Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 25 octobre 2019, au 9e jour des manifestations populaires au Liban.
Traduction : lecridespeuples.fr
Transcription :
Voir la première partie de ce discours : Nasrallah analyse le mouvement et explique son soutien au gouvernement
[…] Le prochain point ou sujet que je vais évoquer va moins faire l’unanimité (que la longue énumération des aspects positifs de ce mouvement populaire que je viens de clore) et pourra en fâcher certains.
La situation actuelle du mouvement populaire… Car samedi (19 octobre, au 3e jour des manifestations au Liban), j’ai dit certaines choses (que ce mouvement était spontané et louable, que le Hezbollah le soutenait mais qu’il n’y participerait pas pour maintenir son caractère neutre et apolitique) sur lesquelles je vais revenir. Ce qui a commencé spontanément au niveau populaire, sans (manipulation) des partis politiques, des ambassades (étrangères), sans instrumentalisation quelconque, et ne constituait que des revendications sociales, touchant à la qualité de vie des Libanais, aux soucis légitimes du peuple travailleur, pauvre et affamé, est devenu dans une très grande mesure – je ne dis pas à 100%, mais largement – quelque chose de très différent.
Aujourd’hui, ce mouvement, par ses activités quotidiennes, ses slogans, ses prises de position, ce qui en ressort, n’est plus un mouvement populaire spontané, et les jeunes qui prennent part aux manifestations et occupent les places le savent bien – je ne leur demande rien, et je m’adresserai spécifiquement aux masses de la Résistance à la fin de mon discours. Aujourd’hui, le mouvement est dirigé par des partis précis bien connus, que je ne vais pas nommer aujourd’hui, par des forces politiques bien connues, et des organismes et intérêts bien connus au niveau de leur dénominations et de leurs membres, de même que des personnalités et des institutions précises. Je m’étendrai sur ce point dans un instant.
Il y a clairement une direction (occulte) à ce mouvement, une coopération et un financement. Personne ne peut nier qu’il y ait un financement. Pour faire une simple célébration de 3 heures, il faut de l’argent, des capacités financières. C’est une évidence. (Par le passé), nous avons fait des sit-in, des manifestations, nous sommes descendus sur les places, et nous savons bien que pour avoir une présence populaire sur les places et dans les cortèges, et y apporter à manger, à boire, des médicaments, des banderoles, des médias, des mégaphones & enceintes, des téléphones, des moyens de toutes sortes, tout cela nécessite de l’argent. (Ces sommes très importantes) sont-elles collectées dans les poches des pauvres ? Certes non ! Il y a des forces (haut placées) qui financent tout cela. Qui sont-elles ? Aujourd’hui, je ne vais accuser personne. Mais j’espère que ceux qui se considèrent dirigeants de ce mouvement viendront nous expliquer cela. De même que les manifestants demandent de la transparence (au niveau des dépenses publiques), il y a des sommes colossales qui sont dépensées sur certaines places (où se tiennent les rassemblements)… Il y a des rassemblements aux moyens modestes, mais il y en a d’autres où l’argent coule à flots, et où il y a des occasions extraordinaires (de gagner de l’argent). Venez donc dire aux gens, de manière claire, d’où vient tout cet argent. Dites clairement que vous êtes sponsorisé par telle personne, de tel Etat étranger, ou de telle ambassade étrangère, ou telle personne riche, tel mécène, telle association, etc., afin qu’on puisse voir si ceux qui dépensent toutes ces sommes d’argent, ces ambassades et ces Etats, veulent vraiment l’intérêt du Liban (ou celui d’Israël), s’ils sont politisés ou non. Ces riches personnes qui font couler l’argent à flots, est-ce de l’argent propre et légitime, ou l’argent de la corruption, du détournement de fonds, des opérations illicites et frauduleuses ? Tout cela pose pour le moins des questions. Pour le moment, je ne vais pas aller plus loin, mais la question du financement du mouvement soulève clairement des interrogations légitimes. Dites-nous donc d’où vient tout cet argent ? Lorsque nous, au Hezbollah, nous faisons des efforts (de cette nature), je dis clairement d’où vient l’argent, je ne cache rien, je n’ai pas honte (de dire que l’Iran nous soutient), et il y a des gens qui nous condamnent, aucun problème. A vous aujourd’hui de dire d’où vient cet argent.
De même, les revendications qu’on entend aujourd’hui ne sont plus celles des premiers jours, celles du peuple qui est descendu spontanément dans les rues. Aujourd’hui, on parle de « faire tomber le régime ». Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Y a-t-il, au Liban, un régime au sens où on le voit dans d’autres endroits du monde ? « Faire tomber le régime », entend-on. « Faire tomber le régime sectaire » ! Magnifique. Si vraiment, ce mouvement populaire que nous voyons manifester partout veut faire tomber le régime sectaire et mettre fin à la composante sectaire en politique au Liban, nous sommes les premiers à le soutenir (le Hezbollah s’est toujours opposé au système politique sectaire du Liban, qui, en plus d’être injuste, favorise les alliés de l’Occident). Constituons donc des instruments pacifiques et constitutionnels pour réaliser cet objectif louable. Mais ce n’est pas pour cela que les manifestants sont descendus dans les rues.
