Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 10 septembre 2019, à l’occasion du 10e jour du mois de Muharram, commémorant le martyre de l’Imam Hussein.

Traduction : lecridespeuples.fr

Transcription :

[…] En ce qui concerne les sanctions américaines, ces sanctions économiques oppressives, que nous condamnons et dénonçons, contre les pays de l’Axe de la Résistance, contre la République Islamique d’Iran et la République Arabe Syrienne, ainsi que contre les mouvements de Résistance en Palestine, au Liban et en Irak, constituent une agression de la part des Etats-Unis, (non pas militaire mais) via des pressions économiques et financières, et ce du fait d’un double échec : l’échec des guerres de son entité sioniste contre la Résistance au Liban et en Palestine – toutes les guerres d’Israël ont été incapables de changer le moindre mot, la moindre lettre quant aux positions des Résistants en Palestine et au Liban. Et le deuxième échec est celui des guerres américaines par procuration, via les groupes terroristes armés takfiris au Liban, en Syrie et en Irak, et l’échec de leurs politiques à l’encontre des États et mouvements de la Résistance, qui sont placés depuis de nombreuses années sur la liste des organisations terroristes et ciblés par des sanctions. Nous avons déjà souligné qu’il n’y avait là rien de nouveau entre nous et les Etats-Unis. Tout cela vise à servir les intérêts d’Israël, de l’entité sioniste.

Mais lorsque cette agression s’élargit pour toucher d’autres personnes (que nous) au Liban, comme des banques qui n’appartiennent pas au Hezbollah et n’ont aucun lien avec nous, des personnes riches et des commerçants, simplement à cause de leur appartenance religieuse ou sectaire (chiite), ou de leurs positions politiques, cela implique que nous réagissions différemment. Nous, au Hezbollah, devons reconsidérer nos choix face à la question et y réagir de manière adéquate. Nous avons déclaré par le passé que si nous étions les seules cibles de l’oppression (économique et financière) américaine, nous pourrions l’endurer patiemment et en silence ; mais si cette oppression s’étend à d’autres personnes parmi notre peuple (Libanais), alors nous devons réagir différemment. De même, l’Etat et le gouvernement (libanais) doivent défendre et protéger les Libanais, non pas s’empresser, comme le font certaines entités, de se plier aux aspirations américaines à cet égard et d’appliquer les sanctions qu’ils ont imposées, voire d’être plus royalistes que le roi. Nous rejetons et condamnons cette attitude inacceptable. Ce dossier doit être adressé, car il place le Liban et l’économie libanaise dans la ligne de mire.

En ce qui concerne Israël, les Libanais ont fait échouer les dernières tentatives israéliennes de modifier (en leur faveur) les règles d’engagement en vigueur depuis 2006. L’ennemi a toujours mené de nombreuses violations (de notre espace aérien), des centaines chaque mois et des milliers chaque année, durant les 13 dernières années. Mais en fin de compte, Israël respectait toujours certaines lignes rouges : aucune région libanaise n’était soumise à des bombardements ou à des frappes aériennes, et il n’y avait pas de tentatives d’assassinats. Ces lignes rouges étaient scrupuleusement respectées par l’ennemi. Mais la dernière agression contre la banlieue sud de Beyrouth, qui a vu l’envoi de deux drones kamikazes pour y frapper des cibles, constituait une agression majeure. La position libanaise officielle, politique et populaire était très ferme et très forte. Puis est venue la riposte de la Résistance sur le terrain, depuis le territoire libanais, frappant l’intérieur de la Palestine occupée (par des tirs de missiles antichars contre un blindé israélien) via la frontière libano-palestinienne. Et la seconde riposte est venue hier, lorsque nous avons abattu pour la première fois un drone israélien au-dessus du village de Ramya. Malgré toutes les tentatives d’intimidation et les menaces, nous confirmons aujourd’hui les équations, et nous renforçons notre force de dissuasion qui protège notre pays.

Tout ce qu’ont fait les Israéliens durant les derniers jours, avec par exemple les mannequins israéliens (en lieu et place des soldats dans leurs véhicules), cela témoigne de la faiblesse de l’armée israélienne. Et lorsque les choses en sont arrivées à ce qu’ils ont appelé « l’opération de duperie », comme quoi ils auraient simulé des blessés en transportant des soldats sur des brancards, aspergés de faux sang, et auraient ainsi trompé le Hezbollah (en lui faisant croire que son objectif était atteint, pour l’empêcher de lancer des nouvelles frappes). Admettons que vous nous ayez vraiment trompés : tout ce que cela prouverait, c’est, en peu de mots, que votre armée réputée légendaire et invincible s’est transformée en une armée hollywoodienne, qui réalise des films pour le cinéma, car elle est devenue impuissante sur le terrain, incapable, faible, apeurée et lâche, se retirant de la frontière sur une largeur de 5 à 7 kilomètres (par crainte de la riposte promise par le Hezbollah).

Comédie ou réalité ?

