux subis. Bien à vous, S. L. » (10 avril) ; « Monsieur le Proviseur, Un nouvel élément ayant trait aux explications qui ont été données aux parents vient de m’être communiqué : bien que les agissements de M. Métaux, maintenant reconnus, méritent en effet une exclusion d’après l’aveu de l’administration, cela ne peut être fait à l’heure actuelle eu égard aux Terminale auxquels il enseigne la Philosophie, et qui ne doivent pas être pénalisés l’année du baccalauréat. Bien que cet argument me paraisse difficilement recevable, je me permets de vous rappeler que contrairement à M. Métaux, Professeur de Philosophie enseignant le Français sans diplôme ni qualification, je suis moi-même diplômé et qualifié pour l’enseignement de la Philosophie (et pas seulement pour le Français). Quant à la décision de ne point sanctionner Isabelle, la compagne de M. Métaux, qui, comme vous le savez, a participé à l’algarade en me donnant un coup de poing (seuil que moi-même je n’ai jamais atteint, m’étant contenté de repousser Samuel qui m’avait provoqué à maintes reprises, insulté, frappé sur le torse et poussé, tout cela sans que j’aie commis la moindre agression), à ce jour, la seule explication, fournie par Mme Nermine elle-même, est que sa réaction est « naturelle » : quoi de plus naturel en effet pour une compagne que de défendre son compagnon ? Quant à la défense de ma propre intégrité morale et physique, elle ne trouve pas sa place dans les règles de la « nature », pas ici du moins. Je vous rappelle que le règlement intérieur interdit expressément d’ « Agresser verbalement ou physiquement tout membre de la communauté éducative », ce dont Métaux a été clairement reconnu coupable. Cependant, il n’y est fait nulle mention de l’interdiction de la légitime défense, qui est du reste un droit inaliénable. Par ailleurs, je vous transmets ci-dessous le discours d’ « insultes » (selon l’exégèse de l’administration) que j’ai tenu aux 2nde (et au Première), et qui est d’après cette même administration une preuve de ma « perte de contrôle ». Je la remets donc entre vos mains. A ce jour, ce discours est attesté et validé par écrit par le Professeur concerné, ainsi que par plusieurs élèves l’ayant directement entendu. Comme tout document pertinent et nécessaire à la préservation de ma réputation, il sera, le cas échéant… transmis à qui de droit. Bien à vous, S. L. » (13 avril), etc. Cf. la note 33 de la première partie pour le contenu de mon « discours » aux 2nde.
[31] Cf. ce courriel à M. TUMPICH et à la MLF daté du 11 avril : « Monsieur le Proviseur, Je me suis présenté à mon établissement ce matin à 7h30, et je m’en suis encore vu interdire l’entrée, sans qu’on m’apporte de notification quelconque… ».
[32] Le 28 mars 2013, ce courriel était adressé aux parents d’élève de 6epar l’administration égyptienne : « Chers Parents, Nous vous présentons nos excuses pour l’incident survenu entre deux professeurs en dehors de l’enceinte de l’établissement, dans lequel M. Samuel METAUX a été blessé par M. S. L. et la décision de l’établissement fut de mettre fin au contrat de M. S. L.. Il est utile de vous informer que M.Paul Petit du Centre Culturel a été impliqué dans cette décision, ce qui la rend mutuelle. Puisque M. TUMPICH est en France pour recrutement, un message complémentaire vous sera adressé par ses soins dimanche, dès qu’il sera à l’école. Merci pour votre compréhension. Nermine Nada. » M. TUMPICH n’était effectivement pas même présent, et ce courriel montre assez qu’il n’est considéré que comme un homme de paille censé donner une caution tricolore à des décisions purement égyptiennes. Il a bien joué son rôle, avec ce courriel adressé aux parents le 31 mars, après m’avoir rencontré et avoir admis que j’avais été victime d’une provocation préméditée de M. Samuel METAUX : « Chers parents de 6ème, Je tiens à vous présenter mes excuses et celles de l’ensemble de la Section française pour l’incident qui s’est déroulé entre deux enseignants de la Section française dans l’enceinte de l’établissement [sic] mercredi dernier alors que je me trouvais à l’extérieur du pays. Bien que l’incident se soit déroulé hors du périmètre per say [sic] de la MISR Language Schools, il a eu lieu à 15h, un moment très important de la vie de l’établissement, dans un endroit où tout le monde pouvait voir les deux enseignants. C’est pourquoi cela concerne directement la direction de l’école. Comme je l’ai dit à vos enfants, le premier qui perd son sang-froid [sic] est toujours en tort et sera tenu pour responsable. Nous avons tous le droit d’être en désaccord avec d’autres personnes. On peut même ne pas les apprécier. Mais les conflits ne peuvent jamais être résolus par la violence. Comment peut-on faire confiance à quelqu’un qui a perdu son calme une fois ? C’est pourquoi Mme Nermine NADA et l’Ambassade de France ont conjointement décidé, pour la sécurité de vos enfants [sic], d’interdire à M. S. l’accès de l’établissement. Je poursuis mes investigations pour savoir ce qui s’est vraiment passé. J’ai parlé à vos enfants en classe aujourd’hui. Je sais que beaucoup d’entre eux apprécient M. S. qui est un bon professionnel. Je l’ai personnellement recruté. En tant qu’enseignants, nous devons toujours nous souvenir de donner l’exemple quelle que soit la situation. Un remplaçant sera trouvé rapidement. Je vous prie encore une fois d’accepter mes excuses au nom de la communauté française en Egypte, au nom de l’école et au nom de l’équipe enseigante. Bien à vous, Frédéric TUMPICH ».