Un autre slogan est le vide gouvernemental. Le peuple veut-il vraiment un vide au niveau du pouvoir ? Tous ceux qui manifestent ont déclaré qu’ils ne demandent pas un vide au niveau du gouvernement, mais demandent à pouvoir manger, vivre, se soigner, travailler, avoir de l’hygiène dans les quartiers, de la paix, une justice neutre et authentique, de la sécurité, de la justice sociale, etc. Telles sont les revendications.
Jusqu’au point où, aujourd’hui, l’un des partis actifs dans le mouvement distribue un document dans lequel est inscrit ceci : il faut que le Conseil de Sécurité de l’ONU impose au Liban le chapitre 7 de sa Charte (relatif à la guerre, et donc au Hezbollah). Est-ce là l’objectif de tous ceux qui sont descendus sur les places et ont pris part aux manifestations ? Sans parler du fait que certaines places sont instrumentalisées pour décrire la Résistance comme terroriste, et s’en prendre aux armes de la Résistance. Les revendications légitimes du peuple ont donc été détournées dans une direction très différente. Indépendamment du caractère légitime ou non de ces revendications, ce ne sont pas celles qu’ont exprimé spontanément les gens. Toutes les chaines TV ont des archives, et peuvent reprendre les images des premiers jours des manifestations pour voir ce qu’étaient les revendications des gens qui sont descendus spontanément dans les rues. Aujourd’hui, s’agit-il des mêmes revendications, ou bien ont-elles été détournées et politisées dans une toute autre direction ?
Aujourd’hui, le mouvement est donc clairement infiltré et dirigé par des forces politiques, des partis politiques et des groupes qui surfent sur la vague populaire afin de réaliser des objectifs précis, qui différent d’un groupe à l’autre.
J’ai voulu expliquer tout cela pour en venir à ceci : les manifestants qui sont présents dans les rues depuis 9 jours doivent se poser des questions. Ils veulent réaliser leurs objectifs ? Certes. Mais rester simplement dans les rues, sans rien faire de plus, permettra-t-il de réaliser vos objectifs ? Peut-être que oui, peut-être que non. Si oui, ça prendra du temps. Ca prendra beaucoup de temps. Par le passé, nous sommes descendus dans les rues, sur la Place des Martyrs et la Place Riad al-Solh (à Beyrouth), et peut-être parce qu’à l’époque (en 2006-2007), nous n’avions pas bloqué la circulation, nous avons été dédaignés, et nous sommes restés des semaines, des mois et plus d’une année (à manifester). Nous ne sommes pas allés négocier, la partie adverse (gouvernement de Fouad Siniora) a fait la sourde oreille, et ils ont continué à faire ce que bon leur semble du pays, sans rien demander à personne, dans un gouvernement intransigeant, et rien ne s’est passé.
Manifester n’est pas suffisant, il faut quelque chose de plus. Cet ajout est composé de deux parties : d’une part, le pouvoir doit être prêt à négocier, ce qui est le cas (le Président Michel Aoun est prêt à accueillir une délégation de manifestants) ; d’autre part, que les manifestants aillent négocier. N’est-il pas temps que ce mouvement ait des dirigeants ou des porte-parole ? Où sont ces dirigeants ? Certaines personnes peuvent verser dans la démagogie, et dire que tous les manifestants sont les dirigeants de ce mouvement. C’est un propos adapté aux premiers jours des soulèvements, avec l’enthousiasme, etc. Mais lorsqu’on veut en venir aux solutions, ce n’est pas adapté, ce n’est pas juste, c’est une erreur.
Quoi qu’il en soit, pour que les manifestants réalisent leurs objectifs, ils doivent désigner des représentants qui iront négocier avec le pouvoir, afin de faire ce qu’ils veulent, et de parvenir à l’objectif qu’ils souhaitent atteindre. Pourquoi ne désignez-vous pas des dirigeants ? Y a-t-il actuellement des dirigeants au sein de ce mouvement populaire ? Je vous affirme que oui. Des dirigeants qui se tiennent en coulisses, qui n’apparaissent pas, qui ne s’annoncent pas. Pourquoi ne s’annoncent-ils pas ? Pour de nombreuses raisons. Je ne vais pas les aborder à présent, ça serait trop long. C’est à eux de nous l’expliquer.
Je sais bien qui sont les dirigeants de ce mouvement. Ce n’est pas une direction unique, il y a plusieurs partis, plusieurs groupes, plusieurs personnalités, plusieurs courants. Et il y a des personnes très actives, qui se considèrent comme les dirigeants du mouvement, et voient les manifestants comme un simple instrument. Si je procède à la description de ces personnes… Car il est du devoir des manifestants de savoir derrière qui ils manifestent. Lorsqu’on leur dit de descendre manifester, lorsqu’on leur dit de bloquer les rues, lorsqu’on leur dit de répondre (hostilement) à la liste de réformes proposée par le gouvernement, lorsqu’on leur dit de répondre (hostilement) à l’initiative du Président de la République, est-ce une réponse spontanée des manifestants ou quelqu’un les oriente-t-il dans cette direction ? Ils sont clairement orientés dans cette direction, politiquement, médiatiquement, par des dirigeants du mouvement. Je ne l’affirme pas sur la base d’analyses, mais d’informations précises.