O mes frères et sœurs, l’une des preuves de la force de la Résistance, c’est que par le passé, l’ennemi israélien cherchait toujours à établir des ceintures de sécurité à l’intérieur du Liban. C’est ce qu’il a fait en 1978, imposant une ceinture de sécurité (de 10 kilomètres). En 1982, il a envahi (le Liban), et en 1985, il a réalisé sa fameuse ceinture de sécurité (sur une profondeur de 20 kilomètres). Mais pour la première fois dans l’histoire de la lutte entre le Liban et l’ennemi israélien, Israël a réalisé une ceinture de sécurité à l’intérieur de la Palestine (occupée) : depuis sa frontière et sur une largeur de 5 à 7 kilomètres, il a évacué ses positions, ses soldats, ses patrouilles et ses tanks. N’est-ce pas là une preuve de notre force ?

O armée hollywoodienne, l’enseignement que nous tirons de cette expérience, si elle est réelle (car cela reste à prouver), c’est de vous dire que la prochaine fois, vous nous invitez à ne pas nous contenter de frapper un seul véhicule ou un seul endroit, mais plusieurs véhicules et plusieurs positions, afin de ne pas être dupés par de nouveaux films hollywoodiens. (Ce cinéma visant à simuler des blessures pour qu’on arrête de vous frapper) est une démonstration de faiblesse et d’impuissance (et non une preuve de force ou d’ingéniosité).

[Audience : A ton service, ô Nasrallah !]

En ce qui concerne la lutte contre l’ennemi israélien, je tiens à souligner le point suivant : lorsque j’ai dit que dorénavant, nous n’aurions plus de lignes rouges, cela ne signifie aucunement l’abandon de la résolution 1701 de l’ONU. Certains Libanais vont trop vite en besogne (et s’empressent de saisir toute occasion de dénoncer le Hezbollah). D’une part, Israël ne respecte pas cette résolution, ne la reconnait pas et la viole constamment. En ce moment même où je vous parle, et où nous sommes dans les rues (pour commémorer ‘Ashoura), il est certain qu’il y a des violations israéliennes dans les cieux dans certains endroits du Liban.

A cet égard, afin que personne ne soit inquiet, craintif ou s’interroge, je rappelle que le Liban respecte la résolution 1701, et que le Hezbollah fait partie du gouvernement libanais qui respecte cette résolution. Cela dit d’une part. Mais il y a autre chose : si Israël agresse le Liban, frappe le Liban, viole la souveraineté du Liban, envoie ses drones kamikazes contre le Liban… S’il y a la moindre agression israélienne contre le Liban, c’est le droit des Libanais que de riposter, qu’on se place sur le terrain légal, humanitaire, religieux, qu’on se base sur la déclaration ministérielle ou le verdict confirmé par le Haut Conseil de la Défense libanais : les Libanais ont le droit de se défendre ! Nous avons le droit de défendre le Liban, la souveraineté du Liban, sa dignité, son honneur, son sang et ses biens !

Et c’est pourquoi il vaut mieux ignorer certains grognements intérieurs, ou les nombreuses menaces extérieures. En ce jour (du martyre de l’Imam) Hussein, je souligne à nouveau l’équation de dissuasion qu’ont confirmée les combattants de la Résistance Islamique au Liban, par leur patience, leur présence (sur leur terrain) et leur grand djihad (combat) durant les derniers jours, embrassé par leur peuple et leurs masses, pour déclarer que oui, si le Liban est agressé de quelque manière que ce soit, nous riposterons à cette agression de manière adéquate et appropriée (au type d’agression). Et dans la défense du Liban, du peuple libanais, de la souveraineté du Liban, de la sécurité et de la dignité du Liban, nous n’avons absolument plus aucune ligne rouge ! Ce temps est révolu !

[Audience : A ton service, ô Nasrallah !]

Aujourd’hui, le Liban impose le respect au monde entier. Je vous rappelle qu’avant notre riposte, il n’y a pas un seul pays au monde, parmi les pays qui sont impliqués dans la région, qui n’ait pas contacté les responsables libanais. Le Liban s’impose aux pays du monde. Les Etats-Unis ont contacté le Liban, de même que la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’ONU, l’Egypte… De nombreux pays ont contacté le Liban, que ce soit avant la riposte de la Résistance ou durant celle-ci.

Les Libanais doivent savoir qu’aujourd’hui, ils sont forts. Ils sont forts dans les équations, et forts par leur équation en or, Armée-Peuple-Résistance. Et lorsqu’un envoyé américain vient à nous, ami d’Israël et soucieux de défendre les intérêts d’Israël, et souhaitant négocier avec nos Présidents (de la République, du Conseil des Ministres et de l’Assemblée) sur les questions du pétrole, du gaz et de la frontière (maritime et terrestre), les Libanais doivent savoir qu’ils sont en position de force et se comporter en conséquence. Nous sommes forts et capables de protéger nos ressources en pétrole et en gaz, ainsi que nos terres, notre espace maritime et nos cieux, avec la Grâce de Dieu.

Par conséquent, les Présidents et responsables du Liban ont une grande responsabilité entre leurs mains, et doivent protéger les droits des Libanais en ce qui concerne le pétrole, le gaz, les eaux (territoriales), le territoire et les frontières. […]

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