[33] J’en informais M. TUMPICH le 3 avril, toujours en mettant la MLF en copie : « Monsieur Le Proviseur, J’ai pris connaissance de votre courriel adressé aux parents de 6e, et que je mets en pièce jointe. Vous m’avez notifié de ma suspension provisoire, alors que vous informez les parents de mon exclusion et de mon remplacement. Vous avouez que votre enquête est encore en cours, et que vous cherchez toujours à savoir ce qui s’est vraiment passé, alors que vous avez déjà décidé que j’étais le coupable et qu’il fallait me remplacer. Les faits et les témoignages qui vous ont été transmis à ce jour (et d’autres témoignages vous parviendront encore) prouvent sans le moindre doute que j’ai été provoqué et agressé à plusieurs reprises, dans l’école et à l’extérieur, et n’ai fait que me défendre de la manière la plus propre à préserver mon intégrité et à mettre fin à l’escalade dans laquelle voulait m’entraîner M. Samuel Métaux au sein de l’établissement même, devant les élèves, et à l’extérieur de celui-ci. Vous l’avez reconnu vous-mêmes durant notre entretien informel, en présence du représentant élu du personnel, entretien enregistré par mes soins et, m’a-t-il semblé, par les vôtres : Samuel m’a « tendu un piège ». Pourquoi donc persistez-vous à me présenter comme coupable, et Samuel comme innocente victime ? Du reste, l’incident le plus grave, concernant le plus directement l’établissement et étant de la responsabilité de l’établissement, est celui de mon « exclusion » arbitraire violant toutes les lois égyptiennes et françaises, et les statuts mêmes de la MLF, ainsi que tout ce qui s’est ensuivi en fait de violences et d’illégalité. Et effectivement, l’incident avec M. Samuel Métaux s’est passé loin de l’enceinte de l’établissement (à plusieurs centaines de mètres de l’entrée, hors de vue de quiconque se trouvant dans l’école, à l’entrée de l’école ou même dans le parking, et à ce moment-là la très grande majorité des élèves et parents s’y trouvaient), alors que ce qui s’est passé le Jeudi 28 Septembre a eu lieu dans ce qu’on pourrait caractériser avec beaucoup plus de pertinence comme le périmètre per se de l’établissement. Cet incident du 28 mars est à mon sens beaucoup plus grave, implique beaucoup plus la responsabilité de l’administration et nuit beaucoup plus à l’image de l’établissement et à la « sécurité » des élèves que l’incident « Samuel Métaux ». Celui-ci n’est devenu votre responsabilité directe que lorsque vous avez décidé, sans même daigner m’entendre et contre tous les éléments factuels à votre disposition, de prendre aveuglément son parti, en m’imputant la responsabilité complète de son agression. Je me souviens de notre première entrevue sur Skype, pendant laquelle vous me parliez du racisme ambiant à MISR, m’avertissant qu’en tant qu’Arabe, ce serait encore plus dur pour moi, et plus encore en tant qu’Algérien, et que du reste cela avait beaucoup joué dans le départ de Mme Myriam. Vous m’avez averti de ce à quoi j’allais m’exposer, mais vous m’avez présenté ce racisme comme émanant des parents et des élèves. Hors, je vois une expression magistrale de ce racisme dans la décision de l’administration égyptienne d’exclure un M. S. L. et de garder un M. SAMUEL METAUX, avant toute enquête, et malgré toutes les preuves accablantes contre M. Samuel METAUX qui vous ont été transmises. Et j’ai parlé à de nombreux parents indignés qui ont présenté la chose en ces termes – et pourrait-on aisément la présenter en d’autres termes ? Afin d’exercer mon droit de réponse et à la demande des parents d’élèves, je vous informe que j’organiserai la réunion que j’avais prévue (initialement pour parler de notre progression et de la sortie prévue aux pyramides), à un moment et dans un endroit que je communiquerai aux parents, mais c’est de l’affaire dont je suis victime qu’il sera question. Je me donnerai la liberté de communiquer tous éléments en ma possession afin de réhabiliter mon image que vous vous évertuez à ternir. S. L. »
[34] Voici le compte rendu de cette réunion dressé par mes soins suite au rapport que m’en ont fait les parents, et que j’ai adressé à ceux-ci le 10 avril : « Chers parents, Tout d’abord, je tiens à exprimer mes remerciements les plus chaleureux à tous pour votre soutien et tous vos efforts. Concernant la rencontre qui s’est tenue hier entre une délégation des parents de 6e et Mme Nermine et M. T., voilà ce qui m’a été transmis : – l’administration prétend toujours que c’est moi qui ai initié l’affrontement physique, bien qu’elle reconnaisse que j’aie été provoqué et insulté par M. Samuel ; – l’administration reconnait que j’ai été violenté par M. Yasser juste devant l’école, sous les yeux de mes élèves, alors que je n’avais rien fait : l’agression de M. Yasser était selon eux due au fait qu’il pensait que je représentais un danger pour les enfants et pouvais les blesser ; – l’administration ne peut tolérer aucune violence ou provocations, et condamne le comportement de M. Samuel et de M. Yasser, et leurs contrats seront rompus à la fin de l’année scolaire ; – l’administration considère toujours comme un fait avéré que j’ai perdu mon calme et eu un comportement excessif par une agression physique violente ; elle craint que je puisse être provoqué à nouveau dans une telle réaction, et en venir à violenter les enfants eux-mêmes. C’est pourquoi elle ne peut pas me garder dans l’école, pour leur propre sécurité et édification ; – l’administration invoque également mon intervention auprès des classes de 2nde A pour justifier cette décision, et prétend que je les ai gravement insultés [cf. note 33 de la première section pour le contenu de cette intervention] ; – la décision finale quant à mon sort sera prise par le Conseil des Parents qui tenu le jour même, à savoir hier. Je demande à tous les parents, qu’ils aient assisté ou non à cette rencontre (s’ils en ont eu des nouvelles par d’autres parents), de confirmer, récuser ou ajouter tout élément nécessaire à ce rapport. Jusqu’à présent, je n’ai reçu aucune notification de la part de l’établissement, ce qui est d’une illégalité flagrante… Je vous tiendrai informés et vous ferai suivre tous les documents pertinents, que je traduis actuellement en anglais. Bien sûr, je reste à votre disposition pour toute question que vous souhaiteriez poser, et je suis preneur de toute information ou conseil. Meilleures salutations, S. L..» Ce rapport fut validé avec un petit rectificatif par Mme G.*, représentante des parents, dans sa réponse adressée le jour même à moi-même et aux autres parents : « M. L., Permettez-moi de corriger un point. C’est le Conseil d’établissement qui statuera définitivement sur votre sort, et NON le Conseil des parents. Bien à vous ». Voici mon courriel du 16 avril aux parents : « Chers parents, Je vous informe que… l’administration refuse de régler le conflit à l’amiable, et il faudra donc mener une action en justice et bien au-delà. Comme je n’ai actuellement pas de poste, et que je n’ai même pas reçu mon salaire du mois de mars, je n’ai pas d’autre choix que de recourir à des cours particuliers, et bien entendu, ma priorité est mes élèves. Je suis donc prêt – c’est le moins qu’on puisse dire – à [dispenser] à vos enfants[des leçons particulières]… Mon numéro de téléphone est le 01026267675. Meilleures salutations, S. L. PS : Détails au sujet du litige. Bien qu’il ait été dit à la délégation de parents que la décision concernant mon sort était entre les mains du Conseil d’Etablissement (en réalité, il est censé se réunir ce jeudi 18), la décision a déjà été prise (en fait, elle a été prise dès la première minute, lorsque M. Samuel est venu à Mme Nermine en « pleurant comme un bébé », comme l’a dit un parent) : je ne serai pas autorisé à revenir et je suis toujours considéré comme le principal agresseur, et, plus encore, comme un danger pour les enfants eux-mêmes, en dépit des preuves accablantes qui démontrent que je n’ai fait que me défendre face à une agression verbal ET physique que je n’avais nullement causée, précédée de maintes provocations documentées de M. Samuel. Quant au fait que je serais un danger contre lequel vos enfants doivent être protégés, c’est tout simplement grotesque. Pas plus que je n’ai « perdu mon sang-froid » avec M. Samuel