Aujourd’hui, au sein des groupes qui se considèrent comme les dirigeants du mouvement populaire, je tiens à décrire fidèlement les choses. Il y a plusieurs factions, et les manifestants doivent savoir qui dirige le mouvement auquel ils participent, et dont ils constituent la matière, la vague, les hommes qui accomplissent les efforts, se fatiguent au soleil et dans le froid, etc. Il y a une faction de personnes que je connais personnellement, qui sont patriotes, propres, sincères, honnêtes, et dont le cœur bat authentiquement avec celui du peuple dont ils embrassent les souffrances. C’est une première faction. Quelle est leur influence relative dans l’ensemble du mouvement ? C’est sujet à débat. Entre ce qu’ils croient et prétendent, et la réalité, il y a débat.
Mais l’autre faction est composée de partis politiques bien connus, certains faisaient partie du gouvernement et ont démissionné (les Forces Libanaises), et d’autres ont fait partie du gouvernement et ont été au pouvoir pendant des décennies (le Courant du Futur de Hariri et/ou le PSP de Walid Joumblatt), et ont leur histoire, leur projet, leur discours, leur stratégie, leur passé et leurs attaches intérieures et internationales, etc. Une autre faction encore est composée de groupes, de conglomérats et d’entités politiques nouvelles qui se sont constituées dernièrement, ont participé aux élections législatives et y ont dépensé des sommes d’argent colossales, et malgré la proportionnelle, ont été incapables d’entrer au Parlement, sinon avec un nombre de députés très faible. Une autre faction est composée de partis et de personnalités qui sont, avec certitude, rattachés à des ambassades étrangères, et à des agences de renseignement étrangères. Et c’est là que se trouve la plus grande partie dont je veux vous parler, à savoir des personnalités et des partis qui, aujourd’hui, se considèrent comme les dirigeants et les financeurs du mouvement populaire, et certains d’entre eux font partie des corrompus (dénoncés par les manifestants), et même des plus grands corrompus du pays. Il y a aujourd’hui des gens qui se présentent comme voulant combattre la corruption, m’accusent personnellement, ainsi que le Hezbollah, de corruption, alors qu’ils comptent parmi les plus grands corrompus, et ont des dossiers en cours entre les mains de la Justice libanaise, et certains font même partie du gouvernement actuel, qu’on m’accuse de défendre (car je m’oppose à la démission du gouvernement qui entrainerait le pays dans un vide politique stérile, voire à l’effondrement et au chaos), sont actuellement couverts par la justice libanaise – je ne donnerai pas de noms – et se trouvent aujourd’hui parmi les dirigeants du mouvement populaire. Certains recherchent un gain politique, d’autres veulent régler des comptes politiques, d’autres encore veulent s’assurer une position populaire, en prévision des prochaines élections.
J’ai des noms pour toutes les factions que je viens d’énumérer, mais le moment n’est pas venu de les révéler. J’ai voulu exposer cela non pas pour susciter des doutes, non, mais pour dire aux gens que lorsqu’ils portent leurs souffrances et leurs difficultés sur les places et dans les cortèges, en fin de compte, ils doivent se demander entre les mains de qui ils peuvent placer, en toute confiance, leurs cris, leurs larmes et leurs souffrances, et tout ce qu’ils ont fait et pour quoi ils se sont engagés et fatigués jusqu’à présent. Ce sont les manifestants eux-mêmes qui, en premier lieu, ont la responsabilité de découvrir qui sont les dirigeants du mouvement. Quelles sont les garanties que ceux-ci n’exploiteront pas ce mouvement au service d’objectifs personnels et de parti ? Quelles sont les garanties que ceux-ci ne mettront pas ce mouvement au service de projets politiques étrangers ? Quelles sont les garanties ? Je n’accuse pas, je demande des garanties, car il y a des craintes et des doutes légitimes.
Je veux dire ceci aux manifestants : lorsque vous acceptez des dirigeants qui n’osent même pas s’annoncer comme tels, lorsque vous dites que vous voulez combattre la corruption, l’incompétence et la négligence, et que vous accusez certaines personnes d’incompétence et de corruption, voulez-vous remplacer un incompétent par un autre incompétent ? Un corrompu par un autre corrompu ? Nulle part dans le monde on ne voit une chose pareille. Les mouvements populaires ont toujours clairement présenté des dirigeants, et des alternatives claires, afin que les gens puissent évaluer s’ils sont honnêtes, propres, patriotes, sincères, indépendant des ambassades étrangères, capables, à même de mieux administrer le pays, d’aider les gens à régler leurs problèmes, des gens qui soient issus des couches populaires et comprennent leur situation, et non un empereur qui vit une vie impériale. Lorsque nous avons tout cela, alors, les gens peuvent adhérer à cette alternative, et se déclarer prêts à manifester aussi longtemps que nécessaire car leur alternative est prête. Ils ne se dirigent pas vers un vide politique, et ne veulent pas remplacer quelqu’un qui est corrompu à leurs yeux par une autre personne qui est incontestablement corrompue.
