Entretien du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 26 janvier 2019, avec Ghassan Ben Jeddou, fondateur de la chaîne panarabe et anti-impérialiste Al-Mayadeen

Cette interview en direct, très attendue en Israël et dans le monde arabe, a duré plus de 3 heures.

 

Transcription :

Ghassan Ben Jeddou : […] Abordons donc la question de l’Opération « Bouclier du Nord », Eminent Sayed (descendant du Prophète), et le dossier des tunnels. Sans aucun doute, c’était là un événement majeur, ou du moins Israël a tout fait pour le présenter comme un développement très important, et pas seulement sur le plan médiatique. Ils ont porté la question au Conseil de Sécurité de l’ONU. Et Israël a déclaré qu’ils avaient découvert des tunnels du Hezbollah, et les ont détruits du côté de la Palestine occupée. J’ai deux questions claires : 1/ Quelle est votre première analyse au sujet des tunnels, et 2/ En toute franchise, avez-vous été surpris par le fait qu’Israël découvre ces tunnels ?

Hassan Nasrallah : Premièrement, tout mon propos sur la question des tunnels – et j’en parlerai dans le détail et à votre guise, car les Israéliens attendent cela (avec impatience), et je vais satisfaire leur envie, et nos amis également attendent cela. Mais tout mon propos reposera sur cette base : je ne suis aucunement tenu de confirmer ou d’infirmer le fait que moi ou le Hezbollah serions ceux qui ont creusé ces tunnels. Je m’exprime indépendamment de la question de savoir qui a creusé ces tunnels, c’est compris ? Car (en ces matières), nous favorisons toujours de « laisser planer l’incertitude », comme on dit. Il n’est pas nécessaire qu’on travaille pour les Israéliens et qu’on leur fournisse des informations gratuitement. Jusqu’à présent, le côté israélien prétend que c’est tel parti (le Hezbollah) qui a creusé ces tunnels, mais jusqu’à présent, ils n’en ont fourni aucune véritable preuve. Je n’ai aucune raison de régler ce problème pour eux. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas tenu de dire ce qu’il ne serait pas judicieux de dire, et le fait que nous menions notre bataille avec franchise et sincérité ne signifie pas que nous devions toujours tout révéler avec franchise (et transparence). Tout ce que nous disons est vrai (mais certaines choses doivent rester secrètes ou incertaines).

Ghassan Ben Jeddou : Mais il y a bien des tunnels ?

Hassan Nasrallah : Oui, bien sûr, il y a des tunnels qui ont été découverts, c’est un fait (indéniable). Nous partons donc de la situation apparente, et nous commentons ces faits. Oui, il y avait bien des tunnels au Sud du Liban, indépendamment de la question de savoir s’ils étaient anciens ou nouveaux, s’ils ont été creusés avant la résolution 1701 ou après, c’est-à-dire avant la guerre de 2006 ou après (je ne trancherai pas cette question). Indépendamment de la question de savoir qui les a creusés, combien il y en a, quelle est leur importance (stratégique) et leur valeur (je ne dirai rien à ce sujet), oui, il y a des tunnels.

Israël, après de longues années, a découvert un certain nombre de ces tunnels, et il n’y avait rien de surprenant à cela. Ce qui est vraiment surprenant, c’est que ces tunnels soient restés (secrets) si longtemps avant d’être découverts par les Israéliens. Car comme vous savez, notre frontière est très différente de celle de Gaza. Notre frontière est un terrain rocheux, montagneux, etc., et toute partie creusant des tunnels ou ne faisant même qu’utiliser un marteau à la frontière ne pourra pas le faire facilement (de manière discrète) et peut être entendue par beaucoup de gens. Je tiens a déclarer à ce sujet que cela ne nous a aucunement surpris, car il est naturel (prévisible) qu’une telle opération se produise à la frontière, car Israël, et en particulier depuis mon discours dans lequel j’ai parlé (de la « Promesse de la Galilée »)…

