Conférence de presse d’Oussama Hamdan, cadre du Bureau politique du Hamas, le 4 août 2025, sur la situation à Gaza et celle des otages palestiniens détenus par Israël.

Source : Al-Jazeera

Traduction : lecridespeuples.substack.com

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Clément

Déclaration à la presse concernant l’escalade des meurtres, par les bombardements et la famine, infligés à notre peuple dans la bande de Gaza, ainsi que la situation des prisonniers palestiniens dans les prisons de l’occupation sioniste, à l’occasion de la session extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies prévue demain, le 5 août 2025, pour débattre de la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza.

L’occupation sioniste poursuit sa guerre d’extermination et de famine imposée contre la bande de Gaza depuis 669 jours. Cette guerre a déjà fait plus de 60 000 martyrs, pour la plupart des femmes et des enfants, ainsi que 150 000 blessés et 10 000 disparus, dans un contexte de soutien américain flagrant, de silence et d’impuissance internationale honteux, et d’un échec global que seule la tyrannie américaine permet d’expliquer : l’échec à mettre fin au crime le plus horrible et le plus barbare de l’ère contemporaine.

C’est dans ce contexte que le Conseil de sécurité prévoit de tenir une session extraordinaire pour examiner la catastrophe humanitaire qui ravage la bande de Gaza. Pendant ce temps, les États-Unis et l’occupation sioniste tentent de détourner le débat en focalisant l’attention sur la question des soldats de l’occupation détenus à Gaza, après la diffusion de photos de deux prisonniers visiblement marqués par la faim, tout en passant sous silence la tragédie humaine sans précédent que subissent plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza [pour rappel, l’autopsie de Yahya Sinouar, chef du Hamas, avait révélé que lui-même n’avait rien mangé depuis 3 jours], en raison du blocus et de la famine imposés par l’occupation, crimes en violation de toutes les résolutions de l’ONU et des ordonnances de la Cour internationale de justice appelant à mettre fin à cette guerre d’extermination.

À ce jour, le nombre de martyrs morts de faim dans la bande de Gaza s’élève à 180, dont 93 enfants. Je souhaite ici que le monde voie la photo de l’un de ces enfants victimes de la faim et de la disette imposées.

Le nombre de personnes mortes de faim alors qu’elles attendaient une aide humanitaire aux portes de l’institution américano-israélienne et sur les lieux de distribution s’élève à 1 487 martyrs, tués par les balles des soldats et membres de cette entité, en plus de 10 000 blessés.

Selon les chiffres du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 96 % des familles palestiniennes souffrent d’insécurité alimentaire, et 90 % n’ont pas accès à de l’eau potable.

À cela s’ajoute la situation dramatique des hôpitaux – ou de ce qu’il en reste – massivement détruits, en proie à une grave pénurie de médicaments et de consommables médicaux, avec un personnel médical décimé et épuisé. Le secteur souffre également d’un manque sévère de lait infantile, de médicaments et de matériel de soins pour répondre à la famine.

Et tout cela alors que 22 000 camions d’aide humanitaire sont toujours bloqués aux points de passage. L’occupation israélienne veut que cette image – l’interdiction de l’aide, des secours et de la nourriture – devienne l’image permanente du peuple palestinien.

Ces camions, pour la plupart appartenant à des organisations internationales ou à divers organismes humanitaires, sont délibérément empêchés d’entrer par l’occupation, dans le cadre d’une politique systématique d’ingénierie de la famine, du blocus et du chaos, inscrite dans le cadre du crime de génocide en cours.

Ces chiffres et ces statistiques resteront à jamais un témoignage accablant de honte marquant de manière indélébile le front de tous ceux qui soutiennent ou se rendent complices des crimes de l’occupation, ainsi que contre ceux qui, par leur silence ou leur inaction, laissent ces crimes se poursuivre sans traduire leurs auteurs en justice.

Ceci est un message adressé aux membres du Conseil de sécurité : qu’ils contemplent l’ampleur de la plus grande tragédie subie par plus de deux millions de Palestiniens, victimes quotidiennes du crime du siècle, par les meurtres perpétrés délibérément par les bombardements et la famine imposée, qui touche jusqu’aux deux prisonniers dont les photos diffusées révèlent les ravages de la faim, tout comme les deux millions d’autres membres de notre peuple.

Voici une photo de Hajj Salim Asfour, que le monde doit garder en mémoire : un vieil homme [de 75 ans] qui ne trouve de quoi se nourrir qu’une fois tous les cinq jours.

Ou cette famille qui ne sait comment nourrir ses enfants, pendant que certains osent prétendre qu’il n’y a ni famine ni mort par la faim dans la bande de Gaza.