malgré tout ce qu’il a fait, je ne pourrais jamais « perdre mon sang-froid » avec des enfants ; et même dans l’hypothèse biscornue dans laquelle j’aurais un tel « mauvais caractère », alors, comme un parent l’a souligné, de tels problèmes se seraient produits au début, lorsque les classes étaient chaotiques, et certainement pas maintenant que tout va bien. M. Samuel sera également « renvoyé » à la fin de son contrat, puisque son comportement est enfin jugé inacceptable, grâce à vos efforts, mais j’ai été informé que l’administration justifie sa décision de me renvoyer dès maintenant et de le garder en déclarant que puisqu’il enseigne la Philosophie aux Terminale, qui passent le baccalauréat cette année, cela serait préjudiciable pour ces élèves de le renvoyer maintenant – comme si un tel argument pouvait être acceptable. Et bien évidemment, sa compagne Isabelle n’est pas du tout inquiétée, alors que la position officielle est que la « violence » n’est tolérée de la part de personne, et bien qu’il soit reconnu qu’elle m’ait donné un coup de poing – alors que tout ce que j’ai fait est de repousser fermement M. Samuel qui m’avait insulté, frappé sur la poitrine et poussé, comme le montrent clairement les témoignages écrits des enseignants (je les traduis en anglais et vous les transmettrai dès que possible). Mme Nermine a déclaré que la réaction d’Isabelle était « naturelle ». Mais l’auto-défense, la protection de mon intégrité morale et physique afin de mettre fin à l’escalade dans laquelle j’étais entrainé par M. Samuel, à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement, ne sont pas considérées « naturelles ». La partialité et l’injustice de ces décisions sont claires comme le cristal. Et bien sûr, jusqu’à présent, je n’ai pas été notifié officiellement (c’est-à-dire par écrit) de mon licenciement, ce qui signifie que contractuellement, j’ai l’obligation d’être présent à l’école (ou plutôt devant celle-ci) chaque jour, afin que l’administration ne puisse pas prétendre que c’est moi qui aurais rompu le contrat en ne me présentant pas sur mon lieu de travail. Sabrun jamil (la patience est une belle chose)… L’affaire sera portée devant les instances concernées et défendue jusqu’au bout, quel qu’en doive être le prix en fait de temps, de dépenses, de patience, d’efforts, de ressources, etc. Tout parent désireux d’aider en quoi que ce soit, que ce soit par un témoignage quant à ces faits ou tout autre fait pertinent, au sujet de mon expérience en tant qu’enseignant avec vos enfants ou tout autre élément concernant cette école, ou même avec des choses plus techniques comme la traduction de documents, les contacts auprès des autorités, des médias, d’associations, etc., sera bienvenu. Et bien sûr tout conseil également. Encore une fois, je vous remercie vivement pour votre présence à mes côtés, vos efforts, votre attention et votre soutien. »
[35] Cf. les notes n° 32 et 33, et encore ce courriel de la vie scolaire adressé le 9 avril aux parents de 6e : « Chers parents de 6ème, je vous transmets un mot du Proviseur: Des professeurs de l’établissement ont accepté d’enseigner le français en 6ème jusqu’à la fin de l’année scolaire. Je les en remercie. Mme Aline* G., professeure depuis 8 ans dans l’établissement et qui prépare actuellement les élèves du collège au Brevet, reprend la 6A. M. Eric* C., professeur de Lettres en Lycée qui prépare les élèves au Bac de Français en 1ère, reprend la 6ème B. Des modifications mineures d’emploi du temps ont lieu. Le nouvel emploi du temps a été distribué aujourd’hui. Il sera valable à partir de dimanche. L’heure d’ATP est remplacée par une heure de Matières Sociales en arabe pour la préparation des examens. Bien cordialement, CPE »
[36] Voilà le témoignage d’une maman d’élève de 6e B, Mme W*, au 1er avril, rapportant les dires de son fils : « Vous avez donné rendez-vous à Métaux à l’extérieur de l’école. Monsieur Métaux vous ayant agressé verbalement et physiquement, vous avez répliqué immédiatement en le blessant au cou avec un couteau Suisse. »
[37] Cf. ce message d’une élève de 6e daté du 31 mars 2013, juste après la propagande ignoble de Mr. Frédéric TUMPICH et de Mme Nermine NADA visant à me faire passer pour un élément dangereux pour les élèves eux-mêmes : « Cher M. Sayed, Ne soyez pas triste. M. Sayed on a tous pleurer quand vous etes exclue par l’ecole,on voulais vous voir mais l’ecole nous as dit que c’etait interdit. Je vous souhaite une bonne chance monsieur. (…) Toute les 6eme vous aime. » ; ou ce témoignage de Mme S***, parent d’élève de 6e A datant du 12 mai 2013, après que les diffamations à mon encontre aient atteint de nouveaux sommets : « Au sujet du Professeur S., je n’ai entendu que tout le bien possible de la part de mon fils et des autres élèves de sa classe et des autres classes et niveaux. Tous attestent fermement de ses bonnes manières dans son comportement avec eux. […] Je n’ai jamais entendu dire qu’il s’en serait pris en paroles ou en actes à aucun élève de la classe de mon fils depuis qu’il a pris ses fonctions dans cette école. Bien au contraire, au début, j’avais l’impression qu’il était exagérément doux avec ses élèves mais il semblerait que cela ait été sa manière de tisser des liens de proximité avec eux. Cette vue est soutenue par le très fort attachement et la grande affection qu’ils éprouvent maintenant pour lui. C’est pourquoi j’ai été abasourdie et déconcertée lorsque j’ai reçu, comme le reste des parents, une lettre de l’administration de l’école nous informant qu’il avait été suspendu de ses fonctions et renvoyé définitivement après une altercation qui s’est déroulée entre lui et un autre enseignant le jour de la décision. […] M. S. nous a informés qu’il n’avait pas été officiellement notifié par l’école et qu’il n’a pas reçu le moindre document le notifiant de sa suspension ou de son licenciement, sauf pour une durée d’une semaine. Et ce que je sais de M. S. et qu’il était résolu à rester devant les portes de l’établissement pour prouver qu’il n’était pas absent de son lieu de travail après l’expiration de cette période afin de préserver ses droits, comme le lui a conseillé son avocat. Je considère que les accusations qui sont portées contre lui, à savoir qu’il serait un danger pour les élèves ou enseignants, sont abusives, et j’ai entendu dire qu’il avait été soumis à beaucoup d’humiliations afin de l’empêcher de réintégrer l’école ou de parler aux élèves, et qu’il faisait tout cela pour défendre ses droits et obtenir des témoignages quat à la provocation du Professeur Samuel à l’intérieur de l’école avant l’incident, car il l’avait provoqué verbalement sous les yeux des élèves. »
[38] Témoignage du père de N*, parent d’élève de 4e : « N* affirme que les vigils de l’école ont menace les élèves en leur disant que la Directrice avait dit que les élèves qui parlent au Professeur S. auront des problèmes dans l’école. ». Témoignage de Mme. A*, parent d’élève de 4e : « J’ai entendu dire par plusieurs enseignants que la direction de l’école a menacé les enseignants pour qu’ils ne saluent pas le Professeur S. et quiconque nous voyait lui parler ou le saluer nous disait de ne pas l’approcher. » J’en faisais part aux personnels dans un courriel du 25 avril : « Jusqu’à présent, l’administration de MISR refuse de respecter ses obligations légales, que ce soit en me notifiant par écrit de mon exclusion et de ses raisons supposées… et en plus de tout cela, ils les ont menacés [les enseignants égyptiens] de perdre leur travail s’ils me parlaient (car je vais tous les jours à l’école, étant tenu de le faire par obligations contractuelles jusqu’à ce que le contrat soit officiellement rompu). Et à présent, presqu’aucun des Professeurs égyptiens, dont le témoignage personnel sera fourni à la justice (il le sera anonymement aux parents et personnels), n’ose me saluer ou me parler, par peur d’être dénoncé à l’administration par les gardes vigilants et zélés (qui ont également menacé plusieurs fois des élèves qui me parlaient d’être dénoncés à Mme Nermine et sévèrement punis, comme cela sera documenté), alors qu’ils me saluaient et me parlaient auparavant, me manifestant leur solidarité. Toutes ces actions évoquent plus les temps d’Al Capone, un chef de la mafia de Chicago dans les années 1920, qu’une école Française dans l’Egypte postrévolutionnaire au XXIe siècle. Si je n’avais pas vu tout cela de mes propres yeux, entendu cela de mes propres oreilles, et été directement la victime de tous ces mauvais traitements, tout cela et plus encore, depuis que je suis arrivé dans cette école, je ne le croirais pas facilement. Très certainement, des réflexes de l’ère de Mubarak, pour ne pas dire de l’ère de Pharaon, sont toujours mis en œuvre, de façon irresponsable et insensée. »
