Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 25 août 2019, à l’occasion de la commémoration annuelle de la Deuxième Libération du Liban face aux groupes terroristes takfiris parachevée le 25 août 2017.

Traduction : lecridespeuples.fr

Note du traducteur : Contrairement à ce que suggèrent de nombreux médias, ce discours n’a pas été programmé suite à l’attaque israélienne, car il s’agit d’une célébration annuelle. Nasrallah ne pouvait que mentionner les frappes contre le Hezbollah survenues la veille au Liban et en Syrie, mais ce discours ne constitue pas une réponse à ces actes d’agression. L’usage du Hezbollah, confirmé en janvier 2015 suite à l’attaque israélienne à Quneitra, est de riposter sur le terrain avant de prendre la parole.

Voir l’extrait précédent de ce discours :

Attaque de drones israéliens contre un quartier résidentiel au Liban : aucun colon ne doit se sentir en sécurité, menace Nasrallah

Transcription :

[…] Le deuxième point sur lequel je dois également m’arrêter est ce qui s’est passé en Syrie. J’évoque ces deux points, et je conclurai avec Netanyahou et un message aux Israéliens qui se dirigent vers des élections (législatives en septembre).

Hier, en Syrie, il y a eu des frappes aériennes contre une maison du village d’Aqraba dans la banlieue de Damas. Netanyahou s’est vanté de ce qu’il avait fait, annonçant avec l’armée ennemie que la cible était les forces iraniennes d’Al-Quds, etc., etc., etc., se présentant comme un héros national courageux et intrépide.

Netanyahou ment au peuple israélien, si on peut parler de peuple. Il ment aux colons (sionistes) qui occupent la Palestine. Il ment aux siens, il ment à son peuple. Il leur vend des propos vides de sens (et mensongers). Il travestit la vérité et les réalités de terrain.

Hier, les frappes israéliennes n’ont pas ciblé les forces d’Al-Quds, mais une position du Hezbollah. Ceux qui se trouvaient dans… C’est une simple maison, ce n’est même pas une position militaire. C’est une simple maison dans laquelle nos jeunes se reposaient. Dans cet endroit qui a été frappé, il n’y a que des jeunes libanais du Hezbollah. Et dans cet endroit, hier soir, deux martyrs sont tombés : le martyr Hassan Youssef Zbib, et le martyr Yasser Ahmad Dhahir.

Vous savez bien, ô Netanyahou et l’armée israélienne, que nous ne plaisantons pas, et que durant toutes les années passées, nous ne plaisantions pas. Après que nos chers frères aient été tués à Quneitra (en janvier 2015), nos martyrs, vous avez vu que nous ne plaisantions pas [le Hezbollah a immédiatement riposté en frappant un convoi israélien, tuant 2 soldats et en blessant 7 autres]. Et (dans mon discours) il y a quelques jours, je ne plaisantais pas. Nous avons déclaré que si vous tuez le moindre de nos frères, nos frères du Hezbollah, Libanais… Je le précise afin que personne ne me dise qu’ils ont frappé des Syriens, des Iraniens ou des Irakiens, et qu’on vient créer des problèmes au Liban, non : tous (les combattants de ces pays) sont nos chers frères, mais ceux qui ont été tués (en Syrie) sont nos enfants (Libanais), issus de nos villages, de nos familles, ce sont nos jeunes !

Tu sais bien (ô Netanyahou) que nous avons pris un engagement clair, et je vais rappeler cet engagement au monde entier : si Israël tue le moindre de nos frères en Syrie, nous riposterons à ce meurtre au Liban, et non dans les fermes (occupées) de Chebaa ! Nous riposterons depuis le Liban, et non depuis les fermes (occupées) de Chebaa !

[Audience : A ton service, ô Nasrallah !]

Je déclare aux soldats israéliens à la frontière : dès ce soir, attendez-nous adossés au mur (de séparation) sur un pied et demi (soyez prêts à prendre la fuite) ! Attendez-nous sur un pied et demi ! Attendez-nous (car en toute certitude, nous allons frapper) ! Un jour, deux jours, trois jours, quatre jours… Attendez-nous !

Et je déclare aux Israéliens, et pas seulement à ceux qui sont à la frontière : car les deux questions (drones kamikazes à Beyrouth et frappes à Damas) sont liées. Ces deux attaques sont en fait une seule et même question. En fin de compte, si on ignorait ce qui s’est passé à Damas, le premier point serait suffisant pour qu’on agisse de manière différente (Israël ayant violé les règles d’engagement). C’est pourquoi nous ne passerons pas l’éponge sur ce qui s’est passé durant la nuit dernière. Avec nous, on ne peut pas passer l’éponge (facilement).