Car je dois rappeler ce fait, qui a un lien fort avec la question de l’Opération « Bouclier du Nord » et ce qui se passe au Nord (de la Palestine occupée). Il y a plusieurs années, lorsqu’Ehud Barak était Ministre de la Défense du gouvernement Netanyahou –ce n’est pas à l’époque où Barak était Premier Ministre –, (donc lorsque Barak était) Ministre de la Guerre dans le gouvernement de Netanyahou, il jouait les gros-bras, et il est venu à la frontière Nord, la frontière entre le Nord de la Palestine et le Sud du Liban, et il a fait un discours aux militaires israéliens dans lequel il leur a dit : « Tenez-vous prêts pour le jour où votre gouvernement vous ordonnera d’envahir le Sud du Liban. » Le lendemain (16 février 2011), j’avais un discours programmé, et j’ai déclaré : « O combattants de la Résistance islamique, tenez-vous prêts pour le jour où la direction de la Résistance pourra vous demander de vous emparer de la Galilée. » Depuis ce discours et jusqu’à ce jour, il y a un dossier intitulé « Galilée », le dossier « Le Hezbollah et la Galilée », et il a un lien fort avec ce qui s’est passé durant les dernières semaines.

Ghassan Ben Jeddou : Mais une petite remarque, Eminent Sayed, avec votre permission. Vous venez d’indiquer que les tunnels pouvaient être anciens ou récents. D’après vos informations, y a-t-il des tunnels anciens qui étaient là avant la résolution 1701 (12 août 2006) ?

Hassan Nasrallah : Naturellement. Et cela confirme…

Ghassan Ben Jeddou
: Naturellement il y en a ?

Hassan Nasrallah : Oui, bien sûr, et cela confirme l’échec des renseignements israéliens. C’est aussi ce que je voulais souligner ce soir. Selon mes informations, au moins un des tunnels qui a été découverts  durant les dernières semaines datait de 13 ou 14 ans. Il est creusé sous les terres de la Palestine occupée. Cela signifie que les services de renseignement israéliens, l’armée israélienne, les services de sécurité israéliens et toutes les technologies israéliennes, durant 14 ans, ont été incapables de découvrir l’existence de ce tunnel dans leur propre territoire. Et certains médias israéliens ont mentionné le fait que l’un de ces tunnels était estimé dater de 13 ans, et c’est là une estimation exacte, très proche de la vérité. Je confirme que certains de ces tunnels sont antérieurs à la guerre de juillet (2006) et à la résolution 1701, et cela confirme un échec des renseignements israéliens durant 13 années complètes.

Ghassan Ben Jeddou : Selon vos informations, tous les tunnels ont-ils été découverts ?

Hassan Nasrallah : Ce point doit rester incertain (pour l’ennemi). Et je veux poser une véritable question… Bien sûr, je pourrai continuer à répondre à tes questions, et s’il me reste des choses à dire à ce sujet sur lesquelles tu ne m’auras pas interrogé, je les dirai de moi-même. [Rires] Parmi les points importants dans ce dossier, c’est que l’ancien chef d’état-major des armées et ancien Ministre de la Défense [Moshé] Ya’alon…

Ghassan Ben Jeddou : (En poste) il y a deux ans.

Hassan Nasrallah : Il a déclaré durant l’Opération « Bouclier du Nord », comme ils l’appellent, il a déclaré aux colons du Nord : « Nous connaissions l’existence de ces tunnels depuis deux ans… ». Car les colons eux-mêmes ont dit qu’ils signalaient depuis deux ans à l’armée qu’il y avait des signes d’opérations de creusage de tunnels à la frontière ou à l’intérieur du Nord (de la Palestine occupée), et l’armée a récusé cela de manière catégorique. Que leur a répondu Ya’alon ? Il a déclaré : « Oui, il y avait des tunnels et un creusage de tunnels, mais nous avons menti aux colons pour tromper l’ennemi. » Ma question à tous les colons au Nord de la Palestine occupée est la suivante : aujourd’hui, comment pouvez-vous savoir si Netanyahou, Eizenkot et le nouveau chef d’état-major vous mentent ou disent la vérité lorsqu’ils affirment qu’il n’y a plus de tunnels au Nord ? Vous devez vous assurer de ce point.