[39] Le « Mot du Proviseur » aux personnels du mardi 23 avril prétendait : « Dimanche, M. L. a filmé des élèves de première et de terminale dans l’établissement avec son smartphone. Il a été arrêté lundi par la police égyptienne et conduit au commissariat. Le consulat a été immédiatement alerté. D’après mes sources, M. L. aurait été relâché lundi soir. »
[40] J’adressai un long compte rendu aux personnels et parents d’élève le 25 avril 2013, dont j’ai déjà cité l’extrait concernant mon arrestation : « L’ironie est que l’administration m’a accusé, faussement et avec une impudence magistrale, de ce dont elle était elle-même coupable, à savoir menacer et brutaliser moralement enfants et professeurs, et me brutaliser physiquement moi-même. Ils m’ont diffamé sans la moindre preuve, mais en ce qui me concerne j’en fournirai à foison : et c’est ce que j’ai affirmé dans ma propre déclaration, après que la police m’ait lu ces accusations issues de la déclaration de l’administration, que j’ai évidemment niée. Et lorsque la police a réalisé que j’étais loin d’être le fou furieux qu’on leur avait décrit, et découvert que j’avais moi-même, avec mes avocats, déposé une plainte auprès d’eux plusieurs jours auparavant au sujet de l’illégalité des actions de l’école et que je réclamais seulement mes droits d’une manière légale et légitime, tout est allé pour le mieux, d’une manière civilisée. Contrairement aux allégations de M. TUMPICH dans un e-mail aux personnels, je n’ai pas été « relâché » Lundi soir, mais Lundi vers 14h, après avoir répondu à la déposition de l’école par mes propres déclarations, à l’échelon de justice supérieur (« niyabi » ce me semble). M. TUMPICH a également annoncé aux personnels dans cet e-mail que ce qui s’était passé avec la police était dû à de soi-disant photos que j’aurais prises avec mon « smartphone » (je n’ai jamais rien possédé de tel), ce qui d’une part est faux, et d’autre part est inconsistant avec les prétendus faits mêmes, puisque ce pseudo-incident a eu lieu le jour précédent, le 21 avril, alors que la police, comme ils nous l’ont dit eux-mêmes, était appelée depuis des jours et était déjà venue bien auparavant et ne m’avait pas trouvé (des professeurs ont vu et attesté de leur présence). Et dans la déclaration qui m’a été lue au poste de police de Gizeh, contenant les accusations de l’administration, les soi-disant photos n’ont été évoquées qu’à la fin, après les menaces, agressions et insultes contre les élèves et les professeurs, et toute personne rationnelle reconnaîtra qu’une intervention si musclée de la police ne peut être que pour des raisons alléguées aussi sérieuses. Mais d’ores et déjà, chacun est à même de distinguer qui s’appuie sur l’illégalité, les mensonges et l’intimidation, et qui s’appuie sur les faits avérés et les actions légales. ».
[41] Cf. ce courriel de M. Frédéric TUMPICH aux personnels datant du 13 mai : « MISR ne poursuit pas M. L. en justice. L’établissement n’a rempli aucune plainte contre lui. En revanche, suite à son arrestation après qu’il a filmé des élèves depuis l’extérieur de l’établissement, M. L. fait l’objet d’une interdiction de s’approcher de l’établissement. C’est M. L. qui assigne l’établissement en justice dans l’équivalent des prudhommes. Le Ministère des Forces Productives s’est mis en contact avec l’avocat de l’établissement pour parvenir à une conciliation. »
[42] Voici ces accusations, synthétisées dans mon courriel du 25 mai : « faits d’agression ; harcèlement des élèves et des Professeurs empêchant le fonctionnement de l’école ; photographies de l’école, de Professeurs et d’élèves de moins de 15 ans (l’incident en question avait eu lieu lorsque des élèves de… Terminale ont voulu quitter l’école sans autorisation et forcer le passage : MISR est bel et bien une école d’élite, on y passe le bac avant 15 ans !) ; fuite de ma part ce jour-là, poursuivi par les gardiens (sic) ; tentative d’empêcher le fonctionnement de l’école ; c’est moi qui ai provoqué et agressé un collègue sous les yeux d’autres Professeurs, d’où mon expulsion temporaire décidée par la direction française (M. TUMPICH affirmait que c’était la direction égyptienne dans son courrier du 31/3…) ; durant mon expulsion provisoire, je serais venu chaque jour et j’aurais même essayé de rentrer de force dans l’école (alors que je ne me suis pas même représenté une seule fois à l’école du 1er au 7 avril, et que je n’ai jamais ne serait-ce qu’esquissé un tel geste…) ; diffamation ; etc. »
[43] Voici ma réponse du 18 mai, dans laquelle je soulignais les évolutions de la position de M. Frédéric TUMPICH : « Chers collègues, Suite au courriel que vous a adressé M. TUMPICH le 13 mai, dans lequel il dément mon affirmation selon laquelle l’école a déposé une plainte contre moi à la police (jism al shorta) puis au Parquet (niyabi) pour agressions, menaces et insultes (et « photos »), rétablissant ainsi, selon ses dires, la « vérité », je confirme, preuves rationnelles et factuelles à l’appui, que j’ai bien dit la vérité, et qu’il s’agit d’un énième mensonge (tout aussi mal inspiré que les précédents) de la part de l’administration de MISR. Il est vrai qu’une telle version aurait eu l’avantage de favoriser une attitude de « Chevalier de la noble conscience » (cf. Karl Marx), en vous dissuadant, ce qui est l’objectif dudit courriel, de me transmettre vos témoignages comme mon avocat et moi-même vous y invitons, mais elle est inexacte et inepte, et je me dois de procéder à une nouvelle « Réfutation de la réfutation » (cf. Ibn Rushd – Averroès : loin de moi l’idée de comparer quiconque dans l’administration de MISR à Ghazali) : 1 / M. T., qui persiste à défendre, contre le bon sens et la chronologie des faits que j’ai rappelée dans mon courriel précédent, que l’intervention de la police est due au [f]ait que j’aurais filmé des élèves, laisse donc entendre que l’action qui a été intentée contre moi au Parquet serait soit une invention de ma part, soit une initiative des forces de police elles-mêmes, qui, comme chacun le sait, n’ont rien de plus important à faire dans l’Égypte actuelle que de poursuivre au pénal des ressortissants étrangers qui « filmeraient des élèves ». Il prétend qu’une intervention si musclée de la police, suivie d’un enfermement dans une cellule exigüe, puis d’un transfert de ma personne, qui, conformément à la procédure, devait être menottée comme un criminel durant le trajet jusqu’au Parquet, instance responsable de la décision de me maintenir en détention ou de me libérer, peut se faire pour des motifs aussi légers, sans plainte de la part de l’établissement. Il faut avoir une dose exceptionnelle de crédulité (ou de mauvaise foi) pour croire à de tels boniments, et une toute aussi grande dose de culot (bien plutôt d’indécence) pour oser les énoncer – ou simplement les répéter. 2 / Pour dissiper tout doute, légitime ou non, il se trouve que j’ai en ma possession le texte de cette longue plainte qui a été déposée contre moi au poste de police (avec la réponse), et qui a été réitérée au Parquet, par les représentants de l’établissement. Ils ont fait deux déclarations, à deux reprises, une à la police, puis une au Parquet, qu’ils ont toutes deux signées. Et non pas comme témoins, mais comme accusateurs. Je mets la copie de l’original en pièce jointe (le texte est en arabe manuscrit, comme c’est l’usage) et je vous transmettrai sa traduction en français très prochainement. La « vérité », la vraie, est donc « rétablie », et chacun peut donc, en connaissance de cause et preuves à l’appui, décider de ses (in)actions face à ces accusations gravissimes et diffamatoires portées contre leur collègue et concitoyen, et en répondra pour le moins devant le tribunal de sa conscience – si les choses en restent là, ce qui est à la limite de l’impossible. 