Telles sont les questions que je vous adresse. Je vous parle de manière fraternelle, parce que je suis avec vous, avec les manifestants (sincères), avec le peuple, avec les lieux de rassemblement. Après, dites ce que vous voulez, aucun problème. J’assume une responsabilité considérable (par mes propos), et je suis tout à fait prêt à en payer le prix (accusations mensongères, insultes, etc.).
J’appelle également ceux qui se considèrent comme les dirigeants du mouvement à prendre l’initiative d’aller auprès de la justice libanaise pour voir s’il y a des dossiers (de corruption) les concernant qui sont en train d’être étudiés, et de se déclarer prêts, s’ils sont accusés de corruption, à se rendre auprès de la justice libanaise, et de ne pas s’enfuir… Jusqu’à présent, personne ne s’est enfui, malgré les slogans de ceux qui obstruent les voies de circulation, notamment celle qui mène à l’aéroport, prétendument pour empêcher les responsables corrompus de fuir. Il ne faut pas se moquer du monde, c’est ridicule à ce stade. Montrez donc vos vrais visages, et annoncez-vous comme les dirigeants de ce mouvement populaire. S’il s’agit d’un parti, qu’il se déclare comme tel, indiquant son dirigeant, ses ministres dans le gouvernement et ses députés, invitant quiconque les accusant de corruption à s’avancer, et se déclarant prêt à être investigué par la justice. Et de même que les manifestants demandent aux députés et aux ministres de lever le secret sur leurs dépenses, levez donc vous-mêmes le secret sur vos dépenses. Vous qui vous proposez comme une alternative, et qui ne voulez pas entrainer le pays dans un vide politique, déclarez vos dépenses publiquement, et si vous avez de l’argent, si Dieu vous a comblés de richesses, dites aux gens d’où vient tout cet argent. C’est la seule manière de présenter une alternative digne de ce nom, en laquelle on puisse placer nos espoirs et qui puisse réaliser les objectifs et aspirations du peuple.
Je m’en tiens à cela. Lorsque nous aurons tout cela, je pourrai dire que oui, ce mouvement a une direction authentique, capable, digne de confiance pour faire des réformes et combattre la corruption, mettre fin à la ruine et arrêter les corrompus, changer le visage du pays, créer une économie véritable et soulager les calamités qui pèsent sur nous. Quand il y aura une alternative non sectaire, dépourvue de logique sectaire ou régionale, qui œuvre avec une vision patriote et nationale, nous serons tous prêts à lui faire allégeance. Présentez-nous seulement une telle alternative.
Le point suivant est le dernier, et il précède ma conclusion, dans laquelle je m’adresserai aux masses de la Résistance. J’ai laissé ce point en dernier, car c’est en me basant dessus que je vais donner mes consignes aux masses qui soutiennent le Hezbollah, à la communauté (religieuse et politique) à laquelle j’appartiens, ainsi qu’à tous les amis et alliés de la Résistance, et à tous ceux qui y sont attachés. C’est le point le plus sensible de mon propos.
Je suis le premier qui ait déclaré que ce mouvement populaire libanais est spontané, indépendant des ambassades étrangères et des partis politiques. Je l’ai dit dès le 3e jour des manifestations. Et beaucoup de personnes de tous bords m’ont contacté, inquiets, me demandant de les rassurer, ce que j’ai fait, disant qu’il n’y avait rien d’inquiétant, car c’était un mouvement populaire, spontané, avec des revendications légitimes, des citoyens vertueux, etc. Il n’y avait qu’un point d’inquiétude, c’est que certaines forces viennent surfer sur la vague – des ambassades étrangères, des pays, la situation régionale, des partis politiques, des gens qui ont des comptes à régler, des gens qui veulent s’imposer au peuple, etc. Cette hypothèse restait possible, mais jusqu’à présent, il n’y avait rien d’inquiétant. Et je rejetais catégoriquement l’idée d’un complot (orchestré de l’extérieur), car tout ce qui se produit dans le pays ne tient pas forcément du complot. Pas tout.
Il m’arrive de rencontrer des personnalités, et de lire des comptes rendus de ces entretiens dans la presse le lendemain, et tout ce qui y est raconté n’a absolument aucun rapport avec ce que nous nous sommes dit. Durant les rencontres que j’ai eues la semaine dernière, tout le propos concernait, des heures durant, le budget du gouvernement, les impôts, la manière d’amener des investissements et de réduire les dépenses, de régler les problèmes et la situation économique, la situation financière, etc. Et le lendemain, selon la presse, j’aurais parlé des défis de la Présidence, de la santé préoccupante du Président Michel Aoun, du fait qu’on lui chercherait (un remplaçant), etc. Quels sont ces propos ridicules et sans goût ? Cela n’a aucun fondement de vérité.