Ghassan Ben Jeddou : Tous ces événements signifient-ils que votre menace de vous emparer de la Galilée a été mise en échec et n’est plus d’actualité ? Car lorsque Netanyahou a annoncé la fin de l’Opération qu’il a nommée « Bouclier du Nord » – et vous nous surprenez aujourd’hui en nous informant qu’en réalité, l’opération n’est pas terminée, et que les recherches continuent…

Hassan Nasrallah : Ils continuent à rechercher des tunnels, oui.

Ghassan Ben Jeddou : Donc l’opération n’est pas terminée. Malgré cela, Netanyahou a organisé une conférence de presse et s’est félicité et enorgueilli, déclarant qu’ils avaient mis fin à toutes (les menaces) et fondamentalement écarté ce danger. Cela signifie-t-il que la menace qui plane sur la Galilée a été définitivement écartée ?

Hassan Nasrallah : Il promet cela à son peuple pour lui présenter un accomplissement faux et mensonger. Je vais évoquer ce point de manière précise. Lorsqu’il a organisé la conférence de presse (initiale), avec à ses côtés Eizenkot, il a déclaré qu’ils allaient commencer l’Opération dans le Nord et découvrir les tunnels, en affirmant que l’un des rôles et des objectifs de ces tunnels était de préparer l’Opération de (Libération de) la Galilée promise par le Hezbollah. Premièrement, du point de vue médiatique, il nous a rendu par là un énorme service,  et c’est l’une des raisons de notre silence.

Ghassan Ben Jeddou : Netanyahou ?

Hassan Nasrallah : Netanyahou, oui.

Ghassan Ben Jeddou : De quelle manière ?

Hassan Nasrallah : Je vais l’expliquer. J’ai bien dit qu’on allait en parler en détail. remièrement, Netanyahou, Eizenkot et toute leur équipe, de manière générale, se comportent toujours avec les menaces arabes, les pays arabes et les armées arabes, et même parfois avec les mouvements de Résistance arabe en les prenant à la légère et en les dénigrant. Mais par cette déclaration, Netanyahou affirme à toute la société israélienne que ce qu’a déclaré le Hezbollah au sujet de l’opération (de Libération) de la Galilée est une chose sérieuse et véridique, et qu’Israël considère la chose avec le plus grand sérieux et fait des plans en considérant cette base comme acquise (le Hezbollah est sérieux et capable de s’emparer de la Galilée). Et ils annoncent l’Opération « Bouclier du Nord » pour mettre en échec cette opération.

Et je te dis encore plus que ça. Tout ce que nous voyons aujourd’hui en fait de constructions de murs et de placement de blocs de ciment énormes (à la frontière israélo-libanaise), et même de transformation de la géographie frontalière (par des travaux de terrassement colossaux menés depuis 2015 par l’opération de Libération de la Galilée), jusqu’aux disputes avec le Liban sur la possession de certaines collines, la véritable raison de tout cela est la crainte israélienne face à l’opération présumée de Libération de la Galilée. Car j’ai déclaré que ce n’était qu’une possibilité. J’ai dit « Il est possible que… », et ils sont effrayés à ce point. Qu’en aurait-il été si nous avions dit que c’était une certitude, hein ? Nous ne sommes pas encore parvenus à l’étape ou nous disons que c’est une certitude. Le moment n’est pas encore venu – ça viendra (plus tard), avec la grâce de Dieu.