3 / Je remarque cependant quelques points positifs dans ledit courriel de M. TUMPICH : a – il n’assume pas cette déclaration de « vérité », en attribuant la responsabilité à Mme Nermine Nada, ce qui est un progrès notable depuis le temps où il déclarait impudemment à mes élèves de 6e que j’étais un agresseur et un danger pour leur sécurité, contre lequel ils devaient être protégés : brutalisation morale ignoble pour quiconque connaît leur très grande affection pour moi, avant même la diffamation inqualifiable qu’elle constitue (et de laquelle vous rendrez également compte devant les instances compétentes en Egypte et en France, M. T., croyez-moi) ; b – il ne prétend plus qu’implicitement que l’action intentée contre moi soit due aux soi-disant photos/vidéos d’élèves, comme le montre l’emploi de la locution conjonctive après que qui indique la succession et non la causalité (que M. Métaux me corrige si je me trompe) ; c – j’ai bien fait l’objet d’une interdiction de m’approcher de l’établissement, mais c’est justement durant le temps de l’enquête du Parquet, qui doit déterminer quelles accusations sont véridiques, celles de l’établissement à mon encontre, ou les miennes au leur. »
[44] Extraits de ce courriel : « un nouvel incident très grave s’est produit lorsque je suis parti, autour de 15h25. Alors que je rentrais chez moi et que j’étais au téléphone, marchant sur la rue du Lycée, presque parvenu au niveau de la route de Fayoum, une main s’est posée sur mon épaule. Je me suis retourné, et ai vu, si je ne m’abuse, M. Mohamed Mahrous al Chafi’i, l’adjoint du chef des vigiles, dans un état d’excitation manifeste. Ayant déjà été menacé et physiquement intimidé par cet individu (je m’en suis plaint sans le nommer à M. TUMPICH dans un courriel du 8 avril), qui est, il me semble, un des auteurs du faux témoignage à la police et au Parquet (c’est comme ça que je crois pouvoir identifier son nom), et n’ayant rien à dire ni à entendre de quiconque de l’administration de MISR hors de l’établissement, je me suis détourné de lui et ai poursuivi ma conversation et ma marche en direction de chez moi. Il a reposé sa main sur moi plus agressivement encore, je l’ai repoussée de même, puis il l’a encore reposée en me tirant avec force en arrière pour me forcer à l’écouter, et je l’ai repoussée fermement une troisième fois et lui ai fait face, sans couper ma conversation. Il m’a menacé des plus graves problèmes si je m’avisais de revenir près de l’établissement, et le ton employé ainsi que son agression physique caractérisée ne laissaient guère de doutes sur ce qu’il voulait me faire entendre. Je lui ai répondu qu’ils comprendraient bien assez tôt qu’ils avaient affaire à quelqu’un qui était en mesure de se défendre par tous les moyens légaux à disposition, et qu’aucune intimidation ni agression ne sauraient m’empêcher de réclamer et d’obtenir mes droits. Il m’a répondu par une insulte encore plus grave que celles de M. Métaux : M. Mohamed Mahrous al Chafi’i a directement insulté mes parents, me disant « ya bna al woskha », ce qui signifie « fils de la merde », « fils de la saleté », et qui est une insulte extrêmement grave chez les Arabes, destinée sans aucun doute à entraîner une réaction de ma part qui pourrait leur permettre de ternir mon image auprès des élèves et parents, leurs efforts ayant échoué jusque-là, et de déposer à nouveau une plainte contre moi, avec plus de chances de succès. Je n’ai bien entendu pas réagi autrement qu’en lui disant que très bientôt, la justice trancherait entre nous. Puis j’ai repris mon chemin – et ma conversation téléphonique, qui n’avait pas été coupée. […] Pour ceux qui voulaient / pouvaient encore en douter, il est clair que cette administration n’a que faire de la légalité, ni de la légitimité : elle a recouru aux violences, aux intimidations, à l’illégalité, aux faux témoignages, et rien de tout cela n’étant venu à bout de ma détermination, elle surenchérit dans les violences physiques et verbales. Quand, et où cela va-t-il s’arrêter ? Combien de temps ces procédés de mafia, ces intimidations seront-ils permis par la complicité et les inactions des uns et des autres ? M. Mohamed Mahrous al Chafi’i, qui ne pouvait rien faire sous les yeux des élèves, a donc attendu que tous soient partis, et m’a poursuivi sur toute la rue du Lycée (je marchais assez vite, et sa taille et son embonpoint le forçaient nécessairement à courir) pour me rattraper vers la route de Fayoum et m’agresser physiquement et verbalement : est-ce là le signe d’une « perte de contrôle » de l’administration, exaspérée de l’échec de toutes ses manœuvres ? (…) Et que dire maintenant de ce qui s’est passé avec M. Mohamad Mahrous al Chafi’i, de ce qui pourra se passer dans les jours à venir ? Car il va sans dire que chaque fois que mon emploi du temps me le permettra, je me présenterai à mon poste (qui est toujours, légalement, mon poste, MISR n’ayant toujours pas rompu le contrat qui nous lie ni ne m’ayant transmis de quelconque notification). Et ce qui adviendra sera de la responsabilité des acteurs, des complices actifs et des facilitateurs. »
[45] Voilà la traduction de l’article original, en arabe, adressé aux personnels le 21 juin : « L’école m’empêche arbitrairement de travailler. Je suis un citoyen français, et je travaille en tant que Professeur de Français dans l’une des écoles de langues étrangères, celle qui se trouve sur la rue de Fayoum. En mars, j’ai été mis en arrêt de travail pour une durée d’une semaine après une dispute entre moi et un collègue, sans la moindre enquête/confrontation entre moi et ce collègue, sachant que cette dispute s’est produite en dehors de l’enceinte de l’école, et malgré le fait que c’est mon collègue qui était en tort à mon égard, la suspension était à mon encontre seulement. J’eusse espéré que l’histoire s’arrête là, car ensuite la direction m’a empêché de rentrer à l’école après la fin de la suspension provisoire, m’empêchant de signer le carnet de présence, ce qui me déclarait comme absent de mon poste sans raison et leur donnait un droit de m’exclure définitivement. Et bien qu’elle m’empêche de reprendre mon poste, l’école refuse de me donner une notification d’exclusion officielle… et elle ne m’a pas donné mon salaire depuis le mois de mars dernier. A cause de cela, j’ai déposé une plainte contre eux à la police des Pyramides mais elle a été déboutée, de même que j’ai déposé une plainte contre eux au Ministère du Travail, et à la Direction de l’Enseignement et de l’Éducation de Gizeh, plainte numéro 286/8/5/2013 et également à la direction de l’Éducation des Pyramides, plainte numéro 1201/31/5/2013 mais sans aucun résultat jusqu’à présent. Et la direction de l’école ne s’est pas limitée à cela, mais elle a propagé des calomnies dans d’autres écoles, comme quoi je serais très dangereux pour les élèves, alors que j’ai des attestations de parents d’élèves qui nient cela et demandent mon retour à l’école. Et donc, je demande à la Direction de l’Éducation et de l’Enseignement de Gizeh de rendre justice, d’examiner ma plainte, et de me rendre mes droits dus en me réintégrant dans l’école à mon poste. Professeur S. L. – De nationalité française » »
[46] Dans le compte rendu que j’en fis à mes proches le 14 juin, je décrivais le « cirque qui s’est fini à la police de Gizeh, avec d’une part des membres de l’administration de l’école et une maman d’élève, et d’autre part mon cabinet d’avocats au complet (…) venus pour enterrer la plainte que MISR voulait déposer contre moi et le beau-frère du Sayed (les photos étaient destinées à être publiées dans un prochain article). Il a été saisi manu militari par les gardes, sévèrement malmené, et embarqué dans l’établissement puis au poste après l’arrivée de la police (j’ai rien fait pcq on avait prévu ça, pas de violence quoi qu’il arrive, on s’est écartés pour pas qu’ils aient plus d’otages, comme conseillait l’avocat ; la seule chose que j’ai pas prévue c qu’il y a que la moitié des élèves à l’école, donc moins de témoins, et les probabilités d’action de leur part étaient donc bcp plus élevées que prévu). La carte mémoire a été piquée, quel dommage. La plainte qu’ils voulaient déposer contre nous deux parlait carrément d’agression et de vol, une maman allait déposer un tel témoignage, que nous voulions lui arracher son sac à main (l’article de journal disait que je n’avais pas touché mon salaire depuis Mars, ils se sont peut-être dit que c’est un bon alibi pour voler les sacs à main…). On a fait un accord parce qu’ils avaient cet « otage » égyptien, et il aurait pu avoir de graves ennuis dans ce pays de non-droit, c’est un père de famille et il avait effectivement pris des photos sans être journaliste, j’avais très peur pour lui (le Sayed encore plus) et (…) faisant toute confiance à mon avocat, j’ai accepté de ne plus revenir devant l’école (c’est la fin de l’année de toute façon, à peine la moitié des élèves vient encore) contre sa relaxe sans suites. »