Quoi qu’il en soit, je rejette l’idée du complot, mais durant les derniers jours, les informations et les données – je répète qu’il ne s’agit pas simplement d’une analyse, mais de nos informations et de nos données recoupées de plus d’une manière – indiquent que dorénavant, le Liban est entré dans la zone du ciblage politique international et régional, via l’instrumentalisation de composantes intérieures au Liban. Il ne s’agit plus de mouvement et de manifestations populaires, de revendications au niveau de la santé, de la société, de l’emploi, de faim, de corruption, etc., non ! Pour le moins, nos informations et les données en notre possession, ainsi que les indices et indicateurs … Si je ne veux pas affirmer catégoriquement le résultat auquel nous sommes parvenus (à savoir que le mouvement a été détourné et est aujourd’hui téléguidé de l’extérieur), l’hypothèse ne suffit-elle pas (pour que nous soyons sur nos gardes) et que nous soyons sceptiques ? J’appelle les Libanais, qui regardent les télévisions régionales, à consulter les médias du Golfe, les médias étrangers, à regarder les médias étrangers, arabes et du Golfe, à voir leurs déclarations, leurs chaines de télévision, les réseaux sociaux, les armées électroniques, le langage qui est utilisé, l’incitation (politique et sectaire), etc., etc. Tout cela vous parait-il spontané ? S’agit-il seulement des revendications d’affamés réclamant à manger ? Rien de plus ? Certes, c’était le cas dans les premiers jours. Mais malgré mon respect pour tous au sein du pays, aujourd’hui, la situation est bien différente. La situation a radicalement changé.
Je tiens à avertir… Et tout cela a déjà été mis en œuvre dans d’autres pays (Libye, Syrie…). Dieu fasse que de tels plans ne soient pas en cours pour le Liban. Au minimum, je tiens à avertir les gens de ce danger. A mes yeux, il s’agit de plus qu’une hypothèse. Ce que nous vivons actuellement est bien plus qu’une simple supposition.
Ne faites pas confiance à ce que déclarent les ambassades étrangères. Aujourd’hui, l’ambassadeur des Etats-Unis et d’autres pays (occidentaux) ont déclaré qu’ils ne souhaitaient pas la chute ou la démission de ce gouvernement. Mais l’important n’est pas ce qu’ils disent, mais ce qu’ils font. L’important n’est pas leurs déclarations ou promesses, mais ce que font la CIA et les autres agences de renseignement.
Regardez donc Israël, les médias israéliens et les espoirs israéliens (face à cette crise), voyez donc tout ce qu’ils font. Quelle est la signification du fait qu’en cette conjoncture, les Israéliens amènent des Libanais qui vivent à l’intérieur de l’entité sioniste (ex-collaborateurs ayant fui le Liban à la Libération) à la frontière afin qu’ils manifestent leur soutien avec les manifestants ? Nous, la Résistance, avons le droit d’être particulièrement sensibles à de tels signaux.
C’est pourquoi je veux exprimer, en toute franchise, au minimum notre crainte. Et quiconque affirme que cette crainte est déplacée, qu’il vienne nous rassurer. Qu’il vienne nous rassurer (en répondant à nos questions). Je n’ai pas peur pour la Résistance, j’ai peur pour le pays. Nous avons peur pour le pays. Il y a des gens qui veulent amener notre pays à une situation d’explosion sociale, sécuritaire et politique, et le mener à la guerre civile. Aujourd’hui, dans combien de pays de la région y a-t-il une guerre civile ? Combien de pays de la région ? Indépendamment des détails de ce qui se passe en Irak, que se passe-t-il aujourd’hui en Irak ? (Ce pays est poussé à la guerre civile). Allez voir les autres pays (Libye, Syrie, Yémen…) : voulez-vous que le Liban devienne comme ça ? Je ne tiens à démoraliser personne.
Aujourd’hui, dans les équations intérieures, le parti le plus puissant est le Hezbollah. Je ne menace personne. Quiconque veut avoir peur de mon index levé, qu’il ait peur. Aucun problème. Je ne menace personne. Je ne fais que décrire la situation. Le parti le plus puissant au Liban est le Hezbollah. Nous n’avons pas peur pour la Résistance, nous avons peur pour le pays. Aujourd’hui, la crainte est que certaines puissances ciblent le pays de cette manière, à savoir l’Armée, le Peuple et la Résistance. Là est la protection du Liban, là réside la force du Liban, qui inquiète Israël jusqu’à nous considérer comme une menace existentielle ! Oui, cette entité qui, il y a quelques décennies, pouvait envahir le Liban avec un simple groupe musical, nous considère comme une menace existentielle ! Nous avons terrorisé et humilié Israël (et nous n’avons donc rien à craindre de personne). Telle est l’équation.
Mais s’ils amènent le pays au chaos et à la guerre civile, il n’y aura plus d’Etat, l’armée sera démantelée, comme par le passé, le peuple s’entretuera, et la Résistance sera entrainée dans tout cela. Je ne tiens à démoraliser personne. Enregistrez bien mon propos et l’heure et le jour auxquels je le tiens. Dieu fasse que mes craintes ne se réalisent pas. Dieu fasse que rien de tout ça ne se produise. Mais je vous confirme que nous avons des informations et des données précises, et des craintes très sérieuses quant à ce qui se trame.
Il y a des personnes, au sein du gouvernement, qui durant les réunions internes, étaient au désespoir, et ne comptaient plus que sur une guerre américaine contre l’Iran, le bouleversement de la face de la région, et l’écrasement de l’Axe de la Résistance. Je parle de réunions internes, de propos tenus en interne, sur lesquels (nos adversaires) ont placé tous leurs espoirs. Ces espoirs ont volé aux quatre vents. Il n’y aura pas de guerre américaine contre l’Iran. Il n’y aura pas de guerre entre les Etats-Unis et l’Axe de la Résistance. Les Etats-Unis sont en train de plier bagage. Vous avez vu ce qu’ils ont fait à l’Est de l’Euphrate. Vous avez vu ce qu’ils ont fait dans le Golfe. Et vous entendez bien les discours de Trump. Si ces espoirs ont été anéantis, nos adversaires sont prêts à tenter autre chose (pour reprendre le pouvoir).