Nous, au Mouvement de résistance islamique « Hamas », face au silence et à l’impuissance persistants de la communauté internationale face au siège, à l’extermination et à la famine imposée qui frappent la bande de Gaza, et face aux crimes systématiques de l’occupation contre nos prisonniers et prisonnières dans ses prisons et ses camps de détention, soumettons à l’opinion publique les faits et chiffres suivants :

Premièrement : l’occupation a transformé la bande de Gaza en un camp de concentration nazi à part entière, comparable – voire pire – au tristement célèbre camp d’Auschwitz. Elle y commet des actes d’extermination qui dépassent même ceux de l’Holocauste. Il est temps que le monde mette un terme à ces crimes, en juge leurs auteurs – qui cherchent à dissimuler leurs actes par des larmes de crocodile mensongères – et contraigne l’entité sioniste à respecter le droit international humanitaire.

Deuxièmement : les crimes sionistes systématiques contre les prisonniers, les détenus et les personnes arrêtées parmi notre peuple dans les prisons et les camps de détention de l’occupation se sont intensifiés d’une manière sans précédent depuis le 7 octobre 2023. Leur nombre atteignait, jusqu’au mois dernier (juillet), environ 10 800 prisonniers, dont 49 femmes, 495 enfants, 3 900 détenus administratifs [sans chef d’inculpation, la définition même d’un otage], et plus de 2 454 originaires de la bande de Gaza.

Ce chiffre n’inclut pas la totalité des personnes détenues dans les camps et les caves de l’occupation, en raison du crime de disparition forcée imposé par l’occupant aux captifs de Gaza.

Cette photo, par exemple, illustre une forme d’arrestation suivie de disparition forcée : les personnes qui y figurent sont des prisonniers dont on le sort est inconnu, plusieurs mois après leur disparition.

Troisièmement : les prisonniers, les détenus et les personnes arrêtées parmi notre peuple subissent l’enfer de la faim, de l’humiliation, de la torture, ainsi que des fractures multiples, jusqu’à ce que des dizaines d’entre eux tombes en martyrs dans les camps et les geôles, soit à cause de la brutalité des interrogatoires, soit à cause d’une négligence médicale délibérée, soit par privation de nourriture et de médicaments.

Tous les témoignages documentés de prisonniers libérés confirment qu’ils ont subi des tortures systématiques et des violations graves de la part des soldats de l’occupation, de manière barbare et vindicative, que ce soit au moment de leur arrestation, durant leur emprisonnement et jusqu’à leur libération.

Je rappelle ici à l’opinion mondiale le cas du prisonnier libéré Badr Dahlan, qui est sorti de captivité ayant perdu la mémoire, totalement désorienté et incapable de saisir ce qui se passe autour de lui, en raison des tortures qu’il a endurées.

Quatrièmement : 76 prisonniers palestiniens ont succombé à la torture, à la famine et à la négligence médicale délibérée et systématique dans les prisons de l’occupation, placées sous la supervision directe du ministre d’extrême droite, terroriste et accusé de terrorisme, Itamar Ben Gvir, depuis le début de la guerre d’extermination contre Gaza. Parmi eux, 46 prisoniers martyrs étaient originaires de la bande de Gaza.

Voir Institutionnalisation du viol des détenus Palestiniens : le vrai visage d’Israël

Voici une image extraite d’une vidéo tournée dans les prisons de l’occupant et divulguée par des soldats de l’occupation, montrant des scènes choquantes d’agressions contre des prisonniers palestiniens. Les membres du Conseil de sécurité devraient peut-être – ou plutôt doivent impérativement – en prendre connaissance.

Cinquièmement : l’occupation a écarté les institutions humanitaires et de défense des droits de l’homme chargées de suivre la situation, les affaires et les droits des prisonniers, dans le cadre de politiques délibérées visant à faire pression sur eux, à les éloigner et à dissimuler systématiquement la réalité de la situation des détenus dans ses prisons, en particulier ceux enlevés et détenus parmi notre peuple dans la bande de Gaza depuis le début de l’agression sioniste et de la guerre d’extermination contre la bande de Gaza, et en particuler dans la tristement célèbre prison de Sde Teman, et certaines fuites émanant de soldats ennemis ont révélé que les détenus y subissaient torture, viol, famine et des conditions de vie portant gravement atteinte à leur dignité.

Au sein du mouvement Hamas, face à la poursuite de la guerre d’extermination, de la guerre d’affamement et d’assoifement imposées à notre peuple dans la bande de Gaza, et compte tenu de la persistance des violations et des crimes de l’occupation contre nos prisonniers dans les geôles de l’ennemi sioniste, nous affirmons ce qui suit :

  • La poursuite par l’occupation sioniste de ses politiques criminelles visant à affamer et à intensifier toutes les formes d’extermination contre plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza, sous les yeux et les oreilles du monde entier, constitue un crime contre l’humanité et restera une tache honteuse qui poursuivra tous ceux qui soutiennent l’occupation, ou s’abstiennent de l’empêcher et d’y mettre fin.

  • Le fait que de nombreux pays – au premier rang desquels l’administration américaine et certains pays occidentaux – soutiennent l’occupation et ses crimes, sa guerre d’extermination et de famine contre notre peuple dans la bande de Gaza, et ferment les yeux sur la situation et les souffrances de nos prisonniers et les violations commises à leur encontre, tout en faisant preuve d’une solidarité abjecte avec les prisonniers de l’occupant entre les mains de la Résistance, constitue une politique biaisée, borgne, fondée sur le deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de l’occupation sioniste et de ses crimes.