Toutes les mesures prises (par Israël) à la frontière confirment qu’ils considèrent le Liban avec confiance (dans le sérieux de nos menaces). (Ils disent) : « Si le Hezbollah a dit que durant la prochaine guerre, ils pourraient envahir la Galilée, c’est qu’ils sont capables de le faire. » Ils n’ont pas dit que c’était (seulement) du tapage médiatique, de la guerre psychologique, des prétentions (vaines), de simples discours (pompeux) comme peuvent en faire certains arabes, et il n’y a donc aucune importance à cela. C’est pourquoi tout cet argent est dépensé actuellement à la frontière– comme je l’ai dit, pour la construction de murs, les mesures (de sécurité), la modification de la géographie même de la géographie (collines aplanies, monticules dressés, etc.).

Plus encore, la plus grande manœuvre de toute l’histoire d’Israël s’est déroulée fin 2017, et cette manœuvre d’une semaine a été entièrement défensive. Une semaine complète, en défense de la Galilée et du Nord ! Cela est excellent de notre point de vue. Si, de mon côté, je voulais convaincre les Israéliens, la société israélienne et l’armée israélienne que si nous prenions un jour la décision d’entrer en Galilée, nous le ferions vraiment, il me faudrait sûrement déployer de grands efforts. Mais Netanyahou m’a épargné ces efforts, lui et Eisenkot. Bien sûr, il l’a fait pour des raisons personnelles (électorales), et non pour nous rendre service.

Deuxièmement, l’autre service qu’il nous a rendu est qu’il a fait entrer la peur, la frayeur et même la terreur dans le cœur de tous les colons du Nord. (Il nous a fait cette énorme faveur) gratuitement ! Et certaines (personnalités) israéliennes, dont certains de ses opposants, le lui ont reproché. Et sur des chaines étrangères, j’ai vu des colons israéliens déclarer qu’avant l’Opération « Bouclier du Nord », ils étaient rassurés, persuadés qu’il n’y avait pas de tunnels, et tout ce que nous craignions, c’est que des missiles tombent sur nos têtes en cas de guerre, et nous nous sommes construit des refuges souterrains fortifiés (pour y faire face). Mais si nous ne savons pas par où (les combattants du Hezbollah) vont surgir, où pourrons-nous nous réfugier ? Netanyahou, également pour ses objectifs personnels, sur lesquels je reviendrai dans un instant, par le battage médiatique énorme qu’il a fait autour de l’Opération « Bouclier du Nord », qui en vérité ne nécessitait nullement un tel tapage, nous a également rendu un grand service dans la guerre psychologique, en faisant entrer la terreur, le sentiment d’impuissance et la panique dans le cœur de tous les colons au Nord de la Palestine occupée.

Vous devez être confiants, Professeur Ghassan, sur le fait que du jour de l’Opération « Bouclier du Nord », chaque fois qu’un colon dans les colonies du Nord entendra quelqu’un utiliser un petit marteau – en Libanais, on l’appelle « chakouch » [Rires] –, il contactera l’armée israélienne et lui dira qu’il entend un bruit de marteau. Tout ça, c’est un cadeau de Netanyahou. C’est pour cela qu’on est restés silencieux. On s’est dit « Très bien, il nous rend tous ces énormes services, pourquoi devrions-nous l’interrompre ? Qu’il continue à parler ! »  Voilà pour le deuxième ou troisième point. Mais le plus important est le dernier point (que je vais évoquer maintenant).

Ghassan Ben Jeddou : Entre parenthèses, je crains que vous veniez de donner un mot d’ordre secret à vos partisans dans le Sud-Liban, leur demandant de tous frapper du marteau (pour terroriser les Israéliens).

Hassan Nasrallah
: [Rires] Ils répondront à cet appel, avec la grâce de Dieu.