Je tiens à avertir face à cela, et à dire que oui, au minimum, les véritables dirigeants du mouvement populaire doivent rassurer les Libanais, et en toute franchise, ils doivent rassurer la Résistance. Ils doivent rassurer la Résistance quant au fait que le pays n’est pas ciblé. Car la Résistance n’est pas un but en soi. La Résistance est là pour protéger le pays, le peuple, la dignité des gens, leur bonheur, leur vie, leur sang et leur honneur.
J’en viens donc à la conclusion, dans laquelle je vais m’adresser aux masses de la Résistance.
Je m’adresse aux masses de la Résistance et à tout le peuple libanais, et je tiens à évoquer une question qui a été soulevée ces derniers jours, et qui a une composante culturelle et politique. Certaines voix, issues de différents courants religieux, ont dit… Et je tiens à souligner qu’en soi, c’est une chose positive, car les gens considèrent que la Révolte de l’Imam Hussein et le modèle de l’insurrection contre les oppresseurs, les corrompus, les corrupteurs, Hussein est considéré comme le héros des opprimés. C’est une très bonne chose. Certaines voix sont venues dire que nous, le Hezbollah, ne sommes pas dans le camp de l’Imam Hussein dans ce mouvement populaire actuel. Ce camp de l’Imam Hussein qui serait présent sur plusieurs places du pays dont je ne veux pas donner le nom. Là serait le camp de l’Imam Hussein, et nous serions à l’extérieur de celui-ci (car nous ne participons pas aux manifestations). Ces voix nous ont donc parlé avec ce langage.
Il n’y a pas de problème à ce que les gens se posent des questions et interrogent, aucun problème. Mais s’adresser ainsi aux autres, de manière agressive, virulente et catégorique, c’est une injustice. Pourquoi ? Car l’Imam Hussein, ‘Achoura et Karbala, ce sont certes en premier lieu des causes légitimes et justes. Deuxièmement, des slogans justes. Troisièmement, le secours des opprimés. Mais c’est un projet plus vaste. Quatrièmement – mais en fait, premièrement et deuxièmement – c’est un dirigeant officiellement annoncé, clair, public, sincère, authentique, véridique, désintéressé, juste, prêt au sacrifice de sa vie, de ses frères, de ses enfants et de tous les siens, ainsi que de tous ses biens, en faveur des opprimés. C’est tout cela, Karbala. Karbala et ‘Achoura signifient l’alternative sûre, fiable, à qui on peut confier la vie des gens, leurs biens, leur dignité et leur honneur, ainsi que leur avenir. L’Imam Hussein s’est présenté en tant qu’alternative (au pouvoir oppresseur des Omeyyades), et n’était pas simplement le dirigeant d’une révolution. Il s’est présenté en alternative au pouvoir tyrannique, despotique et oppresseur de Yazid b. Mu’awiya. S’il est allé en Irak, c’est parce que l’Irak lui a fait allégeance, et l’a reconnu comme Imam, dirigeant et gouvernant. Mais ce qui s’est produit ensuite est bien connu. (Les habitants de Koufa ont renié leur allégeance, terrorisés par l’envoyé de Yazid, et l’Imam Hussein a été massacré).
Si vous parlez de l’Imam Hussein pour assimiler le mouvement populaire (au Liban) à (la révolte) de Hussein (et reprocher au Hezbollah son absence), il faut que vous nous présentiez une cause juste, des slogans justes, des dirigeants manifestes, justes, sincères, prêts au sacrifice, et une alternative fiable et capable. Présentez-moi un tel mouvement, et je vous affirme ce jour, à 17h05, que moi et tout le Hezbollah serons des soldats de ce mouvement et au service de ses dirigeants, prêts à verser notre sang et à sacrifier notre vie et celle de nos enfants, et tous nos biens, pour réaliser les objectifs de ce mouvement. Car alors, l’Imam Hussein serait à leur tête. Mais si ces éléments ne sont pas réunis, alors n’assimilez pas ce mouvement à la révolte de l’Imam Hussein, car ce sont deux choses très différentes. Parlons simplement de la situation, des développements, des dangers, des opportunités, et des défis actuels pour notre pays.
Pour conclure sur la base de tout ce que je viens de présenter (concernant les aspects positifs et négatifs de ce mouvement), car (dans mon discours d’il y a 5 jours), je n’ai pas donné d’instructions pour ou contre la participation aux manifestations, disant à (nos partisans) de faire comme bon leur semble… Durant les 2-3 premiers jours, nous n’avons ni encouragé, ni interdit à nos partisans de manifester. Nous n’avons empêché personne de manifester. Les gens (y compris nos partisans) y sont allés d’eux-mêmes (car ce mouvement populaire est spontané et authentique). Certains disent que le Hezbollah est opposé à ce mouvement, et d’autres prétendent que c’est le Hezbollah qui le dirige en coulisses. Je vous l’affirme en toute sincérité, nous n’enjoignons rien, nous n’interdisons rien et nous ne contrôlons rien concernant ce mouvement. Les gens sont descendus spontanément dans les rues.