Ce que je veux dire aux Israéliens, c’est que Netanyahou mène sa campagne électorale. Les différents partis politiques israéliens ont (depuis longtemps) l’habitude de mener leurs campagnes électorales en versant le sang des Palestiniens, des Libanais, des Syriens, des Irakiens et des peuples de la région. Mais ô les Israéliens, cette fois-ci, Netanyahou fait campagne avec votre propre sang. C’est vos vies qu’il met en jeu. Il attire à vous le feu de toutes parts. Car que va-t-il donc faire en Irak ? Pourquoi frappe-t-il les dépôts d’armes des Unités de Mobilisation Populaire en Irak ? Il attire à vous des frappes irakiennes, des frappes syriennes, et maintenant des frappes libanaises. Quant aux attaques palestiniennes, elles sont persistantes du fait de votre siège contre Gaza, de votre agression contre la Cisjordanie et de votre arrogance contre le peuple palestinien.

Cet homme qui redoute les résultats des élections, sur qui pèsent des accusations de corruption et qu’attendent les tribunaux, n’a qu’une alternative devant lui : devenir Premier ministre, ou aller en prison. Et il n’a aucun problème à mener campagne électorale avec le sang des gens. Netanyahou vous mène au bord de l’abysse, ô Israéliens. Et il est possible qu’il vous jette dans l’abysse, s’il continue à agir ainsi et avec cette mentalité.

O mes frères et sœurs, en cette commémoration qui nous est chère et précieuse, nous les Libanais, l’Armée, le Peuple, la Résistance, les instances sécuritaires, l’Etat, les forces politiques, les gens, les composantes religieuses, les régions, les familles, les tribus (du Liban), nous avons façonné de nos propres mains notre sécurité dans la Bekaa, au Sud et dans tout le Liban. Nous avons façonné notre sécurité de nos propres mains, par le sang de nos soldats et de nos Résistants. Nous avons porté de lourds fardeaux pour que tout le Liban soit uni, en paix et en sécurité, au cœur de cette région que détruisent les Etats-Unis et ses groupes (terroristes) dans la région.

Nous ne permettrons pas que les aiguilles de la montre retournent en arrière. Nous ne permettrons pas que le Liban soit ouvert à toutes les intrusions, qu’il s’agisse de frappes, de meurtres, d’attentats ou de quelque violation que ce soit. En ce qui nous concerne, il s’agit d’une ligne rouge, et nous devons tous assumer nos responsabilités. Nous œuvrons à ce qu’il y ait une position nationale unie, forte, audacieuse et courageuse. Revenir aux anciennes divisions (sectaires) ne servirait à rien, mais cela nuirait au pays. Cela nuirait au pays.

Grâce aux bienfaits de toutes ces victoires, et depuis une position de force, de lucidité et de conscience, nous défendrons notre pays sur toutes les frontières : au Sud, à l’Est, au Nord, sur la mer, et maintenant, nous allons commencer à défendre notre espace aérien, de notre mieux, et de la manière requise par la sagesse, le sens de la responsabilités et nos intérêts. Telle est la nouvelle phase qu’a imposée l’ennemi. Nous serons à la hauteur, et vous (peuple libanais) aussi.

Si Netanyahou se figure qu’on est en position de faiblesse ou de torpeur ici ou là, et se réjouit du siège financier et économique (que nous impose Trump), il ne nous connait pas. Il ne nous connait pas. Nous sommes prêts à endurer la faim pour rester dignes. C’est comme ça que nous avons toujours été à travers l’histoire. Nous vendons nos maisons pour pouvoir (avoir les moyens de) combattre. Mais nous ne permettons à personne de toucher à notre dignité, à notre souveraineté, à notre honneur et à notre présence au Liban et dans la région.

Tel est le message des martyrs aujourd’hui, le message du martyr Sayed Abbas al-Mousawi, notre maître et enseignant ; le message de nos martyrs de la Bekaa et de la ville d’al-‘Ayn (où est célébrée cette commémoration), les martyrs de la Bekaa qui ont porté notre drapeau sur tous les champs de bataille. Aujourd’hui, c’est en votre nom que j’ai proclamé ce message clair, glorieux et qui se passe de toute analyse ou commentaire. Nous sommes dans une nouvelle phase. Que tous assument leur responsabilité dans cette nouvelle phase, et nous en premier lieu.

Je vous adresse mes félicitations en cette commémoration. Bonne fête de la Libération et de la Victoire à tous.

Que la paix soit sur vous ô peuple du bien, ainsi que la Miséricorde de Dieu et Ses bénédictions.

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