[47] Voici mon courriel du 21 juin : « Chers collègues, chers compatriotes, Par ce courriel, je démens les déclarations mensongères et diffamatoires de M. TUMPICH dans le « Mot du Proviseur » daté du [15 Juin] […] Au-delà de son invraisemblance, ce récit ne laisse pas de laisser bien des questions essentielles sans réponse : à quoi pourraient servir de tels « petits films » ? qu’est-ce qui pourrait justifier le recrutement, il faut le croire, de mercenaires ? ces prétendus aveux ont-ils été obtenus en présence de la police ? consignés sur procès-verbal ? y a-t-il eu des poursuites engagées ? qu’aurait bien pu faire mon avocat, des heures durant, devant l’école déserte ? etc., etc. Ainsi, indépendamment même de ce qui s’est réellement produit, cette version des faits ne manque pas de présenter des incohérences criantes, ou du moins de laisser des questions en suspens. Ou plutôt, de suggérer insidieusement des réponses qui sont de fait des accusations extrêmement graves, au diapason de ce qui s’est fait jusque-là. Enfin, M. TUMPICH se garde bien de mentionner un élément essentiel, qui sape les fondements de ce récit, à savoir que ce jour-là, le Jeudi 13 juin, j’étais présent devant l’entrée du Lycée. Qu’y faisais-je ? Je distribuais des journaux aux parents et professeurs. Sous les yeux de tous. Dont ceux de mes collègues et compatriotes qui sortaient à 14h, bien qu’à l’exception notable d’un d’entre eux (qui m’a salué et a pris un exemplaire du journal), ils aient choisi de détourner le regard, faisant mine de ne pas me voir. L’article de journal sur lequel l’attention était attirée, que vous trouverez en pièce jointe (avec une traduction en PJ), parlait du différend qui m’oppose à l’établissement – qui est toujours, légalement, mon établissement, je le rappelle, pour ceux qui considèrent, au-delà même des principes moraux, que le droit positif importe (qu’il s’agisse des lois égyptiennes ou des lois françaises). On comprend aisément qu’une personne qui publie ses doléances dans la presse, dans le journal de la Présidence de la République de surcroît, sollicitant l’intervention des pouvoirs publics, et qui vient en personne le distribuer, ne peut être présenté comme un criminel agissant dans l’ombre, d’où cet escamotage spectaculaire. Le fait que M. TUMPICH se permette cela est la preuve la plus éloquente de l’atmosphère de terreur, de la lourde chape de plomb qui pèse sur cet établissement, car il sait que personne n’y prendra la peine de le démentir ou de lui demander des comptes. Au contraire, tous les collègues qui m’ignoraient peuvent ainsi presque se convaincre, bien volontiers, que la version des faits de M. TUMPICH est véritable, tellement elle est arrangeante, accréditant le processus de dénégation. Je comprends bien que nombreux sont ceux qui préfèreraient faire abstraction totale de ma présence et de mon existence, des faits connus de tous, et dont je suis la principale, l’innocente victime, que ce soit pour leur « carrière », ou pour la paix de leur conscience, indifférents au sort de leur collègue et concitoyen. Quant à l’ « individu », qui malgré les déclarations et les sous-entendus de M. T., ne faisait que me photographier pour avoir une preuve de ma présence et de mes actions, dont le courriel de M. TUMPICH prouve une nouvelle fois et sans conteste qu’elles sont effrontément dénaturées et même effacées et niées, il a eu droit au traitement de faveur des vigiles (et non des parents), auquel j’avais déjà moi-même goûté mais n’étant pas un citoyen français, cela a été encore plus violent : balayage au sol, coups et blessures (jusqu’au sang), vêtements déchirés, hématomes, et ce malgré son comportement pacifique : il a donné sa carte mémoire sans broncher, son porte-monnaie lui a été pris – il s’était interdit toute résistance, quels que soient les actes de violence, prévisibles et prévus, auxquels lui ou moi-même aurions pu être soumis. Et malgré cela, il a été entraîné de force à l’intérieur de l’établissement, ce qui est rien moins qu’un kidnapping, seule la police étant habilitée à faire cela (il aurait été aisé de le dénoncer avec son nom s’il ne s’était agi que de cela, ou de le garder à vue à l’écart en attendant l’arrivée de la police, mais d’autres projets étaient en œuvre). Ayant été brutalement repoussé par un vigile alors que je m’approchais au moment de sa capture, je suis pour ma part reparti dans le calme, comme nous l’avions prévu en cas de violences, refusant de rentrer dans l’escalade où cette administration voulait clairement nous entraîner. L’administration de l’établissement a ensuite effectivement fait conduire cet « individu » au poste de police de Gizeh, mais comme cela s’était passé pour moi, les chefs d’accusation ne se limitaient guère à la « prise de vues ». Une maman d’élève, dont je ne révèlerai pas le nom pour les raisons qui vont suivre, était prête à appuyer des accusations diffamatoires extrêmement graves à l’encontre de cette personne et à mon encontre, à savoir agression contre elle et son enfant et même acte crapuleux – une tentative de vol de ses effets. C’est extrêmement vraisemblable pour une personne qui vient publiquement distribuer des journaux parlant de lui, mais l’administration était décidée à mettre fin à ma présence à tout prix, en s’attaquant non plus seulement à moi, mais à un digne père – et soutien – de famille. Etant donné le rapport de force en questions, et le « témoignage » direct de deux « témoins oculaires » (l’avocat de MISR disait également qu’il m’avait vu agresser des élèves, jusque dans mes classes ; à se demander pourquoi ils m’ont gardé si longtemps comme enseignant, ou pourquoi ils manquent tant d’inspiration pour remplir une notification d’expulsion), il va sans dire que ce père de famille risquait l’incarcération, et moi-même de nouvelles poursuites, ces procédés visant à me faire renoncer à mes droits par l’intimidation et les violences. Il a fallu toute la force de mes avocats, qui étaient prêts à porter recours aux plus hautes instances nationales et attaquer en justice tous les protagonistes de ces actes inqualifiables (violences caractérisées, prise d’otage, menaces, accusations diffamatoires, etc.), pour mettre fin à ces procédés, faire reculer l’administration et sa complice, Mme R*, et un accord a pu être conclu, avec à la clé la relaxe immédiate de cet « individu », sans suites. C’est eu égard à cet accord que je ne révèle pas le nom de cette maman. Quant à l’affirmation selon laquelle cet « individu » aurait été payé par moi, « selon ses dires », en plus d’une double diffamation du fait de M. T., elle illustre l’éthique respective des deux parties : mes amis n’ont pas besoin d’être payés pour être à mes côtés, quels que soient les risques encourus, et les violences ne peuvent les contraindre à un faux témoignage : en effet, en plus des violences, et après son démenti initial, de graves menaces ont été exercées contre lui pour qu’il prétende avoir reçu de l’argent de ma part, ce alors qu’il était otage à l’intérieur de l’établissement, mais en vain. Je précise que le texte de l’accord conclu ensuite pour sa relaxe stipulait qu’il ne parlerait jamais publiquement de ce qui s’était passé, cette exigence ayant été édictée par l’avocat de MISR. On comprend aisément pourquoi. Ainsi les propos de M. TUMPICH sont-ils de nouvelles calomnies à mon encontre, proférées en toute connaissance de cause, et visant encore une fois à me salir, dans la continuité de tout ce qui a été fait depuis le 28 mars […] ».