Oui, samedi (19 octobre), nous avons demandé aux membres politiques du Hezbollah de ne pas descendre dans les rues, car puisque je demandais moi-même au mouvement de ne pas laisser les partis politiques s’emparer de lui, et que je soulignais que la présence complète, officielle et manifeste du Hezbollah aux côtés des manifestants aurait un effet néfaste sur leurs objectifs et leurs revendications, je me devais d’être cohérent et de prendre les mesures requises, et nous avons donc demandé à nos frères et sœurs (membres politiques du Hezbollah) de ne pas descendre dans les rues. Mais une partie des masses de la Résistance, de ses amis et de ses alliés ont continué à y être présents, dans les différents régions, exprimant leur position.
Aujourd’hui, la conclusion de tout ce que je viens d’exposer, des développements et des portes qui se sont ouvertes, et du fait que certains ne veulent pas en profiter (le Président se dit prêt à parler aux manifestants, mais leurs dirigeants refusent), du fait des questions qui se posent (quant au financement du mouvement et à l’identité de ses dirigeants), des doutes, des éléments inquiétants et des craintes (de téléguidage étranger), je vous dis franchement… Car certains (de nos partisans) ont pensé que je les avais perdus (en disant que le Hezbollah soutient ce mouvement, garantit son authenticité mais n’y participe pas). « O mon frère (Sayed Nasrallah), tu veux quoi ? Tu veux qu’on participe au mouvement ou pas ? » Quelqu’un a même dit, sur les réseaux sociaux, à ce qu’on m’a rapporté, « O Sayed, si tu ne veux pas dire les choses explicitement, éternue une fois pour nous dire d’y aller, et deux fois pour nous dire de ne pas y aller. »
Non, je vais dire les choses franchement. Je demande aux masses de la Résistance de ne pas participer aux manifestations. Même les jeunes gens qui sont descendus dans les rues dernièrement, pour soutenir à la fois les revendications des manifestants et la Résistance, car dans certains endroits, la Résistance a été insultée et diffamée… Nous ne répondons pas aux insultes par des insultes, mais si on nous accuse d’être terroristes, et que les autres lieux de manifestation ne répondent pas, si on ressort le dossier des armes de la Résistance, et que les autres manifestants se taisent à ce propos, certains ont estimé de leur devoir de descendre dans les rues et de faire entendre une voix différente (soutenant la Résistance).
Bien sûr, il faut voir l’injustice des médias (libanais et internationaux), qui présentent ceux qui disent que le Hezbollah est terroriste comme de simples citoyens libanais, alors qu’ils appartiennent à un parti précis, mais ils ne sont pas présentés comme un groupe politique. Mais lorsque des jeunes hommes ou de jeunes femmes expriment leur soutien pour la Résistance, ont les présente comme des groupes politiques venus pervertir le mouvement populaire. Peu importent (ces manipulations qui sont monnaie courante).
Je demande à ces jeunes de ne pas rester sur ces places (où se tiennent les rassemblements des manifestants), car il n’est pas requis que vous alliez défendre la Résistance. Si nous avons besoin de défendre la Résistance, nous pourrons le faire via nos médias, sur le terrain politique, dans les rues, sur les places, sur les champs de bataille et sur les minarets. Nous sommes tout à fait capables de le faire. Mais nous ne voulons pas nous mettre en position d’être accusés ou interrogés. Laissez-donc les places des manifestations à ceux qui sont convaincus qu’ils font la bonne chose. Nous respectons toutes les convictions, nous respectons tous les espoirs et nous respectons toutes les souffrances. Ceux qui sont assurés que les manifestations les mèneront à leurs objectifs (légitimes), nous ne nous opposons pas à eux.
O masses de la Résistance, je vous parle clairement et franchement. Nous n’avons aucune raison et aucun intérêt à nous trouver sur ces places, parmi ces manifestants et (engagés) dans ces luttes (douteuses). Notre intérêt est de nous en éloigner et de suivre les événements. Si des choses positives en sortent, nous nous baserons dessus dans l’intérêt du pays. Mais s’il y a des dangers et des points négatifs, il nous faut suivre les événements de près, avertir (nos partisans) et veiller au grain. Et il nous faut faire tous les efforts pour ouvrir les portes du dialogue et de la négociation. Car nous devons tous veiller scrupuleusement à préserver la sécurité, la stabilité, la paix, les solutions pacifiques et la sagesse.
Voilà ce que je voulais vous dire aujourd’hui. Bien sûr, j’espère que nos amis et alliés, qui sont avec nous sur une même ligne politique au niveau des questions stratégiques, m’entendront bien aujourd’hui, et j’espère qu’ils réfléchiront bien. Je respecte leur choix, et je comprends leurs principes et leurs motivations, nous ne doutons aucunement d’eux, en aucun cas, car nous pouvons tous avoir des visions ou des calculs différents. Mais au vu de la situation à laquelle nous sommes parvenus, du point auquel nous sommes, au vu des comportements que nous voyons actuellement, surtout si les manifestants persistent à refuser de dialoguer et négocier avec le Président de la République, alors cela signifie qu’il y a clairement des forces occultes qui se tiennent derrière le mouvement. Cela signifie que le pays est gravement menacé, et que tous ses points de force sont ciblés dangereusement. Je vous appelle donc à bien étudier la situation, à bien réfléchir, et à prendre la décision que vous jugerez adaptée.