  • Le gouvernement du criminel Netanyahou porte l’entière responsabilité de la vie des prisonniers de la résistance, du fait de son obstination, de son arrogance, de son refus d’un cessez-le-feu, et de l’escalade de la guerre d’extermination et d’affamement contre notre peuple. Par ailleurs, Netanyahou – recherché par la justice internationale – porte la responsabilité de la situation du soldat sioniste capturé « Eviatar David », du fait du renforcement du blocus, de la famine et de l’interdiction d’acheminer nourriture, eau et médicaments vers la bande de Gaza.

  • Le monde entier a été témoin du traitement humain réservé aux prisonniers ennemis par la Résistance depuis le 7 octobre 2023, tout au long de leur captivité, ainsi que des témoignages et aveux des prisonniers ennemis relâchés. La Résistance a toujours affirmé que les prisonniers ennemis mangent ce que mange notre peuple assiégé et affamé, et boivent ce qu’il boit.

  • Le traitement réservé par la Résistance aux prisonniers de l’occupation s’inscrit dans les valeurs et les principes tolérants de l’islam. Dans la mesure où les besoins humanitaires de notre peuple dans la bande de Gaza sont satisfaits, ils vivent comme vivent les habitants de Gaza. Pendant ce temps, le gouvernement d’occupation fasciste pratique les pires formes de torture, de vengeance brutale, d’humiliation et de mort lente contre nos prisonniers dans ses prisons.

  • Ces violations, ces crimes d’extermination et de famine perpétrés par l’occupant contre la bande de Gaza, en Cisjordanie occupée et contre nos prisonniers dans ses prisons et centres de détention, constituent une violation flagrante de toutes les lois et normes internationales, ce qui exige une intervention urgente de la communauté internationale pour y mettre fin immédiatement. Le silence persistant de la communauté internationale et des institutions onusiennes face à l’escalade de ces crimes et violations contre notre peuple et nos prisonniers, engage leur responsabilité politique, morale et humaine quant aux conséquences et aux répercussions graves de ces crimes.

  • Nous réaffirmons notre disponibilité à répondre favorablement à toute demande de la Croix-Rouge internationale visant à acheminer nourriture et médicaments aux prisonniers ennemis dans la bande de Gaza, et soulignons la nécessité de contraindre l’occupant à ouvrir des couloirs humanitaires, de manière normale et permanente, pour acheminer nourriture et médicaments à l’ensemble de notre peuple.

  • Seule la levée immédiate du blocus, l’ouverture de tous les points de passage et l’acheminement urgent de nourriture, d’eau et de médicaments à l’ensemble de la bande de Gaza permettront de mettre fin à la catastrophe humanitaire qui y sévit, sans céder à la politique de l’occupant – soutenu par les États-Unis – visant à distribuer l’aide dans le cadre d’un plan destiné à manufacturer la famine et le chaos.

  • Nous appelons les membres du Conseil de sécurité à faire pression sur l’occupant afin qu’il mette fin à la tragédie humanitaire dans la bande de Gaza, conformément au droit international humanitaire, qui impose à la puissance occupante la responsabilité de garantir à la population les conditions nécessaires à la vie, notamment l’accès à la nourriture, aux médicaments et à l’eau, ainsi qu’à tout ce qui est nécessaire pour une vie digne, et d’y mettre fin à la politique de famine collective qui constitue un crime de guerre. Nous les appelons également à faire pression avec force pour mettre un terme à l’agression et au blocus.

  • Le Conseil de sécurité des Nations unies doit adopter des résolutions claires et contraignantes obligeant l’occupant à mettre fin à la guerre d’extermination, à ses massacres, violations, famines et à la destruction de la vie civile dans la bande de Gaza ; à se retirer de la bande de Gaza ; à ouvrir les points de passage pour l’aide humanitaire ; et à cesser ses violations contre les prisonniers dans ses prisons.

Enfin, un dernier message aux membres du Conseil de sécurité : pendant que vous discutez, souvenez-vous de cette image – celle de la petite Mariam Dawwas, qui pesait 25 kilos avant d’être affamée, et qui pèse aujourd’hui moins de 10 kilos à cause de cette famine. Elle n’est plus capable de se tenir debout, encore moins de marcher.

Salut et fierté à notre grand peuple dans la bande de Gaza, qui endure l’indicible sans jamais plier.

Que la miséricorde de Dieu soit sur les martyrs de notre peuple et de notre Oumma, sur la voie de la libération d’Al-Quds (Jérusalem) et de la mosquée Al-Aqsa.

Salut à tous les hommes de la Résistance, héros des Brigades Al-Qassam (Hamas), des Saraya Al-Quds (Jihad islamique), de la résistance palestinienne, et à tous les fils de notre grand peuple.

La liberté est proche, si Dieu le veut, pour notre peuple, nos prisonniers et nos prisonnières.

C’est un jihad dont l’issue ne peut être que la victoire ou le martyre.

Mouvement de la résistance islamique – Hamas

Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu et Ses bénédictions.

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