[48] Courriel de M. TUMPICH aux personnels datant du 22 juin : « Le conseil d’établissement prévu pour le 27 juin doit être annulé faute de quorum prévisible. […] Le tohu-bohu de la fin de l’année nous a empêché de nous quitter selon les règles. Je n’ai pas pu dire au revoir comme je le souhaitais à beaucoup d’entre vous et je le regrette. Je tiens à vous remercier tous pour les efforts que vous avez réalisés. »
[49] Cf. note n° 32. Ainsi M. TUMPICH écrivait-il encore le 12 avril, dix jours après son aveu selon lequel j’avais été victime d’un « piège » de M. Samuel METAUX et après avoir reçu mon rapport circonstancié et maints témoignages accablants : « Parce qu’il avait porté la main sur son collègue, M. L. s’est vu interdire l’accès de l’établissement par Mme Nermine, en accord avec M. Paul Petit, attaché à la Coopération éducative et représentant du Conseiller Culturel. A mon retour, j’ai vu séparément MM. Samuel METAUX et L., écouté les versions des témoins et j’ai signalé par écrit à M. L. une mise à pied d’une semaine. […] Mme Nermine et moi avons aussi été discuter avec les élèves de 6ème pour mettre fin aux rumeurs et avons communiqué avec les parents par écrit puis en recevant une délégation. Le sens de notre message était simple: nous avons rappelé que le recours à la violence physique était inexcusable. Le siège de la MLF a été tenu au courant. »
[50] Voilà le texte de la pétition, qui fut signée par 17 enseignants, dont un égyptien et une signature illisible sans nom (soit moins d’un tiers des personnels) : « Le Caire, jeudi 11 avril 2013. Objet : situation de Mr S. L. – à l’attention de Madame NERMINE Directrice du Lycée MISR Language Schools. Nous, professeurs de la section française du Lycée Misr Language Schools, considérons que le sort réservé à notre collègue S. L. est anormal et inacceptable. En effet, celui-ci a été suspendu par Mr T., Proviseur de la section française pour une durée d’une semaine à compter du 1eravril 2013. Or à ce jour, vous interdisez toujours à M. L. S. de pénétrer dans l’Etablissement et il nous a informés qu’aucune autre suspension ni notification de licenciement écrite ne lui a été transmise. Ainsi, il stationne toute la journée, depuis plusieurs jours devant la porte de l’école de 8h à 15h pour, comme il le dit lui-même, « assurer son service ». Les élèves, les parents d’élèves et les enseignants sont témoins de cette situation incompréhensible et invraisemblable. Il nous semble impérieux, dans l’intérêt de tous, que M. L. soit fixé au plus vite de la décision que vous avez prise à son égard, afin que cet état de non droit ne conduise à une situation qui se détériore davantage. Nous vous exprimons notre confiance pour résoudre ce problème et vous prions d’agréer, Madame Nermine, l’expression de nos sentiments respectueux et dévoués. »
[51] Cf. le courriel de M. TUMPICH aux personnels daté du 19 avril : « Le cas de M. L. est maintenant examiné par le board de Misr language schools. L’avocat de M. L. est entré en contact avec celui de l’école. Plusieurs collègues ont adressé à Mme Nermine NADA une pétition demandant la régularisation de la situation administrative de M. L.. Mme Nermine NADA a l’intention de rencontrer les signataires en ma présence dimanche ou lundi. »
[52] Courriel de M. TUMPICH aux personnels daté du 12 avril 2013 : « En mon absence encore, un élève de Seconde a affirmé que son enseignant l’avait poussé en cours jusqu’à le faire tomber. J’ai vu le père de cet élève avec Mme Nermine. Celui-ci était confus de l’attitude de son fils. En effet, cet élève avait été exclu de cours par l’enseignant et était revenu en classe deux fois de sa propre initiative, contrevenant ainsi directement à un ordre de son professeur. Nous avons demandé à l’élève d’écrire une lettre d’excuse à l’enseignant, ce qui a été fait. Il a manifesté un repentir sincère (sic). Une sanction d’exclusion avec sursis a été prise à son égard. J’ai rendu visite aux classe de Seconde et leur ai demandé de se comporter correctement en cours. »
[53] Dans un courriel aux personnels daté du 13 mai, M. TUMPICH les félicitait de leur « stoïcisme » et de leur dévouement à l’égard de la hiérarchie, s’adressant en particulier à une collègue qui m’a remplacé à mon poste. Avant mon affaire, elle se plaignait constamment – et légitimement – d’être sous-payée et mal traitée, et je l’encourageais à se plaindre et réclamer son dû, ce qu’elle n’a pas osé faire. Mais lorsque la direction lui a demandé de prendre en charge mes classes en échange d’un meilleur traitement, elle a accepté : le malheur des uns fait le bonheur des autres. Quant à l’autre collègue, c’est celui qui accabla M. François* E. et nia l’évidence de sa situation dangereuse, jusqu’à qu’il soit agressé : « Mes remerciements particuliers à Mme Aline* G. et à M. Eric* C. :Nos deux collègues n’ont pensé qu’à l’intérêt des élèves quand il a été question de procéder au remplacement de M. L.. Ils ont accepté un surcroît de temps de présence, de préparation et de correction pour que les élèves ne pâtissent pas de la situation. Ils ont dit oui tout de suite et sans hésiter. Au moment où ils sont pris à partie directement et nommément, par courriel, je tenais à leur manifester ma reconnaissance et mon soutien. » Voir ma réponse en note 59. Cf. Article 223-6 du Code pénal : « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne s’abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours ».