Et le troisième ou quatrième point, c’est que Netanyahou et Eizenkot – je vais évoquer un nouveau point, permets-moi de l’expliquer en détail – ont trompé le peuple israélien. Lorsqu’ils déclarent que l’Opération « Bouclier du Nord » est terminée car ils ont découvert et détruit ou fermé (tous) les tunnels, c’est… (un mensonge grossier). [Rires] Netanyahou n’est pas un général, mais Eizenkot se considère comme un général, un penseur de premier plan sur les questions stratégiques, un visionnaire, et on s’attendrait à une expertise valable de sa part. Se trouve-t-il un général, un minimum versé dans les actions militaires, qui puisse considérer plausible que sur une vaste aire frontalière – une centaine de kilomètres –, si le Hezbollah veut envahir la Galilée, il va se limiter à 4 ou 5 tunnels dans lesquels il va entasser des milliers de combattants pour les faire entrer en Galilée et s’en emparer ? C’est complètement insensé sur le plan militaire.

Ghassan Ben Jeddou : Comment allez-vous donc vous emparer de la Galilée ?

Hassan Nasrallah : [Rires] Demande à l’ennemi (israélien) de te le dire ! Leurs généraux, qui comprennent ces questions – ils les comprennent tous, et je reconnais à l’ennemi sa capacité à comprendre –, mais parfois, leurs intérêts personnels l’emportent sur leur raison, et ils mentent et vont jusqu’à nier la vérité. Mais les généraux israéliens, qui comprennent bien cela, ont déclaré que le Hezbollah n’a pas besoin de tunnels pour entrée en Galilée. La nature de notre frontière et la géographie du terrain, et jusqu’à notre démographie même, sont très différentes, et constituent des facteurs qui nous favorisent. Et c’est de ce problème même qu’Israël parle depuis toujours, depuis Yithzak Rabin, qui est un chef militaire historique de cette entité. Pour entrer en Galilée, nul besoin de tunnels. Certes, les tunnels peuvent constituer un facteur d’appoint, dans une mesure partielle et limitée, mais une opération d’une telle ampleur, si on prend la décision de la mener un jour, nécessitera toute la frontière : les collines, les vallées, les montagnes, etc. Et je leur déclare que vous ne savez pas d’où (on surgira)…

Et j’ai bien dit « Si on le décide », je le répète. Car la décision d’entrer en Galilée sera prise dans le cas d’une guerre lancée contre le Liban, et c’est alors que nous verrons si nous entrons en Galilée ou pas ; nous ne parlons pas d’une action initiée par nous, et je le précise pour réfuter toute accusation ou illusion qui ferait dire à certains que le Sayed (Nasrallah) veut déclencher une guerre, ou menace d’entrer en guerre, non : tout cela est dans une perspective défensive. Ils se savent pas comment on entrera : sur terre, sous terre, depuis les cieux, depuis les hauteurs… Il y a peu de temps, une chaine libanaise a analysé la possibilité de recours à des motos, qui peuvent franchir des obstacles de 2, 3 ou 4 mètres, et il est connu que le Hezbollah utilise des motos (notamment pour s’approcher des tanks et les détruire)… [Rires]

Quoi qu’il en soit, personnellement, j’ai beaucoup ri lorsque j’ai entendu Netanyahou et Eizenkot déclarer que l’opération de (libération de) la Galilée et le danger représenté par une telle opération étaient terminés du fait de la découverte des tunnels. Il y a premièrement une faille fondamentale dans cette idée, car l’opération de (libération de) la Galilée ne se limite pas à la question des tunnels, et il y a également une autre faille de détail dans cette évaluation, à savoir qu’ils n’ont aucun moyen de savoir que tous les tunnels ont été découverts.