Je demande à Dieu le Très-Haut et l’Exalté de nous accorder la description juste et l’évaluation juste, et la position sage et juste, de protéger notre pays et notre peuple, et d’aider le peuple libanais à franchir cette étape difficile de manière à réaliser ses espoirs, ses rêves et son avenir prometteur.
Que la paix de Dieu soit sur vous, ainsi que Sa miséricorde et Ses bénédictions.
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En effet, ça sent la révolution colorée voire le chaos planifié. Ce qui me surprend c’est la simultanéité avec l’Argentine.
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Une résurgence de l’état profond après que les USA aient déguerpi de la région et échoué au Vénézuéla ? C’est comme si ces gens là ne s’arrêtaient jamais…
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« Un diktat unilatéral et le fait d’imposer ses propres modèles aux autres produisent le résultat inverse. Au lieu de régler les conflits, cela conduit à leur escalade ; à la place d’États souverains et stables, nous voyons la propagation croissante du chaos ; et à la place de la démocratie, il y a un soutien pour un public très douteux allant de néo-fascistes avoués à des islamistes radicaux.
Pourquoi soutiennent-ils de tels individus ? Ils le font parce qu’ils décident de les utiliser comme instruments dans la voie de la réalisation de leurs objectifs, mais ensuite, ils se brûlent les doigts et font marche arrière. Je ne cesse jamais d’être étonné par la façon dont nos partenaires ne cessent de marcher sur le même râteau, comme on dit ici en Russie, c’est-à-dire de faire les mêmes erreurs encore et encore.
Ils ont jadis parrainé des mouvements islamistes extrémistes pour combattre l’Union soviétique. Ces groupes se sont formés au combat et aguerris en Afghanistan, et ont plus tard donné naissance aux Talibans et à Al-Qaïda. L’Occident les a sinon soutenus, du moins a fermé les yeux sur cela, et, je dirais, a fourni des informations et un soutien politique et financier à l’invasion de la Russie et des pays de la région d’Asie centrale par les terroristes internationaux (nous ne l’avons pas oublié). C’est seulement après que des attaques terroristes horribles aient été commises sur le sol américain lui-même que les États-Unis ont pris conscience de la menace collective du terrorisme. Permettez-moi de vous rappeler que nous avons été le premier pays à soutenir le peuple américain à l’époque, le premier à réagir comme des amis et partenaires après la terrible tragédie du 11 Septembre.
Au cours de mes conversations avec les dirigeants américains et européens, je parlais toujours de la nécessité de lutter ensemble contre le terrorisme, de le considérer comme un défi à l’échelle mondiale. Nous ne pouvons pas nous résigner et accepter cette menace, nous ne pouvons pas la couper en morceaux séparés à l’aide du deux poids deux mesures. Nos partenaires ont exprimé leur accord, mais après quelques temps, nous nous sommes retrouvés au point de départ. Ce fut d’abord l’opération militaire en Irak, puis en Libye, qui a été poussée au bord du gouffre. Pourquoi la Libye a-t-elle été réduite à cette situation ? Aujourd’hui, c’est un pays en danger de démantèlement et qui est devenu un terrain d’entraînement pour les terroristes. » Poutine, 24/10/2014
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« Je ne cesse jamais d’être étonné par la façon dont nos partenaires ne cessent de marcher sur le même râteau, comme on dit ici en Russie, c’est-à-dire de faire les mêmes erreurs encore et encore »
Sauf qu’en fait ce ne sont pas des erreurs mais une stratégie. Et que ceux qui emploient cette stratégie ne sont pas les USA mais ceux qui sont derrières et qui se servent des USA contre ses intérêts.
Nous en voyons la démonstration, et nous continueront de la voir, à mesure que Trump tente de désengager les USA de cette stratégie, elle ressurgit ailleurs.
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Je suppose que depuis 2014 Poutine a très bien compris cela.
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En disant erreur, Poutine voulait dire stratégie contre-productive, qui créé les résultats inverses, ou du moins imprévisibles. Tous les complots US se sont retournés contre eux, et n’ont fait que renforcer leurs cibles (Russie, Chine, Axe de la Résistance…).
Je ne crois pas que quiconque se tienne derrière les USA. Ils sont les maîtres. Après, au sein des USA, ont peut dire qu’il y a Trump & l’Etat profond, etc. Mais ça reste une sauce interne. Aucune force externe ne dirige les USA.
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L’Etat profond signifie la force qui est derrière selon moi, elle est interne au sens de parasite, c’est à dire un agent externe qui d’abord influence puis prend le contrôle de l’intérieur. Le 9/11 est le coup d’état qui lui a permis de s’établir.
Le principe de base du régime démocratique c’est de n’être qu’une façade, et ça ne date pas d’hier… cf. Céline.
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