[54] Courriel de M. Frédéric TUMPICH aux personnels datant du 7 juin : « Avant que tombe la nouvelle de ma condamnation aux galères et qu’on me mette les fers aux pieds, je pense avoir le temps de préparer tous vos contrats et de vous communiquer l’actualité de la semaine. »
[55] Cf. mon courriel du 8 mai aux personnels : « Comme vous le savez, je dois maintenant répondre des accusations gravissimes de l’administration de MISR (agressions, insultes et menaces réitérées à l’encontre d’élèves et de professeurs, etc., en-deçà et au-delà des incidents du 27 mars) devant la justice égyptienne : il ne s’agit plus seulement de propos diffamatoires visant à défendre les décisions et actions iniques de cette administration devant les parents, et qui ne nuisaient « qu’à » mon poste, à ma réputation et à mon avenir en tant que Professeur, en Egypte et ailleurs (bien peu de chose, j’en conviendrais), mais d’un dépôt de plainte officiel, enregistré auprès de la police puis du « Parquet » (niyabi, échelon supérieur de justice), et duquel au moins trois membres de cette administration ont témoigné (leurs noms seront révélés en temps voulu, mais qu’ils soient assurés dès maintenant que ces accusations diffamatoires ne resteront pas impunies). Cela peut donc me coûter très cher. J’ai été dénoncé comme un véritable danger pour tous les élèves, et pour tous les enseignants, dont ceux-ci doivent être protégés. Rien moins que cela. Ce qui n’est pas bien surprenant du fait des actions drastiques qui ont été prises à mon encontre, et qui doivent être justifiées a posteriori par des prétextes imaginaires du fait de l’ampleur qu’ont pris les événements. Quiconque doté de bon sens comprendra que de telles accusations au pénal ne peuvent être que très sévèrement sanctionnées, et qu’on ne peut pas permettre à un étranger de venir en Egypte pour perpétrer de tels actes, surtout dans le contexte actuel d’instabilité : il faut donc d’ores et déjà envisager, si j’étais reconnu coupable, une condamnation allant de la prison à l’expulsion assortie d’une interdiction de territoire – ce qui n’est du reste pas sans évoquer ce dont m’avaient menacé M. Paul Petit, Attaché de Coopération Educative représentant M. le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France (bien qu’une expulsion par des autorités égyptiennes soit plus règlementaire qu’une expulsion manu militari par des diplomates français en territoire étranger), puis M. Frédéric TUMPICH, respectivement les 28 et 30 mars derniers. »
[56] Voilà quelques-uns des courriels qui m’ont été adressés par les collègues ayant daigné me répondre, à partir du mois d’avril, en parfaite connaissance de mon innocence, de ce que j’avais subi et de ce que je risquais : « S.,Je ne compte pas faire ce que tu m’as demandé car cette histoire ne me concerne pas. Je n’ai pas envie d’être emportée dans ton œil du cyclone comme je te l’ai déjà dit. […] Je comprends tes frustrations mais je ne peux rien faire pour toi. » ; « Salam. C’est gentil de me retirer de la liste de ces mails s’il te plait car cette histoire ne me regarde pas. Bon courage à toi. Que Dieu te garde [sic]. » ; « Bonjour S., Tout d’abord, je voulais te dire que je te souhaite sincèrement que des bonnes choses. Par contre, je ne suis pas convaincu que mon témoignage joue réellement en ta faveur. C’est donc pour cette raison que je ne tiens pas à m’engager davantage dans cette voie. […] De part et d’autre, je trouve que ce comportement, d’autant qu’il s’est fait en face d’un établissement scolaire, est lamentable [sic]. Ceci sera mon unique communication. Je ne répondrai à aucun autre message. Cordialement » ; « S. bonjour, peut-être ai-je raté un chapitre ou même te trompes-tu de personne, mais je ne me souviens pas que tu m’aies demandé un témoignage quelconque, car même je ne vois pas quand nous nous sommes vus pour la dernière fois ??? (dans ma classe un matin tu attendais qu’arrive un prof du primaire). es-tu sûr que c’est moi ? 🙂 » ; « Salut S., Je ne t’ai pas répondu car je ne pense pas que mon témoignage soit pertinent – à tout point de vue. Pour ce qui est des faits – attitude envers les élèves, qualité du travail… : quelle matière possèdé-je [sic] ? Quant à la valeur morale : que puis-je affirmer ? Pourtant j’y ai réfléchi. Et j’en suis arrivé à la conclusion que tout ce que je pouvais dire n’avait pas de fondement véritable. Même la chose la plus simple pour moi – on n’accuse pas quelqu’un d’être dangereux parce qu’il a eu des mots avec un tiers – ne relève pas du témoignage mais du bon sens. Mais cela c’est le travail de la justice. Je te souhaite le meilleur » ; « salut S., je n ai rien de spécial a temoigner ni pour ni contre toi …. sinon je l aurai déjà fait. la seule chose qui me semblait réalisable était la signature pour la lettre que nous avons transmise a Nermine NADA. je t ai déjà fait part dan un mail précédent de mon sentiment a propos de cette #affaire#… et tu n es toujours pas allé prendre le frais au bord de la mer, me semble t il ! [sic] je te souhaite du courage pour la suite! bonne continuation » ; « Salut S., J’ai bien reçu tes mails mais je n’ai pas grand chose à dire quant à ta presence dans mon cours, tu es resté au fond de la classe à observer. Tu n’as pas vraiment eu d’interactions avec mes élèves, je ne vois pas quoi écrire. J’espère que ton affaire se terminera bien pour toi mais je n’ai vraiment pas de quoi écrire un compte rendu. Bonne chance en tous cas » ; « Je te remercie d’enlever mon adresse mail de la liste des personnes auxquelles tu envoies régulièrement des messages. […] Je souhaite, comme toi apparemment, que mon droit à recevoir ce que je veux et m’intéresser à ce que je veux soit respecter. Je te remercie de considérer qu’il n’y a pas que tes droits qui doivent prévaloir. Bonne journée. PS La loi permet à quiconque ne souhaite plus recevoir de spams de se désinscrire. »
[57] Je le soulignais dans un courriel du 18 mai à la direction de MISR, aux collègues et à la MLF : « Il va de soi que si l’administration s’est permis tout cela, c’est qu’elle comptait sur l’inaction des personnels, du fait de l’intimidation et des craintes de retombées quant au poste ou à la « réputation », à l’avenir, etc., et chacun devra assumer ses plus ou moins grandes responsabilités, directes ou indirectes, dans tout ce qui s’est passé jusque-là, et dans tout ce qui peut advenir. Je me dois de souligner ici, encore une fois mais publiquement, que les collègues qui ont accepté de prendre mon poste jusqu’à la fin de l’année (Fabien CHARDON et Fabienne* I.), sans questions ni conditions, sont de fait des facilitateurs – par des actions et non seulement des inactions – de ces actes illégaux et illégitimes, ce sans même parler de la responsabilité de chacun dans les incidents qui ont servi de prétexte à mon exclusion. »
[58] Témoignage de M. H., parent d’élève de 4e, sur la base de ce que lui a rapport son fils : « J’ai entendu dire que la direction a dit que quiconque parle avec le Professeur S. ou prend quoi que ce soit de lui sera sévèrement puni. » ; témoignage de M., élève de 4e : « un jour, je suis allé auprès de M. S. pour le saluer après l’école, et les vigiles m’ont dit de ne pas le saluer et de m’en aller. »
[59] Voici mon courriel du 18 mai aux personnels de MISR, en réponse au courriel que leur adressa M. TUMPICH le 13 mai, et dans lequel il félicitait de leur dévouement les collègues qui me remplacèrent à mon poste jusqu’à la fin de l’année (contre un meilleur traitement), et de leur « stoïcisme » l’ensemble des personnels qui endurèrent si héroïquement ma situation : « Enfin, un mot sur le dernier paragraphe du courriel de M. T., duquel je déduirais presque que lesdits collègues, comme moi avec mes propres élèves ainsi que les autres, de la maternelle au Lycée, chaque fois que j’en ai eu la possibilité (même durant mon jour de congé), ont pris en charge ces élèves bénévolement (conformément à l’esprit coopératif et non caritatif de l’établissement que M. TUMPICH m’avait vendu alors que je me trouvais à Paris, et qui m’a fait préférer MISR à Balzac – je n’ai bien entendu aucun regret, ni quant à ce choix, ni quant à mes actions). Je laisse de côté « l’intérêt des élèves », dont cette administration s’est montrée soucieuse jusqu’à recourir à la brutalisation morale la plus éhontée d’enfants de 10 ans, les faisant pleurer une journée entière et plus encore, et auprès desquels mon dévouement et mon investissement sont reconnus par les plus émouvants et heartbreaking témoignages écrits des principaux intéressés (enfants et parents), qui constituent un gage plus que suffisant (pour la conscience, tout public et la postérité) et la meilleure des récompenses. »