Ghassan Ben Jeddou : Résumons donc votre propos. Premièrement, dans votre stratégie, il n’est pas nécessaire d’entrer en Galilée et de vous en emparer, mais vous pouvez y être contraints si Israël attaque le Liban et lance une large offensive, toute vaste guerre, alors votre plan militaire pourra inclure de vous emparer de la Galilée. Et si vous prenez la décision de vous emparer de la Galilée, vous dites aux Israéliens que cela peut être réalisé de différentes manières : par des tunnels, avec des motos, des milliers de combattants qui pourraient arriver des cieux, etc. Mais ce long mur de ciment, Eminent Sayed, ne va-t-il pas vous handicaper ? Surtout qu’il est dans une région – on en reparlera plus tard – qui est disputée. C’est un territoire libanais, mais disputé entre vous et la Palestine occupée (Israël).

Hassan Nasrallah : Oui, c’est bien notre plan militaire. Afin de défendre notre pays, il est de notre droit de prendre toutes les mesures défensives possibles. Telle est notre doctrine. Certains (opposants au Liban) ne sont pas d’accord, mais c’est leur problème. Que quelqu’un d’autre que nous prenne d’abord toutes les mesures défensives requises pour protéger notre pays, et nous pourrons nous retirer. Mais tant qu’il n’y a pas d’alternative (au Hezbollah face à Israël), ce qui est le cas jusqu’à ce jour, nous nous considérons responsables de la défense de notre pays. Face à la guerre dont nous menace Israël, une guerre de destruction, de déplacement massif de la population, d’explosion – vous avez bien entendu les déclarations israéliennes à ce sujet –, il est de notre droit de recourir à tous nos points de force.

L’un des aspects de notre plan, oui, nous le disons en toute franchise, sur notre plan écrit, sur nos préparations de terrain, pour lequel nous nous entrainons et faisons des manœuvres, nous nous préparons et le planifions – c’est déjà prêt, nos préparatifs ont déjà été menés à terme –, oui, un aspect de notre plan est d’entrer en Galilée. Mais le plan ne sera déclenché qu’au cours de la guerre, en fonction de son développement. Durant la guerre, nous déciderons si nous entrons ou pas. Je ne veux pas donner d’informations catégoriques à l’ennemi israélien à ce sujet (je le laisse dans l’incertitude), mais je tiens à lui confirmer que cela fait partie de notre plan opérationnel, de même que lui a des plans (pour envahir le Liban).

Ghassan Ben Jeddou : Donc vous en êtes capables.

Hassan Nasrallah : Nous en sommes capables, avec la grâce de Dieu, et ce mur… L’important est que nous ayons la capacité (de nous emparer de la Galilée). Lorsque cette capacité est entre nos mains, la décision de la mettre en œuvre ou non dépend des données de terrain, des circonstances et de nos intérêts. Oui, nous possédons cette capacité, sans aucun doute. Nous la possédons depuis des années. Et après notre expérience en Syrie, cela est devenu beaucoup plus facile pour nous que ce que nous considérions ou pensions (avant d’avoir mis en œuvre ces capacités dans une véritable guerre).

Quant à ces murs et fortifications qu’ils érigent, et dont le Coran nous a parlé il y a plus de 1400 ans – « Même tous rassemblés, ils ne vous combattront qu’à l’abri de leurs places fortes ou retranchés derrière leurs murailles. » (Coran, 59, 14). Ces lâches qui se terrent derrière leurs murailles, même ces murailles, nous leur avons trouvé une parade avec la grâce de Dieu.

Ghassan Ben Jeddou : Laquelle ?

Hassan Nasrallah : Je ne vais pas te le dire, bien sûr. [Rires]

Ghassan Ben Jeddou : Ne révélez pas votre plan militaire, mais de quelle manière ?

Hassan Nasrallah : Il y a plusieurs possibilités. Rien n’est insurmontable. Il y a toujours une solution. Ils sont capables de réfléchir, et nous aussi, mais (à cet égard), nos facultés (intellectuelles) sont supérieures aux leurs. L’important est que nous nous triturions les méninges, c’est tout. [A suivre]

Extraits suivants sur Israël et la situation en Syrie à venir.

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